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DU LUXE BIBLIOGRAPHIQUE AU MOYEN AGE,
SUITE.

Miniatures, à partir de ia moitié du x:v^ siècie.— Principaux miniateurs depuis ie vn" siècle jusqu'au xv° inclusivement. —
Livres d'heures. — Orfèvrerie, giyptique, etc., appliquées aux livres.

XXX.

De 1360 à 1410, la peinture subit une sorte de révolution, ou plutôt les germes lentement
éclos s'y développent décidément avec une rapidité qui approche bientôt du dernier terme.
Une fois les premières difficultés vaincues par l'étude de la nature, le beau suivit de près le
vrai qu'on venait enfin de saisir. La plume n'avait plus besoin d'assurer l'enluminure, le
pinceau seul désormais est employé dans l'exécution, et répand les couleurs avec une har-
monie jusqu'alors inconnue. Aux fonds d'or ou de marqueterie, on substitue des accessoires
dont la disposition acquiert déjà de la profondeur; et, dans les Pays-Bas surtout, commen-
cent à se montrer des germes de la perspective linéaire et aérienne. Si la perfection n'est pas
atteinte, du moins le miniateur se sent assez maître de son art pour aborder toute espèce
de sujets, avec une sorte de profusion. Romans de chevalerie, traduction des classiques,
poètes, description de voyages, (recueils de zoologie plus ou moins réelle)
ouvrages allégoriques, peinture burlesque'; tout est abordé, traité même avec succès.
On conserve encore, des époques précédentes, l'éclat tranchant de quelques couleurs (ver-
millon et bleu foncé); les arbres continuent à être comme moulés sur une forme typique;
le ciel a quelque chose de plat et de monotone ; les attitudes et les mouvements montrent
souvent une certaine gaucherie; le dessin des formes du corps n'a point perdu sa maigreur
et son incertitude, et les pieds en particulier sont généralement trop petits ; mais les mains
sont traitées avec finesse ; la draperie se dépouille de son caractère sec et plastique, pour
substituer, à la maigreur et à la sécheresse des plis, un jet facile, large et moelleux. L'or ne
paraît plus guère que dans les ou dans les ornements, et lorsqu'il s'agit de repré-
senter Dieu. Les couleurs sont d'un ton clair et doux, la fusion des clairs et des ombres
s'opère avec une dégradation pleine de délicatesse. L'architecture, le plus souvent emprun-
tée au gothique avancé, est encore quelquefois romane. Le mobilier, les lits avec leurs ciels
et les autres accessoires de ce genre, sont détaillés soigneusement.
Les visages sont remarquables par la variété et le naturel. Les détails en sont rendus
avec une finesse singulière. Les Saints y ont un air doux et pur qui frappe dès le premier

1. Le grotesque des siècles précédents avait son dévelop-
pement principal dans les peintures de l'enfer ; l'abbesse
Herrade par exemple, et plusieurs scènes de vitraux, réali-
sent en ce genre des imaginations que n'aurait point désa-
vouées Callot avec sa verve incomparable. Mais c'est un

grotesque effrayant, qui ne fait naître que le rire d'in-
sulte ; chose qu'il importe de remarquer. Le sérieux que la
foi donnait à de tels spectacles imprimait à ce comique un
sceau qu'il ne conserverait point aujourd hui, où tout son
résultat serait d'être bizarre et curieux.

:v. — 24
 
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