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Le charivari — 53.1884

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https://doi.org/10.11588/diglit.23868#1084
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LE CHARIVARI

s’est, fait complice du rapt funèbre, du détourne-
ment de défunt.

A lui on a le droit, on a le devoir de demander
des comptes, salarié qu’il est par l’Etat et fonction-
naire responsable.

Ce que je ne puis arriver à comprendre, c’est le
mobile qui pousse, en pareil cas, le prêtre à s’accro-
cher à ce linceul.

Ce ne peut être la sympathie pour le trépassé qui
jusqu’au bout a dit :

— Nescio vos.

Ce ne peut pas même être le désir de sauver son
âme, si salut il y a.

Car on ne sauve pas les âmes qui sont mortes en
impénitence finale.

On ne pratique pas le tour du paradis forcé.

Mais alors quoi donc?

Le plaisir de faire figurer sur les statistiques un
enterrement religieux de plus ?

Mais chacun sait que le baron de Ponnat a été
escamoté après décès. Il n’y a donc pas de quoi
tirer honneur. Cette contrainte exercée sur sa dé-
pouille est au contraire pour écœurer et révolter,
je ne dis pas les non-croyants, mais même les dé-
vots de bonne foi.

Il ne reste donc qu’une considération valable, —
non honorable !

La question commerciale.

Le chapitre des convois est un chapitre en chiffres.
Le plus gros des revenus de l’autel est là.

Comme, un jour ou l’autre, chaque culte sera ré-
duit à n’encaisser que l’argent de ceux qui auront
consommé, le clergé s’alarme par anticipation.

Le nombre des enterrements civils croît. L’exem-
ple est contagieux.

C’est donc la ruine en perspective, — ou tout au
moins la famine.

Si les corbillards se mettent à passer devant la
porte sans s’arrêter, on va à la faillite.

Voilà pourquoi les paroisses se montrent si zélées
à seconder les familles qui veulent leur amener des
clients de force.

L’argent n’a pas de croyance. Un de plus. Béné-
fice net : tant.

Tout aboutit à un total d’addition.

Ce qui explique peut-être les complicités empres-
sées dont nous parlons, mais ce qui ne les justifie
pas.

Au contraire ! La préoccupation vénale aggrave
le cas.

Ils sont donc rentrés par la fenêtre dans le tem-
ple, les marchands que Jésus en avait chassés par
la porte?

Vous avez tort de le constater vous-mêmes et de
le constater avec tapage, scandaleusement.

Un enlèvement funèbre, avec violence, comme
dans le cas de M. de Ponnat, ne rehausse guère le
prestige du clergé en le montrant embusqué au coin
d’un bénitier pour rançonner les bières qui pas-
sent.

SOPHOS.

La meilleure moutarde est celle de A. POUPON,suc.deGrej(Dijon).

Ce que c'est que la gloire 1

Un publiciste italien adresse un « opuscule en hom-
mage » (sic) à M. Ed. Laboulaye, « premier juriscon-
sulte de la France, chez lui, Paris » (resic).

Vous croyez que cela suffit?

Ah bien, oui!

Il n’y a guère, hélas ! que Victor Ilugo qui puisse se
payer le luxe de se faire envoyer sa correspondance
« France restante ».

Les employés de M. Coehery, qui ne sont pas payés
pour connaître les grands hommes, ont tout simple-
ment complété ainsi l’adresse ci-dessus :

« Voir 144, rue Montmartre, au journal la France. »

Et voilà comme quoi, au dix-neuvième siècle, un
simple journal est plus connu que l’Institut !

CHRONIQUE DU JOUR

On va célébrer, le 12, le deuxième centenaire de Cor-
neille à Rouen, et les académiciens se disputent l’hon-
neur de le couvrir de fleurs de réthorique. Un souvenir
rétrospectif, à ce sujet :

Il y a deux siècles — hier— Corneille mourait, dai s
la nuit du 30 septembre au 1er octobre. Or, l’abbé de
Lavau était directeur do l’Académie française le 30 et
Racine fut désigné le 1er octobre.comme directeur.

Grave discussion pour savoir qui devait présider la
cérémonie funèbre. Ce fut Lavau qui l’emporta.

— C’est dommage, écrivit le lendemain Benserade, il
n’y avait que Racine qui pût prétendre à l’honneur
d’enterrer Corneille !

Les statues du parc de Versailles sont en réparation:
on a construit autour de chaque piédestal une petite
palissade en bois, où les dieux de l'Olympe passent les
derniers jours de l’été.

— Heureusement, nous disait hier Guibo’lard, qu’ils
seront tout à fait beaux et neufs a lachuie des feuilles !

Un paysage des environs de Paris-Gadoue, que nous
admirerons certainement dans un des prochains Salons
naturalistes.

La Seine au pont de Ctichy : une eau sombre où cin-
quante et une bouches d’égout viennent de déverser
280,000 métrés cubes de détritus et de boue (chiffre of-
ficiel). Au premier plan, d’infortunés habitants puisent
l’eau tiède et fétide des fontaines, tandis que sur les
i berges du fleuve noir les poissons viennent mourir as-
i phyxiés.

Ce tableau, remarquable par son exactitude, est visi-
ble tous les jours non seulement pour les conseillers
municipaux, mais pour les habitants de Clichy, que
nous plaignons de tout cœur.

On songe à démolir le couronnement équestre dont
Falguière avait doté l’Arc de triomphe. Les passants
risqueraient de recevoir sur le crâne quelque jambe de
cheval en bois pesant un nombre incalculable de kilo-
grammes.

L’exécution définitive du couronnement coûterait
cinq cent mille francs.

Belle occasion, pour l’Art décoratif, de dépenser là
une partie de son capital 1

M. Martin-Feuiliée avait demandé au pape deux cha-
peaux de cardinaux.

Le pape a refusé, nous dit une feuille cléricale, en té-
moignage de son mécontentement au sujet des atteintes
portées en France aux lois divines.

! Bien peu logique, le pape.

M. Martin Feuihée ne demandait pas les chapeaux
vermillon pour lui, ou pour ses collègues, mais pour des
évêques, qui n’en peuvent mais, si le gouvernement a
porté les atteintes en question !

On abuse vraiment des fêtes au bénéfice des victimes
du choléra.

Ballons, vélocipédistes, chanteurs ou équilibristes
organisent chaque semaine quelque petite rejouissance
dans laquelle les dépenses absorbent ou à peu près la
recette.

Les résultats n’ont jamais été brillants, du moins
pour les victimes. Dans ces conditions, le public com-
mence à être de l'avis de Gavarui :

« La charité est un plaisir dont il faut savoir se pri-
ver. »

Les gaietés de la statistique :

Paris consomme chaque année 17,896,000 kilogrammes
de beurre et 8,800,000 kilogrammes de fromage.

Quant aux œufs, la capitale se paie une omelette an-
nuelle de quarante millions de douzaines. Sans comp-
ter le reste 1

Et on veut que tout cela aille à l’égout!...

Paris a une affection particulière pour les inventions
et decouvertes,et certes, la population la plus sceptique
du monde prouve bien qu’elle est indulgente et qu’elle
a bon cœur.

Il suffit de voir la sympathie avec laquelle on suit
les efforts du « dirigeable ». (On a supprimé ballon.]

Le dirigeable est un ami, un boulevardier. Les in-
dustriels qui offrent des télescopes pour considérer la
lune et les étoiles éprouvent, grâce à lui, une reprise
d’affaires.

Sans compter les pick-pockets, qui abusent avidement
de la curiosité publique;

Et les femmes, à qui il fait tourner la tète.

Le dirigeable a du bon. Néanmoins il ne faudrait pas
aller jusqu’à l’excès.

Il paraît que les cochers abusent, en rendant la
monnaie au client, du droit de faire passer une pièce
de deux sous belge pour une pièce de cinquante cen-
times.

C’est alors le client qui marche à tarif réduit?

Ce n’est que dans un journal anglais que peut se
trouver le petit calcul suivant :

« Un homme adulte a une valeur calculée en numé-
raire de 3 800 irancs, mais sa valeur sociale s’augmente
de tout l'argent débour.-é pour son déplacement. Oa
peut voir d’ici les sacrifices d'argent que nous sommes
obligés de nous itnpo.-er pour aller au secours de Kuar-
toum. »

Times is moncy — et les hommes aussi.

Les concierges ne sont pas tenus de parler correcte-
ment.

Hier, M,n0 Cardinal lisait ainsi le journal à haute voix
dans sa loge :

« On a donné’au général B-ière de l’Isle le grand
accordéon de la Légion d’honneur! »

A la cour d’assi-es :

Le président (railleur). — D’ailleurs, accusé, vous qui
vous dites rusé, en commettant cet assassinat vous
avez ab.-olument manqué de prudence...

L'accusé. —Moi... pas prudent? J’avais fait la veille
une assurance sur la vie !

Un affreux pochard titube en remontant les pentes
de Montmartre et, malgré tous ses efforts pour rega-
gner son domicile, est entraîné sans difficulté d’un côté
tout à fait opposé.

Gavroche, qui le voit passer.

— Tiens I... le dirigeable \

En correctionnelle :

Le président. — Vous persistez à cacher votre profes-
sion, accusé?

L'accusé (tim lement). — Dame! puisqu’elle n’est
pas avouable !

André Laroche.

»

Non loin du boulevard de la Villette on peut lire, en
immenses caractères noirs sur une muraille blanche, la
singulière annonce que voici :

Au Grand Saint Laurent
Maison de chauffages en tous genres
Charbons militaires — Charbons civils

« Chauffages en tous genres » n’est déjà pas mal ;
mais « charbons civils et charbons militaires » vaut
mieux, assurément.

Pourquoi diable cette distinction subtile, demande-
rez-vous peut-être ?

Parbleu 1 c’est bien simple : les charbons militaires
doivent aller beaucoup plus facilement au feu 1

*

Ne lâchons pas les annonces sans dire quelques mots
d’un prospectus cocasse qui nous a été distribué hier,
rue de Maubeuge.

Gela se présente sous forme de carte de visite, avec
la rédaction suivante ;

EXTRACTIONS SANS AUCUNE DOULEUR

(Pour endormir 10 fr. par extractions au lieu de 20)

Le Professeur Trois-Etoiles, Insensibilisateur
Dentiste Diplômé de l'Ecole Dentaire de Paris

GIÉRIT SAKS ARRACHER LES DENTS LES PLIS CARIÉES

Vous voilà prévenus.

Si vous avez dix francs à faire endormir du plus pro-
fond sommeil, vous pouvez y aller gaiement. Votre
demi-louis ne se réveillera jamais, du moins dans votre
poche.

Quant à « guérit sans arracher les dents les plus ca-
riées », c’est un pur chef-d'œuvre, en même temps qu’un
aveu dénué d’artifice.

L’opérateur guérit sans doute les mauvaises dents en
arrachant les bonnes.

Quel homme 1 Quel dentiste 11
Mais il n’y a pas que lui!!!

#

# #

Un romancier est en train de causer, dans son cabi-
net de travail, avec un de ses collaborateurs.

On annonce un fâcheux.

— Dites-lui de repasser ce soir, répond l’écrivain à
son domestique.
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