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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGiE.

de cette période tirtale du haut moyen àg*e, d'Isidore de Béja au moine de Silos, en passant
par Alphonse III, l'anonyme d'Albelda et Sampire, ces sortes d'oubli ou de distraction sont
rares, beaucoup plus rares qu'on ne serait de prime abord porté à le supposer. Les erreurs
qu'on relève dans le texte actuel de ces chroniqueurs sont, en effet, le plus souvent, impu-
tables aux interpolatcurs trop hardis des siècles suivants, heureusement assez maladroits
pour se trahir eux-mëmes dès qu'on prend la peine de les regarder bien en face *.
En somme, et quelles que soient les limites entre lesquelles il leur plaît d'enfermer leurs
récits, tous ces chroniqueurs—Pélagie d'Oviédo excepté, dont pour les raisons données ail-
leurs la critique sérieuse ne doit pas tenir compte — ont, à défaut d'autres, le mérite de la
véracité et de l'impartialité. Ils aiment la vérité; ils la cherchent avec une ardeur ég-ale à
celle dont saint Braulion faisait preuve autrefois; ils la disent telle qu'ils la connaissent,
sans réticence, sans dissimulation, sans mensong-e, qu'elle soit ou non favorable à la cause
sacrée que défendaient ceux dont ils écrivent l'histoire, et qui leur est à eux-mêmes plus
chère que la vie. Si les chrétiens sont battus, ils l'avouent franchement; et ne mettent pas
leur imagination à la torture pour donner de cet échec une explication qui enlève au
vainqueur la gloire ou le mérite de son triomphe^. Ont-ils au contraire à enregistrer une
victoire des leurs? Ils le font simplement, en aussi peu de mots que s'il s'agisssait d'une dé-
route Mentionnent-ils une conquête des Espagnols sur les Mores ou des Mores sur les

chronique. Voulant compléter ce que raconte l'anonyme
d'Albelda des premières années d'Alphonse le Grand, il a
ramassé je ne sais où la légende invraisemblable d'une
guerre de sept ans au moins, soutenue par ce prince contre
des frères qui n'ont jamais existé, et à une époque de sa
vie — entre son mariage et la conquête du Portugal — qui
refuse toute place à pareil événement. Cette même envie de
combler les lacunes qu'on croit entrevoir dans les antiques
récits, a fait accueillir trop légèrement par le moine de
Silos l'absurde roman de Rodrigue et du comte Julien
(Chron. 11, n. 16), dont il ne trouvait cependantaucune trace
dans les historiens des temps antérieurs, pas même dans la
chronique interpolée d'Alphonse II! qu'il avait sous les yeux.
1. Nous l'avons précédemment prouvé pour la chronique
d'Albelda. En ce qui concerne celle de Sampire, le fait n'est
pas moins certain. Il est démontré par le simple rappro-
chement du texte authentique conservé par le moine de
Silos, du texte interpolé par Pélage. tl est aussi très-facile
de reconnaître la main de ce dernier dans plusieurs cha-
pitres de la chronique d'Alphonse 111 (n. 16, 18, 20, 24, 28,
édit. Berg.). Toutefois l'interpolation relative aux crimes de
Witiza et au mariage qu'il aurait imposé au clergé espa-
gnol n'est pas de Pélage, comme j'ai déjà eu occasion de le
remarquer. Ce que cette dernière interpolation offre de cu-
rieux, c'est que son auteur, quel qu'il soit, après avoir em-
prunté le commencement de cette fable aux contes populai-
res de son temps, a oublié d'en donner la fin, c'est-à-dire
l'abrogation postérieurement faite de ce décret par Froila !.
Mais ce qui est pour moi hors de doute, c'est l'impossibilité
pour Alphonse lit d'avoir cru un seul moment à ce conte
ridicule, et de lui avoir donné place dans sa chronique. Ce
vaillant homme savait très-bien que le célibat ecclésiastique
était gardé par le clergé de l'Espagne arabe, aussi bien que par
celui des Asturies; or, étant admise la vérité de la légende
en question, ce célibat, aboli dans toute l'Espagne par Witiza,
n'aurait pu être rétabli par Froila I que dans son petit

royaume asturien ; il serait donc resté supprimé dans le reste
de la Péninsule. Alphonse, témoin oculaire du contraire
dans ses relations personnelles avec des évêques et des
moines mozarabes (Æ. s., XVI), esc. t,n.2; Escalona, esc.22),
n'a pu par conséquent accepter cette légende comme vraie.
2. Voir dans Sampire, le récit des deux défaites d'Or-
dono 11 (CAron. n. 88 ; ap. Mon. Sil.) et des désastres de
l'Espagne chrétienne au temps d'Almanzor (IAïd., n. 68).
Ce dernier passage a été mutilé et tronqué par Pélage,
peut-être parce qu'il infligeait d'avance un démenti formel
à la notice que ce prélat a donnée de Bermude H, dans sa
propre chronique (Pelagii, CAron., c. 1 ; Æ. s. XIV, p. 466).
— Les Arabes sont moins scrupuleux que les Espagnols sur
cet article. Rien de plus réjouissant que de lire, par exem-
ple, les explications successives et toujours passablement
ridicules qu'ils donnaient, dès le temps d'Isidore de Béja
et plus tard, de la défaite complète de leur armée par les
Berbers d'Afrique en 742 (Isid, Pac., CArow. n. 87; Dozy,
LHst. des XfMSMlm., I, p. 246, svv.).; ou bien encore de celle
d'Abdéramc 111 à Simancas (Dozy, zMd., 111, p. 62, 63).
3. Voici comment Isidore de Béjà raconte la défaite de
l'émir Abdalmélic par les montagnards chrétiens, en 734,
un an avant la mort de Pélage (CArow. n. 88) :
« E Corduba exilions cum omni manu publica,
Subvertere nititur Pyrenaica inhabitantium juga.
Et expeditioncm per loca
Dirigens angusta,
Nihil prosperum gessit, convictus de Dei potentia...
Et... multis suis bellatoribus perditis, sese recipit in plana,
Repatriando per dévia (al. dnAïa). "
Alphonse III est bien plus bref encore lorsqu'il traite des
victoires do son vaillant aïeul Ramire I sur les Sarrasins
(CAron. n.24):
Nam et adverses Sarracenos bis prœliavit,
Et victor extitit.
 
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