Le charivari (11.1842)

ÉÉÉS

JUILLET. — signe de la poudre d'escampette.

nsi nommé à cause de la fuite qu'ont prise MM. Maliul et
jougouim pour échapper aux passions mauvaises de Toulouse.)

Un spectre m'apparait, moiré d'or et de sang;

11 rôde en nos cités, et son bras menaçant

Agite les brandons de la guerre civile:

« Gent taillable à merci, » dit-il, race servile,

Sous le poids du budget pliant sans murmurer,

Payez pour voir le jour, payez pour respirer. »

C'est le recensement ; ce monstre à l'œil sinistre

Est sorti, tout armé, du cerveau d'un ministre,

Et, fort de son bon droit, le Midi déchaîné

jRçpthisse avec effroi l'avide nouveau-né.

0 Toulouse, s"umise au pouvoir militaire,

Du dirait qu'en tes murs les fils de l'Angleterre,

Traînant de lourds canons, déplorable tableau!

Reviennent, comme aux jours voisins de Waterloo !

'.'insatiable fisc ouvre ton flanc qui saigne;

ït, quand l'ordre triomphe après un interrègne,

)e nouveaux Magalons passent sur les chemins,

'espieds meurtris, la chaîne au cou, les fers aux mains.

Iiuand l'insurrection, respirant la vengeance,
l'.ontre un blême préfet poussa't des cris malsains,
I fallait prendre alors son courage à deux mains...
Ifahul a mieux aimé prendre la diligence.

lAnathème à Plougoulm ! » criait-on à l'envi !

Iii, tapi dans un coin, disait ses patenôtres,
rnmme noir qui naguère en poursuivait tant d'autres,
lût, tremblant de se voir à son tour poursuivi.

AOUT. — signe de LX mort aux rats.

(Ainsi nommé à cause du dernier procès de Marie Capelle, soi-
faisant veuve Laffarge.)

Le procès des bijoux ramène au tribunal

Capelle. l'œil en pleurs, la mort (aux rats) dans l'âme,

Et son cortège arsénical.

Contre les rats toujours conspireras-tu, femme ?
Ton arsenic hier, ton roman aujourd'hui !

Mais si le rat sait un peu vivre,

11 sera moins malsain pour lui
De goûter l'arsenic que de toucher au livre.

Thiers parcourt l'Allemagne et promène ses bottes
Sur les champs de bataille où passa l'empereur.
Le petit Foutriquet, du chiffre adroit groupeur,
Serait plus compétent pour les champs de carottes.

Pour Christine, O'Donnell ose entrer en campagnr
Paraissez, Castillans, Maures et Navarrais !

Il rêve qu'il prendra citadelles, palais ;

Mais ce ne sont, hélas ! que châteaux en Esp.y
Tout ce qu'il prend, vaincu, seul et désespér'
C'est le chemin par où, la veille, il est entr

Lizieux décerne à Guizot
Un banquet que de Caen va couronni
L'expiation charivarique.

Lizieux lui donne en tout car
En honorant Guizot avi c. des '
Une féte homœopathiqne.

SEPTEMBRE. — signe du jeune.

(Ainsi nommé à cause du magnifique banquet que la liste civile
a donné au i 7e, qui s'est brossé le ventre.)

D'Aumale, bruni par l'Afrique
Revient en France : un concert magnifique

D ovations et d'élan monarchique
Par les flatteurs locaux, de bourgade en cité,

En l'honneur de l'Altesse est soudain arrêté.

Les fleurs d'arc de triomphe aux fleurs de rhétorique
S'entrelacent devant le colonel fêté.

Bruit imprudent! ce laudatif tapage
Qu'autour du jeune duc les courtisans ont fait,

Pour écho doit avoir un coup de pistolet
Tiré par une main sauvage.

Voici le Carrousel. Disons-le sans sarcasme,

Le Pouvoir y comptait être mieux accueilli ;

Mais tout fut maiire, hélas, depuis l'enthousiasme

Jusqu'au gueuleton de Neuilly.

Dieu! quel fichu dîner!... Le brave Dix-Septième
Méritait d'autres mets et du vin sans baptême.

Sur le sol d'Alger, ces troupiers,

Dont si souvent éclata le courage,

Avaient cueilli,certe, assez de lauriers,

Pour qu'aux sauces on put en mettre davantage.

Les troubles du recensement
Recommencent incessamment.

L'effet persiste avec la cause ;

Dès-lors, comme le fisc jamais ne se repose,

La résistance aussi s'agite obstinément.

La nation, qu'on ne s'y trompe,

Est un grand réservoir, fort mal entretenu,

Et le budget est une pompe
Aspirante à jet continu.





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De la fêle royale avec le doux printemps
J'ai ramené les brillantes merveilles.
Dos tambours au dehors, des discours au dedans
Jour néfaste pour les oreilles !

Le baptême retardataire
Du comte de Paris n'a valu guère mieux.

L'enfant a gagné là le royaume des cieux.

Bien moins chanceux, hélas! que tous ceux de la terre!
Tout prince entre deux eaux voit, au gré du hasard,
Marcher son exislence, éternelle tempête !

Un prêtre, à son berceau, vient lui mouiller la tête,
Et le peuple souvent la lui lave plus tard.

Huit procès aux journaux....—Je plains les rédacteurs !
Pour l'affaire Didier.—Je plains les saisisseurs.

I.ondre à Rachel, au bruit des transports les plus vifs,
Décerne les honneurs flatteurs et'lucratifs
De la royaulé do la scène.

Chacun peut s'expliquer sans peine
Que l'on fasse une juive reine,

Lorsque tant de lois se font juifs.

JUIN. — signe du discours.

(Ainsi nommé à cause des trois heures de lecture que s'est permises
l'Académie, sous prétexte de la réception de M. ViclorHugo.)

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AVRIL. — signe de i,a retraite.

(Ainsi nommé à cause de la cinquantième retraite de M11'Mars,
pour la clôture définitive et sans remise.)

MAL —signe du porteur d'eau.

(Ainsi nommé à cause de l'eau du Jourdain apportée, au Château
pour le baptême du comte de Paris.)

Garnier-Pagès n'est plus! l'œil humide, la foule,
Le long des boulevards ondoie et se déroule ;

Elle marche à pas lents, comme une armée en deuil.
Pour les bons citoyens ce jour est triste et sombre;
Le pouvoir inquiet n'ose compter le nombre
De ceux qui suivent le cercueil.

Il n'est plus, l'orateur à la voix souveraine !

Mais qu'importe, après tout, qu'il manque dans l'arène
Un athlète vaillant, des centres redouté?

Dans la tombe aujourd'hui Garnier-Pagès repose;

Mais tu survis à ceux qui défendent ta cause,
Impérissable liberté !

Quand de l'Académie il eut forcé la porte,

Ilugo voulut punir par des coups éclatans

L'aristotélique cohorte
Qui l'avait sur le seuil arrêté si longtemps.

« Ah ! ah ! pendant dix ans vous m'avez fait attendre,

0 vieux classiques enragés!

Pendant deux heures, moi, je vais vous faire entendre...»

Les romantiques sont vengés !

Chercher une nuire cause à ce discours énorme
Est à la vérité peut, être plus conforme ;

II faut s'expliquer sans détours.

« Le style est l'homme, » a dit un auteur qu'on renomme.
C'est donc pour mieux prouverqu'il est un très grand homme,
Qu'Hugo fit un si grand discours.

La perle des Français tombe de leur écrin :
Mars, la célèbre actrice, est décidée enfin
A ne plus resplendir que dans notre mémoire.
On a trouvé prudent ce volontaire exil,
Car pour un passé pl 'in de gloire
L'avenir est plein de péril.

L'époque était choisie avec intelligence:

Il est tout naturel, je pense,

De voir finir Mars en avril.

Avril va de janvier évoquer le scandale,
Des Lettres au giand jour l'affaire enfin s'étale :
Le Système se met lui-même au pilori.

Quand par le soufflet de la presse
meurtri,

1 TDeJê.fjfflïhe encore il s'empresse
fort du lury.

lonni le projet
®?&rçkt délateurs consacrait l'existence.
,,-j,,Lès n^yteg-iîèM'i nIe11 igence
guère eu effet,
qui nç&fussezdes affaires
non-censilaires,
wm-efrtîse d'incapacité.,

Pourquoi des talens littéraires
Réglez-vous la propriété?

A cet égard, bons mandataires,
vmis n'êtes que des prolétaires,