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Le charivari — 48.1879

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Avril
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https://doi.org/10.11588/diglit.25493#0423
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LE CHARIVARI

puis quelques jours, sous la présidence de M. l’ar-
chevêque Guibert.

On y déclame contre le gouvernement oppres-
seur... qui se laisse cribler d’injures et de calom-
nies.

A l’une des séances, le compte rendu raconte que
M. Paul Féval a pris la parole en l’honneur de
l’église du Sacré-Cœur de Montmartre.

« C’est là, a-t-il dit, qu’il va actuellement cher-
cher ses idées. »

Eh bien ! alors, ça ne donne pas envie de se dé-
ranger.

Je voudrais pourtant bien qu’on m’expliquât,
car je ne comprends jamais.

Voici qu’à propos du czar, on répète que c’est la
Providence qui, manifestement, l’a sauvé.

Si la Providence a le pouvoir de diriger à son gré
les événements humains, pourquoi n’a-t-elle pas,
tout bonnement, empêché l’idée du crime de ger-
mer dans le cerveau du meurtrier?

Ôn proteste par- ci par-là contre la modification
qui fera disparaître de la voie publique le nom de
Saint-Arnaud, l’un des complices du coup d’Etat.

Simple question.

Est-ce que la monarchie, si demain elle faisait
sa rentrée, laisserait une seule rue de Paris porter
le nem d’un républicain?

-'aegSîS'-

Secundo :

Les royalistes qui protestent en faveur de Saint-
Arnaud, ont jadis qualifié bien haut le coup d’Etat
de crime. *

D’où il résulte alors que, d’après eux, les plaques
de nos rues doivent servir à apothéoser les crimi-
nels.

-'vsgxgjG'-

11 me semble, du reste, que les Belges, qui sont
gens pratiques, ont trouvé un moyen excellent de
se soustraire à ces perpétuelles variations, qui ne
laissent pas que de dérouter fortement.

Ilo tous donnent à leurs rues des nome inamovi-
bles :

Rue de la Montagne-aux-Herbes-Potagères.

Rue du Marché-am-Harengs.

Rue Chair et Pain.

À la bonne heure 1 C’est de tous les temps et de
tous,les régimes, cela!

Si parfois ils entrent dans l’abstraction, c’est en
S’abritant derrière une généralité protectrice.

Ils ont une rue de la Loi, par exemple.

Mais cela n’engage à rien puisque cela ne dit ni
par qui ni dans quel sens la loi est faite.

Nous serons peut-être bien forcés d’en finir
par là.

UN ÉLECTEUR.

AUTOUR DE LA RAMPE

ÉCHOS FANTAISISTES OU MONDE DRAMATIQUE

L’horizon des premières s’éclaircit.

Dans quelques jours, les théâtres ayant à peu près
tous renouvelé leur affiche et devant fermer leurs
portes prochainement, daigneront nous laisser un peu
tranquilles. Alors nous aurons peut-être la première du
printemps, qui se fait pas mal attendre.

Quoi qu’il arrive; et quelque temps qu’il fasse, il
parait que les directeurs sont inflexibles Fin mai, pas
plus tard, ils déposeront les clefs de leurs salles sous
les paillassons de leurs esbinets et s’en iront goûter
les douceurs de la villégiature, dont l’Exposition les a
privés depuis dix-huit mois. En vain cherche-t-on à
leur persuader qu’ils pourraient aisément se faire illu-
sion avec les décors du magasin, qu’en posant alter-

LIVRES

Théâtre complet d’Auguste Aacqncrie.

Calmann-Lévy, éditeur.

La librairie Lévy vient d’entreprendre la publica-
tion du Théâtre complet d’Auguste Vacquerie.

Le premier volume a paru.

Il contient deux des œuvres les plus controver-
sées du vaillant auteur, qu’on pourrait appeler un
poète de combat, si l’expression n’avait été à jamais
salie par les gens que vous savez.

Nous venons de relire Tragaldabas et les Funé-
railles de l'honneur. Ce sont les deux œuvres dont
nous parlons. Et nous sommes encore sousle coup
de la très profonde et très sincère impression que
cette lecture nous a laissée.

Dans Tragaldabas, quel vers vibrant, ciselé, pit-
toresque ! Quelle fantaisie puissante et personnelle !

Dans les Funérailles de l'honneur, quel grand
souffle de drame 1 Quelle hauteur d’émotion !

La reprise de Tragaldabas serait une des intelli-
gentes curiosités de ce temps et aussi une des plus
habiles affaires que pût tenter un directeur à l’heu-
reuse audace.

Le succès ne fait pas doute pour moi.

Dans les deux pièces qui ouvrent la série, Au-
guste Vacquerie fait, sous des formes diverses,
œuvre d’artiste.

Le second volume nous donnera : Souvent homme
varie, Jean Baudry et le Fils.

Il sera intéressant alors de comparer cette partie
si différente de son répertoire, où domine la philo-
sophie sociale.

Dès à présent tous ceux qui ont souci des lettres
françaises voudront faire, dans leur bibliothèque
une place d’honneur à cette édition définitive du
Tnéâtre de Vacquerie.

— Je ne relie que ceux que je relis, disait un
jour Villemain.

Vacquerie a droit au double honneur.

Pierro Véron.

CHRONIQUE DU JOUE

Du temps que le vice-roi d’Egypte ne s’appelait que
vice-roi en français, ses affaires allaient toutes seules,
ainsi quo les nôtres, en ce qu’elles ont de commun avec
icelles.

It vivait silencieux sur un coussin du harem , et fu-
mait sa longue pipe aussi tranquillement que les pachas
de ferblanc qui servaient autrefois d’enseignes aux
marchands de tabac.

Mais, à partir du jour fatal où il a pris le titre de khé-
dive, pour se donner du chic, on n’a plus entendu par-
ler que de lui. Il «et devenu inquiet, remuant, surtout
besoigneux. Dans sa fatuité musulmane, il s’est cru le
droit’de vider les tirelires françaises pour emplir son
escarcelle.

Et puis, on lui a donné un conseil judiciaire comme
à un jeune prodigue ; et puis il l’a mis à la porte.

nativement des toiles de fond représentant la mer, une
forêt ombreuse, un site alpestre, ils auraient le môme
agrément, avec moins de fraîcheur, mais aussi avec
moins de frais. Rien n’y fait, et je vois qu’il sera diffi-
cile, cet été, de parcourir un coin quelconque de l’uni-
vers, sans y rencontrer un directeur respirant l’air pur
à pleins poumons.

On sait que le Théâtre-Français lui-même doit fer-
mer. La noble compagnie ayant constaté que la salle
avait besoin de réparations, qu’au lieu d’augmenter le
prix des places il était plus adroit d’en augmenter le
nombre, et que les trépignements d’enthousiasme pro-
voqués par RuyBlas pouvaient bien avoir endommagé le
bâtiment, la compagnie des sociétaires, dis-je, s’est dé-
cidée à profiter de la belle saison pour se faire réparer
de fond en comble. Et comme ces messieurs et mes-
dames ont horreur du temps perdu, ils ont décidé par
la môme occasion qu’ils iraient en corps donner des re-
présentations à Londres. Les Anglais sont, dit-0D, très
contents.

Voilà donc votre première troupe qui va courir le
risque d’une traversée en mer. Tout me porte à croire
qu’il ne lui arrivera aucun accident, et que, l’hiver
venu, nous la retrouverons en bon état ; mais je frémis
à l’idée des souffrances passagères que pourront endu-
rer nos si charmantes et si poétiques actrices. Ah 1 si
dans son voyage, dona î3ol doit plus souvent regarder
la mer où sont les poissons que le ciel où sont les
étoiles, que, du moins, le monde entier l’ignore, et
que l’Océan garde consciencieusement le secret. 11 y a

Voilà pourtant à quels écarts peut entraîner la manie
des vains titres.

Alors, qu’on nous rende le vice-roi d’autrefois, et
surtout qu’on nous rende notre argent.

Du reste, le sultan a parlé.

Il a menacé mon dit khédive de le dégommer comme
un simple substitut du 16 Mai. Il a même dit qu’il le
« déposerait .. » ce qui est une expression plus ou
moins ragoûtante, suivant le sens dans lequel on la
prend et les sous-entendus qu’on y rattache.

Si bien qu’après avoir été régalés de mouvements
préfectoraux et sous-préfectoraux dans les papiers pu-
blics, nous sommes appelés à lire, un de ces jours,
quelque chose de moins banal, de tout à fait rare et
d’absolument piquant qui s’appelerait... le mouvement
khèdival.

« Sa Hautesse, par la grâce d’Allah et la bonne vo-
lonté de... etc ,

» Décrète :

» Halim-Pacha est nommé khédive d’Egypte en
remplacement d’Ismaïl, son neveu, appelé à d’autres
fonctions.

» MM. de Blignières et Wilson, ministres, sont char-
gés de l’exécution du présent hatt impérial.

» Fait à., le. 1296 de l’égire. »

Notez qu’on a vu plus fort que cela, dans le siècle
convulsif où nous sommes.

Le Charivari parle ci-dessus des modifications qu’on
va apporter au nom de certaines rues de Paris.

Une réflexion à côté :

Je supplie qu’on fasse bien attention à une chose,
c’est qu’une rue de moyenne importance, et qui
dans le principe suffit à illustrer un héros de moyenne
gloire, peut être prolongée !... Alors on arrive à de*
apothéoses démesurése.

Ainsi Réaumur est un physicien estimable. Mais il
n’est connu que par un thermomètre aujourd’hui inu-
sité. Or, la petite rue qui porte son nom est destinée,
d’après les projeis officiels, a être allongée de deux ki-
lomètres! Jugez du ridicule.

Il en est de même de la rue de Rivoli.

Certes, la bataille de Rivoli fait assez honneur aux
armées du Directoire pour qu’elle soit mentionnée sur
le plan de Paris. Mais la voie triomphale qui en con-
sacre le souvenir n’est pas en proportion avec les ré-
sultats historiques qui en ont découlé.

Après tout la France n’a pas été sauvée à Rivoli ;
il est probable aussi que sans M. Réaumur elle saurait
distinguer le chaud du froid.

Pendant que la commission du budget travaille à
ménager de son mieux nos petits sous, il peut être
instructif de jeter un regard sur quelques vieux chiffres
des finances françaises.

Ainsi l’Assemblée des notables qui précéda les Etats-
généraux de 89, reçut, des mioistres de Louis XVI la
confidence de ce gâchis budgétaire de Tannée 1786 :
Dépenses. 590,284,396 livres

Recettes. 474,948,229 »

Déficit. 115,306,166 »

Et notez que la maison du roy absorbait annuelle-
ment la bagatelle de trente-sept millions 1
Eu observant les proportions, c’est comme si. au-
jourd’hui, nous subissions un déficit de 575,000,000 fr.
sur chaque exercice, et que M. Grévy en réclamât en-
core cent cinquante-cinq pour faire bouillir la marmite
de l’Elysée 1

Albert de Lasalle.

Le gérant : Altaroche*

Paris. — imprimerie J. Voisvjnel, 24, rue Chauchat.

des cœurs tellement haut placés que leurs faiblesses
rejaillissent sur toute une époque.

Quant à M110 Croizette, on affirme qu’elle s’est déjà
précautionnée d’un collier de bouchons pour être sûre
de surnager en cas de naufrage.

MUo Croizette a pourtant joué : la Précaution inutile.

Si les pièces nouvelles manquent un peu, en revan -
che les exhibitions de toute sorte commencent à mon-
trer le bout de leur nez et à s’emparer de la salle déjà
vide. Ainsi, voilà qu’on annonce la réouverture de
la Gaîté. Cette fois, ce n’est pour y jouer ni le drame, ni
l’opérette, ni la féerie, mais bien pour y montrer une
toile qui, en se déroulant par un système ingénieux,
reproduit dans ses moindres détails notre Exposition
universelle de Tannée dernière.

Comme il y a toujours des gens qui ne comprennent
pas, on a prié notre aimable confrère Charles Monselet
de faire le boniment et de donner quelques mots d’ex-
plication aux personnes de la société. Il paraît, eu
reste, que l’illusion est complète, et que, à l’aspect de
cette toile immense, on se croira immédiatement ra-
jeuni de huit mois. Ce spectacle sera très suivi par
les femmes.

L’illusion est même tellement complète qu’il suffit
de regarder le panorama de M. Robecchi pour qu’immé-
 
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