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Le charivari — 11.1842

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Juillet (No. 182-212)
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M CHARlVAEi;


Lisez les professions de foi des candidats ministériels,
insi que les tartines électorales des journaux stipendiés,
vous verrez qu'on s'étudie principalement k époutevasser
les censitaires, en faisant apparaître à leurs yeux les deux
fantômes de l'anarchie et de l'invasion étrangère. On ne
cesse de répéter que si une majorité d'opposition gau-
chiste sortait de l'urne au scrutin, a l'instant le volcan a-
narchique se remettrait k fumer; les armées de la Sainte-
Alliance se verraient dans la nécessité d'envahir, de sacca-
ger, de démembrer la France. Ce ne serait pas trop, dit-
on, de cinq cent mille cosaques pour réprimer un tri-
bun aussi fougueux que M. Barrot ; M. Vivien ébranle-
rait tous les trônes. Je ne sais pas même si on n'avance
pas que l'Europe est d'avis qu'il n'est point de sécurité
possible avec M. Passy.

Mais c est surtout M. Thiers qui est représenté comme
susceptible d'attirer sur nos tètes les colères et les châti-
mens des puissances monarchiques, à cause de son ar-
dent sans-culottisme et de son indomptable audace. On
fait en ce moment du petit bonhomme un gigantesque
croquemitaine.

Au temps de la restauration, les comédiens de quinze
ans ne se sont pas fait faute de tirades d'indignation pa-
triotique à l'occasion de cette phrase célèbre de M. de Vil-
lèle : « Si nous ne faisons pas la guerre à l'Espagne,
nous aurons la guerre sur le Rhin. « Et ce sont les mê-
mes comédiens qui aujourd'hui viennent clamer aux
électeurs : « Si vous faites seulement mine de vous
donner des airs d'indépendance, si vous ne votez pas
docilement en faveur du ministère et des candidats de
1 étranger, gare le knout des Pandours et la schlague des
Autrichiens ! » Certes, sous le rapport de la couardise,
les deux ritournelles se valent.

Il faut donc que les électeurs français votent librement
sous la menace d'une invasion étrangère ; il faut qu'en
déposant leurs bulletins, ils consultent, non pas leur
conscience, non pas l'intérêt de la France, mais le bon
plaisir de nos amis les ennemis. 11 faut qu'en se réunis-
sant dans leurs collèges, ils se disent : « Prenons garde,
de Prusse nous regarde. » Il ne manquerait plus
que d^nettre un cosaque en faction à la porte.

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Cependant, à supposer qu'il parvienne à provoquer des
sueurs froides sur toute la ligne censitaire, notre Système
n'a pas réfléchi qu'il s'expose à un danger. S'il est vrai,
en effet, comme dit le proverbe, que la peur grossit les
objets, comment apparaîtront aux yeux des électeurs
tremblans ses budgets et ses iniquités déjà si énormes ?

LETTHB

SUR ON HOMMAGE AUX BELLES-LETTRES.

Am rciîftcteup «tua Cjiamvaiik.

Monsieur le rédacteur.

Permettez-moi d'emprunter la voie de votre journal
pour faire connaître à la France et au monde que la ville
de Soissons n'est plus un chef-lieu d'arrondissement, do-

micilié au département de l'Aisne, mais bien un congrès
sis en Europe, à. quarante-neuf kilomètres de Paris.

Je vous confierai donc, sous le sceau du secret, que
nous tous Soissonnais de père en fils nous étions profon-
dément humiliés de n'être que les citoyens d'une sous-
préfecture, lorsque nos aïeux avaient été habitans d'une
capitale, car vous n'ignorez pas que Soissons a jadis pas-
sé pour un royaume. Ce n'est plus aujourd'hui que la
métropole des haricots. Ainsi passe la gloire d'ici bas!

Tout vient à point k qui sait attendre, dit la sagesse
des nations ; voyez M. de Sainte-Aulaire, il a attendu, et
il est devenu académicien, d'ambassadeur qu'il était;
M. de Salvandy a attendu, et d'académicien il est devenu
ambassadeur. Nous avons attendu, et nous sommes deve-
nus congrès.

Soissons n'est plus Soissons; c'est un Leybach scien-
tifique, un Tœplitz littéraire, un Vérone artistique.

Nous nous sommes proclamés capitale de la république
des lettres ; le Parnasse demeure chez nous ; l'Hélicon

pousse à notre octroi ; l'Hippocrène coule k ma porte

En voulez-vous un petit verre, mon cher monsieur?

La chose a été décidée ces jours-ci par 'nos édiles et
nossavans. Le congrès est voté pour le 15 juillet.

Si l'époque où notre nouvelle splendeur doit apparaî-
tre dans tout son éclat vous semble un peu éloignée pour
une ville impatiente de secouer les langes sous-préfecto-
raux qui l'enserrent, veuillez remarquer que ce n'est pas
trop de quinze jours pour mettre en ordre nos petites
affaires et dépouiller la vieille ville, ainsi qu'un serpent
fait de sa peau au mois de mai.

Il faut que nous fassions couper par le tailleur de Sois-
sons les vêtemens de la transfiguration poétique de notre
cité. Nous serons tous vêtus en costumes du Tasse triom-
phant ou de Pétrarque soupirant. Nous avons ensuite à
bâtir un temple pour le congrès. Ce temple ne peut pas
être moins qu'un Capitole.

Notre conseil municipal s'est lendu de mille écus pour
cet édifice dont la magnificence ne le cédera qu'à sa sim-
plicité. Ce sera un Panthéon au rabais.

C'est dans ce Panthéon, monsieur, que les limites du
Pinde seront soigneusement cadastrées ; nos édiles en ha-
bits d'hiérophantes excommunieront, littérairement par-
lant, les phrases de ce barbare appelé Alexandre Dumas,
qui veut franchir le Rubicon de la tradition ; nos archon-
tes soissonnais mettront un frein à la fureur du style bal-
zacois, qui menace de franchir les digues de la syntaxe
Lhomond.

Car, nous devons vous le dire, nous sommes tous à
Soissons pour les saines doctrines. Nous dressons dans nos
cœurs des autels où nous sacrifions à Jouy, Briffaut, Fé-
letz, Etienne, Jay et autres demi-dieux tombés en ruine
sous le marteau de la critique. Le farineux et le.classi-
que, voilà les deux cultes de Soissons.

C'est ici le moment de vous faire connaître le menu de
ce congrès qui doit appliquer sur les plaies de la littéra-
ture contemporaine le spécifique de la logique, l'emplâ-
re du raisonnement et l'onguent de l'émulation.

M. Alexis Dupont, le chantre assermenté de Saint-Roch,
l'Orphée officiel des cérémonies municipales (les cérémo-
nies municipales et Saint-Roch ne sont vraiment pas dé-
goûtés) chantera une cantate à Phœbus, paroles de M.
Crevel de Charlemagne, musique de M. de Flotow.

Quand les sons harmonieux auront attendri le cœur
des neuf Muses, M. Patin, président du congrès, pronon-
cera un discours français, exorde éloquent d'un dîner
cuit à point.

Il faut, comme dit le poète, mêler le grave au doux, le
plaisant au sévère, c'est-à-dire la prose aux épinards, et
le veau k la musique.

Toutes les gloires se donneront rendez-vous à Soissons
le 15. Les coucous charrieront des génies dès le quatorze;
le prix des places ne sera pas augmenté.

Faut-il vous le dire, monsieur, et le croirez-vous bien ?
M. Bignan nous a promis une ode, et M. Liadières, une
épître. Elles seront vendues au bénéfice des œuvres com-
plètes de Mme Collet, née Révoil, qui restent emprison-
nées chez l'éditeur.

Il y aura anathême contre M. Victor Ilugo et saut du
tremplin, malédiction sur les li/res de M. Alfred de Vi-
gny et jeux de bague, excommunication contre les ro-
mans de M. Gozlan et courses en sac. Dans les entr'actes

de ces représentations solennelles,on lira divers acrostiches
de M. Pasquier et des morceaux détachés de M. Flourens.

Quand toutes ces réjouissances seront terminées et
lorsque les limites de la littérature seront bien détermi-
nées, on débaptisera notre ville : désormais, Soissons
s'appellera Poésie-sur-Aisne.

Agréez, etc. {Jn Soissonnais.

Tflaéàti*e des Variétés.

Les Fables de La Fontaine, vaudeville en cinq parties,
de MM. Langlé et Vanderburck.

Un marchand, un gentilhomme, un pâtre et un fils
de roi voyagent de compagnie. Survient une tempête ; le
vaisseau qui les porte fait naufrage, et ils sont jetés sur
une plage déserte. A peine débarqués, le marchand et le
gentilhomme abandonnent le fils du roi à sa mauvaise
fortune ; le pâtre reste seul.—Première leçon pour le
jeune prince Oscar, qui, jusques-là, avait eu la faiblesse
de prendre au sérieux le dévouement des gens de cour.

En proie à un vif appétit, le jeune Oscar se livre à un
profond sommeil, probablement à cause de l'axiome:
« Qui dort dîne. » Alors une femme dorée sur toutes les
coutures, avec des bas d'or, des souliers d'or et une che-
mise d'or, paraît sur un char d'or. C'est la Fortune. Les
dieux l'ont chargée de veiller à celle du jeune Oscar ;
c'est pourquoi elle réveille le jeune Oscar. Cet intéressant
prince, qui continue à mourir de faim, réclame un bif-
teck à grands cris. La Fortune lui offre un exemplaire des
Fables de La Fontaine, relié en veau. Le prince dévore
la reliure et jette les fables dans un puits.

Précisément, ce puits est habité par la Vérité. La Vé-
rité, qui est femme très peu décolletée, sort de son logis
et prédit au jeune Oscar qu'avant peu il sera forcé de
faire amende honorable et qu'il reconnaîtra de lui-mê-
me tout le mérite de La Fontaine et toute la justesse de
ses apologues. — Mais le jeune Oscar continue plus que
jamais à désirer un bifteck.

Ceci est le prologue. A présent passons à de nouveaux
exercices :

Enfin le jeune Oscar trouve à satisfaire l'appétit qui le
dévore. A force de visiter en tous sens la plage déserte où
il ^'débarqué, il rencontre un aubergiste et une auberge.
L'aubergiste s'empresse de lui servir un repas copieux
et délicat tout à la fois,—des côtelettes aux cornichons,
une salade de mâche et du gruyère pour deux.

Sitôt que la table est dressée, Oscar s'assied et se dis-
pose à fêter dignement cette chère de prince, lorsqu'un
inconnu prend place à ses côtés et engloutit le festin en
un clin d'œil. Le jeune Oscar ne demanderait pas mieux
que de se fâcher ; mais l'inconnu a de si gracieuses pa-
roles, mais il distille l'éloge avec une si parfaite bonho-
mie que l'amphitryon n'ose plus rien dire, et ce n'est
qu'après son départ qu'il se rappelle la fable de La Fon-
taine intitulée le Renard et le Corbeau.

La position du prince Oscar n'est pas gaie, tant s'en
faut : il n'a plus le sou, et s'il a eu beaucoup de peine a
déjeuner le matin, en revanche il est menacé de ne pas
ainerdu tout.—Passe en ce moment une ex-danseuse, ac-
tuellement dame de charité. Le jeune Oscar lui paraît
gentil ; elle fait arrêter sa ohaise, et vient causer un peu
avec lui de la question des lins et des affaires d'Orient.
Encouragé par un si favorable accueil, le jeune Oscar se
hasarde à lui révéler son affreuse débine. A ce discours,
l'ex-danseuse répond qu'elle a ses pauvres, et elle s'em-
presse de remonter dans sa chaise. Le prince comprend
alors toute la profondeur de cette fable qui a pour titre :
Le rat qui s''est retiré du monde.

Et maintenant, vous comprenez, j'imagine, quelle est
la marche de l'action. Chaque fable arrive ainsi à son
tour et joue son rôle dans cette étrange comédie. Quand
on songe que Lafontaine a composé plus de trois cents
apologues, et que la pièce pouvait facilement durer quin-
ze jours et quinze nuits, on doit féliciter les auteurs de
qu'ils se sont bornés à en mettre huit seulement k la scè-
ne. Mais, en conscience, c'est l'unique félicitation que
nous puissions leur adresser.

Les Chansons deBéranger étaient une petite pièce vive,
accorte et spirituelle, qui avait l'immense qualité de tou-
cher aux hommes du jour et aux choses du moment.
Elles obtinrent un grand succès. Venues en sous-œuvre,
les Chansons de Désaugiers réussirent, surtout à cause
de la manière remarquable dont elles furent représentées.
Qu'adviendra-t-il des Fables de Lafontaine, qui ne sont,
à beaucoup près, ni aussi spirituelles, ni aussi bien
jouées ?

On nous avait parlé de travestissemens dessinés par
Granville; ccs travestissemens nous ont fait défaut. En

(La luit0 à la i' page.)

$

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Le charivari
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Aufbewahrungsort/Standort (GND)
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Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Entstehungsdatum
um 1842
Entstehungsdatum (normiert)
1837 - 1847
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Satirische Zeitschrift
Karikatur
Mann <Motiv>
Kleidung <Motiv>

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 11.1842, Juillet (No. 182-212), S. 714
 
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