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M3] CHARIVARI.
— Très-bien : c'est encore cinq francs dix-neuf sous
que monsieur me redoit.
— Plaît-il?
— Je vous dis que les centirp.es sont cotés en ce mo-
ment au prix de six francs.
— Ah! diable !... n'importe! je n'en aurai pas le dé-
menti... Au moins j'aurai Toute la France pour deux
francs seize centimes...»
Et voilà comme quoi ce petit volume vous coûtera huit
francs trois sous.
Vous voyez que cette affaire de librairie est fort spiri-
tuelle et sera non moins productive, pour peu que l'édi-
teur et le changeur ne fassent qu'une seule et même per-
sonne.
Théâtre de l'Opéra-Com ique.
Première représentation de le Duc d'Olonne, opéra-co-
mique en trois actes, paroles de MM. Scribe et Saintine,
musique de M. Auber.
Dès les premières scènes nous sommes en plein opéra-
comique : en d'autres termes, les invraisemblances foi-
sonnent.
Une jeune Espagnole, Bianca, fllle d'un père pauvre
mais sergent, vient au château du duc d'Olonne, appor-
ter une couronne et un bouquet Je fiancée,qu' elle a con-
fectionnés elle-même. Bianca, pensionnaire d'un cou-
vent voisin, privée par sa pauvreté de l'espoir d'un éta-
blissement dans le monde, s'adonne à ce genre de travail
comme ressource et comme distraction ; elle sème de
ileurs artificielles le chemin de la vie. Le bouquet et la
couronne sont destinés à une noble et riche damoiselle
que le duc d'Olonne doit épouser le jour même. Mais une
-cTy^llercatum épistolaire avec le beau-père rompt brusque-
" .... J- %nt cethyménée. Le duc est d'autant plus contrarié
tki'ce contre-temps qu'il est pressé de se marier à une
- •.iràimte près. Ayant pris parti pour le duc d'Anjou, petit-
%
cfiîsde Louis XIV, contre le prétendant autrichien, dans la
!'«j,
redite de la succession, il a appris que les sbires
ériaux sont en route pour venir l'arrêter. L'unique
oyen de sauver ses immenses domaines menacés de
confiscation, c'est de- les faire passer sur la tête d'une é-
pouse. Dans cette perplexité, que fait le duc? Il appelle
son intendant et lui dit : « Qu'on me trouve à l'instant
même une fiancée quelconque. » Puis il sort après avoir
ainsi commandé sa mariée, comme il aurait commandé
sa voiture ou son chocolat.
L'intendant, réduit à chercher une épouse de rencon-
tre, prend la fleuriste Bianca, qui se trouve sous sa main.
Cette jeune senora repousse d'abord avec dédain le titre
de duchesse et l'immense fortune y annexée. Elle nour-
rit, comme on devait s'y attendre, une tendre passion
pour ua jeune inconnu. Cependant elle finit par se rési-
gner au sacrifice conjugal afin de conserver les jours de
son brave père, le sergent, condamné pour insubordina-
tion à être fusillé, et dont le duc, son colonel, peut seul
révoquer la sentence. Le duc épouse donc Bianca, mais
sans la connaître ni la voir, attendu qu'elle reste cou-
verte d'un voile. Cette circonstance était indispensable,
car si le duc avait vu sa femme, nous n'aurions pas vu la
pièce, qui repose tout entière sur cet hyménée à Colin-
Maillard.
Au second acte, M. Vilhardoin se bat à la tête de son ré-
giment, et il sauve la vie à un jeune novice sous le frac
de qui il reconnaît Bianca, que la guerre força de pren-
dre ce déguisement. Vilhardoin l'avait vue, plusieurs mois
auparavant, chez son père, le sergent, eL il en avait con-
servé depuis lors un amoureux souvenir. Bianca, qui l'ai-
me aussi, voudrait bien le lui dire; mais elle est l'épouse
du duc d'Olonne. Un moment on le croit mort, et elle
parle ; mais tout à coup ce damné duc, qui avait fait cou-
rir le bruit de sa mort pour se sauver plus à l'aise de
prison, arrive et complique cette situation délicate. Em-
barras de Bianca, que la jalousie du Français interprète
mal; provocation et duel. Mais à l'instant où les deux of-
ficiers se mesurent de l'épée, le canon retentit, on vient
leur signifier qu'une grande bataille s'engage, et qu'a-
vant de s'escrimer pour une maîtresse, il faut qu'ils ail-
lent se battre pour les beaux yeux du roi, leur maître.
Par parenthèse, nous reprochons à M. Scribe d'avoir,
dans cet acte en forme de tableau militaire", essayé de
ressusciter le vieux chauvinisme des foulards, des as-
siettes, des vaudevilles grognards et des mimodrames du
Cirque-Olympique. Les lazzi fanfarons sur lesFrrrrran-
çais, depuis longtemps usés et ridicules, deviennent pé-
nibles aujourd'hui, eu égard au rang que le Système ac-
tuel nous permet d'occuper en Europe. Il faut savoir se
faire des bons mots conformes à sa fortune.
Au troisième acte, quelques mois se sont écoulés. Par
suite du gain de la bataille de Villa-Viciosa, le duc d'An-
jou trône à Madrid en qualité de roi des Espagnes et des
Indes. Bianca, la pauvre fille du sergent, est en haute fa-
veur à la cour, elle a le titre de camerera-major ; de so n
côté le chevalier de Wilhardouin, naguère encore sous-
lieutenant et simple cadet de famille, est devenu général
et marquis de je ne sais quel fief en una ou en lanara.
Bref, les deux amans ont fait un chemin aussi prodigieux
et aussi rapide qu'un petit-neveu de M. Guizot ou un ar-
rière-cousin de M. Humann.
Le duc d'Olonne est toujours de plus en plus amou-
reux de sa femme, qu'il connaît de moins en moins.
D'autre part, Bianca n'ose correspondre a la flamme du
chevalier de Wilhardouin à cause de sa qualité d'é-
pouse in partïbus du duc. Cet incognito par trop pro-
longé se dénoue enfin. Le duc d'Olonne ayant déclaré a
Bianca que le saint-siége consent à annuler son mariage
de hasard, et qu'il ne manque plus au bref de cassation
que la signature de la duchesse inconnue,qu'on cherche
à cette heure de tous côtés par ses ordres, l'amante du
chevalier se saisit avidement de la pancarte sacrée. A ce
moment, l'intendant survient et dit au duc en lui mon-
trant Bianca : « Voilà votre femme ! — Non, répond la
dame, elle ne l'est plus. » L'acte de divorce a été dû-
ment paraphé de sa main. Bianca, libre désormais, épouse
Wilhardouin. Le duc, honteux et confus, se promet une
autre fois de ne plus prendre femme en poche.
L'invraisemblance de la donnée principale est com-
pensée par de jolis détails et par deux ou trois situations
piquantes, développées avec l'art particulier à M. Scribe.
En somme, le Duc d'Olonne peut passer pour uue piè-
ce agréable, surtout par leslibretti qui courent.
La partition, d'ailleurs, suffirait pour enlever un beau
succès. M. Auber est le maestro par excellence de l'Opé-
ra-Comique. M. Janin comparait sa musique à une Pari-
sienne, toujours si fraîchement et si coquettement parée,
que l'œil séduit ne songe même pas à rechercher si elle
est douée d'une beauté réelle.
M. Auber n'a pas été moins heureusement inspiré que
dans l'Ambassadrice, le Domino Noir et les Diamans
de la Couronne. Quelques parties un peu négligées font
tache au milieu des gracieux morceaux du premier acte.
Le second (sauf le duo entre les deux amans) est char-
mant. On a applaudi, au troisième, la scène de la triple
sérénade et le duo bouffe du couple Mugnoz.
L'exécution, à part quelques bons momens de Boger,
n'a pas été aussi satisfaisante. Nous croyons rendre ser-
vice à Mme Tliillon en l'avertissant qu'elle s'engage de
plus en plus dans une mauvaise voie et qu'elle n'a peut-
être pas consulté la nature de son talent en se chargeant
de l'emploi de prima dona. Sans doute ses gracieuses
minauderies ont leur charme, mais il ne faut point s'en
préoccuper exclusivement, et le chant ne s'étudie pas de-
vant un miroir.
vraiment. Il y a des gens qui ne doutent de
ficn, eteroitt
13 MEILLEUR, MOYEÎT
« AVANCER DANS LE MILITAIRE,
& DE MARCHER AU PAS MINISTÉRIEL,
'est une science bonne à con-
naître, aujourd'hui surtout que le
savoir-faire a le pas sur le savoir.
0 vous, jeunes officiers qui guer-
royez en Afrique, braves spahis,
impétueux zouaves, rapides chas-
seurs, que vous êtes loin de la
vraie science et que vous pratiquez
mal le grand art de réussir ! Non, mes amis, vous n'arri-
verez jamais à rien ; vous n'attraperez, en matière d'épau-
lettes, que des coups de sabre, et vous aurez des coups de
fusil pour décorations.
Ecoutez-nous bien, et profitez de nos leçons.
Les marins savent déjà comment on devient contre-
amiral. Ils ont devant les yeux l'exemple de M. Leray, cet
honorable qui commande les parades aquatiques du Sys-
tème et les pacifiques expéditions de la Pensée. Ils savent
qu'en nageant dans les eaux du dévouement, on arrive à
la rade de l'avancement et au port de la nomination.
Mais les militaires ignoraient comment se gagne la
graine d'épinard et le fauteuil administratif. Ils le savent
maintenant. Honneur à M. le lieutenant-général Duroche-
ret, qui le leur a appris !
D'abord, allez-vous nous demander, qu'est-ce que le
lieutenant-général Durocherel ? Vous êtes bien curieux,
que le pauvre monde a réponse à tout
Toutefois, je vais vous dire ce que j'en sais. C'est»,
mais M. Durocherel n'est pas beaucoup.
M. Durocheret est un grand-officier de la Lé»
d'honneur, lieutenant-général des armées du roi et dir!
teur du personnel au ministère qui gémit sous Pillu
épéede M. Soult. Voilà tout.
En 1852 M. Durocheret était simple colonel de simnk
fantassins. En 1842 il est lieutenant-général directe}
Vous voyez qu'il n'a pas perdu son temps et que bien qt
marchant à pied il a fait beaucoup de chemin. Nous
naissons une foule de colonels de cavalerie qui sonte
core loin du but qu'il a atteint si lestement.
M. Durocheret est l'Auriol de l'infanterie.
« Certainement,—allez-vous demander encore, éternel
curieux que vous êtes, — M. Durocheret a vaillam®
combattu contre les ennemis de la patrie, et il a
maintes campagnes périlleuses.» Que vous avez Lien
son de le penser ! M. Durocheret a, depuis 1830,1
l'expédition d'Ancône dans la place du Carrousel, ilap
Anvers dans la cour des Tuileries, et il a vaincu
Kader dans l'avenue de Neuilly. Il a eu six panlak
usés sous lui, et les revues ne lui ont pas moins coi
de quatre chapeaux tués sous la pluie.
Mais cela ne suffit pas encore. Pour motiver sa promo
tion à la lieutenance-générale et sa récente nominal»
la direction du pachalick de la guerre, il fallait d'anta
titres à l'estime du gouvernement. Dans les tempso
nous sommes, trop d'officiers de cour ont combattu
me M. Durocheret pour ne pas lui susciter une d
reuse concurrence.
Ce qu'il a de plus qu'eux, c'est sa présidence, cou
colonel, en 1832, d'un des conseils de guerre,
Paris pendant l'état de siège. Or, comme l'a dit un je
nal, par un de ces hasards étranges que la fatalités»
peut expliquer, le conseil présidé par M. Durocherel!
trouvait, que des coupables là où l'autre conseil ne w
contrai! que des innocens. Si la cour de cassationn'éla:
pas intervenir, je ne sais pas, ma foi, si plus d'une»
damné n'eû.t pas été lancé dans lî^iernité, en attend
que M. Durocheret le fût dans les honneurs
En outre, M. Durocheret est un de ces généraux ta
bles qui déchirent les tapis royaux de leurs
ronnées, qui éraillent les meubles dynastiques avec 1
pointe de leurs épées fulminantes, qui balaient les [S
fonds des salons princiers de leurs tricornes belliqueiî
qui usent les fauteuils de la monarchie avec leurs cnM
dévouées. Nous ne serions même pas étonnés queMJ
rocheret fût un danseur de galop.
Et enfin M. Durocheret est filleul de Louis-Philipi*1
Oh alors je gage qu'il sera bientôt maréchal de France,
je veux dire maréchal des Français.
/
urnals"
—Les journaux ministériels nous apprennent qu®
hier, au concert du Château, le prince Rosolin et J
de Nemours « se sont montrés en costume de P'
France. > Il ne faut pas oublier qu'avant-li>el
jeudi gras.
— S'il faut en croire une chronique de jou
les ministres seraient prochainement interpellé3
hune sur le rétablissement du cabinet noir-1
rieux d'entendre,à cepropos,M.Martin et cons°r'^^
récemment, au sujet de l'incident Isambert, Pr0 ^
avec une si vertueuse chaleur l'inviolabilité du se
leUret" {La mite à la 4e