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Le charivari — 53.1884

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https://doi.org/10.11588/diglit.23868#0364
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LE CHARIVARI

Nous n’avons que ce que nous méritons. D’ac-
cord.

Mais à condition qu’on en dira parfois autant pour
celles qui font si aisément la vertu buissonnière.

Dans tous les cas, le droit de se faire justice soi-
même n’est que de la sauvagerie.

Et le Code nous vole s’il ne nous protège pas.

Il nous répond de la sécurité publique. En
échange, nous payons sur le budget tout un per-
sonnel préservateur.

Et ensuite, on nous dirait :

— Tant pis pour vous I

Qu’on nous avertisse alors !

Que la loi ait la franchise de donner sa démis-
sion.

Qu’on affiche au coin des rues cet avis :

« Désormais en France, la vendetta est libre. Cha-
cun pour soi et la violence pour tous. »

On sera prévenu. On pourra se mettre sur ses
gardes.

On sortira armé jusqu’au dents :

Les rues seront des champs de bataille en per-
manence.

Délicieux avenir 1

Il vaudrait mieux, en tout cas, que l’état mixte
dans lequel nous fait vivre l’inexécution du contrat
social.

Pour laisser les gros mots, je conclus ainsi :

Les jeux de l’amour et du hasard sont comme
tous les jeux. On y perd et on y gagne.

Ne jouez pas, si vous ne voulez pas courir les
chances inévitables de Y aléa.

En ce qui concerne particulièrement l’affaire qui
pourrait s’intituler : la Misanthrope et l'Auvergnat,
j’estime que la leçon portera ses fruits.

Si l’on semettait à tuer tous les Français infi-
dèles, ça ferait trop bien l’affaire de M. de Bismarck.

SOPIiOS.

AYIS IMPORTANT

Sur la demande de nombreux abonnés, nous
venons de faire tirer une nouvelle série de nos
MENUS CHARIVABIQUES, le grand succès
du jour, la gaieté des dîners de la saison.

Cette série de VINGT DESSINS DE
GftÉVIN est tirée avec luxe sur carton teinté
et doré. D’un côté, le croquis avec légende et la
place pour le nom du convive ; de l’autre, la
place pour écrire le menu.

Nous livrerons ces menus aux abonnés et lec-
teurs du Charivari à un prix exceptionnellement ré-
duit de moitié sur le prix du commerce, soit :

LA SÈBIE DE VINGT DESSINS, 5 fr.
dans une boîte élégante.

La même, FINEMENT COLORIÉE. 6 fr.

[Ajouter, pour le port, 30 centimes par boîte.)

Afiÿ'USC ORCC1C Décoration dn Nicham pour ses Produits.

Iuntmt UAOOIO FONTBONNE,àDIJON

SCÂLÂ, 13, Boulevard de Strasbourg

Tous tes Soirs, CO JVCE RT et OPERETTE

CHRONIQUE DU JOUR

Grande querelle entre grammaticiens et géographes.

Il s’agit de fixer définitivement la prononciation de
certaius noms propres.

Doit-on se conformer aux règles étymologiques ou
adopter servilement les usages locaux?

Au risque de faire bondir le lecteur par une expres-
sion prudhommesque, je dirai que poser la question
c’est la résoudre.

Les abonnés du Charivari se moqueraient de moi si
j’insistais pour leur recommander de dire Ville-d’Avray,
Mont-réjeau, Boulogne, et non pas Ville-d’Avré, Mon-
tréjeau, Boulonne.

Autant vaudrait leur envoyer en prime une de ces
cartes grammaticales que les instituteurs affichent dans
les écoles primaires des quartiers excentriques et sur
lesquelles on lit :

Ne dites pas :

Dernier adieu, mais denier à Dieu.

Urmoire, mais armoire.

Casterole, mais casserole.

Etc., etc.

Par la mort deMignet, Victor Hugo est devenu un des
doyens de l’Académie, dont il fait partie depuis 1841.

Quelqu’un soutenait que les immortels auraient dû
faire plier leur règlement et accueillir dès l’âge de vingt
ans l’enfant prodige.

— C’esi vingt ans d’institut qu’on lui a fait perdre.

— Soyez tranquille, répondit Pailleron, faisant allu-
sion à la verte vieillesse de l’illustre poète, il est homme
à les rattraper.

Le tchock n’a pas encore pénétré au Sénat.

A preuve cette phrase échappée à M. Lafond de
Saint-Mur, à propos des diamants de la couronne :

« J'éprouve un sentiment pénible en songeant que
quelques-uns de ces joyaux iront parer des hétaïres... »

Hétaïres est joli.

Pourquoi, d’ailleurs, affecter une si grande suscepti-
bilité pour la défunte dignité royale?

Louis XV la rabaissait bien davantage en forçant ses
filles à faire publiquement risette à la Dubarryj

C’est beau, l’arithmétique cléricale 1

M. le curé de Courcbamps (Maine-et-Loire) distribue
aux enfants de la commune une brochure qui contient
le passage suivant :

« Sous Louis XVI, les impôts s’élevaient, à la somme
de sept cents millions, et aujourd’hui, nous, les contri-
buables, nous payons quatre milliards — cinq cent
soixante-dix fois plus ! »

Voilà un comptable tout trouvé pour M. Freppel.

En attendant, si les paroissiens ne veulent pas payer
les centimes pour des francs, ils feront bien de vérifier
minutieusement les factures d’enterrement de leur
curé.

Encore un vide à la Comédie-Française.

Mme Ediie Riquier prend sa retraite.

Cette comédienne de bon ton savait se rendre utile
sans faire grand tapage.

Combien d’édiles en ce monde ne peuvent pas en dire
autant !

Dangers de l’éloquence.

Dans une affaire d’assassinat un avocat a prononcé
un plaidoyer qui a produit sur le jury une impression
telle qu’un de ses membres est tombé foudroyé.

Sauver la vie d’un redoutable criminel au prix de
celle d’un brave homme do juré, c’est cher.

Bah 1 ce n’est peut-être qu’une léthargie.

On aura désormais mauvaise grâce à nier la misère
lamentable du parti napoléonien.

Les aigles eux-mêmes désertent l’empire des airs,
en quête d’un peu de nourriture.

L’un d’eux a été tué en plein bois de Boulogne et
l’autopsie a démontré qu’il avait subi des jeûnes ex-
trêmement rigoureux.

Pauvre César déclassé 1

Gayarré est définitivement en route pour l’immorta-
lité.

La semaine gastronomique fait figurer en tête d’un
de ses menus le filet de sole Gayarré.

Il eût peut-être été plus logique de choisir le merlan-
chanteur, dont parlait l’autre jour le Gaulois.

Enfin, va pour le filet de sole Gayarré...

Mais j’aime mieux son filet de voix.

(Service particulier du Charivari.)

Campi s’est décidé à faire connaître son identité. Voi-
ci ses dernières conditions :

Amnistie pleine et entière ; un titre de cinq mille
francs de rente sur l’Etat et une invitation au prochain
bal de l’Elysée.

M. Grévy a demandé à réfléchir.

Après la mort de son oncle, Saint-Alphonse a long-
temps fait claquer son fouet, grâce aux libéralités de
la veuve, femme ardente, mais capricieuse.

Il vit aujourd’hui très retiré dans une modeste villa,
à Asnières.

— J’ai planté là ma tente, disait-il mélancoliquement
à Taupin.

— Hum ! répondit Taupin, n’est-ce pas plutôt ta
tante qui t'a planté là ?

M. Thiers, qui n’était pourtant pas sentimental, se
montrait très touché de l’affection sans bornes que lui
avait vouée M. Mignet.

Un soir, dans son salon de la place Saint-Georges,
M110 Dosne lisait à haute voix un recueil de pensees.

Dans le nombre, se trouva celle-ci : « Tout le monde
veut avoir des amis et personne ne veut l’être. »

— Qui a dit cela?

— Didedot.

— Diderot ne l’aurait certainement pas dit s’il avait
connu Mignet, s’écria vivement M. Thiers.

Entre tireurs à cinq,

— Vous ne pontez plus?

— Non, le banquier a une façon de battre les cartes
qui ne me convient guère,

— On nous l’a présenté comme un riche Napolitain.

— Raison de plus 1 C’est peut-être un Ischiamoteur !

Léon Audibert.

Le gérant, Altarochb.

UNE ARME A DM TRANCHANTS

Le comte Childebert de La Rocheouverte ne faisait
pas à sa moitié l’injure de douter de sa conduite ; il
était parfaitement sûr que la fière Hermangarde casca-
dait à bouche que veux-tu. Elle était jeune, il était
vieux, les choses se passaient donc de la façon la plus
régulière.

Cependant cette régularité finit par chiffonner le
descendant des preux, — on se lasse de tout. Un
prospectus de la maison Poisseux lui étant tombé sous
les yeux : « Renseignements intimes. Recherches de
documents pour séparations de corps. Surveillances
quotidiennes et discrétion impénétrable », il se décida
à réclamer le ministère de l’honorable M. Poisseux pour
mettre le joli nez de sa femme dans une de ses nom-
breuses incongruités.

_Rien de plus facile, lui dit le soutien des bonnes

mœurs. A partir d’aujourd’hui Mme la comtesse sera
filée soigneusement ; et si monsieur le comte le désire,
e mettrai moi-même la main à la pâte.

— Vous m’obligerez.

— Seulement, ce sera plus cher.

— Quand il s’agit de l’honneur des La Rocheouverte,
mes nobles aïeux m’ont appris à ne ménager ni l’or ni
le sang... des autres 1

Les batteries dressées, il rentra à son hôtel où la
comtesse l'accueillit avec sa mauvaise grâce habituelle.
On eût dit qu’elle sentait une odeur de torchon Jjrûlé
rapportée par son seigneur et maître. Les femmes ont
une délicatesse d’odorat qui ne les trompe jamais. Aussi
les premiers rapports de Poisseux furent-ils d’une insi-
gnifiance fastidieuse : « Longue séance chez Worth. —
Deux babas mangés chez Guerre. — Avoir entendu le
Révérend Père Chilflrard prêcher la Passion à Sainte-
Clolilde, etc., etc. »

Childebert, mécontent de l’inanité de ces renseigne-
ments, lava la tête d’importance à son agent.

— Vous êtes d’une maladresse rare, monsieur Pois-
seux. Hier la comtesse est revenue d’un grand bal, sen-
tant le tabac à plein nez : ses cheveux, ses dentelles en
étaient imprégnés ; or, je ne sache pas qu’on fume en
dansant le cotillon. Si vous aviez eu du flair, vous au-
riez su où elle était allée après une courte apparition
rue de Varennes.

— Je puis pourtant assurer à M. le comte que rien
n’a été négligé pour pincer son épouse. Mais où il n’y
a rien le roi perd ses droits. Puisque vous ne l’ètes pas,
je ne peux pas faire que vous le soyez.

— Prétendriez-vous que je m’inquiète à tort ? Mon...
accident n’est que trop certain. Si vous ne pouvez m’en

fournir la preuve, c’est que vous ne savez pas votre mé-
tier. J’arrête donc les frais et vais m’adresser à quel-
qu’un de plus adroit.

Ges paroles amères blessèrent profondément le prati-
cien : « Ah ! tu dis que je ne connais pas mon affaire,
vieux Sganarelle ! s’écria-t-il dès que le comte fut parti.
Je vais te prouver, moi, que tu ne connais pas la
tienne! »

Il se mit à son bureau et écrivit une lettre à Mme de
La Rocheouverte dans laquelle il lui apprenait les in-
tentions perfides de son mari, — apportant à l’appui le
compte rendu de ses faits et gestes depuis le jour ou il
la filait, — lui demandant en outre de l’honorer d’une
visite pour se venger du jaloux dans le présent et se
garder à carreau pour l’avenir.

Hermangarde, connaissant mieux que personne le
côté faible de son armure, se rendit à l’agence, curieuse
des moyens à employer pour tracasser son noble époux
et caseader gentiment sans danger.

— Madame, lui dit respectueusement Poisseux, la
pureté de votre vie m’est connue.

La comtesse le regarda d’un air hautain, croyant
qu’il se moquait ; mais il était on ne peut plus sérieux.

— Malheureusement, reprit-il, la vertu est, hélas !
soupçonnée trop souvent. Ges soupçons étant un ou-
trage, je suppose qu’il vous sera agréable de punir
monsieur votre mari en le dégoûtant pour jamais de
ses manœuvres inquisitoriales ?

— Et quels moyens employer pour cela ?
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