Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 53.1884

DOI Heft:
Mars
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.23868#0240
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE CHARIVARI

grave pour qu’un acte de complaisance soit consi-
déré comme un engagement sérieux ;

» 8° Une femme, fille ou veuve, ayant voyagé dans
un compartiment en tête-à-tête avec un monsieur,
si le voyage n’a pas dépassé six kilomètres et a eu
lieu de jour, verra sa demande de réparation re-
poussée par les tribunaux.

» Mais si cette femme, fille ou veuve et quel que
soit son âge, s’est trouvée seule, la nuit, en con-
tact avec le susdit monsieur, les flambeaux de l’hy-
ménée s’allumeront pour ne jamais s’éteindre.

» 9° Le divorce sera prononcé de plein droit à la
mort de l’un des deux époux... à moins que le sur-
vivant ne s’engage à rejoindre le défunt dans le
plus bref délai.

» 10° et dernier paragraphe. — Enfin, et pour
donner toutes facilités aux époux impatients du
joug conjugal, pourront divorcer ceux et celles que
le hasard aura mis un instant en présence dans une
maison trop fortement numérotée, si toutefois il n’y
a pas eu promesse de mariage au début. »

Avec ces sages prescriptions, si le3 gens mal ma-
riés n’arrivent point à rompre leurs chaînes, ce
sera leur faute ; c’est qu’ils le voudront bien, et le
Sénat ne pourra être accusé de n’avoir pas donné à
la loi toute l’étendue dont elle est matériellement et
moralement susceptible.

Louis Leroy.

AVIS IMPORTANT

Sur la demande de nombreux abonnés, nous
venons de faire tirer une nouvelle série de nos
MENUS CHARIVABIQUES, le grand succès
du jour, la gaieté des dîners de la saison.

(Jette série de VINGT DESSINS DE
GftÈVIN est tirée avec luxe sur carton teinté
et doré. D’un côté, le croquis avec légende et la
place pour le nom du convive ; de l’autre, la
place pour écrire le menu.

Nous livrerons ces menus aux abonnés et lec-
teurs du Charivari à un prix exceptionnellement ré-
duit de moitié sur le prix du commerce, soit :

LA SÉRIE DE VINGT DESSINS, 5 fr.
dans une boîte élégante.

La même, FINEMENT COLORIÉE. 6 fr.

[Ajouter, pour le port, SO centimes par boîte).

FLEUR DE CASSIS, Propriété exclusive de
la pins naturelle des liqueurs ROUVIÈRE FILS.—Dijon

CHRONIQUE DU JOUR

Quand un journal sérieux se risque à une plaisanterie,
généralement elle est excellente et irrésistible sous la
plume du rédacteur, car il ne voudrait pas à moins sor-
tir du ton qu’il s’est imposé.

Nous lisions donc ceci, l’autre matin, dans les colon-
nes d’un de nos plus graves confrères :

« Le ministre de l’intérieur ne recevra pas demain
mardi gras, mais il recevra les mardis gras suivants. »
k Ne croyez pas à une misérable faute d’impression.

Non, il y a là, sous la forme de l’antiphrase, un trait
d’ironie qui mérite d’être relevé.

Donner rendez-vous à un ministre d’un mardi gras à
l'autre, c’est rappeler très spirituellement la mobilité
des ministères en notre capricieux pays de France.

A propos de mardi gras, savez-vous une des con-
séquences de l’abus qui est fait du cor de chasse, dans
les rues de Paris, pendant loute cette journée de pré-
tendues réjouissances ?

C’est de faire monter les rats dans les maisons.

A ces sons stridents, et, d’ailleurs inaccoutumés, le
rat est pris d’épouvante ; et ne sachant plus où se ca-
cher, il sort de sa demeure habituelle qui est la cave
ou l’égout.

Ce n’est pas qu’il se rende un compte exact de ce qui
se passe. D’autre part, il est naturellement modeste et
n’a jamais élevé son ambition jusqu’à être chassé en
musique comme un chevreuil.

Mais ils sont hantés par le cauchemar que leu* *- peau
doit leur survivre sous la forme d’un gant de Suède.
Cela se voit de reste à cette pusillanimité qui préside à
toutes leurs actions et manières de se conduire dans la
vie.

Attendez le prochain jour de cor de chasse (qui sera
la mi-carême) et dressez vos pièges du troisième au
sixième étage de votre maison.

Nous partageons la tristesse du Rappel au sujet d’un
marché d’esclaves que, par information, il vient de dé-
couvrir aux portes de l’Europe, à Tanger.

Et la marchandise y est à vil prix, ce qui est un sur-
croît de honte.

Voici les derniers cours, d’après la cote :

Une négresse (25 ans). 210 fr.

— — (17 ans). 195 »

— — 19 ans). 190 »

— — fil ans). 180 »

— — (35 ans). 175 »

Soit, ensemble, les cinq objets pour la somme de 950
francs, qui n’est pas au-dessus de la portée des bourses
moyennes.

Il est probable que les malheureuses négresses de
Tanger viennent de l’intérieur de l’Afrique. Dans ces
contrées se trouvent, en effet, des monarques tellement
absolus, ou si peu constitutionnels, qu’ils ont le droit (1)
de trafiquer en gros de leurs sujets.

Au cas où ils voudraient acquérir un degré de sauva-
gerie de plus, ils n’auraient qu’une chose a faire : en-
voyer lesdits sujets non pas comme bêtes de somme
aux Marocains, mais comme animaux de boucherie aux
anthropophages de l’Océanie.

Vous avez dû le remarquer, parce que le cas s’en est
présenté fréquemment dans ces derniers temps : cha-
que fois qu’il y a une élection à l’Académie française,
on s’empresse de publier et le numéro du fauteuil, et
la liste de Ceux qui l’ont occupé depuis 1634.

Je ne sais encore ce qu’il en est pour l’Académie
française, mais je puis vous dire que, chez sa voisine,
l’Académie des beaux-arts, il existe un fauteuil privi-
légié qu’on pourrait appeler « le fauteuil de longue
vie ».

Il porte le numéro 3 delà section de musique.

Depuis 1795 (date du décret de la Convention qui
créait l’Institut), il n’a eu que trois titulaires :

Gossec, mort à quatre-vingt-seize ans ;

Auber, à quatre-vingt-dix.

Et (actuellement) M. Victor Massé, qui, bien que
malade, n’en a pas moins en lui des forces extraordi-
naires pour résister à ses souffrances.

On voudrait, n’est-ce pas? que l’auteur de Galathêe
et des Noces de Jeannette fût pénétré d’une idée conso-
lante, et qu’il admît, puisqu’elle est prouvée, l’influence
heureuse de son fauteuil numéro 3.

Ce Gossec, dont un hasard de plume in’a fait écrire le
nom, est bien oublié aujourd’hui.

Il n’en a pas moins été un des compositeurs le plus
en vue de la périodo révolutionnaire, et alors qu’édifié
sans doute par les effets de la Marseillaise le gouver-
nement se montrait si passionné dilettante.

Mais ce que Gossec a encore fait de plus remarqua-
ble en ce monde, c’a été d’y vivre quatre-vingt-seize
ans.

Il était né en 1733, année du premier opéra de Ra-
meau, et il est mort en 1829, année du dernier opéra de
Rossini.

C’est le Mathusalem des musiciens I

Gustave Nadaud, le chansonnier bien connu, vient
d’adresser à l’administration de l’Exposiiion de Nice, à
titre gracieux, le volume de ses chansons illustrées,
exemplaire numéroté sur papier duJapon, d’une valeur
de 300 fr., pour être donné comme lot de la loterie de
Nice.

Bon nombre d’exposants ont aussi offert gracieuse-
ment à l’administration de l’Exposition des lois qui
viendront en augmentation des 1,200,000 fr. de lots de
la loterie de l’Exposition.

Nos astronomes se plaignent de l’Observatoire, qu’ils
n’avaient peut-être jamais regardé, avant ces derniers
temps, leurs yeux étant occupés ailleurs.

Ei ils demandent à déménager, parce que, disent-ils,
là où ils sont, la brume vient trop souvent gêner leurs
expériences.

La brume ? Ne dirait-on pas que le chef-lieu du dé-
partement de la Seine s’appelle Londres ?

Non, ce qui nuit à la limpidité de l’atmosphère pa-
risienne, ce n’est pas le brouillard, mais les vapeurs qui
s’échappent à la fois de cinq cent mille cuisines.

Et décidément nous ne pouvons nous résoudre à
éteindre nos fourneaux et à ne manger que des plats
froids, par amour delà science.

D’autre part, on conçoit l’ennui d’un astronome s’il
lui arrive de contempler Vénus la radieuse au travers
des fumées d'une soupe au choux.

Au fond l’affaire est arrangeable, mais toujours par la
vieille méthode française, qui consiste à dépenser des
millions.

Oh I la mémoire des noms propres ! Mémoire spéciale
que tout le monde ne peut se vanter de posséder...

Deux amis de collège se rencontrent après s’être per-
dus de vue un assez long temps et se demandent des
nouvelles de leurs anciens condisciples :

— X..., qu’est-il devenu?

— Tu sais qu’il était entré à Saint-Cyr. Il vient
de passer chef d’escadron... C’est un joli avancement.

— Joli, si on veut... Ça ne vaut pas celui de Chose...

— Chose ?

— Oui, Machin... ce capitaine?... Tu sais bien ?

— Mais non.

— Si... Au siège de Toulon, en 93... Et depuis il
commanda de grandes armées... Ah ! aide-moi donc.

— Comment?... Tu veux dire Bonap-?

— C’est cela, Bonaparte ! un nommé Bonaparte...
Voilà ce que j’appelle un avancement !

Albert de Lasalle.

NOTES ET PENSÉES

Une femme qui, livrée à elle-même, s’arrêterait
peut-être à temps avant de commettre une faute,
est perdue si elle se croit assez sûre d’une autre
femme pour oser lui confier ses hésitations.

#

# #

Empruntons, pour une fois, un proverbe aux Al-
lemands, qui nous ont pris tant de choses :

PAH1S- TABLETTES

[VOIES D’UN BOULEVAUUIEll

Feu Lurine avait jadis écrit un volume sous ce titre
alléchant : Ici Von aime.

La semaine écoulée pourrait prendre pour enseigne
— moins alléchante, par exemple — ces mots : Ici l'on
meurt.

Quelle dégringolade !

Le même jour deux généraux et un artiste de mé-
rite.

Sans compter que des nécrologues, qui trouvaient que
la Camarde ne leur avait pas encore fait assez bonne
mesure, ajoutaient à la liste des décédés ce pauvre M.
Gaudin, encore très vivant.

Des deux généraux défunts le premier était le doyen
de l’armée française.

A seize ans il était décoré. Une croix qui datait d’Aus-
terlitz 1

C’était le Chevreul de l’uniforme.

Lorsque d’aimables gredins dévalisèrent le général
Schramm, il y a deux ans, il supporta ce rude coup
avec un stoïcisme rare.

C’était un homme d’une énergie inébranlable et
d’une simplicité charmante.

Ses souvenirs avaient gardé toute leur présence

d’esprit. Seulement ils avaient un peu perdu le senti-'
ment des distances.

Il vous disait, par exemple, en parlant d’un fait qui
remontait à 1838 :

— Il y a quelque temps, comme je causais avec le duc
d’Orléans...

Si le général Schramm a atteint cette invraisembla-
ble vieillesse, c’est parce que la mort n’a pas voulu de lui.

Il s’était offert à elle avec une témérité qui lui valut
de nombreuses blessures.

Il y faisait parfois cette gaie allusion :

— Si je suis devenu si vieux, c’est que dans ma
jeunesse j’avais l’habitude de me faire saigner sou-
vent.

Saluons une dernière fois le nom de ce contempo-
rain des grandes guerres — et des grandes victoires.

# #

Le général deWimpfen fut, hélas ! surtout connu par
la part d’injuste responsabilité que le sort lui assigna
dans une grande défaite.

Il avait de brillants états de services. Un fatal hasard
voulut qu’il arrivât d’Afriquo pour signer par ordre la
capitulation de Sedan.

Sa mémoire restera donc attachée au souvenir de
notre plus terrible désastre. Sic vos non vobis !

L’histoire a de ces iniquités qfintre lesquelles aucun
raisonnement ne prévaut.

Au nom de Wimpfen l’écho répondra toujours : Sedan.
Et cependant il fit son devoir tout entier, le soldat qui
voulait lutter jusqu’à la dernière heure.

Il avait d’aillears conservé une ardeur patriotique qui
dédaignait ces amertumes personnelles.

Il pensait à l’avenir de la France pour oublier les
douleurs de son propre passé.

Cet avenir, il ne devait pas le voir.

Jusqu’au bout, la destinée aura été cruelle pour lui 1

#

* #

Je ne veux pourtant pas avoir l’air d’écrire le Moni-
teur du Père-Lachaise.

Je ne peux donc faire large place au peintre Ulmann.
Il fut prix de Rome ; il resta prix de Rome. Son origi-
nalité ne parvint pas à se dégager. II savait, il ne trouva
pas.

C’est tout ce qu’on en peut dire.

Puis j’ai hâte de regarder du côté de la vie.

A propos, voilà un glorieux et cher anniversaire :
Victor Hugo est entré majestueusement dans sa qua-
tre-vingt-troisième année.

On l’a fêté comme on le fête toujours. On a admiré sa
verte vieillesse. On s’est réjoui des longs jours que cette
vigueur souriante lui promet.

Maître aimé, vous n’avez pas le droit d’ètre malade.
Maître aimé, veillez Sur vos jours précieux.

Car il nous le faut, le grand poète, pour la grande
date.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen