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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

crits sur papier de provenance castiliane ou léonaise, il n'en est question, à ma connais-
sance, que deux ou trois cents ans ptus tard'.
Les livres ne sortaient du scriptorium qu'après avoir passé des mains du scribe à celles
de l'ornemaniste. L'illustration des manuscrits espagnols du haut moyen âge varie sui-
vant l'importance de l'ouvrage et les exigences du destinataire. Tantôt — et c'est le cas le
plus ordinaire—tout se borne à quelques lettres initiales", dessinées et peintes assez
souvent avec une simplicité presque enfantine % mais parfois aussi d'une façon très-fan-
taisiste, comme le prouvent celles que nous a fournies le manuscrit du Britisb Muséum*.
Tantôt aux lettres ornées se joignent les frontispices de caractère hiératique ", suivis de
peintures astronomiques, historiques ou symboliques semées dans le corps de l'ouvrage.
Ceci a lieu surtout quand il s'agit de livres appartenant à la liturgie hispano-romaine, de
la Bibliothèque sacrée, de ses commentaires les plus répandus, ou de la collection nationale
des lois ecclésiastiques et civiles. J'ai signalé précédemment le Missel du vu" siècle, dans
lequel le canon de la messe est précédé d'une miniature de grand style représentant le
Christ en croix sur le Calvaire". Tel autre de ces manuscrits (Bible du x° siècle) s'ouvre par
une série d'arbres généalogiques, dont chacun occupe une page entière, et porte à son
sommet un médaillon, où est représenté à mi-corps le patriarche dont la descendance se
développe au-dessous, soit en tronc unique soit en rameaux divers. Adam et Ève, Noé,
Abraham, Isaac, Jacob, Juda et David passent ainsi successivement sous les yeux du
lecteur Un troisième (Bible du ix" siècle) renferme le commentaire des principales parties
des quatre Evangiles, et chaque chapitre de ce commentaire est orné d'une miniature
symbolique ou typique se rapportant au sujet qui y est traité L L'ouvrage de saint Beatus
de Liebana est un de ceux qui ont le plus excité la verve des peintres ou miniaturistes
espagnols du haut moyen âge. Il n'y a pas lieu d'en être surpris : nulle part ailleurs ne s'ou-
vre un plus vaste champ à l'imagination, et celle de nos artistes inconnus s'y est donné libre
carrière, à tous les siècles du haut moyen âge. C'est d'une copie de cet ouvrage exécutée au
xi° siècle, à ce que croit mon docte maître ", que sont tirés les dessins trop clair-semés in-
tercalés dans mon texte. Une autre copie du xn° siècle, que j'eus occasion d'examiner avant

1. Commentaire sur ies Épîtres de saint Paul de Martin
de Cordova écrit en 1461 (Moraies, p. 9) ; Commentaire de
Lira sur les mêmes Épîtres, copie sur papier faite à Saint-
Isidore de Léon par ordre de l'abbé et terminée le 29 sep-
tembre 1429 (Risco, Iglesias, p. 138). Il serait fort possible
toutefois que le manuscrit historique sur papier dont Risco
fait mention (l&id., p. 189) datât de la fin du xtv" siècle.
2. Le livre de la Perpétuelle Virginité de Marie, copié par
les moines de San Millau pour l'évèque du Puy, n'est orné que
de deux ou trois lettres initiales. Le silence gardé par Eguren
sur l'ornementation du plus grand nombre des manuscrits
qu'il a décrits, me les fait supposer aussi peu favorisés
sous ce rapport, que celui de la Bibliothèque nationale.
3. Simple tracé au minium relevé parfois de quelques mou-
chetures d'or. Voir à la fin du premier volume d'Amador de
Los Rios les fac-similé de quelques initiales de manuscrits
hispano-gothiques (InuencMS, Rymnaire).
4. Les esquisses du P. Martin nous montrent les artistes
du scriptorium espagnol empruntant vers le xt= siècle les
éléments de leurs lettres ornées à l'art militaire, àl'ichthyo-
logie, aune flore fantastique, à la chorégraphie, etc. L'ini-
tiale du chapitre XH de l'Institution des vierges par saint

Léandre (x° siècle) demande les siens à la cynégétique (lé-
vrier vermillon au collier d'argent, saisissant de la gueule
et des pattes de devant un oiseau noir avec collier de même
métal). Cf. Am. de Los Rios, wM sapr. Une épée à la garde
d'or, dans son fourreau de sinopte rehaussé d'ornements
d'or, forme 11 initial delà notice de saint Hildcfonse par Ju-
lien de Tolède dans un manuscrit de la même époque (Id.,
iMcL). Dans un Psautier du ix° siècle (Eguren, p. 48, col. 2),
l'initiale du psaume LXXVH représente la rencontre de deux
caballeros armés et montés, etc.
8. Alpha symbolique, croix angélique d'Oviédo, dont, si
j'en juge par la description qu'en donne Risco (Æ. s.
XXXVII, p. 148), celle dessignochristum, dessinés par
P. Martin d'après le manuscrit du British Muséum, se rap-
proche sensiblement.
6. Voir p. 312 (texte et note 8).
7. Eguren, p. 19, col. 1.
8. Id., tMd., p. 46. Voir aussi (p. 47) ce que dit le même
auteur de l'ornementation figurée des deux Bibles de Saint-
Isidore de Léon, l'une du ix° siècle et de lettre gothique,
l'autre du xn° et de lettre française.
9. V. supr., p. 288.
 
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