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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.


remment son fort et son faible ; car elle s'adonne au camaïeu avec une certaine complai-
sance, et réalise en ce genre de petits tableaux charmants où nos meilleurs maîtres sont
incomparables. Je le dis sans craindre l'Italie tant vantée, ou le soi-disant bréviaire du car-
dinal Grimani' qu'on a trop surfait (assez peu italien d'ailleurs); Jean Fouquet et son école
valent bien ce que l'on a célébré le plus dans les oeuvres de ce temps".
n France, la tin du xv° siècle annonce déjà par plus d'un trait l'étude
et la coquetterie. La miniature du reste y unit les deux manières
de la Flandre et de l'Italie; et si l'originalité s'y montre moins
que dans chacune de ces contrées, cette fusion a pour résultat
un genre vraiment distingué. On y reconnaît les qualités qui
ont généralement caractérisé notre école : sagesse de l'ordon-
nance, correction du dessin, bon goût des draperies et des orne-
ments, entente de la partie technique.
La perfection se produit de 1S00 à 1540, et c'est l'Italie qui la
réalise L Déjà pourtant, la forme envahit cette peinture aussi bien
que la grande; et le sentiment disparaît, comme nous aurons occasion de le remarquer
en donnant une notice des miniateurs. En Italie, du moins, la miniature, Adèle jusqu'au
bout à son ancienne destination, se consacre encore aux livres d'Eglise, et y atteint son
plus haut période. La France possédait à cette époque des miniaturistes habiles *; mais les
sujets de piété ne les occupent plus guère, sauf dans certaines écoles Adèles aux vieilles
traditions. Aussi la simplicité, qui baissait déjà dans les draperies et les poses apprêtées du
siècle précédent, s'efface presque entièrement pour tourner à la mignardise. M. Waagen"
trouve dans la manière de Godefroy une preuve de notre tendance au précietAr, avant que
l'école de Fontainebleau (Rosso, Primaticcio, Cellini) eût importé chez nous les grâces
maniérées de la Florence moderne. Ces peintures à la touche Ane et spirituelle, mais
aux formes sveltes exagérées, aux mouvements étudiés et qui sentent la minauderie, lui
paraissent prouver par leur date (1519) que l'afféterie était en France à peu près autoch-
thone. Émeric David" a déjà repoussé cette accusation en répondant aux assertions de
Gicognara, qui attribuait aux Français toutes les mésaventures de l'art italien. Quand
même les expéditions françaises de Charles VIII et de Louis XII ^ ne suffiraient pas à
exptiquer l'importation italienne, il demeurerait toujours véritable que le dessin systéma-
tique du genre mignard, adopté par les Florentins, acquit décidément la prépondérance
chez nous par la faveur que la Cour accorda aux artistes de Fontainebleau. Ceux-ci em-

1. Que Grimani l'eût acheté, ce semble bien ciair, d'après
ies actes qui en témoignent. Pour ie peu que j'en sais, te
[ivre avait été destiné à un prêtât franciscain, on exécuté
(au moins en partie) dans un couvent de Saint-François ; et
si Hemmhng y a mis du sien, on ne prouverait pas aisément
qui! soit Fauteur de toutes les peintures. En somme, t'idëat
humain n'y atteint certainement pas une grande élévation.
2. M. L. Curmer (Heures de maislre Æslicnue CfteuaZier) a
réuni de nombreux témoignages qui remettent Fouquet à
sa vraie place dans l'histoire de l'art; et ce qui vaut mieux,
il nous fait connaître par des reproductions nombreuses la
manière de ce grand artiste que l'Italie même avait admiré,
tout infatués que fussent Florentins et Romains parles ^ori,
puili et ore/îcerie de leur Renaisssance soi-disant grecque,
mais surchargée d'ornementation.

3. Suppl, lai. 702. Je donne çà et là (en manière de fi-
lets) plusieurs détails qui passent pour être d'Attavante-
Cf. p. 184, 143, 114, etc.
4. Afss. /bauç. 7584; ancien /bnds /al. 1429, etc. Cf.
BiMe moraZisëe (n" 6829). — Vie et miracles de sain! Louis
(n" 472-8405).
8. Waagen, op. e. troisième partie, lettre 7", et première
partie, lettre 8°. Bibliothèque du Musée britannique (Hnr-
leinn MM. 6205), et bibliothèque de l'Arsenal (Beües-Zeiires
/*raueaises, 24 bis).
6. Discours sur la sculplure, dans la Revue encyclo-
pédique.
7. D'Agincourt a fait observer qu'une quantité de manus-
crits à miniatures avaient été apportés d'Italie en France
par Louis Xll.
 
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