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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
ble, de la qualification roturière qui la flétrit dans les recherchesdeM. Bottée de Toulmon'.
L'histoire de la liturg-ie et des rites y trouverait également des lumières. Les Bollandistes
ont cité quelque part une lettre ornée, pour constater 1 ancienne forme des cliappes^; les
auteurs duÆoMPMM montrent dans un A capital, tracé au mont Cassin
en 816, la représentation du chapelet, en dépit de ceux qui prétendent en faire une inven-
tion récente. Les exemples de ce genre ne manqueraient pas, et ces emprunts faits aux ma-
nuscrits devraient hien remplacer les illustrations de fantaisie dont on accompagne maints
ouvrages historiques; ce seraient là de vrais monuments et non des caprices d'artistes. Com-
bien il eût été à désirer que Muratori, D. Bouquet, les Bollandistes, les éditeurs de l'Histoire
byzantine, D. Tosti, etc., eussent toujours choisi ce genre d'embellissement, au lieu des
vignettes ou culs-de-lampe pour le moins insignifiants, qui enjolivent, soi-disant, ces
grandes collections par des anachronismes fades ou prêtant à rire!
uant à l'histoire civile, il est clair qu'une foule de matériaux pour
l'écrire attendent, dans les miniatures, une main laborieuse qui
s'occupe de les glaner. Les règlements de Jayme II, insérés par
les Bollandistes dans le troisième tome de juin, sont à eux
serds une collection de pièces extrêmement curieuses pour la
description des cours au moyen âge ; et un ouvrage comme le
TfAûm de Marchangy, ou la compilation presque aussi roma-
nesque de Monteil, accompagné de pareils monuments, en dirait
cent fois plus que le texte tout seul. Du reste, les représentations mêmes
de scènes étrangères à l'histoire du moyen âge fourniraient d'inépui-
sables renseignements en ce genre; la candeur des artistes d'alors ayant
fait prendre communément à tout ce qui sortait de leur main une teinte
contemporaine, laquelle, pour être comique^ n'en est pas moins utile his-
toriquement. Témoin cette CyropM<?de la bibliothèque d'Iéna, où Gyrus,
armé comme un chevalier allemand du xm° siècle, fait son entrée
triomphale dans une ville conquise, précédé d'un canon que l'on porte devant
lui^. Si les miniatures offrent des renseignements inattendus à ce point, on
posédeNeÛor,ilfinor, et Conctusio. L'Arith-
métique présente une table de multiplica-
tion, la Musique tient un petit orgue porta-
tif; et la Géométrie porte une sorte d'é-
querre, avec fil-à-plomb. L'Astronomie
montre un globe céleste ou terrestre (pour
cosmographie et géodésie). Le tout se résume
dans ce distique :
A) Erudit indoctos, B) sermones expolit, C) infert.
D) calculât, E) oblectat, F) pondérât, G) astra colit.
1. AistoriyMe (pour 1839) & ta société d'ttistoire
de France. H l'appelle l'instrument truand, d'après une
chronique du xtv° au xv° siècle. Mais cet avilissement de la
vielle (sympLonie ou ctti/yonie) pouvait n'avoir commencé
qu'alors. Autrement une abbesse du xn" siècle eut-elle
donné pour attribut caractéristique à la musique person-
nifiée, un instrument réserve aux aveugles et aux miséra-
bles?
2. AA. SS. Haii. t. VH. P. n (Paraiipomena), p. 90.
3. T. 111, p. 48. De même pour la forme des ciseaux;
Nouu. Traité de dipL, n, et officiers de la maison de Jayme,
n, Le. —Instruments de musique, à Saint-Gall; Jubinal,
op. e. — Calendrier, dans l'ffwdMS deiieiarum, etc. Cf. En-
gelhardt, et Ziegelbauer, i, 883. — Marionnettes, dans
l'RM'fMS deiieiarum (copié par Dibdin, mais pas complè-
tement). — Un pupitre à vis, d'élégance remarquable, publié
dans les Notices des manuscrits, t. VI, p. 124; et cent autres
détails dans Willemin, si bien expliqués par M. Pottier.
4. C'est ainsi qu'une traduction française des Héroi'des
d'Ovide, à la Bibliothèque du Roi (Mss. fr., n°7231, 2), nous
montre Phèdre allant à la chasse dans le carosse du roi do
France, traîné par quatre chevaux. Dans une Histoire de
Troie, écrite pour le duc de Bourgogne (Philippe le Bon),
en 1464, un évoque bénit le mariage de Saturne et de Cybèle
et, à plus forte raison, les noces de Junon et de Jupiter.
Cf. Peignot, de TAncienne BiMiotAé<yue des dwes de -BoMrgfog?;e.
— Waagen, FunstuterAe und Kûnsfier in Ænytand und Paris,
t. HL — Valéry, op. c., xxi, 3.
8. Notices des manuscrits, t. VH1, 2" part. p. 23. Le ma-
nuscrit (grec) est regardé comme venant du xm" siècle,
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
ble, de la qualification roturière qui la flétrit dans les recherchesdeM. Bottée de Toulmon'.
L'histoire de la liturg-ie et des rites y trouverait également des lumières. Les Bollandistes
ont cité quelque part une lettre ornée, pour constater 1 ancienne forme des cliappes^; les
auteurs duÆoMPMM montrent dans un A capital, tracé au mont Cassin
en 816, la représentation du chapelet, en dépit de ceux qui prétendent en faire une inven-
tion récente. Les exemples de ce genre ne manqueraient pas, et ces emprunts faits aux ma-
nuscrits devraient hien remplacer les illustrations de fantaisie dont on accompagne maints
ouvrages historiques; ce seraient là de vrais monuments et non des caprices d'artistes. Com-
bien il eût été à désirer que Muratori, D. Bouquet, les Bollandistes, les éditeurs de l'Histoire
byzantine, D. Tosti, etc., eussent toujours choisi ce genre d'embellissement, au lieu des
vignettes ou culs-de-lampe pour le moins insignifiants, qui enjolivent, soi-disant, ces
grandes collections par des anachronismes fades ou prêtant à rire!
uant à l'histoire civile, il est clair qu'une foule de matériaux pour
l'écrire attendent, dans les miniatures, une main laborieuse qui
s'occupe de les glaner. Les règlements de Jayme II, insérés par
les Bollandistes dans le troisième tome de juin, sont à eux
serds une collection de pièces extrêmement curieuses pour la
description des cours au moyen âge ; et un ouvrage comme le
TfAûm de Marchangy, ou la compilation presque aussi roma-
nesque de Monteil, accompagné de pareils monuments, en dirait
cent fois plus que le texte tout seul. Du reste, les représentations mêmes
de scènes étrangères à l'histoire du moyen âge fourniraient d'inépui-
sables renseignements en ce genre; la candeur des artistes d'alors ayant
fait prendre communément à tout ce qui sortait de leur main une teinte
contemporaine, laquelle, pour être comique^ n'en est pas moins utile his-
toriquement. Témoin cette CyropM<?de la bibliothèque d'Iéna, où Gyrus,
armé comme un chevalier allemand du xm° siècle, fait son entrée
triomphale dans une ville conquise, précédé d'un canon que l'on porte devant
lui^. Si les miniatures offrent des renseignements inattendus à ce point, on
posédeNeÛor,ilfinor, et Conctusio. L'Arith-
métique présente une table de multiplica-
tion, la Musique tient un petit orgue porta-
tif; et la Géométrie porte une sorte d'é-
querre, avec fil-à-plomb. L'Astronomie
montre un globe céleste ou terrestre (pour
cosmographie et géodésie). Le tout se résume
dans ce distique :
A) Erudit indoctos, B) sermones expolit, C) infert.
D) calculât, E) oblectat, F) pondérât, G) astra colit.
1. AistoriyMe (pour 1839) & ta société d'ttistoire
de France. H l'appelle l'instrument truand, d'après une
chronique du xtv° au xv° siècle. Mais cet avilissement de la
vielle (sympLonie ou ctti/yonie) pouvait n'avoir commencé
qu'alors. Autrement une abbesse du xn" siècle eut-elle
donné pour attribut caractéristique à la musique person-
nifiée, un instrument réserve aux aveugles et aux miséra-
bles?
2. AA. SS. Haii. t. VH. P. n (Paraiipomena), p. 90.
3. T. 111, p. 48. De même pour la forme des ciseaux;
Nouu. Traité de dipL, n, et officiers de la maison de Jayme,
n, Le. —Instruments de musique, à Saint-Gall; Jubinal,
op. e. — Calendrier, dans l'ffwdMS deiieiarum, etc. Cf. En-
gelhardt, et Ziegelbauer, i, 883. — Marionnettes, dans
l'RM'fMS deiieiarum (copié par Dibdin, mais pas complè-
tement). — Un pupitre à vis, d'élégance remarquable, publié
dans les Notices des manuscrits, t. VI, p. 124; et cent autres
détails dans Willemin, si bien expliqués par M. Pottier.
4. C'est ainsi qu'une traduction française des Héroi'des
d'Ovide, à la Bibliothèque du Roi (Mss. fr., n°7231, 2), nous
montre Phèdre allant à la chasse dans le carosse du roi do
France, traîné par quatre chevaux. Dans une Histoire de
Troie, écrite pour le duc de Bourgogne (Philippe le Bon),
en 1464, un évoque bénit le mariage de Saturne et de Cybèle
et, à plus forte raison, les noces de Junon et de Jupiter.
Cf. Peignot, de TAncienne BiMiotAé<yue des dwes de -BoMrgfog?;e.
— Waagen, FunstuterAe und Kûnsfier in Ænytand und Paris,
t. HL — Valéry, op. c., xxi, 3.
8. Notices des manuscrits, t. VH1, 2" part. p. 23. Le ma-
nuscrit (grec) est regardé comme venant du xm" siècle,