^ MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
travaux et les combats, et le troisième, d'un brun sombre, chantait aux monstres des enfers
l'approche, non plus de l'aurore, mais du crc/jM-ynt/c c'est à dire du triomphe final
et momentané des ténèbres '.
Dans Gagalvid (le bois des Oiseaux), chantait
Le beau coq pourpre qui est nommé Eialar.
Auprès des Ases chantait Gullin-Kambi,
Il réveille les héros chez le Père des combattants ;
Mais un autre coq chantait au dessous de la terre.
Un coq d'un rouge noir, dans la demeure de Ilel.
On avouera qu'à part la forme de la tête, son attitude et son expression ont un singulier
rapport avec les fonctions du héraut des enfers : car n'est-il pas évident que cette tête se
dresse menaçante contre la lumière et que la gueule s'ouvre pour pousser un cri sinistre?
Gomme cette tête de reptile appartient tout à la fois au coq et au serpent marin, lui au-
rait-on donné à dessein l'expression de l'un et la forme de l'autreT^Quant à l'espèce de crinière
de lion, je dois dire que la gravure en a exagéré les mèches et que le modelé élémentaire de
l'original pourrait bien n'indiquer que la parure d'un coq.
Je me hâte d'en venir au chandelier de M. Sauvageot (PI. XVII, G. D. E.). Ici plus de monstre
odieux au dessous d'Igdrasill; dans la femme à cheval qui le remplace continuerons-nous donc
de voir un contraste entre la lumière et les ténèbres? Du moins ce contraste se maintiendrait-il
si les traditions du nord permettaient de voir dans cette femme la déesse de la nuit. Or ces tra-
ditions nous apprennent que si la nuit infernale était représentée par d'horribles monstres, la
nuit terrestre revêtait une forme plus douce, et précisément celle d'une femme, et mieux encore
celle d'une femme à cheval. Nott (celle qui amène les ténèbres), est, d'après l'Edda en prose
mère de la terre et du jour. Elle a eu Jord (la terre) de son époux Onar (le sommeil), et Dagr
(le jour) de son dernier mari Dellingr (l'aurore).
« Alfadir (le père de l'univers, Odin) prit la nuit et le jour son fils, il leur donna deux che-
vaux et deux chars, et les transporta dans le ciel afin qu'ils fissent chacun en vingt-quatre
heures le tour de la terre. La nuit s'avançant la première est traînée par le cheval Hrimfaxe (à
la crinière garnie de givre), et chaque matin l'écume qui découle du mors de Hrimfaxe tombe
en rosée sur la terre. )>
Il n'est plus question de char, mais seulement d'un cheval dans l'Edda poétique L
Quel est le nom du cheval qui amène de l'orient
La nuit aux grandeurs bénignes?
— Hrimfaxe est le nom du cheval qui apporte chaque fois
La nuit aux grandeurs bénignes :
Chaque matin il laisse tomber l'écume de son mors
D'où provient la rosée dans les vallées.
1 Berginann, h c. Voluspa, p. 201. 3 Bergmann, /. c. Vafthrudmstna!, p.. 23a.
2 Magn., h c., V. Nott.
travaux et les combats, et le troisième, d'un brun sombre, chantait aux monstres des enfers
l'approche, non plus de l'aurore, mais du crc/jM-ynt/c c'est à dire du triomphe final
et momentané des ténèbres '.
Dans Gagalvid (le bois des Oiseaux), chantait
Le beau coq pourpre qui est nommé Eialar.
Auprès des Ases chantait Gullin-Kambi,
Il réveille les héros chez le Père des combattants ;
Mais un autre coq chantait au dessous de la terre.
Un coq d'un rouge noir, dans la demeure de Ilel.
On avouera qu'à part la forme de la tête, son attitude et son expression ont un singulier
rapport avec les fonctions du héraut des enfers : car n'est-il pas évident que cette tête se
dresse menaçante contre la lumière et que la gueule s'ouvre pour pousser un cri sinistre?
Gomme cette tête de reptile appartient tout à la fois au coq et au serpent marin, lui au-
rait-on donné à dessein l'expression de l'un et la forme de l'autreT^Quant à l'espèce de crinière
de lion, je dois dire que la gravure en a exagéré les mèches et que le modelé élémentaire de
l'original pourrait bien n'indiquer que la parure d'un coq.
Je me hâte d'en venir au chandelier de M. Sauvageot (PI. XVII, G. D. E.). Ici plus de monstre
odieux au dessous d'Igdrasill; dans la femme à cheval qui le remplace continuerons-nous donc
de voir un contraste entre la lumière et les ténèbres? Du moins ce contraste se maintiendrait-il
si les traditions du nord permettaient de voir dans cette femme la déesse de la nuit. Or ces tra-
ditions nous apprennent que si la nuit infernale était représentée par d'horribles monstres, la
nuit terrestre revêtait une forme plus douce, et précisément celle d'une femme, et mieux encore
celle d'une femme à cheval. Nott (celle qui amène les ténèbres), est, d'après l'Edda en prose
mère de la terre et du jour. Elle a eu Jord (la terre) de son époux Onar (le sommeil), et Dagr
(le jour) de son dernier mari Dellingr (l'aurore).
« Alfadir (le père de l'univers, Odin) prit la nuit et le jour son fils, il leur donna deux che-
vaux et deux chars, et les transporta dans le ciel afin qu'ils fissent chacun en vingt-quatre
heures le tour de la terre. La nuit s'avançant la première est traînée par le cheval Hrimfaxe (à
la crinière garnie de givre), et chaque matin l'écume qui découle du mors de Hrimfaxe tombe
en rosée sur la terre. )>
Il n'est plus question de char, mais seulement d'un cheval dans l'Edda poétique L
Quel est le nom du cheval qui amène de l'orient
La nuit aux grandeurs bénignes?
— Hrimfaxe est le nom du cheval qui apporte chaque fois
La nuit aux grandeurs bénignes :
Chaque matin il laisse tomber l'écume de son mors
D'où provient la rosée dans les vallées.
1 Berginann, h c. Voluspa, p. 201. 3 Bergmann, /. c. Vafthrudmstna!, p.. 23a.
2 Magn., h c., V. Nott.