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218

MÉLANGES DARCHÉ0L0G1E.

CHAPITRE PREMIER.
INVASION DES BARBARES. —RENAISSANCE HISPANO-GOTHIQUE.

I.
Les premiers barbares qui en 409 se précipitèrent sur l'Espagne par les occidentaux
des Pyrénées traîtreusement ouverts, Alains, Suèves et Vandales de toute dénomination,
étaient de vrais fauves, que n'avait adoucis nul contact suffisamment prolongé avec la
civilisation romano-ehrétienne. Ils commirent donc d'abominables cruautés dans la partie
de la Péninsute qu'ils avaient envahie; ce n'était partout, sur leur passage, que meurtres,
pillages, incendies, auxquels vinrent bientôt se joindre, pour mettre le comble aux maux des
populations, la famine et la peste*. Il ne faudrait pas cependant comme l'ont fait certains
écrivains modernes, donner à cette dévastation sanglante de l'Espagne, un caractère d'uni-
versalité et de continuité que les chroniqueurs contemporains lui refusent. Car, en premier
lieu, la Tarragonaise tout entière (moins les îles Raléares) resta fermée aux pillards de la
première heure. Cette province, en effet, ne figure pas dans la liste de celles que les barbares
se partagèrent entre eux". Puis, dans les portions de la Péninsule où ces hordes dévas-
tatrices eurent leurs coudées franches, Galice, Lusitanie, Bétique et Carthaginoise, leur
rage aveugle ne put tout d'abord sévir à l'aise que sur les campagnes et les bourgades
ouvertes. Les cités closes de murs lui échappèrent si bien et si longtemps, qu'il faut des-
cendre à la seizième année de l'invasion, pour trouver dans les chroniques contemporaines
la première mention de villes prises ou pillées^; et que, dans la longue période de soixante
ans (409-469), douze ou treize de ces villes au plus devinrent la proie des barbares ennemis
ou auxiliaires des Romains*.
Il faut remarquer en outre que, même dans les campagnes, les horreurs de la conquête
ne tardèrent pas à s'atténuer. Dès l'an 411, les barbares fatigués de destruction, ou, ce qui
est plus vraisemblable, craignant de mourir eux-mêmes de faim dans ces régions dévastées,
conclurent un accommodement avec les populations de l'empire**. Ce ne fut là, il est vrai,
qu'une trêve souvent violée par les agressions des nouveaux venus ; elle permit toutefois à
l'Espagne romaine de respirer et de reprendre des forces.. Tandis que les barbares culti-

1. Idatii Sub A. 410, p. (i0, 61. Edit. BruxeH. A.
1845. Cette édition, trop peu connue chez nous, mériterait
de l'être davantage.
2. !d. IMcL A. 411, p. 61, 62. Voir aussi ce qu'écrit le
même chroniqueur sous l'année 456 (p. 97).
3. Carlhagène et Séville en 425, par les Vandales. ld.,
fêtd., p. 71, 72.
4. Outre les deux villes mentionnées dans la note précé-
dente, Mérida en 429 et en 439 par les Suèves (ib., p. 73,
80), Mertolaen 440 (p, 80), Séville en 441 (p. 81), Saragosse
et Lérida en 449 (p. 86) par les mêmes ; Hraga en 456, As-
torga et Palentia en 456 et 457 par les Goths de Théodoric
(p. 99, 103 et 104), Portucale par les Suèves en 457, 458
(p. 104-106); Scalabis, aujourd'hui Santarem, par les Goths
en 460 (p. 109) ; Coïmbrc en 467 (p. 119), et Lisbonne en
469 par les Suèves (p. 121). De toutes ces villes, une seule,

Carthagène, fut détruite de fond en comble. Les autres ne
tombèrent guère au pouvoir des barbares que par surprise
ou trahison, et n'y restèrent que temporairement.
5. Paul Orose, HisL, ib., VII, c.41 et 43; Idace, C/tron.,
p. 62, 63. Ce dernier affirme que les Hispano-Romains
réfugiés dans les places fortes se soumireut au joug dos
barbares (barbarorum... se subjiciunt servituti). Mais, comme
dans toute la suite de son récit (a. 430, 433, 438, 457,
458), le même historien nous montre les cités espagno-
les jouissant d'une entière indépendance, et traitant de
puissance à puissance avec les envahisseurs, cette sujé-
tion ne peut être prise que dans un sens tort restreint.
Elle doit probablement s'entendre de l'abandon d une partie
du territoire, et des contributions payées de temps à autre
aux plus exigeants. Voir la note xxn de l'édition d ldace, par
le P. Garzon (p. 151, Brux.).
 
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