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MÉLANGES n'ARCHÉOLOGtE.

Ici encore, dans l'Espagne renaissante, il est facile de reconnaître tes traits caractéris-
tiques de l'Espagne gothique. Le rejeton sorti d'une racine immortelle se revêt du même
feuillage, se pare des mêmes fleurs et se couvre des mêmes fruits dont s'enorgueillissait
autrefois le tronc puissant abattu par les Arabes. Sans doute, si la fleur est épanouie, le
fruit noue à peine; mais patience, laissons venir l'été, et nous verrons, aux chauds rayons
du soleil d'août, la grenade espagnole revêtir sa robe de pourpre et d'or, robe mille fois
plus splendide que celle dont Isidore de Béja admirait le merveilleux éclat aux premières
années du vin" siècle*.
Signalons cependant une importante différence entre ces deux Espagnes également chré-
tiennes, également prospères. Dans l'Espagne léonaise ou castillane, les hautes classes de
la société ne sont pas les seules à profiter de la richesse et de la prospérité du pays, comme
cela n'avait lieu que trop souvent dans l'Espagne gothique et romaine. La sobre et labo-
rieuse population des campagnes, autrefois trop déshéritée, jouit aujourd'hui d'une aisance
qui assure son bien-être, et dont, si elle leur eût été connue, les paysans d'Allemagne,
d'Angleterre, de France et d'Italie à la même époque auraient eu tout droit d'être jaloux.
Elle en jouit, sauf de très-rares exceptions, dans la plénitude d'une indépendance person-
nelle inconnue partout ailleurs, et qui se perpétue dans la Péninsule jusqu'à l'introduction
aussi inutile que malencontreuse de la féodalité en ce pays au xni" siècle. A vrai dire, on
ne peut étudier la vie privée de ces libres campagnards de Léon, d'Aragon ou de Castille,
à la clarté que projettent sur elle les actes publics et privés de cette période du haut moyen
âge, sans constater l'amélioration sensible qui s'est produite dans la condition des classes
agricoles, et sans en arriver même à se demander par quelle voie, sauf celle de la paresse,
de l'inconduite ou de la maladie, la misère aurait pu se glisser dans la demeure du paysan
espagnol et s'asseoir à son foyer.
t d'abord ce n'est pas la terre, qui, à partir du ix° siècle, se refuse aux
robustes défricheurs trop longtemps emprisonnés dans les Asturies, et
qui s'en échappent par nombreux essaims sous Ordono I, Alphonse 111
et Ordono IL Aujourd'hui, comme plus tard sous Ferdinand I et ses
successeurs, ce sont bien plutôt les défricheurs qui manquent aux libres
espaces que l'épée vient d'ouvrir à la colonisation chrétienne. Aussi, dans
toutes les provinces enlevées aux Arabes, dans le Léonais comme en
Castille, dans la Galice portugaise comme en Aragon, les propriétaires
du sol, — rois, comtes, 272/tM.zd/M, évêques et abbés, — s'efforcent-ils à
l'envi d'attirer sur leurs terres de nouveaux colons ou d'y retenir ceux
qui s'y sont déjà fixés. Dans ce but hautement avoué et pour l'atteindre
plus sûrement, ils luttent entre eux à qui fera aux immigrants de meilleures conditions L
De tous ceux qui se présentent, quels que soient leurs antécédents, nul n'est exclu. Voleurs


l'importation (cuivre, ptomb, étain) par les fueros de S. Sé-
bastien, ce qui semble indiquer qu'on le tirait du pays
même et non du dehors.
1. té Eam [Hispaniam] post tôt tantaque pericula,
Repcrit omnibus bonis opimam.
Et ita floride post tantos dolores repletam,
Ut diceres augustalem esse malogranatam. «
CAron., n. 85.
2. Alphonse VI déclare franchement que, par la charte

de fueros octroyée aux habitants de Logrono et de Miranda
del Ebro, il s'est proposé de leur enlever tout motif et toute
envie d'émigrer ailleurs. Cf. Munoz, p. 335 et 344. Ce même
prince déclare autre part (IMd., p. 257) que, s'il étend à
tout le district de Burgos les droits et privilèges concédés à
cette ville, ce n'est pas seulement au profit de la population
agricole qui l'habite actuellement, mais aussi de tout colon
étranger désireux de se dérober aux trop lourdes charges
qui pèsent sur lui. Alphonse I" d'Aragon donne à Sara-
gosse ses fueros afin qu'elle soit bien peuplée (M. p. 451).
 
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