Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA CHRONIQUE DES ARTS

242

Les Œuvres d’art'et la Guerre

L’Allemagne, qui n’avait pas encore rendu — con-
trairement à ce qui avait été annonce — les œuvres
d’art appartenant à la ville de Colmar qu’elle avait
évacuées en 1917 à Munich pour les préserver des
risques d’un bombardement, a dû céder aux récla-
mations adressées par le gouvernement français et
se décider à cette restitution. A la lin de septembre
une délégation est allée chercher et a ramené à Col-
mar toutes ces œuvres : en premier lieu, le célèbre
retable d’Isenheim avec les panneaux de Mathias
Grünewald ; puis le polyptyque de la Passion par
Schongauer, les autres tableaux, manuscrits enlu-
minés, objets d’art, vitraux, etc., appartenant au
musée, enfin la précieuse Madone au buisson de
roses de Schongauer appartenant à l’église Saint-
Martin.

A l’occasion de la fête des Morts, on a érigé au
Père-Lachaise la maquette du monument que la
Ville de Paris se propose cl’élever à la mémoire des
héros tombés au champ d’honneur. Ce monument
se compose d’une pyramide sur le devant de laquelle
se tient la France en voiles de deuil pleurant ses
enfants. Sur le socle, quatre bas-reliefs figurent Le
Départ,-La Tranchée, Les Gaz. e t La Mort. L’œuvre
est due à M. Dieu port, statuaire ; MM. Palz et Martial
ont simulé en peinture les bas-reliefs.

Deux épées d’honneur ont été offertes au maré-
chal Joffre : l’une, œuvre de M. Raymond Sudre, par
les Catalans ; l’autre, due au sculpteur Valère Ber-
nard. par les Provençaux.

Le 9 novembre, les anciens condisciples du maré-
chal Foch au collège Saint-Michel de Saint-Etienne,
lui ont offert également une épée d’honneur ciselée
par Falize d’après les dessins de Mlle Thiollier.

PETITES EXPOSITIONS

Tandis qu’une des œuvres les plus caractéristiques
de Courbet,L’Atelier du Peintre, illustre, galerie Bar-
bazanges, l’école réaliste (1), Berthe Morisot, à la
galerie Bernheim, représente l’impressionnisme (2).
Devant ces toiles de prime-saut où le pinceau ner-
veux fixe la sensation fugace, une phrase écrite par
Paul Mantz en 1877 revient à l’esprit : « Dans tout le
groupe révolutionnaire il n’y a qu’un impression-
niste: MUe Berthe Morisot. » On apprécie surtout dans
les peintures qui jalonnent ici une carrière de trente
années le-charme des couleurs et le don de synthèse
que suppose l’écriture rapide. A peine trouve-t-on
quelques morceaux plus réfléchis : le portrait de deux
dames âgées et cet exquis Port de Lorient où les
valeurs subtilement équilibrées évoquent Corot, l’un
des maîtres de l’artiste.

A l’impressionnisme se rattache encore la majeure
partie des Américains réunis au Luxembourg(3).
Whistler, il est vrai, et avec lui Alexander et
Mmc Brooks, le Miller des Vieilles Demoiselles, Sar-
gent, Dannal rejoignent par certains côtés. Fantin et
Courbet. D’autres, qui ne figurent pas ici, révéle-
raient des affiüités avec le; paysagistes de 1830
(Inness, Murphy), avec Israels (Duveneck), voire
avecPuvis(M. Burroughs). Mais l’ensemble des con-

(1) Galerie Barbazanges, 12-30 novembre. (2) 7-
fFnôvembre. — (3) octobre-novembre.

temporains, peu doué pour l’allégorie (celle de
(M> Burnside en témoigne) pour le drame ou lapsy-
* chologie, épris, au contraire, des aspects exté-
rieurs de la réalité, semble avoir créé, à la suite des
maîtres de 1880, un impressionnisme placide et
sain, où les êtres et les choses parés de couleurs
claires s’ordonnent posément. Ainsi nous apparais-
sent, après MM.IIarrison etMelchers, les tendances
de MM. Miller, Frieseke, Bolim, de M1I1PS Mary Cassait
et Nourse, de M. Paxton avec la Femme en jaune
aux tons harmonieusement hardis, de M. fligginsdont
la Vendeuse de polirons est déjà d’une facture plus
moderne, des paysagistes Carlson, Bruce Crâne,
Gardner Symons.

M. Bartsoen, qui est belge, est loin de leur opti-
misme (4). Si, chez lui, le soleil brille, c’est à tra-
vers la brume, comme un sourire trempé de pleurs.
11 reste par excellence, que ce soit à Londres ou à
Gand, le peintre de la boue, des chalands noirs que
la rivière jaune offre au ciel pesant, des maisons qui
semblent moisir au long des canaux silencieux. Le
Det/el demeure le plus significatif de ces tableaux
mélancoliques et pourtant vigoureux, aux teintes
accordées et à la mise en toile intelligente.

Citons encore quelques œuvres qui se rattachent
plus ou moins à l’impressionnisme : les fleurs de
M. de Lambert (o), les paysages de MM. Wasley (6),
Grosjean (7), Dauphin (8), Deiaunay (9), de Beau-
mont(IO), de Mmc Piriou(H), la plupart des envois
de la Société « L’Arc-en-ciel » (12),

Avec M. Sérusier c’est le souvenir de l’école de
Pont-Aven qui nous accueille à la galerie Druet(13).
Ses natures mortes sont une joie pour les yeux ; par
la couleur, la disposition, la touche, elles s’affirment
originales et délicates. Nous préférons aux person-
nages légendaires les figures rustiques et ces bois
vallonnés, si doucement verts, où éclatent le jaune
et le rouge des feuillages d’automne. Précieux et
décoratifs comme des joyaux, ses tableaux évoquent
une Bretagne mystique et de tendresse ardente.

Gauguin et le symbolisme comptent avec M. Ki-
koïne (14) dont les paysages et les fleurs sont heureux
de tons, avec MM. Asselin (13), Llano Florès (16),
avec MM. Matisse, Luc-Albert Moreau, Dtify, qui mon-
trent de beaux dessins galerie Weill (17), avec M.Za-
liouk (18) dont les fantaisies décoratives sont
agréables, enfin avec MM. Oppi (19) et Kisling (20),
de plus récents émules. L’un d’eux, que ses audaces
mirent en avant, M. Picasso, réunit une série de
dessins galerie Rosenberg (21). Les compositions
cubistes qu’il ne nous avait pas ménagées voici un
an à la galerie Paul Guillaume sont rares ici. Presque
tout est intelligible au profane. Nous devrions lui
en savoir gré. Hélas! nous en profitons aussitôtpour
observer qu’il serait possible, en s’inspirant comme

(4) Galerie Georges Petit, 23 octobre-17 novembre.

(3) Galerie Devambez, 12-28 novembre. - (6) « Les

Feuillets d’art », 27 octohrc-8 novembre.— (7) Galerie
Haussmann à partir du 20 octobre. — (8) Galerie
Georges Petit, 31 oçtobrc-li novembre. — (9) Galerie
Georges Petit. — (10) Galerie Chaîne et Simonson,
21 octobre-7 novembre. — (H) Galerie Georges Petit.
— (12) Galerie Goupil, 10 octobre-13 novembre. —
(13) 10-21 novembre.- (14) Galerie Chéron, 12-27 no-
vembre. — (13) Galerie Pesson, 10-30 novembre. —
(16) ci Les Feuillets d’art », 10-22 novembre. 13-29 no-
vembre. -— (17) 3-20 novembre. — (18) Le Tableau
d’art. — (19) Galerie Devambez, 3-13 novembre. — (20)
Galerie Druet, 27 octobre-7 novembre. — (21) 20 oe-
tobre-15 novembre.
 
Annotationen