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Le charivari — 47.1878

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https://doi.org/10.11588/diglit.25492#1080
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LE CHARIVARI

D'abord le soin avec lequel ou évite d’y indiquer,
même par un mot, le délit qui a été bel et bien
commis.

M. du Demaine est allé au journal pour demander
raison.

Rien de plus.

Les coups de canne qui sont intervenus, ne sont
pas même mentionnés.

De sorte que les gens peu au courant, peuvent
croire que ledit du Demaine était cité en justice
uniquement pour une demande de réparation.

Le jugement ajoute que M. du Demaine a été vi-
vement impressionné par des outrages qui ne s’ar-
rêtaient même pas devant le mur de la vie privée.

Certes, nous professons pour l’outrage une aver-
sion profonde. Nous estimons — et nos lecteurs en
peuvent juger chaque jour — qu’une invective ne
sera jamais une raison, et que la presse se décon-
sidère par certaines violences injustifiables.

Ceci soit dit, sans vouloir faire aucune apprécia-
tion des articles de XArlequin, que nous ne con-
naissons pas.

Mais toutes les licences de plume ne sauraient
expliquer qu’un tribunal s’arroge le droit de dire
aux gens :

— Faites-vous justice vous-mêmes!

La belle société que ce serait!.On reviendrait
tout simplement à la barbarie, si cette doctrine de-
vait prévaloir et si tous ceux qui sont vivement im-
pressionnés par une insulte, un préjudice ou uue
illégalité prenaient un bâton, un couteau ou un re-
volver pour tirer vengeance de ce qui les impres-
sionne.

Les tribunaux (celui d’Avignon paraît l’avoir ou-
blié) ont été constitués précisément pour substi-
tuer l’action calme, digne, raisonnée de la Loi aux
élans irréfléchis des tempéraments impressionna-
bles.

Prêcher la légitimité des représailles à main ar-
mée, c’est prêcher le retour aux temps de parfaite
et peu regrettable sauvagerie.

M. du Demaine et sa vive impression avaient le
Code à leur disposition.

Ils pouvaient faire condamner le journal.

Et à supposer que M. du Demaine et son impres-
sion vive aient cédé à un mouvement de brutalité
pour lequel se pouvaient plaider de3 circonstances
atténuantes, ce n’était pas à des juges qu’il conve-
nait d’ériger cette brutalité en dogme et en droit.

La chose est d’autant plus bizarre que M. du De-
maine appartient au parti qui se dit catholique.

D’où vient que ses amis et lui, où l’Evangile a
dit : Aimez-vous ! aient compris : Assommez-vous ?

Sous l’Empire, un député se porta à des voies de
fait sur un journaliste.

Le député fut condamné à la prison.

Aujourd’hui, le tribunal d’Avignon estime que
100 francs d’amende sont suffisants.

Qui aurait jamais cru qu’on en viendrait à citer
la justice impériale?

Yoilàun résultat dont les juges avignonnais n’ont
pas lieu de tirer vanité.

Paul Girard,

CHANGEMENT DE TRUC

Il faut croire que décidément la réaction déses-
père, car voilà qu’elle change ses batteries.

Yoici la tactique qu’ils ont imaginée.

Les républicains triompheront, disent-ils, c’est
probable, nous le souhaitons même.

Sait-on bien pourquoi ?

C’est que le triomphe des républicains marquera
l’heure de la chute de la République.

Comment cela ?

C’est bien simple.

Les démagogues ne seront pas plutôt en majo-
rité, qu’ils commenceront à se désunir. Les intran-
sigeants se réuniront contre les opportunistes ;
ceux-ci résisteront ;

Est-ce que ce n’est pas ce qui est toujours arrivé?

Est-ce que les conventionnels ne se sont pas dé-
vorés comme des bêtes fauves?

Voilà pourquoi nous disons que le triomphe des
révolutionnaires tuera la Révolution.

Tel est, à l’heure qu’il est, le boniment des jour-
naux réactionnaires ; c’est avec cela qu’ils espèrent
terrifier le pays.

Mais le pays s’en rit, tant la réplique est facile.

Et d’abord si la République doit périr par le
triomphe des républicains, qu’est-ce qui lui arrive-
rait si la réaction avait le dessus lors des élections?

Evidemment le même sort. Nous n’avons donc
rien à exposer en votant pour des sénateurs répu-
blicains, et nous avons du moins le mérite de res-
ter fidèles au nouveau principe gouvernemental
que nous avons adopté.

Mais il y a plus.

Nous voulons supposer que nos représentants
républicains, unis comme majorité, se désunissent
sur les votes de telle ou telle question.

Qu’est-ce que cela pourra nous faire?

Nous les écouterons, nous pèserons les raisons
de part et d’autre, nous nous éclairerons à cette
discussion, l’opinion publique se fera, et...

— Et quand votre opiniou sera faite contre une
loi votée, il faudra que vous la subissiez.

— Pas longtemps, car quand viendront les élec-
tions, nous coulerons bas tous les députés qui
l’auront votée, cette loi qui vous déplaît.

— Et puis?

— Et ceux qui les remplaceront rapporteront la
loi, et, en dernière analyse, notre volonté finira
toujours par l’emporter.

— Vous passerez votre temps à changer de lois.

— Mieux vaut en changer que de garder toujours
la même, quand elle est mauvaise.

— A vos souhaits.

— Rien de mieux. C’est l’avantage du système
républicain qui pourrait être meilleur encore; mais
ça viendra.

En attendant, vous voyez que vos sinistres pres-
sentiments n'ont rien qui puisse nous troubler.

— En attendant, vos députés se mangeront.

— Ça les regarde. Pourvu que nous ne nous man-
gions pas nous autres : il restera tou jours assez de
candidats parmi nous pour que nous remplacions
les absents.

— Vous serez toujours incorrigibles.

— Toujours fidèles à la République.

Alfred Bougeart.

-—-

CHRONIQUE DU JOUR

Le comité conservateur est très-gracieux pour le sexe
faible.

C'est aux dames, paraît-il, qu’il envoie ses circulaires,
afin de recueillir des souscriptions pour les élections
sénatoriales.

A notre avis, voilà un bien mauvais procédé.

Si une femme intercède auprès de son mari en faveur
dudit comité, et si elle obtient deux ou trois cents
francs, elle dira à une amie en montrant ce qu’elle aura
reçu :

— Je vais porter cette somme à ma couturière pour
lui donner un à-compte sur les nouvelles commandes
que je viens de lui faire; cela vaut bien mieux que de
dépenser inutilement cet argent en propagande électo-
rale.

Le saint père est pris dans une singulière impasse.

Les souscriptions pour le denier de saint Pierre ne
marchent plus.Si cela continue, avant deux ans Léon XIII
fera faillite comme un simple commerçant.

C’est terrible pour un souverain pontifical qui se pose
comme infaillible.

Mais s'il veut »e réconcilier avec l’Italie, il touchera
plus de trois millions.

Cela vaut la peine de se jeter dans les bras du roi
Humbert.

Dans le bulletin théâtral d’un journal belge, voici
comment le rédacteur annonce la prochaine arrivée de
la Patti à Bruxelles :

« La Patti, naturellement accompagnée du ténor Nico-
Uni, viendra prochainement nous donner une série de
représentations. »

Pauvre marquis de Caux !

Le même journal annonce aussi quelques représen-
tations de Faure.

« Il profitera, dit cette feuille, de son passage acci-
dentel par Bruxelles pour visiter le Conservatoire, où il
exerce, depuis sept ans, sans que personne s’en doute,
les fouettons d’inspecteur du chant. »

Voilà des élèves qui doivent être rarement inspectés.

Mais pourquoi notre confrère belge appelle-t-il un
accident l’arrivée de Faure ?

Autre écho belge :

Plusieurs feuilles libérales demandent que l’on mette
un impôt sur l’eau de Lourdes expédiée en grande
quantité en bouteilles.

Il y a quelques années, la douane belge saisit des
bouteilles de cette eau miraculeuse et" voulut faire
payer un droit d entrée.

Le marchand répondit qu’il ne voulait rien payer

LE SAUVETEUR

( Souvenir de Trouville. )

— Ma chère amie, dit un jour le vicomte de la Gran-
dière à Mm0 la baronne de Larochesalée, il faut absolu-
ment que vous me fassiez faire la connaissance de votre

mari.

— Vous voulez plaisanter?

— Non ; je parle très-sérieusement. Dans les condi-
tions où nous nous trouvons, je dois être le meilleur
ami du baron.

— Ludovic, vous me faites de la peine.

— Allez-vous avoir maintenant des remords?

— Ob ! non, car tant que vous m’aimerez, je ne re-
gretterai pas ce que j’ai fait, il y a trois mois.

— Merci, Juliette ; et vous pouvez compter sur mon
amour à perpétuité ; c’est même pour ce motif que je
tiens à être l’ami de M. de Larochesalée. S’il venait à
mon cercle, la présentation aurait lieu facilement.

— Il n’aime pas le cercle, il aime mieux faire sa par-
tie de dominos avec des amis au café.

— J’ai une excellente combinaison.

— Qu’allez-vous faire ?

— Vous irez passer quelques semaines à Trouville

cette année, n’est-ce pas ?

— Oui.

— J’irai aussi.

— Je l’espère bien.

— Et c’est laque je mettrai mon prujet à exécution.

— Vous ne voulez pas mole communiquer?

— Non, je préfère vous en laisser la suprise, cela sera
plus amusant.

— Vous m’intriguez , je voudrais être déjà à Trou-
ville.

*

m *

Quinze jours après, M. et Mm0 de La Rochesalée sont
installés dans un chalet, au bord de la mer.

M. de La Grandière se promène avec la baronne, dans
un bois situé derrière les Boches-Noires.

— Chère amie, lui dit-il, tous les jours votre mari
prend son bain de mer?

— Oui.

— Et il a la toquade de vouloir nager.

— Mais en ayant soin, avant d’entrer dans l’eau, de
s’entourer le torse d’une ceinture de sauvetage.

— Oui ; une ceinture en caoutchouc qu'il gonfle en
soufflant dedans. C’est assez ridicule, et tout le monde
se moque de lui sur la plage.

— Sans cet appareil il ne pourrait nager ?

— Il coulerait tout de suite au fond de l’eau.

— Bravo 1

— Méchant !

— Je me félicite de sa maladresse parce qu’elle pourra
nous servir.

— Je ne vous comprends pas.

— La chose est pourtant bien simple : il faut que
votre mari coule aujourd’hui.

— Ciel!... Je veux bien le tromper, mais je tiens à le
conserver. Il nous gêne si peu, ajoute la baronne en
souriant.

— Soyez tranquille, ses jours ne seront pas en dan-
ger. — Je ne tiens pas non plus à le perdre, se dit Lu-
dovic, une femme que l’on a pour maltresse et qui de-
vient veuve peut, dans l’avenir, devenir un embarras
sérieux.

— Expliquez-moi votre combinaison, reprend la ba-
ronne, car je n’y comprends rien.

— Aujourd’hui je sauverai votre mari au moment où
il croira se noyer.

— Mais cela n’est pas à craindre, puisqu’il a son fa-
meux appareil avec lequel il pourrait traverser la Man-
che comme le capitaine Boyton.

— Avec un peu de génie on arrive à tout. Voici com-
ment nous procéderons : vous savez nager?

— Vous ne l’ignorez pas, puisque je vous fixe tous
les jours des rendez vous entre deux flots.

— C’est sur votre talent de nageur que je compte-
Vous accompagnerez tantôt votre mari quand il entrera
dans la mer, et vous aurez soin d’emporter un canif-

— Vous voulez me faire commettre un meurtre ?...
Jamais, Ludovic, je m’y refuse énergiquement!

— Vous plongerez votre canif dans la rondelle en
caoutchouc*
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