Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 47.1878

DOI issue:
Octobre
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25492#1079
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
Prix du Numéio;25 centimes

QUARANTE-SEPTIÈME ANNÉE

abonnements

PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. 72 —

Les abonnements parlent des ia et 16 de chaque mois

DIBECTjÇ'N

Politique, Littéraire et Artistique

PIpltE VÉRON

Rédacteur en Chef.

BUREAUX

DE LA RÉBACTÏ0N ET DE L'ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

LE

MERCREDI 2 OCTOBRE 1878

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 2U rr.

Six mois..., 40 —

Un an. 80 —

L’abonnement d un an donne droit à la prime gratis.
DiRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EW1G, fermier de la publicité
Rue Fléchier, 2.

CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

Le nouveau pape paçTe moins que 1 ancien, mais
il semble vouloir se rattraper en écrivant.

C’est un véritable programme politique qu’il
vient d’adresser au cardinal Nina (pas la Marinière),
son nouveau secrétaire d’Etat.

Le pape déclare que « déjà, aux premiers jours
de notre pontificat, du haut du siège apostolique,
nous avons tourné nos regards sur la société con-
temporaine afin d’en connaître l’état, d’en pénétrer
les besoins et de chercher remède à ces besoins. »

Il a attendu vraiment bien tard pour se livrer à
cette étude.

Au moins aurait-il dû, comme cardinal et comme
évêque, y préluder un briu, et l’aveu est un peu
trop dépouillé d’artifice.

La le tire au cardinal Nina continue :

« Nous avons voulu faire entendre notre voix à
ceux qui ont entre les mains les destinées des na-
tion?, les engageant vivement à ne pas repousser
dans uu temps où ils en ont si grand besoin, l’appui
si fort que leur offre l’Eglise. C’est animé par la
charité apostolique que nous nous adressons à
ceux qui ne nous sont pas unis par les liens de la
religion catholique, désireux que leurs sujets jouis-
sent aussi des bienfaits de cette divine institution.»

Il y a là, on le voit, une sorte de pacte proposé
aux monarchies.

L’Eglise se fait le soutien du despotisme. Don-
nant, donnant.

Elle dit aux princes :

— Appuyez-ipoi au besoin par la force, et moi je
mettrai mes chaires au service de la propagande
réactionnaire.

Et l’on s’étonne ensuite que la Liberté s’écrie :

— Le cléricalisme, c’est l’ennemi !

Mais ce cléricalisme lance de toutes parts ses dé-
corations de guerre, aussi bien par la voix de
M. de Mun que par la plume de Léon XIII.

La démocratie est donc placée dans le cas de lé-
gitime défense.

Elle so défendra d’autant mieux qu’on prend soin
de l’avertir.

La lettre du pape annoqce avec une visible sa-
tisfaction que le conflit entre l’Allemagne et le saint
siège est eu voie eje transaction.

« Pour seconder ces vqes de notre cœur, dit-elle,
nous nous sommes adressé au puissant empereur
de l’illustre nation allemande, laquelle, à raison de
la condition difficile faite aux catholiques, réclamait
dune façon particulière notre sollicitude. Cet appel*

inspiré uniquement par le désir de veie-liAllemagne
recouvrer la paix religieuse, a été favorablement
accueilli par l’auguste empereur et a produit l’effet
heureux de permettre des négociations amicales. »

Léon XIII ne s’aperçoit pas qu’il fait implicite-
ment la critique de la conduite de son prédécesseur
qu’il qualifie de saint pour la forme.

Car si Léon XIII a raisqn d’être conciliant, Pie IX
avait donc tort d’être agressif et cassant.

Et alors que deviennent ces deux infaillibilités,
qui se démentent?...

Les paragraphes relatifs à l’Italie sont écrits avec
l’amertume traditionnelle. On dirait que le pape a
fait effort de violence pour se raccommoder avec le
général des jésuites qui lui coupe les vivres pour
cause de tiédeur.

Toute la litanie des anathèmes et des insultes est
au complet.

« Tous devrez porter, gronde Léon XIII, votre
plus grande attention sur un autre point d’une
extrême gravité, à savoir sur la très-difficile situa-
tion faite au chef de l’Eglise en Italie et à Rome,
depuis qu’il a été dépouillé du pouvoir temporel
que la Providence, depuis tant de siècles, lui avait
accordé pour protéger l’indépendance de son pou-
voir spirituel...

» Non-seulement nous devons nous plaindre de
ce que les ministres de la religion soient enlevés
au service du culte divin par l’application de la loi
sur le recrutement militaire, qui les contraint au
service des armes; de ce que les établissements de
charité et de bienfaisance fondés à Rome ou par les
pontifes romains, ou par les nations catholiques
qui les avaient confiés à la surveillance de l’Egiise,
aient été soustraits à nous et au clergé; non-seule-
ment c’est avec une extrême douleur que, comme
Père et comme Pasteur, nous sommes contraint à
voir sous nos yeux les progrès de l’hérésie dans
celte ville de Rome, le centre de la religion calho i-
que, où impunément des temples et des écoles hété-
rodoxes s’ouvrent en grand nombre, — et à assister
à cette perversion d’uue si grande partie de la jeu-
nesse, à laquelle est versée à flots une instruction
pernicieuse. Mais, comme si tout cela était peu de
chose, on tente de rendre vains les actes mêmes de
notre juridiction spirituelle. »

Le pape, sans le vouloir, nous donne de bonnes
nouvelles des progrès de la libre pensée.

Ce qu'il appelle hérésie, c’est l’affranchissement
des consciences, soustraites au joug clérical.

Il déclare qu’à Rome même, cet affranchissement
étend son influence libératrice.

Allons, tant mieux !

Mais, dans l’intérêt même de la foi, Léon XIII de-
vrait s’abstenir de rééditer les doléances que Pie IX
a mises à toutes les sauces.

Eu constatant que le pouvoir temporel a fait et
fait encore de vains efforts pour arriver à une res-
tauration chimérique, le pape arrive simplement à
établir publiquement que le ciel n’a cure des af-
faires de l’ultramontanisme, et que les oremus sont
de plus en plus impuissants.

Mauvaise réclame.

Pierre Véron.

-*--

ASSOMMEZ-VOUS LES ENS LES ADIRES

C’est la jolie morale qu’il convient de tirer du ju-
gement rendu par le tribunal d’Avignon dans l’af-
faire du Demaine.

Ce j ugement, les journaux légitimistes le publient
en première page, avec une fierté qui atteste qu’ils
ont une façon toute spéciale de comprendre les in-
térêts de la magistrature.

S’ils s’imaginent, en effet, que c’est par de tels
arrêts qui,s pousseront les populations à une vé-
nération sans limites, ils se trompent étrangement

Vous savez de quoi il s’agit.

M. du Demaine se trouve insulté par un article.

Il va dans les bureaux de la feuille où parut l’ar-
ticle et tombe à coups de canne sur l’auteur pré-
sumé.

Ainsi procède la gentilhommerie de M. du Demaine
qui, pour ce fait, est cité en police correctionnelle.

Que répond la justice ?

Ceci :

« Attendu que VArlequin, journal satirique et po-
litique récemment tondé à Avignon, a publié un
certain nombre d’articles, soit en vers, soit en
prose, dans lesquels il attaque avec violence des
personnes fort recommandables, sans même s’ar-
rêter devant le mur de la vie privée, notamment
qu’il a inséré dans son numéro du 25 août dernier
une chanson intitulée : le Maire d’Yoetot, dans la-
quelle le prévenu, M. du Demaine, clairement dési-
gné, se trouve outragé et ditfamé ;

» Attendu que M. du Demaine, qui ne connut cette
publication que quelques jours après, en fut, non
sans motif, vivement impressionné ;

» Que convaincu, comme le public, que cet écrit
émanait de Marius Calvet, connu pour en avoir fait
d’autres du même genre, il résolut de lui en de-
mander raison;

» Que c’est dans ce but que, le jeudi 5 du présent
mois, vers deux heures du soir, if se rendit, accom-
pagné de deux de ses amis, à l’imprimerie Gros,
siège du journal Y Arlequin;

» Attendu qu’il n’est pas démontré que Y Arlequin
soit sérieusement constitué.

» Que ses rédacteurs, en petit nombre, sont si
désireux de garder l’anonyme qu'on a réfusé, au
cours de l’instruction, de les faire connaître;

» Que le gérant, simple ouvrier typographe, ne
présente aucune garantie personnelle ;

» Qu’il déclare lui-même être étranger à la rédac-
tion de ce journal ;

» Que ce n’est pas à lui, dès lors, qu’on peut de-
mander des explications, mais seulement aux au-
teurs présumés qui se dissimulent d’autant plus
que les articles ont plus de chance de faire du
scandale ;

» Attendu que le mobile qui poussait le prévenu
était donc naturel ;

» Attendu que l’incapacité de travail dont on ex-
cipe se réduit à rien ou à fort peu de chose, etc.

» Par ces motifs, le tribunal condamne M. du De-
maine à 100 fr. d’amende. »

Tout serait à commenter dans ce document
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen