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1910.

BUREAUX: 106, BD SAINT-GERM Al X (6e)

Mai-Juin.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS v

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Le ISTu.m.éro : 1 Franc

PROPOS DU JOUR

e traité de paix — on l'a appris tout
récemment — s’occupe des répara-
tions que l’Allemagne devra à la
Belgique en fait d’œuvres d’art.
On en trouvera plus loin le détail. Compensa-
tions fort légitimes, certes. Mais pourquoi ne
s'agit-il pas également de réparations en faveur.,
de la France? Il y a là une omission véritable-
ment choquante et qui montre combien les
préoccupations du monde officiel sont, peu en
faveur de l’art. Cependant l’Académie des
Beaux-Arts et diverses Sociétés avaient pré-
senté au gouvernement des vœux fortement
motivés à ce sujet. La presse commence à
s’émouvoir de l’abstention de notre diplomatie.

Il est de notre devoir de nous associer à ces
plaintes si justifiées.

11 est certain que les œuvres accordées à la
Belgique pour remplacer, dans une certaine
mesure, celles que la barbarie allemande a
détruites se rapportent principalement à des
ensembles qui se trouveront ainsi complétés et
restitués dans leur état primitif : le retable de
VAgneau mystique de Saint-Bavon de Gand et
la Cène de' Thierry Bouts à Louvain. Mais
d’autres stipulations sont de purs remplace-
ments : ainsi les livres, manuscrits et objets
d’art de la bibliothèque de Louvain seront
remplacés par des livres, manuscrits et objets
de nombre et de valeur identiques. 11 est donc
surprenant que l’on se fasse scrupule de récla-
mer le même traitement pour la France. Les
pertes de notre domaine artistitique exigent
également une compensation en nature, c’est-à-
dire en œuvres françaises tirées des collections
impériales et publiques allemandes. Ce prin-
cipe élémentaire de réparation ne saurait être
contesté, d’autant qu’il s’agit là de dévastations
gratuites, si l'on ose s’exprimer ainsi, sans rap-
port direct avec les événements militaires, et
que des indemnités pécuniaires ne rachèteront
en aucun cas. L’Allemagne possède nombre
d’œuvres d’art ducs à nos maîtres français : elle

doit nous les abandonner. Des listes en ont été
publiées (!) : comment se fait-il que l’attention
du ministre de l’Instruction publique et des
Beaux-Arts n’ait pas été attirée sur d’aussi
essentielles revendications ?

Il faut noter que l’Allemagne elle-même à
propos du prêt de certains tableaux à une
exposition de Bruxelles antérieure à la guerre,
a posé ce principe des compensations artisti-
ques en cas de perte ou destruction de ces
œuvres : un de nos collaborateurs le rappelait
tout récemment de façon opportune. Montrons
à l’ennemi que, sur ce point, nous entendons
appliquer sa propre méthode.

Ce n’est pas ici que nous pourrions énumérer
lesœuvres en question. Il suffira de mentionner,
pour rafraîchir la mémoire des négociateurs ou
stimuler leur zèle, les noms de Walteau (pour
cette Enseigne de Gersaint qui est une œuvre
parisienne plus que toute autre), de Lancret, de
Pater, de Mignard, de Chardin, de Pesne, si
bien représentés dans les collections de la mai-
son de Prusse, et les Claude Lorrain de-Cassel,
et le retable de Saint-Berlin de Simon Mar-
mion, et l'Étienne Chevalier de Jean Fouquel à
Berlin, etc., etc. Dans les collections archéolo-
giques on trouverait également maintes pièces
de compensation, sans oublier nombre d’objets
militaires dispersés dans les arsenaux alle-
mands (on n’a réclamé, sauf erreur, que les
drapeaux perdus en 1870, et c’est insuffisant).

11 est nécessaire, et urgent, que le gouverne-
ment se préoccupe de cette question capitale.

NOUVELLES

Par décret en date du 27 mai rendu sur la
proposition du ministre de l’Instruction publique
et des Beaux-Arts, M. Paul Léon, chef de divi-
sion des services d’architecture, a été chargé
de la direction des services des Beaux-Arts.

Par deux autres décrets en date du même
jour, M. Henry Marcel, directeur des Musées

(1) V. notamment les articles de M. Pierre de Nolhac
dans Les Arts (1918, n° 173) et de M. Auguste Mar-
guillier dans L’Illustration (il janvier 1919).
 
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