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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

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https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0171
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CHAPITEAUX HISTORIÉS. PI. XXV BIS.

15!

ressemblance, essayons d'abord de bien entendre ce que le grand abbé de Saint-Denis avait
prétendu faire comprendre aux fidèles de son temps par cette image qui peut nous sembler
bizarre ; nous chercherons ensuite s'il est probable que les sculpteurs de Yézelai aient eu
le même dessein.
Ce n'est point le douzième siècle qui a imaginé de voir dans les meules d'un moulin
une figure de l'ancienne Loi concourant avec la nouvelle à nous préparer le pain de la
parole divine. En cela, comme d'ordinaire, les docteurs du moyen âge s'appuyaient sur les
anciens docteurs. Aussi retrouvons-nous dans l'antiquité ecclésiastique ce symbolisme si
nouveau pour les esprits d'aujourd'hui. Déjà vers le cinquième siècle, lorsque S. Eucher
compilait son recueil de FwmM/M il avait signalé ce point de vue mystique comme
appartenant en quelque sorte à la tradition*. Les artistes s'en souvinrent ailleurs qu'à Saint-

Denis, puisque nous le retrouvons indiqué dans les belles verrières de Cantorbéry dont une
très grande partie subsiste encore S; mais Suger en faisait une application particulière qu'il
s'agit de bien saisir pour comprendre l'intention du chapiteau de Yézelai.
S. Paul étant celui des apôtres qui a le plus écrit, et avec le plus de science des livres
saints, si je puis ainsi parler, c'est à lui surtout, entre les autres, que la tradition a déféré le
titre de C'est lui en effet, qui dans ses discours et dans sa lettre aux Juifs s, par
exemple, insiste le plus sur les rapports étroits de l'ancien Testament avec le nouveau. L'idée
du moulin une fois adoptée, il devenait donc assez naturel de considérer le Docfcw %%-
7/oMF, le disciple de GamalieM, comme présidant à la mouture et au blutage. C'est lui tout
particulièrement qui, selon l'inscription de Suger, nous fait pénétrer dans les mystérieuses
significations de la loi mosaïque ; y montre partout Jésus-Christ unique clef de ces profondes
énigmes, et résout les deux Lois en une seule doctrine, toute pleine du Fils de Dieu incarné
par qui seul, à quelque âge du monde que ce fut, l'homme a pu vivre de la seule vie qui mé-
rite ce nom.
Le symbolisme du moulin exprimait donc sous une forme différente la même leçon qu un
autre médaillon commandé par le même abbé, et où l'on voit encore le grand apôtre (je crois
du moins que c'est lui), dressant le crucifix sur l'arche d'alliance, qui devient ainsi le char

* Eucher. (BibL PP. t. vi, p. 835) : <t. Possunt et duo
Testamenta iapides mo!æ signiiicare; per quos, !abore disseren-
tium, triticmn veteris Instrument! in farinam Evangeiii con-
vcrtatur. H —Hieronym. in AinttA., xxiv, Al (edMartianay,
t. iv, 119) : « Induabusquæ pariter mo!unt,... synagogamin-
teHige et Ecciesiam ; quod simui moierc videantur in Lcgc, et
de eisdem scripturis farinam tercrc præceptorum Dci. "
Cf. Vitraux de Bourges, n° 68 (p. 126, note 6).
- .l'emprunte cette indication au bei ouvrage intituié HinAs
on piimpointiny, Ap on amateur ( Oxford, 18A7 ; t. n
p. 350, svv., /ene^tra qianta).
« Jésus et apostoii coiliguut spicas. -- Moia, fumus (?), et

apostoii facientes panes :
Quod terit alterna moia, Lex vêtus atquc moderna.
Passiocrux, Christe, tua (E^f panis fuacrMR, CAriste?);
sermo tuus iste.
— Petrus et Paulus cum popuiis :
« Arguit iste reos, humiies aiit hic pharisæos ;
Sic spicæ tritæ sunt panis verbaquc vitæ. «
3 Cf. Act. ix, 20-22 ; xm, 16-A5; xiv, 1 ; xvii, 1-15 ; xvm,
A-20; xxvi, 1-23; xxvm, 17-29. — Hcbr. pa5s:?u.
4 Act. xxii, 3; xxm, 6. " Ego sum vir Judæus... sccus
pcdes Gamaiiel eruditusjuxta veritatem patcrnæiegis... Ego
pharisæus sum, iiiius pharisæorum... "
 
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