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Le charivari — 11.1842

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Novembre (No. 305-334)
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M €MÂ1IV£11<

Mais comme Pajol est une vieille culotte de peau ainsi que
moi, un camarade dont auquel j'ai été susceptible de
servir avec sous le grand homme que la pudeur ne me
permet pas aujourd'hui de nommer, je m'ai dit : « Faut
tâcher de lui infuser sa pilule en douceur et de s'y pren-
dre poliment pour lui faire descendre ta garde. » Et d'a-
bord, comme on commençait k chuchoter dessus sa des-
titution, que ceux-ci disaient : « Il est rasé », que les
autres répondaient: «Ah ouicht ! » j'ai voulu qu'il fût
tout de suite certain de son affaire. Pour lors, j'ai fait
démentir le bruit de sa destitution dans les journaux du
gouvernement.
le secrétaire. — C'était clair.
m. soult. — Hein! pas vrai? parce que toutes fois et
quantes que nos journaux disent : « C'est pas ça, » on
peut-z-être sûr que c'est ça. Connu !... Ce n'est pas tout;
continuant-z-k partir du pied gauche de la politesse,
j'ai pris la chose avec le camarade Pajol, histoire de m'in
téresser-z-à sa santé. Je lui ai-z-ècrit. « Prenez garde,
mon vieux, vous me faites l'effet d'être très sujet-z-aux
rhumes de cerveau; donc que l'hôtel de la place Vendô-
me ne vous convient pas du tout, vu qu'il est diantre-
ment exposé-z-aux zéphys. Faut prendre vos invalides,
l'ancien, tous soigner et vous mettre vivement dans
vot'lit. » Ah bien oui ! C'est lui au contraire qui m'a-t-
envoyé eoucher.

le secrétaire.—Il est certain que cet emprunt fait k
la scène du Barbier de Séville où l'on essaie de congé-
dier Basile en le gratifiant da la fièvre, ne vous a pas
réussi.

m. soult. — Pour lors je m'ai décidé à offrir au cama-
rade queuque chose de mieux que des rhumes de cer-
veau. Je lui ai proposé des dédommagemens, une place
d'aide de camp du château, ousqu'il n'y a pas la moindre
aide à donner dans les camps; une place de gouverneur
du Louvre, tout ça avec des appointemens pas mal con-
séquens. Il a refusé insensiblement. « Oh oh ! que je me
suis dit, voilà-z-un gaillard à qui ca offre toujours et qui
ne prend jamais; décidément je peux pas m'entendre
avec lui, vu que c'est pas mon gtuve, au contraire. »

le secrétaire, — La conclusion est parfaitement lo-
gique.

m. soult. — Aussi, maintenant, je n'ai plus qu'à signi-
fier positivement son congé au camarade, mais toujours
en y mettant des formes. Je m'en va lui dire : « Zat ! »

le secrétaire. — Me permettrez-vous une observation,
illustre maréchal ? Je ne comprends pas très bien les
motifs de cette disgrâce du général Pajol, qui est un
brave militaire de la république et de l'empire, illustré
par de glorieux services, et....

m. soult. — Raison de plus. Au jour d'aujourd'hui le
guerrier-z-est intempestif et incohérent. Voyez moi, je
n'ai pas cru qu'un simple fourreau suffise pour dissimu-
ler ma ci-devant illustre épèe : j'y ai-z-ajouté chaque
jour un renfort de cuirs.

le secrétaire. —Le général Pajol a refusé d'accepter
du service sous la restauration ; il a préféré rester dans
l'obscurité !

m. soult.— Il aurait mieux fait de briller comme moi,
en portant un cierge de procession.

le secrétaire. — Enfin lè général Pajol., commandant
de l'expédition de Rambouillet, en 1850, peut être consi-
déré comme un des fondateurs de l'ordre de choses ac-
tuel.

m. soult. — Raison de plus ; il fallait bien que celui»
là-z-attrapat comme les autres son paquet de reconnais-
sance.

le secrétaire. — Et on veut le remplacer par M, Ti-
burce Sébastiani, brave homme, dit-on, mais guerrier
presque aussi négatif que son frère le maréchal.

m. soult. — Précisément. Nous avons voulu un brave
que nous pussions-t-appareiller avec Jacqueminot. Mais
assez dialogué comme ça. Voyons, il s'agit de confection-
ner la lettre dereavoi à ce cher camarade Pajol, toujours
avec les égards convenables. Soyez paisible ; je connais le
beau style et la politesse, sapré nom d'un chien ! —
Ecrivez :

« Général, j'ai l'honneur de vous informer que, par décision
du 29 octobre 1842, le roi vous a remplacé dans le commande-
ment de la lrC division militaire et mis en disponibilité. »

Hein ! o'e*t-y délicatement troussé !

« En vous notifiant cette disposition, je dois vous exprimer le
regret que vous n'ayez pas secondé, par votre acceptation, mon
désir de vous faire obtenir une position que Sa Majesté était dis-
posée à vous accorder. J'aurais été heureux de vous voir l'objet
d un témoignage particulier de la haute satisfaction du roi pour
vos honorables et anciens services. »

Je crois que les honorables et anciens services, ve-
nant-z-à propos d'une destitution, cadrent très bien. At-
tendez, voici qui est encore plus délicat.... on ne dira
pas que je m'y prends à la façon d'un caporal pour met-
tre en punition un ancien et illustre officier supérieur.—
Écrivez :

« Fous remettrez le commandement de la lre division â
M. le lieutenant-général comte Sébastiani, appelé à vous succé-
der dans ce commandement. »

Je crois que voilà fichtre bien assez d'égards et de pro-
cédés; je passe maintenant à l'article du sentiment. Je
vais d ire à ce vieux guerrier une de ces choses qui, sui-
vant moi, consolent et dédommagent de tout, qui vont
directement-z-au cœur.... Je vas lui parler d'argent.—
Ecrivez :

« Je donne des ordres pour que vous soyez payé à Paris, lieu
de votre résidence, du traitement auquel vous avez droit. »

Il me semble qu'offrir de payer ses gages alors qu'on
le congédie, c'est tout ce qu'on peut faire de mieux pour
un lieutenant-général.

le secrétaire, à part. — Passe s'il disait pour un do-
mestique ou pour un ministre de son acabit!

UN SOBIGÏ DE M. ANCEL0T,

Il y a aujourd'hui six mois, M. Ancelot n'avait absolu
ment rien k faire. Vous me direz sans doute qu'il n'avait
absolument rien à faire qu'à solliciter. Pas du tout: M.
Ancelot n'a jamais sollicité de sa vie. Ceux qui préten-
dent que le poste qu'il occupe aujourd'hui a été le but
constant de ses efforts sont dans une erreur complète.
Croyez-vous donc que ce soit pour oli,°n,1 un brevet de
directeur qu'il ait adfr" psi-oi, par-là, des odes a tous
"les gouvernemens? M. Ancelot ne songeait pas plus au
privilège du Vaudeville qu'un rédacteur du Charivari
au Nicham-Iftihar. Ce privilège lui est tombé des nues
un beau matin au moment où il déjeunait avec sa femme : *
« Tiens, bobonne, regarde ce que nous envoie le minis-
tre; un privilège ! je n'y conçois vraiment rien. C'est égal,
il faudra prendre un fiacre et aller le remercier (non pas
le fiacre, le ministre). »

Donc, revenons k ce que faisait M. Ancelot il y a six
mois, au moment où il n'avait absolument rien k faire.
L'immortel rêvait, comme tous les poëtes et tous les im-
mortels. Une fois, la folle du logis sortie de cette maison
de santé qu'on appelle le cerveau, qui sait où elle ira s'é-
garer? M. Ancelot aurait pu rêver que cent esclaves or-
naient un superbe festin, et dans des vases d'or faisaient
couler le vin; que, taudis qu'à longs trails il buvait l'am-
broisie, ses sens étaient frappés d'une douce harmonie ;
il aurait pu également rêver que l'ombre de la liberté
romaine lui apparaissait la veille de la bataille de Phar-
sale, qu'il voyait les numéros 16, 14, 17 et 18, ou bien
qu'un ange descendait du palais flottant des nuages
(comme disait M. Baour de Lormian en 1802), pour lui
mettre une couronne d'or sur la tête.

Eh bien! pas du tout; la rêverie prit M. Ancelot par
la main pour le conduire sur la place de la Bourse, en
face le théâtre du Vaudeville. Il gravit les vingt-quatre
marches qui conduisent dans l'antre de ce monstre nom-
mé la finance, et, du haut du péristyle, il contempla les
portes fermées de la salle où le vaudeville secouait au-
trefois ses grelots. (Style de M. Ancelot sous la restaura-
tion ; seconde manière, après le voyage en Russie.)

M. Ancelot l'a avoué depuis en petit comité; la vue
de ce théâtre fit naître en lui pas mal de tentations. Si
Satan se fût trouvé 1k par hasard (il était probablement
caché non loin dans la poche de quelque coulissier), et
qu'il eût dit à M. Ancelot : «Ce théâtre est à loi !» M. An-
celot l'aurait accepté, quitte après cela k s'entendre avec
cet actionnaire pour le prix de la vente.

Au lieu d'hypothéquer sa maison, M. Ancelot eût été
forcé d'hypothéquer son âme sans aucune espérance de
purgation.

Il continua du haut du péristyle en question le rêve
commencé. Les passans se disaient : «Voilà M. Ancelot
qui hésite pour savoir s'il convertira Y Article 960 en trois
pour cent, ou bien s'il achètera de l'emprunt espagnol
avec Marguerite. L'emprunt espagnol et Marguerite,
deux littératures d'égale valeur ! » Les passans se trom-
paient, M. Ancelot ne pensait ni au trois pour cent, ni à

l'emprunt espagnol, ni k aucune autre espèce de t
il se disait toot bonuement : « Voyons, que ferais
si j'étais directeur du Vaudeviiie ? ' blîl1

D'abord, je donnerais une position magnifique k Bout
fé : vingt mille francs par an, une part dans les béuéfj
et le titre de sous-directeur. Bouffé est gros ; il a a ■ •
d'embonpoint pour mériter cette triple faveur.

Ensuite, je nommerais Bcdlard inspecteur. P-V.ard
assez peu comédien pour inspecter k me, veille. 5

Puis, je nommerais Hippolyte régisseur. Son'exactitu-
de k manquer toutes les répétilior s, le soin qu'il mel." i
manquer également toutes ses entrées et toutes ses soi*
ties, les déménagemens perpétuels auxquels se livre sa
mémoire, le rendent éminemment propre à remplir ces
importantes fonctions.

Sous ma direction, tout le monde serait heureux. Aug-
mentation d'appointemens aux acteurs, primes aux au"
leurs, loges aux journalistes, je verserais perpétuellement

la corne d'abondance de nés faveurs sur toutes les tè-
tes. Jamais d'amendes, jamais de refus, jamais la moin-
dre pièce de moi; oui, je le jure sur le dernier manus-
crit de Mme Ancelot, d;s ce jour, je donnerais au monde
le grand exemple d'un directeur ne se faisant pas jouer!
Le monde est abruti pur la corruption ; ce trait d'héroïs-
me suffirait peut-être pour le relever ! »

M. Ancelot en était là de son rêve lorsqu'il vit ktrer
M. Cavé dans l'antre de la finance. « Quand je pense, se
dit-il, qu'un mot de cet homme qui a le nez rouge peut
faire de toutes ces billevesées une réalité. » M. Çavè se
perdit dans la coulisse sans entendre cette apostrophe.
Qu'allait-il faire k la Bourse, M. le directeur des Beaux-
Arts ?

Nous prenons acte de cette question ; une aulre fois
nous y répondrons. Constatons seulement qu'en rentrant
chez lui M. Ancelot dit k sa femme : « Ce que c'est que
de nous, bichette ! je n'ai pu m'arracher de l'idée aujour-
d'hui que j'étais directeur du Vaudeville ! »

0 mystères incompréhensibles de l'organisation hu«
maiue, rapports entre l'esprit et la matière, affinité en-
tre le réel et l'impossible, effets mystévteux des songes,
abîme où se sont plongés tour',à tour Saint-Martin, Swe-
denborg, Mesmer et M Pigeairt'- qui pourrait rire en
pensant à vous? Je crois aux songes, je crois aux présa-
ges, je crois k Mlle Lenormand, bien plus k M. Bareste ;
magnétisez-moi, je vous en supplie ; je veux lire avec mon
ventre un vaudeville en trois actes à M. Ancelot!

Ce réve, dont l'immortel auteur de Quitte ou Double
avait l'air de se moquer, a revêtu les formes palpables
d'un privilège; M. Duchâtel a contresigné cette vision.

M. Bouffé a vingt mille francs de traitement par an,
une part dans les bénéfices, et il sous-dirige.

M. Billard inspecte.

M. Hippolyte régit.

M. Ancelot a juré k la commission des auteurs drama-
tiques de ne pas faire représenter la moindre pièce de
son crû. Si l'on a réouvert le théâtre par l'Article 960 et
Marguerite, c'est uue simple politesse que le régisseur
a voulu faire au directeur et k madame son épouse.

On assure que l'offre qu'a faite M. Ancelot de ne pas
toucher aux bénéfices du théâtre et de les employer à
payer du vin de Champagne aux acteurs, n'a pas peu
contribué k le faire préférer aux anciens actionnaires,
qui avaient conçu la pensée peu généreuse de chercher
k s'indemniser de leurs pertes. L'âge d'or est inauguré
au Vaudeville. Combien durera-t-il?

'A'Iiéâf re-Italien.

Reprise de YElissir d'atnore. — Début de Corelli-

Combien de fois n'est-il pas arrivé que des ouvrages
sur lesquels l'administration fondait les plus gran e
espérances, des artistes annoncés et prônés longtemp^
à t'avance ont abouti k un triste fiasco devant la
Hier j par une rare exception, nous avons été te®®
d'un résultat tout contraire. Le débutant Corelli sep^
semait sans aucune annonce préalable, vierge de to
réclame, sans avoir le front orné d'un brin de lauf
exotique. Aussi, grande a été la surprise des dilei *
lorsqu'ils out entendu une voix de ténor pleine de sua
et de fraîcheur, un chant d'un goût exquis et qui acc
une connaissance parfaite de l'art et une excellente
thode. On se demandait partout d'où venait ce je
chanteur et comment un pareil trésor avait pu rester
foui jusqu'k ce jour, tandis qu'on s'empressait de cheî, s
et de nous montrer tant de chrysocale lyrique- |
avons entendu dire que Corelli s'était montré sur e
tre de Bologne, où il avait eu le bonheur de recevoi
conseils et des leçons de Rossini et qu'il avait ete eng
à notre théâtre Italien sur la recommandation exp

{La suite à la ï
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