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Le charivari — 11.1842

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Mars (No. 60-85)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17321#0234
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dernier adieu que jette le plus ordinairement l'arciour-
propre, non au mort, qui ne l'entend pas, mais aux vi-
vans, qui font cercle et écoutent. Celte conquête, le puff
la doit au génie d'un de nos plus féconds vaudevillistes.
C'est M. Y... qui a inventé le puff de l'éloge funèbre.

M. Y..., dans sa longue carrière, a fait représenter une
foule de vaudevilles qu'on jouait beaucoup il y a quinze
ans ; il en compose une foule encore aujourd'hui, mais
qu'on se dispense de représenter. Aussi, le feuilleton, qui
jadis ne tarissait pas en louange, s'est-il imposé, par res-
pect pour celte gloire déchue, la loi d'observer à son en-
droit le mutisme le plus absolu.

Ne pas entendre parler desoi, même en mal, quel sup-
plice pour un homme de lettres ! M. Y... en était venu au
point de pouvoir pardonner six colonnes de critique, à la
condition de voir son nom encore une fois imprimé dans
un compte rendu. Mais il n'y a pas de cœur aussi cuiras-
sé que celui d'un feuilletoniste, et le malheureux au-
teur consommait régulièrement chaque lundi matin une
bavaroise et vingt journaux, dans l'attente non moins
régulièrement trompée d'une mention, fût-elle non ho-
norable.

Que faire donc pour réveiller l'attention si obstinément
endormie du public lettré? Comment remplacer cet ou-
blieux feuilleton, qui laisse un si grand vide dans son
existence? Une idée sublime lui traversa subitement
l'esprit.

Un célèbre comédien venait de mourir S M. Y... se
mêla au nombreux cortège de parens, d'amis, de confrè-
res et d'auteurs qui suivait le corps a son dernier asile, et
s'élançant d'un bond au pied de la fosse sur laquelle les
assistons regardaient avec recueillement tomber la der-
nière pelletée de terre., il s'exprima ainsi :

« Messieurs,

» L'ami qui reçoit en ce triste moment notre juste tri-
but de regrets et de larmes fut bon époux, bon père, ex-
cellent citoyen et comédien distingué. Jeune encore, il
débuta dans la carrière dramatique par le principal rôle

d'une de mes pièces intitulée ; ce premier essai de

ma plume encore inexpérimentée n'eut pas moins de
quatre-vingts représentations consécutives ; il réunit,
chose rare, les suffrages de la critique et du public; il
garda, vingt années, un raDg honorable dans le répertoi-
re à Paris, et maintenant encore il est journellement joué
sur les théâtres de province.

» L'homme estimable dont ma faible voix entreprend
ici l'éloge créa successivement quinze rôles dans autant
d'ouvrages dont je fus l'auteur et qui tous furent accueil-
lis avec une faveur marquée. Ce fut, je m'en souviens, à
l'un de ces ouvrages que je dus le moment le plus beau
peut-être de ma vie. C'était un mélodrame dont je ne
vous ferai qu'une courte analyse (suivait une analyse
très détaillée). Le succès fut immense ; les femmes s'é-
vanouissaient, les enfans pleuraient, les hommes bat-
taient des mains, des pieds et des cannes ; le public en-
tier demanda à me voir et?je fus conduit sur le théâtre,
où je ne me montrai que pour disparaître sous une ava-
lanche de fleurs.

» Le grand acteur dont nous déplorons la perte avait
sa place marquée sur la première scène de notre belle
capitale ; il y fit sa première apparition dans une de nos
comédies, à l'occasion de laquelle je reçus du ministre
la croix d'honneur accompagnée d'une lettre ainsi con-
çue (suivait la teneur de la lettre).

» Enfin, messieurs, le beau talent dont la mort est ve-
nue trop tôt nous séparer a été moissonné au moment où
je lui destinais un rôle dans une œuvre importante, re-
çue sur scénario, et sur laquelle l'administration fonde
les plus grandes espérances.

» Adieu, cher ami, la terre te soit légère ! »

M. Y... est si enthousiasmé de son invention qu'il est,
depuis ce moment, à la piste de tous les comédiens qui
meurent. On dit, il est vrai, que ceux-ci sont menacés
de n'avoir bientôt plus à leur convoi d'autre cortège que
le cocher des pompes funèbres, ce qui ne prouverait pas
que le public partage complètement l'enthousiasme de
M. Y... Mais notre vaudevilliste ne se tiendra pas pour
battu, et il a déjà fait pressentir que, le cas échéant, il
était tout disposé à faire des tournées d'exploitation dans
les départemens.

Aujourd'hui, a la chambre des députés, M. Mauguin a
interpellé le ministère sur le traité du droit de visite, dont
la publication textuelle, faite dans tous les journaux ce
matin, a montré les flagrans dangers pour les intérêts et
l'honneur de la France. De ce débat assez mesquin il est
résulté cette déclaration formelle de M. Guizot : « Le gou-
vernement a déclaré qu'il ne croyait pas devoir ratifier et
qu'il ne pouvait pas dire quand il ratifierait; en même
temps il a fait des réserves et a proposé des modifica-

tions au traité. En attendant, le protocole est resté ou-
vert jusqu'après les modifications sur lesquelles des négo-
ciations sont ouvertes. »

Ces prélendues modifications pourraient bien être une
porte dérobée par où la ratification s'échappera quand la
chambre aura le dos tourné.

MMMM m âTO ;

en attendant,

BALANCEZ VOS SI AMES!

an ! pan ! On demande M. de Ram-
buteau. — Pan I pan ! Où est donc
M. deRambuteau?—Pan! pan! Qu'on
cherche M. de Rambuteau !—Pan !
pan ! pan!

Ah bien oui ! M. de Rambuteau
est invisible; il est impalpable com
me un pur esprit, lui qui pourtant manque beaucoup
d'esprit et un peu de pureté.

Mais que fait-il donc, ce préfet gris-pommelé? Ah!
voilà !

Une bahuttante question, comme dirait Théophile
Gantier, le chevelu de la Légion d'honneur, s'agite à
l'heure qu'il est dans les appartemens intimes de la pré-
fecture de la Seine. Des conseillères municipales en sous-
jupes sont convoquées autour de l'officiel frac bleu de
M. de Rambuteau, à l'effet de savoir si on dansera ou s
on ne dansera pas le jeudi de la mi-carême.

Vous comprenez que les débats qu'entraîne celte cliok-
nosophique discussion, comme dirait toujours Théophile
Gautier, le chevelu de la Légion d'honneur, absorbent
tous les instans de M. de Rambuteau. 11 n'a plus une
minute a consacrer aux affaires de la cité, La voierie
peut aller se promener et l'octroi prendre la clef des
champs, si bon leur semble ; M. de Rambuteau n'en don-
nerait pas un chassez-huit.

C'est vainement que les solliciteurs le demandent aux
échos de l'Hôtel-de-ville ; les échos restent muets. M. de
Rambuteau est en cellule dans son cabinet : il médite.
Ceux ou celles qui le peuvent apercevoir par le trou de
la serrure affirment qu'il est magnifique. Jamais Napo-
léon, la veille delà bataille d'Austerlitz, ne fut si beau,
même à Vaqua-tinta.

En dessous de la question fondamentale du bal, il y
a une question préalable, ainsi qu'on dit en style parle-
mentaire. Le bal, s'il y a bal, sera-t-il ou ne sera-t-il pas
travesti? M. de Rambuteau hésite... nous n'osons dire
qu'il réfléchit.

Les avis sont partagés : les dames du conseil municipal,
qui n'ont point figuré aux quadrilles dynastiques des Tui-
leries, ne veulent point de costumes, afin de vexer les
dames du Ghâteau. Leurs maris prudens leur soufflent,
des raisonnemens économiques pour les maintenir dans
la voie de la simple robe de jaconas et du canezou d'or-
gandi.

Ces dames représentent le parti du bal citoyen.

Mais, d'un autre côté, voici les familières du pavillon
Marsan qui réclament à cors et à cris un bal travesti.
Elles ne seraient point fâchées de fournir au feuilleton du
Journal des Débats une seconde occasion de chanter les
merveilles de l'aristocratie du Milieu. Une nouvelle exhi-
bition de leurs chiffons historiques leur semble une dou-
ce chose. Croit-on par hasard que ces dames aient grevé
le budget conjugal d'une somme assez ronde pour ne s'a-
muser qu'une fois.

Ce parti a pris le nom de parti du bal monarchique.

Entre les deux M. de Rambuteau ne sait à quelle con-
tredanse se vouer.

Au fond, s'il faut le dire, M. de Rambuteau penche
pour le bal monarchique. Les quadrilles pompadour du
pavillon Marsan l'empêchent de dormir : „il veut dresser
bal contre bal, hôtel contre château, et montrer aux in-
crédules que les bals de la préfecture sont du bois dont
on fait des feuilletons. Mais il est combattu dans ses ins-
tincts par Mmes Lebœuf, Le,sourd, Courtenfion et autres
autoritées municipales.

Que vont dire mesdames de Cl»eaaleilhes, Liadières, de

Montesquiou, de Chastellux, de Plaisance, de 1
Vatry, et cœtera, si leurs rivales l'emportent? 7"^
de Rambuteau! S'il ne les fait pas danser, el'l'es
neront un galop. ' b 1,1 ^

Pour nous, si nous avions dans cette occurrence
à donner, nous insisterions pour que ni l'un niU"5ï'
de ces bals n'eût lieu. Si la préfecture s'illutujlle
prochain, M. de Rambuteau sera bien forcé d'y re ^
M. de Rambuteau demeure à l'IIôtel-de-Ville [\ '
possible qu'il se rende au bal de l'Opéra. Or
n'allons qu'à celui-là nous y perdrions trop-

Quoi qu'il en soit, si le bal de M. de Ilambulea,ia|
nous vous en donnerons des nouvelles. Pour if
soient amusantes, nous n'aurons pas besoin de
vestir.

Après la condamnation si
sévère qui vient de frapper
le Haro de Caen (treize

mois de prison et cinq mille
francs d'amende), le gérant,
M. Pont, a été nommé offi-
cier de la garde nationale à
une grande majorité. Le
président de l'élection a
violemment froissé les bul-
letins, et a levé la séance
sans vouloir proclamer l'élu
et sans même dresser de
procès-verbal.

Les jeunes gens des éco-
les sont allés complimenter
M. Pont et rendre visite à
Me Emmanuel Arago, son
défenseur, en chantant la
Marseillaise et aux cris de
Vive le Haro! vive la li-
berté de la presse! La po-
pulation répétait ces cris et
témoignai t hautement qu'el-
le s'associait à celte mani-
festation.

Le soir même de lac

damnation du //ar0f
lendemain, la fou|eij
portée sous les fenêtres
préfet Target et a faj1(
tendre à plusieurs repri
les cris de : A bas l'é»
teur du jury I

De là la foule s'est Irai
portée devant le domi
de M. Massot, organe
ministère publie; les mêm
cris ont été poussés et
y a joint celui de : Abas
renégats !

Il a fallu encombrer,
salle de spectacle d'agei—
de police et de force ami
pour empêcher M. Mass
d'être sifflé par le pulili
Au sortir du spectacle on
chanté la Marseilkim
crié : A bas la corruptimt
les corrupteurs !

Une des peintures de la nouvelle salle près l'Odéon r
présente les députés des Etats allant, en 1S06, porter a
roi Louis XII les remcrciemens de la nation pour Whm
nation des impôts. Nous ne concevons pas tropa I11
rime cette allégorie sous le présent Système à bon
ché.

—On y voit également figurer Bayard. û® dia
peut faire là celui qu'on appelait le chevalier sans F
et sans reproches ?

— Dans le quatrième pendantif au-dessus du b^1"1
du président, un individu « prêle serment devant 1 m
de la patrie. » Ah mon Dieu ! M. Pasquier doit avoir
des sermens par dessus la tête.

— Ainsi, M. Pasquier sera au-dessous d'un serHlt
ne serait-il pas plus naturel de dire qu'il est au-dcsiul

— Le nouvel académicien Pasquier est, dit-on, for'
barrassé pour rédiger son discours de réception- ^
malheureusement cela ne se bâcle pas comme113
ment.

ienir

— M. Pasquier succède à M. d'Hermopolis- ^ ^
littéraire de l'un est comme l'évêché de l'autre,
tibus.

9 v fll»

— A propos, on assure sérieusement qu'âpre ^
quier viendra M. Decazes. On a souvent envoy '
mie à tous les diables,... Vous voyez qu'elle J
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