4 MÉLANGES ÉGYPTOLOGIQUES.
mais qu'il fût obligé d'agir conformément aux lois pour
chaque cas particulier'.
En manifestant ce sentiment de surprise , l'historien
grec nous montre suffisamment combien il a été frappé
des limites apportées par la loi égyptienne à l'exercice de
l'autorité royale. Il raisonnait sur un fait notoire de
son temps , et non pas sur une observation faite plus ou
moins exactement par un voyageur ignorant la langue du
pays, comme c'est le cas pour tant de renseignements
recueillis par les auteurs classiques.
Cet extrême respect des Égyptiens pour la justice et
pour l'indépendance de ses organes est d'ailleurs bien
caractérisé par les dispositions de cette loi citée par Plu-
tarque, en vertu de laquelle les rois devaient faire prêter
aux juges le serment qu'ils n'obéiraient pas si le prince
leur ordonnait quelque chose d'injuste".
Telle est l'opinion que l'antiquité nous a transmise re-
lativement aux usages judiciaires de l'ancienne Egypte.
Toutefois, je ne suis pas d'avis que cette opinion doive
être aveuglément acceptée; notre tâche, à nous autres
égyptologues, est de la corroborer ou de l'infirmer à l'aide
des données des textes originaux. Jusqu'à présent tous
les documents traduits nous montrent que les fonction-
naires égyptiens et le pharaon lui-même s'astreignaient
religieusement à l'observation des formes légales ; partout
les condamnations sont précédées d'une information ju-
diciaire, accompagnée, selon les cas, d'interrogatoires
et de confrontations; toujours elles sont prononcées après
1 DlODORE, (tff. II, ch. 71.
2 Apophthegmes, Usages des Rois d'Égypte.
mais qu'il fût obligé d'agir conformément aux lois pour
chaque cas particulier'.
En manifestant ce sentiment de surprise , l'historien
grec nous montre suffisamment combien il a été frappé
des limites apportées par la loi égyptienne à l'exercice de
l'autorité royale. Il raisonnait sur un fait notoire de
son temps , et non pas sur une observation faite plus ou
moins exactement par un voyageur ignorant la langue du
pays, comme c'est le cas pour tant de renseignements
recueillis par les auteurs classiques.
Cet extrême respect des Égyptiens pour la justice et
pour l'indépendance de ses organes est d'ailleurs bien
caractérisé par les dispositions de cette loi citée par Plu-
tarque, en vertu de laquelle les rois devaient faire prêter
aux juges le serment qu'ils n'obéiraient pas si le prince
leur ordonnait quelque chose d'injuste".
Telle est l'opinion que l'antiquité nous a transmise re-
lativement aux usages judiciaires de l'ancienne Egypte.
Toutefois, je ne suis pas d'avis que cette opinion doive
être aveuglément acceptée; notre tâche, à nous autres
égyptologues, est de la corroborer ou de l'infirmer à l'aide
des données des textes originaux. Jusqu'à présent tous
les documents traduits nous montrent que les fonction-
naires égyptiens et le pharaon lui-même s'astreignaient
religieusement à l'observation des formes légales ; partout
les condamnations sont précédées d'une information ju-
diciaire, accompagnée, selon les cas, d'interrogatoires
et de confrontations; toujours elles sont prononcées après
1 DlODORE, (tff. II, ch. 71.
2 Apophthegmes, Usages des Rois d'Égypte.