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Le charivari — 53.1884

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Novembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.23868#1221
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220

— Je n’y vois rien sur cette toile que vous voulez exposer ici, qu’est-ce que cela représente?

— « La police réprimant une attaque nocturne. »

là a été cocher chez moi.,, et second cocher encore!
Voilà où nous en sommes aujourd’hui !
mélie. — Gré nom !... Quelle dégringolade !

Mrao qhausson. — Je vide le canif jusqu’à la lime, et
ça gratte durement !

mélie. — Aussi, on n’est pas bêtasse comme vous !
Mm0 CHAUSSON. — Vous vous oubliez, Mélie !
mélie. — J’ m’en rapporte à Lise : avoir tout tenu
dans ses pattes et tout flanqué par terre !
lise. — Sûr et certain qu’ c’est joliment godiche.

Mmo chausson. — Vous raisonnez des passions com-
me mon chat d’sa queue. Si vous aviez comme moi
épuisé la coupe des voluptés, vous ne regretteriez
qu’une chose... de ne pouvoir plus refaire de bêtises.
Avoir suivi les chasses d’un du sang et en être arrivée
à secouer les paillassons de sales locataires!... Qu’on
vienne donc nous raser après ça d’la chute des empi-
res ! Je leur en remontrerais à tous en fait de déca-
dence. Et pourtant Dieu sait si j’ai lutté !

mélie. — V’ià le Chènevert qui traverse la cour pour
aller à son cercle.

Mme chausson. — Ça s’trouve bien, j’suis montée.
Faites-moi le plaisir, vous autres, do grimper dans la
soupente. Vous serez témoins de l’attrapage.

(Les deux bonnes se retirent dans la coulisse. La
vieille araignée s’apprête à saisir sa proie au passage.)

Mme chausson (d’un air doux au locataire). — S’y vous
plaît, monsieur le baron, un soupçon d’entretien.

le baron (entrant dans la loge). — Quelque chose
pour moi ?... Donnez.

Mm chausson (d’une voix mouillée). — S’agit pas
d’un paquet ordinaire, mais bien de celui que vous avez
l’intention de me faire donner par mes chefs, sous le
vain prétexte que mes escaliers sont malbalayés.

le baron. — Vous devenez chaque jour de moins en
moins soigneuse. Tenez... une paire de gants neufs que
je viens de salir à l’instant sur la rampe.

Mme chausson. — Vous n’y regardiez pas de si près
autrefois, quand vous usiez les genoux de vos panta-
lons à vous traîner à mes pieds !

le baron (suffoqué). — Ah çà! devenez-vous folle?

Mme chausson. — Armand, souvenez-vous donc de
la rousse Cora de Beaudéduit, de l’ange que vous vou-
liez préposer à la garde de votre foyer domestique...
Eh bien, l’ange, c’est moi !

le baron (désagréablement surpris). — J’ignore ce
que vous voulez dire... Dérangez-vous que je passe.

Mme chausson (bariant la porte). — Alors mes char-
mes sont effacés de votre mémoire ? Ma fatale beauté
n’y a laissé aucune trace ?

le baron. — Voulez-vous bien vous taire, vieille ef-
frontée. Un mot de plus, et je vais de ce pas vous faire
chasser par le propriétaire !

Mme chausson. — Je t’en défie, Armand !... Si tu com-
mettais une fripouillerie semblable, j’enverrais aux
journaux les lettres brûlantes que tu m’écrivais dans
ton délire. J’en ai un tas haut comme ça !... Et toutes
plus passionnées les unes que les autres. On a de Tor-
dre, mon bonhomme, et on ne me la fait pas à la chi-
corée sauvage!... Essaye un peu de me turlupiner, et

tu apprendras comment Cora de Beaudéduit, aujour-
d’hui femme Chausson, se venge d’un adorateur mépri-
sable qui n’a pas seulement dénoué le lacet de ses
bottines 1

le baron (effrayé). — Madame Chausson... Je ne
comprends rien à cette scène. Si je vous ai connue ja-
dis... Toutes relations ayant cessé entre nous, je puis
dire à présent... que je ne vous connais plus. Mais en
voilà assez. Je vous prie de me laisser passer.

Mm0 chausson. — Appelez-moi encore votre Cora, et
je vous donne la volée.

le baron. — Mon Dieu! s’il ne faut que cela pour
vous être agréable... Cora, ma chère Cora, veuillez me
permettre de vous quitter.

Mme chausson. — Pour vous rendre chez le proprié-
taire?

le baron. —Oh! mais rassurez-vous. Je n’y vais...
que pour lui donner congé.

Mme chausson (très tendre). — Ingrat ! vous voulez
me quitter ? Pas gentil, ça ; mais vous ayant refusé
dans le temps, ce n’est pas pour vous garder de force
aujourd’hui. Seulement, motus chez le patron... ou
gare aux lettres!

le baron. — Soyez donc tranquille... A l’honneur de
vous revoir, chère madame. (Il sort avec empressement.)

Mmechausson (aux bonnes de la soupente). —V’ià
comme ça s’joue, mes petites biches !... Et ce n’est pas
fini : j’ vas lui faire racheter ses billets doux... dans les
prix forts, ça y apprendra à mécaniser mes escaliers.

LOUIS LBROY.
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