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Le charivari — 47.1878

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Septembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.25492#1072
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LE CHARIVARI

tions naturellement très-favorables aux catholiques
qui seraient enterrés à bon marché, tandis que les
protestants, les juifs et les libres penseurs paye-
raient les prix forts.

Les souscripteurs dévots seraient, de la sorte,
assurés d’un bénéfice quelconque, sinon pendant
leur vie, du moins après leur mort ; et c’est sans
contredit la seule affaire au monde dont les action-
naires seront invités à décéder promptement pour
être sûrs de tirer profit de leurs actions. On pense
qu’ils seront astreints à porter le costume de cro-
que-mort avec le crêpe au bras et au chapeau.

Cette Société de V Union générale qu’on devrait
plutôt appeler la Société de la désunion générale, a
comme onvoit,desidée3 qui paraîtront d’une gaieté
folle, excepté, bien entendu, à ses actionnaires.

Agréez, etc.

Pour copie conforme :

CASTORINE.

Zabban.

—..-

BON CONSEIL

L'Univers revient à la charge contre le livre de
l’abbé Bougaud, signalant avec plus de franchise
que d’habileté la disette du clergé.

L’Univers annonce ainsi une réfutation en règle :

« Quoi ! dit-on en substance, vous n’avez pas as-
s^z de prêtres pour le ministère paroissial, et vous
voulez vous emparer de l’enseignement? Vos sémi-
naires sont désertés, et vous demandez l’augmenta-
tion des crédits qui leur sont alloués ; il faut plutôt
les réduire. D’autres conseillent, comme le Temps,
des réformes dans les manières de faire de l’Eglise
et de son enseignement ; tous redoublent d’attaques
hautaines ou grossières contre cette grande force
qui, disent-ils, va tomber.

» Nous persistons à croire que, sans cesser de
rendre justice aux intentions de M. l’abbé Bougaud,
sans méconnaître les bons et utiles côtés de son
écrit, il faut montrer en quoi il a erré. Nous y ga-
gnerons d’enlever un argument redoutable à l’en-
nemi.

L’argument en effet est redoutable.

Mais cen’estpasavec des sophismes que Y Univers
le détruira.

Il aurait une façon bien plus efficace de destruc-
tion : que ses rédacteurs entrent dans les ordres.

L’Eglise y gagnera des volontatres.

Et ce seront toujours quelques niaiseries, quelques
grossièretés et quelques fautes de français de moins
dans le bilan de la presse cléricale.

Tout bénéfice !

Paul Girard.

A LA CAISSE, S’IL VOUS PLAIT !

Il paraît que la détresse du denier de Saint-Pierre
est réelle.

Voilà que le pape lui-même en est réduit à ten-
dre l’aumônière.

Dans son dernier, discours à ceux qu’il appelle

des pèlerins pièmontais et qui sont des Italiens uni-
fiés, le successeur de Pie IX a, comme de raison,
réédité toutes les vieilles déclamations de son pré-
décesseur.

Mais il a conclu par une insinuation sur l’air du
Courage à la poche qui mérite d’être remarquée.

« Nous connaissons bien, a gémi le pape en la
mineur, fils très-chers, les artifices et les violen-
ces que l’on emploie pour arracher aux peuples
d’Italie leur trésor le plus précieux, la foi, et pour
les éloigner de l’obéissance et de l’amour envers le
siège apostolique. Mais nous connaissons bien aussi
(et c’est notre joie) que vous n’êtes point disposés à
vous laisser ravir ce trésor, que pour le conserver
vous combattez depuis longtemps, sans crainte, à
visage découvert, les colères et les railleries de vos
adversaires. »

Ceci est le sanglot de rigueur.

Voici maintenant l’insinuation :

« Nous vo is exprimons donc notre satisfaction
et nous avons confiance qu’en signe de votre foi
et comme gage de votre amour, vous persisterez à
l’avenir dans votre noble conduite : d’autant plus,
nies très-chers, que la condition quia été faite au
pontife tend à s'aggraver et doit par conséquent
inspirer aux fidèles, inquiets du sort de leur
père, les moyens les plus justes et les plus légi-
times de l’améliorer. »

Traduction libre :

— Rien ne va plus. L’argent manque... Quelques
petits millions, s’il vous plaît.

Comme c’est évangélique !

E. Villiers.

-------

THEATRES

CHATEAU-D’EAU : Le. Braconnier du Nid-
de-l'Aigle.

Il sonne terriblement, ce titre flamboyant qui
rappelle l’époque où le commandeur Lespès faisait
afficher sur les murs de la bonne ville de Paris son
fameux roman intitulé fies Yeux verts delà Morgue.

Ce nid d’aigle, qui arrive là, on ne sait trop
pourquoi, exercera sur le regard du passant une
invincible attraction.

Nous devons ajouter, d’ailleurs, que le drame a
toutes les qualités nécessaires pour prendre son
public à la gorge.

C’est du théâtre à poigne.

Le seul défaut de cette pièce est d’arriver après
un autre ouvrage, qui, lui aussi, pivotait sur les
jeux de la justice et du hasard.

Cette fois encore il s’agit d’une erreur judiciaire.

Un braconnier est injustement accusé d’assas-
sinat.

C’est par les lapins qu’on commence,

C'est par les hommes qu’on finit,

se scia probablement dit le tribunal.

Il s’est trompé.

Gaspard est innocent. Ce qui ne l’empêche pas
d’être envoyé au bague pour quinze ans.

Ses quinze années finies, il revient au pays où sa
fille a grandi et est devenue une jolie fiancée dont
on se dispute la main.

Alors les meurtres, les suicides, les quiproquo*
armés se succèdent et s’enchevêtrent si bien, que
foule analyse devient impossible.

Qu’il vous suffise de savoir que la trahison est
démasquée au dénoûment et que Gaspard refait à
son braconnage une virginité.

Les spectateurs du premier soir ont été captivés
à tel point que du sommet des galeries pleuvait
sur la tête du traître une foule d’injures. C’était la
résurrection du titi.

Heureux ceux qui croient à quelque chose, ce
quelque chose fût-il une tirade mélodramatique !

Je ne serais nullement surpris que le Braconnier
et son Nid-d'Aigle fissent fortune au Chàteau-
d’Eau.

Comme toujours, quand il y a des félicitations à
adresser aux interprètes, les noms de MM. Péri-
caud et Gravier reviennent comme un refrain.

Ce n’est pas un reproche que nous leur faisons.

Au contraire.

Pierre 'Véron.

CHRONIQUE DU JOUR

Où s’arrêteront les fantaisies téléphoniques et pho-
nographiques.

Une nouvelle expérience , l’expérience du papier
chantant, vient d’avoir lieu.

Le Figaro a donné le procès - verbal de l’expérience.

Plaçant un cahier de papier détaché d’un livre, ou
un cahier de papier à lettre sur un meuble, M. du Mon-
cel a mis entre les feuilles de papier des feuilles d’étain
légères, de façon à former ce qu’on appelle en physique
un condensateur élémentaire. Il a relié le cahier à un
téléphone placé dans une pièce éloignée de là, en fai-
sant observer qu’une bobine d’induction était placée
dans le circuii.

Aussitôt quelqu’un a chanté dans le téléphone, et
dans le salon, à une distance assez grande, les dix per-
sonnes ont entendu avec admiration le cahier de papier
chanter à haute voix, avec une puissance d’organe qui
le met du coud au-dessus d.o tous les t416pKo*nas con-
nus, comme récepteur des sons.

N’en (revoyez-vous pas déjà la conséquence invrai-
semblable?

Un morceau de musique se chantant lui-mème !

C’est la faute de l’été barbottant que nous avons eu.
Les concerts Besselièvre sont en faillite.

Sic transit...

Qui ne sesouvient du foudroyant succès du début !
Tout le Paris élégant avait adopté la rotonde de ver-
dure.

Surtout quand On fit ce coup de maître d’annoncer
que les petites dames ne seraient pas admises.

Allez donc renouveler une telle prohibition !

On les admet partout les petites dames aujourd’hui !

En ce temps-là, c’était Musard fils qui conduisait
l'orcheslre.

UEM COMME DES TRIBUNAUX

Il faut en prendre son parti, c’est Henri Y qui régnera
bientôt sur la France ; M. le comte de Beaurepaire fait
distribuer sur la voie publique le Programme de la
monarchie et un autre imprimé : Ma visite à Frohs-
dorff, il la distribue même personnellement dans les
pavillons des Halles Centrales, et enfin une somnam-
bule qu’il a chargée de l’aider dans sa distribution de
brochures (car ce sont des brochures) a fait entendre
dans son sommeil magnétique des prédictions soi-
gneusement recueillies, qui ne laissent aucun doute
sur le retour des lys et du drapeau sans tache.

C’est par la pythonisse, poursuivie pour distribution
d’écrits sans autorisation, que nous avons appris ce
piquant détail, de M. le comte de Beaurepaire, faisant
lui-même sa petite propagande à la halle et acceptant
les services de la brave femme, qui a trois cordes à son
arc : le magnétisme, la vente des légumes et le colpor-
tage des petits papiers, sans compter les autres petits
papiers saisis à son domicile et dont copies ont été
adressées à nous ne savons quel sénateur, car le titre
seul de ce personnage figure sur les brouillons.

Lisez donc, et voyez s’il peut rester l’ombre d’un
doute sur le retour plus ou moins prochain du chef de
la branche alnéo, à quiconque n’est pas sceptique à
l’endroit du phénomène merveilleux de la vue magné-
tique :

« Monsieur,

» La somnambule a toujours vu que M. le comte de
Chambord devait venir; elle a vu aussi que vous ne
serez pas nommé député ni sénateur inamovible, mais
pour être sénateur ordinaire, vous le serez. Etc., etc. »

Et elle a si bien lu dans l’avenir, la somnambule,
que, dans une autre lettre, on lit :

« Monsieur le séna'eur (donc il a été élu), nous avons
l’honneur de faire parvenir àM. Lucien Brun une carte
de ce que prédit la somnambule depuis cinq ans. Mal-
gré tous les événements qui peuvent survenir, le roi
sera M. le comte de Chambord; la destinée ne peut lui
éviter d’être roi. Il viendra tout d’un coup, quand la
misère sera à son comble. Il viendra relever la France.»

Merci, mon Dieu !

Voulez-vous connaître à fond nos ministres ? Ecoulez
encore la somnambule :

« Ministère orléaniste ou à peu près. Le commerce
n’ira pas davantage. Ce ministère sera très-long pour
décider le sort du pays, mais nul ne peut venir avant

le comte de Chambord, et lo comte de Paris lui laissera
le pouvoir.

» Soyez, monsieur le sénateur, notre interprète au-
près du roi et de la reine. Etc. »

Voulez-vous maio tenant savoir ce que la Chambre a
dans le ventre? C’est encore la somnambule qui va
nous le dire :

« ... Composée principalement de conservateurs, elle
passera pour èire républicaine, dans le peuple. — C’est
toujours M. le comte do Chambord qui doit venir pro-
chainement »

Je crois après cela, que M. le comte de Beaurepaire et
tout le parti en général doivent dormir sur leurs deux
oreilles.

Voilà par exemple qui doit inquiéter l’Allemagne
C’est toujours la somnambule qui parle :

« L’empereur d’Allemagne traînera des suites de ses
blessures; il pourra aller encore quelque temps, mais
il n’en reviendra pas. »

Ceci n’est même pas discutable., car nul ne contes-
tera sérieusement, qu’à quatre-vingts ans on peut aller
encore quelque temps et n’en pas revenir.

Le congrès aussi a été l’objet de questions posées à
la somnambule, avant sa réunion. Ecoutez, et dites si
l'on peut mieux prédire :

« Le congrès aura un résultat assez favorable ; la
guerre n’aura pas lieu, elle traînera, mais n’aura pas
lieu. Elle fl’aura pas lieu, parce qile la haine des peu-
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