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Le charivari — 53.1884

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Novembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.23868#1207
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CINQUANTE-TROISIEME ANNEE.

Prix du Numéro s 25 centimes

SAMEDI 1- NOVEMBRE 1884

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PARIS

Trois mois. 18 fr.

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Les abonnements partent des et 1 s de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef.

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DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

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L’abonnement d un an donne droit à la g rime graii1'

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef-

ANNONCBS

ADOLPHE EWIG, fermier de la pubuk®;;
Rue Joqueîet, 14

LE CHARIVARI

Les ateliers étant fermés aujourd'hui, jour de la
Toussaint, le Charivari ne paraîtra pas demain
dimanche.

BULLETIN POLITIQUE

M. Raoul Duval est ud fantaisiste en politique, et
il se pourrait bien que son ambition fût, de former
un groupe a lui tout seul.

C’est ce qui semble résulter de l’attitude qu’il est
en train de se donner.

On se rappelle que récemment il a pris part à un
banquet électoral dont le héros était M. de Broglie.
Car M. de Broglie fait partie de la tranche sénato-
riale soumise à un prochain renouvellement de
pouvoirs.

La presse républicaine n’avait pas disssimulé
l’étonnement que lui causait cette intervention gas-
tronomique de M. Duval. Pour faire cesser cet
étonnement, l’incriminé a pris la plume et écrit une
lettre dont tous les journaux s’occupent.

Il nous semble qu’il aura plutôt accru la stupé-
faction générale, car ses arguments sont encore
plus incompréhensibles que ne l’étaient ces agapes
à la gamelle.

M. Raoul Duval affirme qu’il est républicain, et
pour affermir la République, il ne voit pas de
moyen meilleur que de renvoyer au Sénat les gens
qui veulent notoirement la renverser.

Mais attendez la fin. Le député de l’Eure ne se
pique pas d’être un homme politique ; il se pique
d’être un dilettante. Le Sénat, pour lui, n’est qu’une
variété d’Opéra : l’Opéra oratoire. Il estime, en con-
séquence, que la place de certains virtuoses y est
toujours marquée.

Ce n’est doue pas parce qu’il approuve la politi-
que du 16 Mai qu’il patronne M. de Broglie. Il ne le
recommande que comme ténor.

Ceux qui ont entendu chanter — je veux dire par-
ler — cet homme, à la voix aussi pointue que le
caractère, sont loin de partager l’enthousiasme de
son apologiste.

Ils ne voient qu’une médiocrité où M. Duval feint
de voir une supériorité. La prétention ne fait pas le
talent.

M. de Broglie, plus qu’ordinaire au point de vue
de la parole, a prouvé eu outre qu’il est pitoyable
dans l’action. Son fiasco a été sinistre. Jamais en-
trepreneur de coup d’Etat ne resta aussi pomme-
cuité.

Mais, à supposer que M. de Broglie fût un homme
de génie, — pardon de l’hypothèse invraisembla-
ble ! — il y aurait encore déraison à le faire rentrer
dans une Assemblée où il ne pourrait exercer
qu’une influence néfaste.

Et même, comme cette influence serait d’autant

plus grande que la valeur serait plus incontestable, j
ce génie deviendrait un vice rédhibitoire.

On ne nomme pas plus les sénateurs que les dé-
putés pour le vain plaisir de savourer des morceaux j
de rhétorique plus ou moins harmonieux. On les j
nomme pour qu’ils fassent les affaires du pays.

M. de Broglie ne cherche à être élu que pour dé-
molir, que pour intriguer, que pour conspirer.

M. Raoul Duval a donc tort a tout ie3 points de
vue avec son Prenez mon ours !

Un ours qui ne pense qu'à étouffer la démocratie
dans ses griffes.

Oq a conté souvent l’histoire de l’anthropophage
qui adorait tellement un bon missionnaire qu’il
finit par le manger. Est-ce que, par hasard, M. Raoul
Duval aimerait tellement là République, que son
plus grand bonheur serait, non pas de la manger,
mais de la voir manger par un autre ?

if

M. Spuller pronorçait. l’autre jour, le discours de
rigueur en s’installant comme président de Y Union j
républicaine (grand U).

Dans ce discours plein d’intentions excellentes, il
s’est glissé une phrase bien bizarre.

Celle-ci :

« Il y a beaucoup à faire, surtout pour répandre
les premières, les plus indispensables notions de
l’économie sociale et politique. »

Hum ! Si M. Spuller n’a pas d’autre remède à ap-
porter aux souffrances de la crise actuelle...

Le voyez-vous d ici parcourant villes et campa-
gnes, puis disant à l’ouvrier ou au paysan :

— Ami, tu crèves de faim... Eh bien ! prends ce
petit traité, lis-le, et deviens très fort en économie
politique et sociale : tu sauras pourquoi il faut te
résigner à crever.

Je doute que cette propagande ait le dernier mot.

j

!

Bonne naïveté.

Une dépêche de Rome dit :

« On commente beaucoup, ici, la nouvelle que le
pape a consenti la nomination de deux cardinaux
espagnols, et refusé celle des cardinaux français. »

Pas possible !

Léon XIII s’imagine candidement qu’il nous fait
de la peine en gardant ses chapelleries rouges pour
d'autres pays.

Mais les seuls punis, ce sont les archevêques qui
ambitionnaient ces couvre-chefs de nuance inso-
lite.

De telle sorte que, pour se venger des impies fran-
çais, le pape châtie l'épiscopat.

C’est gai.

Bien cocasse aussi, ce télégramme partout repro-
duit sans commentaire :

« Malgré l’absence de renseignements, la nouvelle
de la prise de Khartoum est regardee comme vraie. »

Si l’on n’a pas de renseignements, comment diable
peut-on se faire une opinion quelconque sur ce su-
jet ?

Oh ! la phraséologie télégraphique ! Quelle conti-
nuatrice des jocrissiades !

Pierre Véron.


JOSÉPHIN SOULARY

Un de nos vrais poètes.

Sera-t-il académicien? Ceci est une question
tout a fait accessoire.

Eu tout cas, sa candidature — même si elle est
retirée — l’a remis en vedette.

Profitons de l’occasion pour portraiturer une fi-
gure d’un accent si personnel.

Joséphin Soulary est né en 1815, ce qui n’a pas
empêché un confrère peu renseigné d’écrire hier :

« M. Soulary est jeune. Il a le temps d’attendre.»

Le confrère ignorait sans doute cette fin d’un an-
cien couplet :

A soixante ans, il ne faut pas remettre
L’instant heureux qui promet un plaisir.

A soixante-neuf, encore moins. Et devrait-on faire
antichambre, quand on a écrit les admirables
sonnets que vous savez... par cœur?

L’aspect du poète est à la lois mélancolique et
doux.

Uu grand front qu’encadrent des cheveux gris
d’une coupe indépendante.

Ou voit que Soulary appartient à une généra-
tion où la consigne, pour les lions de la rime, était
de porter longue crinière.

Aucune préoccupation de pose cependant. Simple
habitude ici.

Le nez est droit, surmontant une bouche aux lè-
vres fines.

Le menton, très en relief, accentue, souligne,
pour ainsi dire, la physionomie.

L’œil, enfoncé assez profondément sous l’arcade
sourcilière, est d’expression rêveuse et semble plus
souvent regarder en dedans qu’en dehors. Je l’ai
constaté : la dominante de l’ensemble est la mé-
lancolie.

Sensation peut-être accrue par un teint d’une
matité un peu jaune.

La tenue générale dit tout de suite la simplicité
vraie et la modestie sincère de l’écrivain.

Il a des timidités qui n’ont rien de parisien ni de
boulevardier, celui-là. Dans les tumultes de la
grand’viile, il a l’air de se sentir perdu.

L’idée d'être forcé de venir à Paris souvent, s’il
était élu académicien, l’avait même longtemps em-
pêché de poser sa candidature.

La parole est douce, pleine de réserve, mais non
sans acuité.

Elle ne prodigue pas les traits, mais elle frappe
juste.

Quand on a causé une demi-heure avec Soulary,
on connaît l’homme. On le sait étranger aux char-
latanismes, ennemi des mises en scène, indifférent
aux coteries.

A Lyon, qu’il habite, il s’est perché tout là-haut,
là-haut sur le coteau, dans un nid <doù il domine les
plaines et découvre la chaîne des Alpes.

Vous pensez si, avec ces accoutumances, il est
dérouté par le grouiiiis du carrefour des Ecrasés !...

Après avoir fourni une longue carrière dans la
bureaucratie, — il était chef de bureau à la préfec-
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