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https://doi.org/10.11588/diglit.33623#0308
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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
pas inscrit une seuie fois'. Descendons d'un siècle, mêlons-nous à l'immense auditoire qui
se presse autour de saint Froylan dans les campagnes de Léon, à l'heure meme des grandes
luttes d'Alphonse 111 contre les sultans de Gordoue. Que prêche l'apôtre à ce peuple enfié-
vré de guerre et couvert encore de la poussière des champs de bataille? Le mépris du monde,
la pratique des divins préceptes et celle des conseils évangéliques". Ce sont ces memes pré-
ceptes de justice et de charité chrétiennes que Dominique, le saint ami de Ferdinand 1,
expose tour à tour aux rois, en plein chapitre de l'abbave de Saint-Millan, et aux paysans
des campagnes voisines de son monastère de Silos". Cent ans plus tard, à Yiseu en Por-
tugal , saint Théotonio ne tient pas un autre langue, ne comprend pas différemment
la mission qui lui est confiée. Fidèle observateur des canons anciens et nouveaux de
son Eglise, il se borne dans son enseignement public à catéchiser les ignorants, à expo-
ser les règles de la vie chrétienne, à dire la vérité à tous, y compris les reines dont il sait
à l'occasion réprimer les caprices et flétrir les désordres b Son contemporain et son
compatriote, Martin de Saure, campé à l'extrême limite du border portugais avec son petit
troupeau de hardis pionniers, sans cesse inquiété par les maraudeurs ennemis ", ne s'occupe
en chaire, lui aussi, ni de prises d'armes ni de chevauchées lointaines. L'unique but de sa pré-
dication est d'inculquer à ses auditeurs la règle de la foi catholique, de leur inspirer l'amour
de la religion, la pratique de ses saintes œuvres, l'horreur du vice et des désordres dont les
aventuriers accourus sur ces terres nouvelles donnent trop souvent le scandale, aussitôt
réprimé par le zèle du saint prêtre b
Est-ce à dire que , dans la personne de ses ministres , l'Église se désintéresse de la lutte
héroïque engagée contre l'istamisme, lutte où sa propre existence est en cause au moins au-
tant que celle du peuple espagnol? Ce serait folie de le penser. Mais, en conformant scrupu-
leusement aux règles qu'elle s'est elle-même tracées son enseignement religieux, en ne s'y
proposant que la sanctification des âmes, cette Église n'ignore pas, elle ne peut pas ignorer
qu'elle travaille en réalité et plus efficacement que personne au salut, à la prospérité, à la
vraie grandeur de la patrie commune. Elle sait que dans chaque nouveau soldat donné
1. On m'objectera peut-être que ce commentaire est ex-
trait, presque en entier, d'œuvres similaires de Pères ou
d'Écrivains ecclésiastiques des premiers siècles ; oui, sans
doute, mais saint Héat parle çà et là en son propre nom,
et cela suffit pour laisser à mon observation toute sa
valeur.
2. Joann. Diac,, V%. S. Froyhm., p. 423, 425.
3. Cf. Gonz. de Berceo, S. Dom., copl. 136, sgg., 463,
sgg.
4. " Exequebatur mirabiliter sui ordinis (p?-esôyterat?<s)
officium rudes populos catechisando... Precepta Deiad po-
pulum deferebat veritatem predicando... Nunquam cessa-
bat in plebe verba veritatis fructu fidei redundancia semi-
nare : nunc omnes de pio Christiane religionis opéré
commonebat, nunc alios de confessionc Sancte Trinitatis
conformabat, nunc reliquos de promissione regni celestis
invitabat. Fomicatores vcro et adulteros, ceterosque malc-
factores anathematis gladio feriebat, neminemformidans...
siquidem fama refert, quadam die, in ecclesia Visiensi eo
predicante, memoratam reginam (l'infante-reine Térèse,
tille d'Alphonse VI) et consulem Fernandum, qui eo tem-
pore contubernalis ejus, non vir legitimus erat, rubore
verecundic suffusos de ecclesia festinantcr exisse. « Anon.
IVi. S. ï'/teûlon., n. 4 et 5. — Une autre fois, cette meme
reine, déjà à la porte de l'église, envoya prier le saint de
se hâter en disant la messe; a J'ai au ciel, lui répondit
Théotonio, une reine autrement bonne et noble que vous,
en l'honneur de laquelle je vais célébrer le saint sacritice
avec la dignité et la lenteur requises. Quant à vous, vous
êtes libre d'y assister ou de vous retirer x n. 6).
5. Cf. Salvat. S. AfarMm Sawr., n. 2, 6.
6. « Plcbcm igitur sibi commissam catholice fldci régula
sepissime instruebat... omnes de pio religionis opéré com-
monens... O virutn nimie curiositatis circa omnes, no in
vitium laberentur, ac si eos omnes parturiretl... Si vero
aliquis affloium civilatum vel locorum i'eminam aliquam
flliamve alicujus, vi eam opprimens, ad id loci quo ipse
(AT<w'tîHM.s) morabatur deducebat, ut in hujusmodi assolet
extrematuris, vir Uei illico eis obviabat..., vel federe legi-
timo, si res poscebat, conjungebat, vel, nisi juxta Canonum
décréta suo obtemperarent imperio, eos inde... expellebat. x
ld., n. 9. — Ou le disciple et l'historien de saint
Martin a écrit aussi la vie de saint Théotonio, ou 1 auteur
anonyme de celle-ci avait entre les mains l'ouvrage de Sal-
vado. Dans les chapitres qui traitent do la prédication des
deux saints, et dont j'ai cité de courts extraits, on trouve
employés, en effet, non-seulement les mômes mots, mais
les mêmes phrases.
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
pas inscrit une seuie fois'. Descendons d'un siècle, mêlons-nous à l'immense auditoire qui
se presse autour de saint Froylan dans les campagnes de Léon, à l'heure meme des grandes
luttes d'Alphonse 111 contre les sultans de Gordoue. Que prêche l'apôtre à ce peuple enfié-
vré de guerre et couvert encore de la poussière des champs de bataille? Le mépris du monde,
la pratique des divins préceptes et celle des conseils évangéliques". Ce sont ces memes pré-
ceptes de justice et de charité chrétiennes que Dominique, le saint ami de Ferdinand 1,
expose tour à tour aux rois, en plein chapitre de l'abbave de Saint-Millan, et aux paysans
des campagnes voisines de son monastère de Silos". Cent ans plus tard, à Yiseu en Por-
tugal , saint Théotonio ne tient pas un autre langue, ne comprend pas différemment
la mission qui lui est confiée. Fidèle observateur des canons anciens et nouveaux de
son Eglise, il se borne dans son enseignement public à catéchiser les ignorants, à expo-
ser les règles de la vie chrétienne, à dire la vérité à tous, y compris les reines dont il sait
à l'occasion réprimer les caprices et flétrir les désordres b Son contemporain et son
compatriote, Martin de Saure, campé à l'extrême limite du border portugais avec son petit
troupeau de hardis pionniers, sans cesse inquiété par les maraudeurs ennemis ", ne s'occupe
en chaire, lui aussi, ni de prises d'armes ni de chevauchées lointaines. L'unique but de sa pré-
dication est d'inculquer à ses auditeurs la règle de la foi catholique, de leur inspirer l'amour
de la religion, la pratique de ses saintes œuvres, l'horreur du vice et des désordres dont les
aventuriers accourus sur ces terres nouvelles donnent trop souvent le scandale, aussitôt
réprimé par le zèle du saint prêtre b
Est-ce à dire que , dans la personne de ses ministres , l'Église se désintéresse de la lutte
héroïque engagée contre l'istamisme, lutte où sa propre existence est en cause au moins au-
tant que celle du peuple espagnol? Ce serait folie de le penser. Mais, en conformant scrupu-
leusement aux règles qu'elle s'est elle-même tracées son enseignement religieux, en ne s'y
proposant que la sanctification des âmes, cette Église n'ignore pas, elle ne peut pas ignorer
qu'elle travaille en réalité et plus efficacement que personne au salut, à la prospérité, à la
vraie grandeur de la patrie commune. Elle sait que dans chaque nouveau soldat donné
1. On m'objectera peut-être que ce commentaire est ex-
trait, presque en entier, d'œuvres similaires de Pères ou
d'Écrivains ecclésiastiques des premiers siècles ; oui, sans
doute, mais saint Héat parle çà et là en son propre nom,
et cela suffit pour laisser à mon observation toute sa
valeur.
2. Joann. Diac,, V%. S. Froyhm., p. 423, 425.
3. Cf. Gonz. de Berceo, S. Dom., copl. 136, sgg., 463,
sgg.
4. " Exequebatur mirabiliter sui ordinis (p?-esôyterat?<s)
officium rudes populos catechisando... Precepta Deiad po-
pulum deferebat veritatem predicando... Nunquam cessa-
bat in plebe verba veritatis fructu fidei redundancia semi-
nare : nunc omnes de pio Christiane religionis opéré
commonebat, nunc alios de confessionc Sancte Trinitatis
conformabat, nunc reliquos de promissione regni celestis
invitabat. Fomicatores vcro et adulteros, ceterosque malc-
factores anathematis gladio feriebat, neminemformidans...
siquidem fama refert, quadam die, in ecclesia Visiensi eo
predicante, memoratam reginam (l'infante-reine Térèse,
tille d'Alphonse VI) et consulem Fernandum, qui eo tem-
pore contubernalis ejus, non vir legitimus erat, rubore
verecundic suffusos de ecclesia festinantcr exisse. « Anon.
IVi. S. ï'/teûlon., n. 4 et 5. — Une autre fois, cette meme
reine, déjà à la porte de l'église, envoya prier le saint de
se hâter en disant la messe; a J'ai au ciel, lui répondit
Théotonio, une reine autrement bonne et noble que vous,
en l'honneur de laquelle je vais célébrer le saint sacritice
avec la dignité et la lenteur requises. Quant à vous, vous
êtes libre d'y assister ou de vous retirer x n. 6).
5. Cf. Salvat. S. AfarMm Sawr., n. 2, 6.
6. « Plcbcm igitur sibi commissam catholice fldci régula
sepissime instruebat... omnes de pio religionis opéré com-
monens... O virutn nimie curiositatis circa omnes, no in
vitium laberentur, ac si eos omnes parturiretl... Si vero
aliquis affloium civilatum vel locorum i'eminam aliquam
flliamve alicujus, vi eam opprimens, ad id loci quo ipse
(AT<w'tîHM.s) morabatur deducebat, ut in hujusmodi assolet
extrematuris, vir Uei illico eis obviabat..., vel federe legi-
timo, si res poscebat, conjungebat, vel, nisi juxta Canonum
décréta suo obtemperarent imperio, eos inde... expellebat. x
ld., n. 9. — Ou le disciple et l'historien de saint
Martin a écrit aussi la vie de saint Théotonio, ou 1 auteur
anonyme de celle-ci avait entre les mains l'ouvrage de Sal-
vado. Dans les chapitres qui traitent do la prédication des
deux saints, et dont j'ai cité de courts extraits, on trouve
employés, en effet, non-seulement les mômes mots, mais
les mêmes phrases.