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Le charivari — 11.1842

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Décembre (No. 335-365)
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liH «BUmsVAfttB;

Cetle impertinente phrase 'peut se réduire k cette ré-
ponse vulgaire que M. de Pfuel semble avoir empruntée
à nos voyoux : « Si vous n'êtes pas content, allez vous
promener ! »

Il y a bien des Guizots, de par le monde constitutionnel
qui envieront au Pfuel prussien cetle heureuse facilité
d'envoyer promener ceux qùi allèguent des griefs ou ex-
priment des vœux. Mais les Guizots savent par leur, pro-
pre expérience de Gand, et lesPfuels devraient apprendre
par l'exemple des Guizots, que lorsqu'on envoie trop sou-
vent promener les peuples, il arrive un moment où les
peuples procurent à leur tour le plaisir de la promenade.

Devant Montalivet, que la Liste-Civile
De ses charités fait le grand distributeur,

Un orateur sacré, fort connu dans la ville,
Sur l'aumône prêchait hier avec ferveur,

L'intendant, tout ému par ce sublime prône,

Dit, les larmes aux yeux : « Oui, je veux m'amender;
Rien n'est si beau, si divin que l'aumône,

Et de ce pas je vais.... la demander. »

Théâtre - Français.

Le Fils de Cromwell, ou Une Restauration, comédie en
cinq actes et en prose, par M. Eugène Scribe.

L'histoire de la restauration anglaise est une des plus
simples qui se puissent lire, et c'est sa simplicité même
qui la rend curieuse pour l'homme d'État. Cromwell
meurt d'une mort prévue; il règle d'avance le sort de
l'Angleterre ; il désigne son successeur, comme eût pu
faire le roi le plus légitime, et chacun prend au mot
cette volonté puissante. Toutes les têtes, rondes ou bou-
clées, restent d'abord courbées devant le fils comme el-
les l'avaient été devant le père.

Après quelques mois, le vieux parti républicain, les
Millénaires, les hommes de la Cinquième Monarchie,
rassurés par la douceur de Richard Cromwell, commen-
cent à s'agiter. Les officiers de l'armée qui appartenaient
k cette faction s'assemblent et projettent, à ciel ouvert,
de renverser le parlement qu'on venait de convoquer.
Cette assemblée s'alarme et veut prendre des mesures
pour que les conciliabules républicains soient fermés.
Desborough,Harrison et plusieurs autres généraux exi-
gent la dissolution du parlement. Richard faiblit et cède
à leurs vœux, très irrespectueusement, exprimés. A partir
de ce moment, sa cause est perdue ; l'armée le prend en
mépris, ses gardes même l'abandonnent. Il se juge lui-
même incapable de régner, et quand on vient lui de-
mander d'abdiquer, il obéit, passe en France sous le nom
de Clark et se fait bientôt oublier si complètement que
lorsque M. Clark revint en Angleterre, personne ne s'en
aperçut. L'ex-protecteur alla paisiblement labourer ses
petits domaines et y mourut âgé de quatre-vingts ans.

Cependant les officiers qui l'avaient chassé ne savaient
que faire de leur pouvoir.Ils rappelèrent les débris dupar-
lement-croupion (Rump-parliament) ; mais ils en exclu-
rent les membres appartenant au parti presbytérien. Ce
parti se trouva dès lors en rapport avec les mécontens
royalistes qui rêvaient le retour de Charles II. Une pre-
mière conspiration éclata ; Lambert vint facilement à
bout de l'étouffer et crut que cetle victoire lui ouvrait le che-
min du trône. Ses officiers demandèrent dans une adres-
se impérieuse qu'on l'élevât au grade de major-général.
Le parlement fit acte d'énergie contre ce nouveau tyran,
et, abolissant le généralat, donna le commandement des
forces militaires k une commission d'où Lambert fut ex-
clu. Alors l'ex-lieutenant de Cromwell essaya d'imiter
son maître, et, remplissant de soldats les salles de West-
minster, il empêcha les députés de se réunir. Dès ce mo-
ment il eût régné si son caractère et son génie eussent
été de pair avec son ambition et le bonheur des circons-
tances.

L'homme qui l'arrêta dans cette marche jusqu'alors
si rapide n'avait guère plus de talent ou de capacité que
lui. George Monk, vaillant soldat, s'était battu tantôt
pour le roi, tantôt pour le parlement ; au fond très in-
différent sur toute question politique et, comme tant
d'autres généraux non moins célèbres, n'ayant guère
d'autre passion que celie de son traitement; — dirigé
d'ailleurs par une femme impérieuse et que les royalisr
tes surent adroitement gagner. Dans tous les conflits où
il s'était trouvé mêlé, Monk avait surtout appris la va-
leur du proverbe : Trop parler nuit. Aussi, quoiqu'il
voulût ou pensât, il ne s'en ouvrait à personne ; et ce si-

lence prudent a failli lui valoir la réputation d'un pro-
fond politique. C'était tout simplement le signe d'une
grande indécision, la réserve d'un homme qui ne vou-
lait rien compromettre par des résolutions imprudem-
ment adoptées. En marchant sur Londres k la tête de
l'armée d'Ecosse, il obéit k la nécessité, car Lambert,
son rival et son ennemi personnel, n'aurait pas manqué,
vainqueur du parlement, de se débarrasser de Monk.

Ce fut comme champion de la république que celui-
ci se présenta dans la lice. Et ce grand nom lui suffit
pour que l'ambitieux Lambert, abandonné des siens,
fût forcé d'évacuer Londres. Monk, débarrassé de lui, ré-
composa le parlement, où il fit rentrer les presbytériens,
ce qui changeait la majorité, reçut de cette assemblée re-
connaissante le commandement de l'armée, destitua tous
les chefs républicains et fit prévaloir la nécessité de nou-
velles élections. Après la dissolution il restait seul maî-
tre, et ce fut alors qu'il prêta pour la première fois l'o-
reille aux agens des Stuarts. Par lui-même il ne pouvait
se maintenir au pouvoir ; — il avait toutk perdre en pro-
longeant la situation périlleuse où son étoile l'avait con-
duit ; — beaucoup k gagner, au contraire, s'il profitait
de son crédit éphémère pour rendre le trône a une dy-
nastie reconnaissante. Son calcul fut bientôt fait ; mais
son parti ne fut pas sitôt pris. Il attendit le résultat des
élections avant de rien promettre par écrit. Elles furent
favorables aux royalistes et aux presbytériens, qui votaient
d'un commun accord, tant on était las de celte anarchie
militaire. Monk alors se décida tout k fait et fut le plus
empressé de tous ceux qui hâtaient l'arrivée de Char-
les II. 11 y a des détails curieux sur la peur réciproque du
sujet protecteur et du royal protégé : le premier se ha-
sardant k donner d'humbles avis où le second croyait
voir des exigences a main armée. Toutefois, ce malen-
tendu ne dura point. Charles II vit bientôt à quel igno-
rant politique, à quel humble serviteur il avait affaire. Il
le combla d'honneurs, de pensions surtout, et ne prit
plus la peine de l'écouter.

Il fallait, nous le croyons, rappeler cette histoire assez
mal connue, pour qu'on fût k même de juger jusqu'à
quel point M. Scribe l'a défigurée.

Sa pièce embrasse trois journées. Cromwell meurt au
premier acte. Charles II, au cinquième, remonte sur le
trône. Vous dire combien d'absurdes invraisemblances,
de rencontres impossibles, d'intrigues sans but, d'inuti-
les mouvemens sont accumulés dans ces cinq actes, nous
semble une tâche trop ingrate. En somme voici la fable.
' Richard Cromwell, disgracié par son père, habite, sous
le nom de Clark, les environs de Londres. Lady Régine
Kerenghan s'est éprise de ce personnage ambigu dont
elle ne connaît ni la famille ni la vie, et qui pourrait être
un forçat évadé tout aussi bien que le fils du protecteur.
Afin de l'élever jusqu'à elle, cette jeune dame se jette dans
les intrigues royalistes et prépare le retour de Charles II.
Richard, cependant, n'aime point lady Iierengham,
mais bien une petite cousine à elle, aussi tendre et mo-
deste que l'autre est ambitieuse et remuante. Arrive la
mort de Cromwell. Oa vient chercher Richard dans le
château de lady Kerengham, qui ne se doute encore de
rien, et qui continue de plus belle k travailler pour son
humble voisin. Mouk survient peu après dans ce même
château. Il est amoureux de miss Hélène, l'aimable cou-
sine k la main de laquelle aspire Richard Cromwell, et
Lambert se charge de persuader k cette petite fille qu'il
faut renoncer k épouser Richard, qu'elle aime, pour se
donner à Monk, qu'elle n'aime pas. Ceci est le nœud de
la pièce, prenez-y bien garde.

Richard est sur le point de refuser la couronne quand
on lui fait croire qu'il n'est pas aimé. Ceci le décide k
devenir lord protecteur d'Angleterre. Il reparaît ensuite
chez lady Kerengham, qui n'est encore au courant de rien,
et cette dame l'admet entiers k une conférence où Monk
et Charles II, secrètement réunis, complotent la restaura-
lion. Le prudent Monk nous semble fort attrapé. Quant
k Charles II,Richard,qui lecroit frère de lady Kerengham,
l'aide k s'évader du château, cerné par les dragon» de
Lambert; et les voilà, le roi et le protecteur, voyageant
côte k côte, prenant le thé de compagnie, courant les au-
berges et causant de bonne amitié sans se connaître.
Charles II raconte k Richard Cromwell, et par le menu,
toutes les raisons qu'il a de croire; à la restauration. Le
jeune protecteur apprend ainsi de combien de trahisons il
est entouré, ce qui commence à le dégoûter du pouvoir.
C'est sans doute ce dégoût qui l'empêche de faire arrêter
son bavard compétiteur lorsque celui-ci se laisse enfin
reconnaître.

Au cinquième acte Richard Cromwell découvre que
Monk, ce même Monk çnvers lequel il a usé de tant de
clémence, continue a soulever le peuple contre lui. L'in-
dignation lui rend quélque énergie, et déjà il prend des
mesures pour châtier le coupable, lorsqu'il apprend à
n'en pouvoir douter que la petite cousine est, au vrai,

fort éprise de lui Cromwell, et non pas du rebelle géné-
ral . De ce moment c'en est fait du lord protecteur ! H ne
rêve plus que le bonheur domestique, la paix des champs
plusieurs troupeaux de moutons et beaucoup de fromages I
à la crème. Il brise la chaîne dorée qui lui pèse, il abdi-
que et remet lui-même Charles II en possession du 1
trône.

Jamais nos wiare'cftawa; dramatiques, dans leurs fautai-
sies les plus excentriques; jamais M. Bouchardy, dans son
ignorance naïve, n'ont plus cavalièrement traité l'histoire
et le bon sens. Jamais M. Scribe lui-même,dans ses jours 1
les plus désastreux, n'avait joué aux onchets dramatiques I
avec moins d'adresse et de bonheur. Pas un personnage !
intéressant, pas une scène réussie, pas même, en échan*e I
de toute la crédulité qu'en nous demandait, une de ces
situations où la curiosité s'éveille bon gré mal gré. Des
plaisanteries vieilles comme le monde, traits sans force,
petites flèches émoussées, tirées de droite et de gauche,
presque au hasard ; tantôt sur les conspirateurs légiti-
mistes, tantôt sur les ambitieux républicains, quelques
autres sur les fractions parlementaires, et la vénalité des
consciences : à peine nageant de loin en loin dans les
flots troublés de ce tiède éclectisme, — rari nanles in
gurgite vasto,— deux ou trois de ces mots spirituels que
M. Scribe conserve dans les recoins de sa mémoire,
comme des plantes exotiques sur les tablettes d'un her-
bier, et qui en sortent avec je ne sais quel reste de par-
fum évaporé.

Hier, par extraordinaire, le public n'a pas été dupe
jusqu'au bout ; fatigué de ces escamotages perpétuels, de
ces incogniti sans fin, de ces audacieux mensonges qui
l'ont tant de fois étourdi, Jean Bonhomme a failli perdre
patience, et malgré les efforts d'une claque admirable-
ment disciplinée, bon nombre de sifflets ont pro- !
testé contre le nouveau chef-d'œuvre dont on nous réga-
lait.

. Scribe prendra sa revanche l'année prochaine.

Restent les acteurs, dont il n'a point k se plaindre.
Beauvallet, sauf quelques rugissemens inutiles, a digne-
ment représenté Richard Cromwel. Gefl'roy, et même
Guyon, n'ont pas manqué à leur personnage (Monk et !
Lambert). Firmin ne savait pas un mol du rôle de Char-
les II, mais il a remplacé par un redoublement de gestes
et de belles façons, les répliques qui lui manquaient à
chaque instant. Mlle Plessy donne envie de conspirer j
avec elle, et l'on se prend à regretter que M. Scribe n'ait j
pas prêté plus d'esprit et de pénétration àcette charmante
royaliste. Régnier et Provost ont tiré le meilleur parti
possible de deux rôles où l'auteur avait évidemment pré-
médité beaucoup d'intentions comiques.

OABJLLOIT.

Dernièrement le régent Espartero a investi d'un nou-
veau gracie militaire le bandit Zurbano. Le gouverne-
ment anglais n'a pas voulu montrer moins de tact et de
délicatesse: il vient de jeter les èpaulettes de colonel au
geolier-bourreau sir Hudson-Lowe. Les deux peuvent
faire la paire.

— Ajoutons que ces récompenses honorifiques décer-
nées d'un côté au chenapan qui insulte et maltraite nos
compatriotes, de l'autre au coupe-jarret de Sainte-Hélè-
ne, sont une nouvelle preuve du respect dont la France
jouit en Europe sous le gouvernement guizotin.

— On assure qu'en apprenant la promotion de sir
IIudson-Lowe au grade de colonel, lesporte-clefsdeNew-
gate et le bourreau de Londres ont demandé k être nom-
més lieutenans-colonels.

— On va, dit-on, entourer Constantinople de forts dé-
tachés absolument comme Paris. Nous ne nous étonnons
point que notre système de liberté soit pris pour modèle
par le gouvernement turc.

— La Chine est devenue une humble vassale de l'An-
glelerre ; il ne tiendrait pas à M. Guizot que dans le con-
cert européen le pavillon tricolore fit le pendant du pa
villon chinois.

— On dit que le ministre Teste va publier prochaine-
ment non pas ses Impressions, mais ses Indigestions de
Voyage.
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