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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

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https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0024
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A MÉLANGES O ARGHÉGLOGiE.
de leurs vitraux peints. Enfin Ton est introduit dans une petite chapelle de la plus gracieuse
architecture du quinzième siècle, mais dont T ornementation est déformée par le badigeon ou
aveuglée par des meubles. En entrant je me trouvais sous le poids d'un sentiment pénible
quand tout à coup le custode ouvrit les portes du trésor. Une sorte d'éblouissement me saisit,
et j'oubliai tout le reste. Je me serais cru un instant en face de ces palais féeriques dont les
naïves descriptions enthousiasmaient notre enfance. La plupart des siècles chrétiens étaient
venus là déposer leur offrande marquée du sceau des plus grands princes. Les bas-reliefs d'or
et d'argent, les émaux aux riantes et invariables couleurs, les filigranes aux élégants et délicats
rinceaux, les ivoires ciselés, les pierres gravées, les cabochons, les perles, les étoffes antiques
brochées et brodées, les peintures sur métal et sur bois, tout appelle et captive les regards ;
la forme l'emporte sur la matière, l'originalité le dispute à la majesté ou à la grâce. Et plus
on s'arrête, plus on entre dans les détails, plus on trouve à admirer; car presque tous ces
monuments sont sortis des mains de quelque grand artiste, et les plus petits objets ont été
travaillés avec amour et bonheur. Ce sont des livres, des tableaux, des vases, des autels, des
ostensoirs, des portiques, des tours, des dômes et des flèches ; ce sont surtout deux grandes
châsses vraiment éblouissantes d'or, d'émaux et de pierreries : l'une renfermant les ossements
de Charlemagne, l'autre des vêtements du Sauveur et de sa mère. La vénération commandée
par de tels souvenirs ajoute une nouvelle puissance aux prestiges de l'art.
La vue du trésor d'Aix-la-Chapelle fut pour moi comme une révélation. Il me sembla dé-
couvrir un art à peu près complètement ignoré de nos artistes, et de nature, s'il était connu, à
fournir au génie moderne de féconds éléments de progrès. Je crus retrouver le secret perdu
du seul ameublement qui soit en rapport de style et de beauté avec nos basiliques de France,
aujourd'hui si dépouillées ; je crus rencontrer les modèles des ornements que l'on voudra leur
rendre quand le goût public mieux formé tiendra à revoir dans nos basiliques d'harmonieux
ensembles. En étudiant, il y a quelques années, la peinture sur verre du treizième siècle, j'avais
été frappé de l'utilité pratique d'une publication où les plus beaux effets de cet art seraient
reproduits sur une grande échelle, de manière à ce qu'on pût se rendre parfaitement compte du
système des ossatures en fer, des savantes combinaisons des médaillons détachés sur les mo-
saïques et de l'infinie variété de la flore architecturale des bordures. Ce fut un des principaux
motifs qui me firent entreprendre, aidé des études et du dévouement d'un ami, la
et, si la bienveillance publique ne nous fait pas illusion, ce travail
en effet n'a pas été inutile à l'art renaissant de la peinture sur verre. A la vue du trésor d'Aix
un nouveau service à rendre se présentait à moi avec les mêmes séductions, et je me mis à l'œu-
vre, plein de confiance qu'un opiniâtre travail saurait peut-être compenser le manque d'appui
et l'absence de ressources. Un premier obstacle à vaincre consistait à obtenir le privilège de
dessiner et par conséquent d'avoir sous la main des objets de grand prix que nul ne peut voir,
si ce n'est à distance et pour quelques instants. J'obtins la faveur tout exceptionnelle qui
 
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