MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
!2S
d'après les moyens d'appréciation auxquels les révolutions de l'art occidental nous ont accou-
tumés. Cet art stéréotypé, quelque mal qu'en aient dit de sévères connaisseurs, vaut bien, a
mon sens, les pauvres essais que lui substituent la Grèce et la Russie depuis quelque temps,
avec la pensée, peut-être, de mieux faire ; et vraiment, ne fût-ce que pour cet art populaire
qui, presque toujours livré à des mains malhabiles, tombe si facilement dans le métier, le des-
potisme d'une noble médiocrité, maintenue par des formules impérieuses, est préférable de
beaucoup (surtout pour les objets religieux) à une liberté niaise qui ne sait que déchoir en
avilissant le but de ses tristes efforts. Assurément si quelque chose de pareil aux vieilles pres-
criptions byzantines pouvait régler nos manufactures d'images barriolées en Lorraine et en
Alsace, il n'y aurait nulle perte ni pour le goût du peuple des campagnes, qui donne cet ali-
ment étrange à son sentiment esthétique, ni pour la dignité des qui puisent en eux-
mêmes l'invention de ces économiques miniatures.
Quoi qu'il en soit, si la date ne se peut lire dans le style de ces petites figures, un moyen
d'exploration plus précise se présente dans l'inscription qui court au sommet de toutes les
scènes et continue le long du côté droit après s'être brisée à l'angle supérieur. La voici dé-
barrassée des formes anciennes, des nœuds et des abréviations qui la compliquent :
SOFEÏ PREMOUDROST' ROJIA VRORLEXA POVELEXIEM I!LAGOVERNA[GOj
Suite de la ligne après la brisure :
KNIAZIA FEDORA IVANOVICZA* IAROSLAV[l]cZA
C'est à dire : SOPIIIA, LA SAGESSE DE DIEU, SCULPTÉE PAR L'ORDRE DE L'ORTHODOXE PRIKCE THÉODORE
(FÉDOR) FILS D'iVAN FILS D'iAROSLAV (OU
Écartons pour le moment tout ce qui ne conduirait point à des renseignements chronolo-
giques : nous aurons le/mûm? (orthodoxe ou non) Fcodor qui paraît
être un prince de Pinsk de la maison des Iaghellons, dont on possède encore des actes en po-
lonais datés de 1509 et de 1518 L Mort sans enfants, il laissa à la couronne de Pologne les
terres de Pinsk, Kletzk, Gorodok, Rogaczew, etc.
Des hommes plus versés dans l'histoire des peuples slaves découvriront peut-être quelque
autre prince aux mêmes noms qui autoriserait à reculer l'époque de bas-relief; mais l'im-
muable physionomie de l'art byzantin explique très bien comment des figures qui, pour nous,
annonceraient le douzième siècle, appartiennent réellement au seizième ; et d'ailleurs les
vieux monuments sont si rares chez les slaves grecs, qu'une œuvre du seizième siècle y peut
L inscription porte : MeaworÛAra. g/nves riM (en russe); Saint-Pëtcrs-
^ CL Vostokof, et bourg, 18A6, p. 1%, etc.
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d'après les moyens d'appréciation auxquels les révolutions de l'art occidental nous ont accou-
tumés. Cet art stéréotypé, quelque mal qu'en aient dit de sévères connaisseurs, vaut bien, a
mon sens, les pauvres essais que lui substituent la Grèce et la Russie depuis quelque temps,
avec la pensée, peut-être, de mieux faire ; et vraiment, ne fût-ce que pour cet art populaire
qui, presque toujours livré à des mains malhabiles, tombe si facilement dans le métier, le des-
potisme d'une noble médiocrité, maintenue par des formules impérieuses, est préférable de
beaucoup (surtout pour les objets religieux) à une liberté niaise qui ne sait que déchoir en
avilissant le but de ses tristes efforts. Assurément si quelque chose de pareil aux vieilles pres-
criptions byzantines pouvait régler nos manufactures d'images barriolées en Lorraine et en
Alsace, il n'y aurait nulle perte ni pour le goût du peuple des campagnes, qui donne cet ali-
ment étrange à son sentiment esthétique, ni pour la dignité des qui puisent en eux-
mêmes l'invention de ces économiques miniatures.
Quoi qu'il en soit, si la date ne se peut lire dans le style de ces petites figures, un moyen
d'exploration plus précise se présente dans l'inscription qui court au sommet de toutes les
scènes et continue le long du côté droit après s'être brisée à l'angle supérieur. La voici dé-
barrassée des formes anciennes, des nœuds et des abréviations qui la compliquent :
SOFEÏ PREMOUDROST' ROJIA VRORLEXA POVELEXIEM I!LAGOVERNA[GOj
Suite de la ligne après la brisure :
KNIAZIA FEDORA IVANOVICZA* IAROSLAV[l]cZA
C'est à dire : SOPIIIA, LA SAGESSE DE DIEU, SCULPTÉE PAR L'ORDRE DE L'ORTHODOXE PRIKCE THÉODORE
(FÉDOR) FILS D'iVAN FILS D'iAROSLAV (OU
Écartons pour le moment tout ce qui ne conduirait point à des renseignements chronolo-
giques : nous aurons le/mûm? (orthodoxe ou non) Fcodor qui paraît
être un prince de Pinsk de la maison des Iaghellons, dont on possède encore des actes en po-
lonais datés de 1509 et de 1518 L Mort sans enfants, il laissa à la couronne de Pologne les
terres de Pinsk, Kletzk, Gorodok, Rogaczew, etc.
Des hommes plus versés dans l'histoire des peuples slaves découvriront peut-être quelque
autre prince aux mêmes noms qui autoriserait à reculer l'époque de bas-relief; mais l'im-
muable physionomie de l'art byzantin explique très bien comment des figures qui, pour nous,
annonceraient le douzième siècle, appartiennent réellement au seizième ; et d'ailleurs les
vieux monuments sont si rares chez les slaves grecs, qu'une œuvre du seizième siècle y peut
L inscription porte : MeaworÛAra. g/nves riM (en russe); Saint-Pëtcrs-
^ CL Vostokof, et bourg, 18A6, p. 1%, etc.