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Le charivari — 11.1842

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Juin (No. 153-181)
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ËlfOIARITAllï;

jamais voulu produire que des œuvres discrètes; mais un
nouvel inni lr?n| vieat de renverser complètement cette
hypothèse téméraire.

Hier 30 inai i842, M. Trois-Étoiles (c'est sous ce nom
que s'est pro lait l'auteur d Agrippine) a fait offrir
Siipt mille francs 4 MIL; Ge>rg«s po.ir que la célèbre tra-
gédienne consentit à débiter dans sa pièce les soixante-
dix vers rjui composent le rôle de Locuste. Cela met les
vers à cent francs pièce !

Et comme, à ce qu'il paraît, hier 50 mai 1842 était le
jour drfs choses prodigieuses, Mile Georges a refusé les
Sept mille francs.

Il est clair que ce n'est pas M. Denis Pasquier, élevé à
l'école du Système, qui ferait de semblables folies.

Si vous vouliez me promettre le secret, je vous dirais
bien en confidence quel est l'auteur d'Aqrippine; mais
vous êtes si bavard que vous iriez le répéter bien vite à
votre femme... et alors adieu le mystère !

Vous me jurez d'être silencieux comme la tombe? A la
bonne heure ! En ce cas je vous dépose dans le tympan
de l'oreille que l'auteur d'Agrippine est M. le baron de
Rothschild !

Parole d'honneur! il ne s'est pas contenté d'être ora-
teur dernièrement devant la commission du chemin de
fer, et d'y prononcer un discours qui n'a pas eu le moin-
dre succès, puisque l'emprunt relatif au chemin de fer
de Versailles a été rejelé dans la séance d'aujourd'hui
avec tous les autres; — il a voulu joindre à ces palmes
d'autre s rameaux encore plus verts. Mais, comme il sait
que le public a des préventions contre l'esprit poétique
des financiers, il a voulu garder l'anonyme jusqu'au
jour de la première représentation.

Cela nous explique pourquoi Mlle Georges a refusé les
sept mille francs promis ptr l'auteur ; elle a deviné sans
doute le secret de la tragédie, et elle s'est dit que les sept
mille francs ne seraient jamais comptés. Elle connaît M.
de R uliscliild.

Qu int au fameux rôle de l'empoisonneuse Locuste ,
Rosambeau a offert de le remplir moyennant un rabais de
six mille neuf cent trente francs, ce qui met les vers à
un franc pièce. A ce prix, il jouerait même la tragédie
tout entière, si l'on voulait.

A ce soir donc, la première représentation. M. de
Rothschild attend cet instant solennel avec la plus vive
anxiété, et, au moment où on lèvera le rideau, son émoi
sera bien plus grand encore. Alors, en effet, suivant
la belle expression de M. de Rothschild lui-même, « un
auteur est comme un chien qui souffre dans une clari-
nette. »

1CAO-IST3.ATS

ÇTIÏ AURAIENT BESOIN DB MAGISTERS.

M. Griolet, maire du 5" arrondissement, se présente
comme candidit ministériel. Nul doute que la candida-
ture >le es lil iteur ne file un miuvais coton.

Les libéraux le repous-ent comme conservateur, et la
plupart des conservateurs eux-mêmes, par l'organe de la
Presse, le repoussent comme incapable, à tel point qu'il
ne sait pis mè ne l'orthographe. Que peut devenir un
candidat répudié à la fois au nom des opinions natio-
nales et de la langue française?

Et la Prese a raison. Si on laissait entrer dans le par-
lement des nullités crasses comme M. Griolet, que de-
viendrions-nous, par l'ignorance grammaticale qu'a se-
mée à profusion dans le monde officiel un Système qui
exclut opiniàtremeut les capacités ?

Il est de fait que jamais notre belle langue ne reçut
plus de souffljts par des mains de fonctionnaires. Elle
èn subit presqu'autant que notre honneur.

N ius ouvrons aujourd'hui les journaux au hasard, et
nous en trouvons trois almirables monumens.

Le premier est mis au jour par le Globe, journal bien
pensant, qu'on n'accusera pas de vouloir dénigrer les
fonctionnaires de l'ordre de choses. Une pouliche de M.
Anselme Rothschild venait de se casser la jambe, et les
jockeis avaient jeté sur son dos une couverture. En cet
instant, M. N...'., qui exerce à Chantilly des fonctions
municipales et qui de plus est myope, demanda à M.
C...., avec sa voix de Prudhomme, quels étaient les
chiffres brodés sur la couverture de l'animal ?

— A. R., lui répondit M. G...

—A. R., reprit M. N..., c'est cela, haras royal.»

Le second monument, cité par le Pilote du Calvados,

est un long procès-verbal dressé par un maire de ce dé-
partement, à propos d'une tent ative d'assassinat, et où. il
a consigné les dépositions des témoins. On jy remarque
ce curieux échantillon :

« Le mari a pirtie de che lui Sans Savoer L'heures et
» chossê en souliers couvert d'un sac à Bled, s'étant levé
» plusieures fois pour veillet k sa vache qui est malade
» de veaut, cet vache est dans un apartement aejasent à
» la maison de M... ; B... ayant la montre de son camma-
» rade chaîne en acier ne se rapelle si lui à dit l'heures
» He son départ, ne fille que du fil, déclare que sa mère
« Elle ne faict pas son emploi, si elle Pillait de la lame,
» déclaré quelle ne conait pas dennemi a son gandre ,
» qu'il était chez lui qu'il chantait hière soir., etc., etc.»

Ce qu'il y a, du reste, de plus piquant, c'est que cet
agréable maire s'est toujours obstinément refusé à lais-
ser établir une école primaire dans sa commune. Il craint
sans doute d'être humilié.

Le troisième monument se dresse dans un petit journal
de Chàteauroux. C'est un feuilleton bucolique dans le
genre des Théocrite et de Virgile, que le maire a daigné
couvrir et patroner de sa signature officielle. Nous repro-
duisons cette pièce in extenso, et nous crayons par là
bien mériter de notre pays, qui passe pour le plus gai de
l'univers.

LE MARCHÉ DE CLUIS.

Le Marché-à-la-Bergère offrait sur notre place l'aspect
le plus brillant; non, ce n'était pas un marché : jamais
foire pareille.

Dès les six heures du matin, la paysanne apportait
dans son joli panier d'osier fin, couvert d'une serviette
. aus-i blanche que la neige, le beurre, le fromage et les
œufs frais de la semaine ;

Après elle venait aussi sa petite sœur jumelle, qui ap-
portait sur notre place ses premiers poulets dans son
petit panier.

Une heure après, des communes circonvoisines, et mê-
me d'Algurandes et d'Orsennes, arrivait par profusion nos
tendres chevreaux ; jamais abondance pareille. Voilà l'a-
vantage des routes.

A sept heures, huit voitures chargées des meilleurs
fromens sont placées sous nos halles, on y voyait parmi
le nombre le beau frère d'un employé de la préfecture
qui demeure à Déols.

Inquiétude.

A dix heures,soixante acheteurs se présentent surla pla"
ce:p<)S un mouton à vendre! Vous pensez bien quelle devait
être leur malaise : et au diable le maire et ses articles :
on ne voit rien,et nous dépensons de l'argent pour ne rien
faire? Et pendant ce temps-là, le maire faisait tout mou-
voir. Pour que le coup d'œil fût brillant, il fallait que tout
arrivât à la minute. Surtout la police veillait à ce que rien
ne se vendît dans les chemins.

Quelle fut la surprise des mécontens, quand h dix heu-
res 11 demie on voit arriver par foule et sur tous les che-
mins, lots de moutons, brebis et agneaux, mais par a
bnndance et trois fois du double qu'à l'ordinaire. C'est
alors que tout devient brillant, et le maire reçoit satisfac-
tion de ce coup-d'œil.

Placement des bestiaux qui doivent recevoir des primes
d'encouragement.

A onze heures. — !0. Georges Palleron, de Vineuil,
place 22, beaux (illisible) ; 2° 32 belles brebis avec leurs
agneaux, dans des parcs qui sont destinés le long des
halles à cet effet. Après, sont attachés à des poleaux ses
belles vaches et leurs suiles.

Jamais bestiaux pareils; il a trouvé, d'une vesle avec
sa suite, 380 fr. Heureux M. Papet, d'avoir su apprécier
un pareil cultivateur: tout est changé dans ce domaine,
le produit est du double;

3° Après lui, se trouve M. Léon Vergne avec 15 bre-

J)is •

À° M. André Delagarde qui fait exposer 12 moutons;

M. Favant, de Cluis, et M. Rochoux, de Neuvy, font
exposer aussi de superbes vaches. Quel coup d œil!

C'est dans cet état de choses, que le maire de Cluis, as-
sisté de son collègue de Fougerolles, M. Journaux, à ses
côtés Mlle Labbe et M. Rochoux-Pearron, ces jeunes en-
fans ayant à la main les paniers renfermant les prix, se
rend sur la place. .

Examen fait par M. Journaux, Mlle Labbe reçoit les prix
du jeune Rochoux et les distribue ainsi :

l'o A la famille Palleron, une belle coiffe et un mou-
choir *

2° À la servante de M. Léon Vfergne, un tablier de mo-
des *

3° Aux domestiques de MM. Lagarde Favant et Rnu-
choux, chacun un mouchoir ; ainsi se termine les primes
d'encouragement.

L'expression d'un vieux militaire.

Quand on terminait cette distribution, le vieuxLabrune
prend la parole tt dit : Il manque à cette fêle de la musi-
que M. le maire, mon ouvrier nous donnera à danser.
Au même moment, les bergères et nos demoiselles, avec

leurs beaux bouquets, se sont mis en danse, et la villa
et la campagne ne se sont quittés que bien avant d<ns la *
nuit. Après la donnée du p tin et du feu de joie : Vive le
roi des Français! Vive la fête à la Berbère! Vive enûa k
l'éternité les marchés de Cluis! !

Certifié par nous; maire de Cluis, le 14 mai 1842.

ghouard.

Encore une fois, la Presse a raison, et les électeurs du
5" arrondissement feront très bien de repousser l'ortho-
graphe et le style de M. Griolet. Si M. Griolet était par
malheur élu, le maire de Cluis, le municipal de Chantilly,
et le maire du Calvados ne manqueraient pas de se pré-
senter, et ils auraient à l'élection encore plus de titres.
Or, avec de pareils députés, péchant à la fois par l'intel-
ligence politique et par la plume, il n'y aurait plus moyen
d'y tenir. C'est déjà trop de n'être plus Français par la di-
gnité, ne cessons pas aussi de l'être par la langue f

Théâtre du Palais-Royal.

Bans une armoire, vaudeville en un acte, par MM,
Desvergers et Laurencin.

Le peintre Anastase Brossard vit avec sa femme dam
une espèce de mansarde.

Le chanteur Andronic vit tout seul dans une mansar-
de contiguë.

Un assez beau mur sépare le peinlre et le chanteur;
mais l'amitié et les arts rapprochent les distances et per-
cent les plus épaisses murailles.

Il existe donc daus ce mur mitoyen une ouverture fer-
mée par deux portes, une dans chaque mansarde; l'in-
tervalle entre ces deux portes sert ordinairement d'ar-
moire, quelquefois de passade d'un artiste à l'autre, du
peintre au chanteur ou du chanleur au peintre.

Or, il arrive qu'Anastase le peintre, quoiqu'eu puissan-
ce de femme, courtise la jeune ouvrière connue dans je
quartier sous le nom de Rosine.

Andronic le chanteur est également épris de cette Ro-
sine. Il est bon d'ajouter, pour mémoire, que Rosine a un
frère teinturier et qui a les bras verts.

Andronic est le débiteur du teinturier, et, pour se dé-
barrasser de lui, il fait teindre la robe de chambre d'A-
naslase.

Rosine vient chez Anastase pour parler à sa femme.
Celle-ci, absente, laisse à son mari la liberté de se décla-
rer à l'ouvrière. Anastase fait une déclaration brûlante,
au milieu de laquelle il entend revenir sa femme; il pous-
se Rosine dans l'armoire, ou pour mieux dire entre les
deux portes.

Andronic rentre chez lui, et, voulant parler à son ami,
il ouvre l'armoire et y trouve Rosine. La déclaration
d'Andronic est beaucoup mieux reçue par la jeune lille
que celle du petntre.

Le teinturier survient ; Rosine se cache dans un cabi-
net Mme Brossard a des soupçons; elle entre chez le
chanteur par l'armoire, retrouve la robe dechambrejaune
de son mari, devenue tricolore; elle découvre Résiné;
elle découvre un portrait. Enfin tout se découvre, d'où il
résulte un conflit,que le hasard seul a le droit de débrouil-
ler.

Le hasard s'en mêle, et le teinturier donne sa sœur a
Andronic. Mme Brossard reprend son mari, et l'armoire
sera désormais condamnée à perpétuité.

Ce vaudeville manque de mois, mais non de galté. Il a
réussi avec Achard et Sainville. Il y a là nne débutante,
Mlle Thouret, dont on ne peut dire encore ni bien, nim«-

Les feuilles ministérielles s'empressent d'informer les
électeurs que l'on vient d'arrêter à Vernon un conspira-
teur de dix-huit ans. On voit que les complots commen-
cent à baisser ; les voilà qui retombent dans l'enfance.

—-Le prétendu conspirateur arrêté est, dit-on, un ap-
(La suiti à la i' paft.)
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