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Le charivari — 54.1885

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Janvier
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https://doi.org/10.11588/diglit.23882#0121
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CINQUANTE-QUATRIEME ANNEE.

Prix du Numéro : 25 centimes

SAMEDI 31 JANVIER 1885

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. 72 —

Les abonnements partent des i" et i a de chaque mois
DiRECTION

Politique. Littéraire et Artistique
HEURE VÉRON

EiÈdiacîeisr en Chef.

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

ABONNEMENTS

départements

Trois mois. 20 fr

Six mois. ’ " 40—1

Un an.so _

L abonnement d un an donne droit à la prime graMtL
DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef.

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, FERMIER DE LA PUBLK3&É
Bu© JoqueIete 11

LE CHARIVARI

Les souscripteurs dont l’abcmnement expire le
31 janvier sont priés de le renouveler immé-
diatement s’ils ne veulent pas éprouver d’inter-
ruption dans l’envoi du journal.

Les mandats télégraphiques ne sont pas
reçus.

BULLETIN POLITIQUE

Je demande la parole pour un rappel... non pas
au règlement, mais, ce me semble, aux convenan-
ces politiques.

C'est le résultat des dernières élections sénatoria-
les qui me pousse à cette interpellation hors Cham-
bre.

Vous savez déjà que trente députés environ ont
jugé bon de troquer leur siège du quai d Orsay con-
tre une stalle au Luxembourg'. Vous savez aussi
que ce déménagement met en ce moment tout le
monde dans un grand embarras.

Comment boucher ce trou? Comment marcher
avec une majorité ainsi déséquilibrée?

Mais ce n’est pas de cette alternative délicate que
je veux parler. Nous en avons causé hier.

Une autre question se pose à côté et à la suite de
l’incident.

La loi devrait-elle être faite de façon à rendre
possibles ces désertions qui soudain décomplètent
une assemblée et en entravent le fonctionnement?

Non. Trois mille fois non.

On n’a jamais songé encore à ce que le laisser-
fair e actuel a d’absurde et d’incongru. Il serait temps
de s’eu apercevoir.

Entre l'électeur et i’éiu il y a contrat.

Personne ne vous force d’être candidat à la Cham-
bre. Vous voua mettez sur les rangs. Vous venez
harceler le suffrage universel de vos sollicitations.

Il se laisse enguirlander. Il cède, croyant pouvoir
compter sur vous.

Pas du tout.

Un beau jour vous avez l’envie de planter là le
suffrage universel et d’aller faire de l’œil au suffi âge
restreint.

Halte là ! Vous êtes marié. C’est de l’adultère.

Qnand l’électeur vous a donné sa voix, pendant
quatre années il ne peut pas vous la reprendre.

Quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez, que
vous soyez extravagant dans vo3 paroles ou muet
comme une carpe, brouillon comme la mouche du
coche ou impuissant comme un eunuque ; que vous
changiez même d’opinion — ce qui s’est vu — pen-
dant ces quatre années ceux qui vous ont envoyé
au Parlement sont obligés de vous y laisser.

Et il n’y a pas réciprocité dans l’engagement ! Et
vous restez libre, vous, l’élu, de faire un pied de

nez a vos mandants, et de vous en aller briguer
d’autres suffrages, au nom d’ambitions nouvelles !

Je dis net que l’organisation électorale qui autorise
ces frasques est ridicule et doit être au plus tôt ra-
fistolée.

Entendons-nous, Il est une liberté qu’on ne peut
vous contester : celle de rentrer dans la vie privée,
soit que vous ayez la rare loyauté de vous recon-
naître incapable, soit que vous vous sentiez écœuré
ou ramolli.

Mais i! ne faut pas que votre sortie de la politique
soit une fausse sortie.

Il ne taut pas que, tout en restant député, pour
vous garder a carreau en cas d’échec, vous postuliez
une place dans l’autre assemblée.

Ici vous trahissez votre devoir, si vous ne violez
pas la loi. Vous êtes en règle àve,c la légalité, d’ac-
cord ; vous n’êtes pas en règle avecTTaconscience
publique.

Et je le prouve.

Auriez-vous osé, le jour où vous êtes venu, en
solliciteur patelin, prier qu'ou fit de vous un ho-
norable , auriez-vous osé dire dans les réunions
préparatoires :

— Messieurs... ou citoyens... (Selon votre tempé-
rament et votre température.)

Je vous demande de m’élire, mais je vous pré-
viens que je regarde seulement la députation comme
un pis-aller. Je vous préviens qu’à la première oc-
casion je la lâcherai pour me faufiler au Sénat.

Non ! Vous n’auriez jamais osé tenir ce langage.
Car vous auriez été bien sûrs d'être rabroués et
blackboulés ferme.

Donc vous avez induit l’électeur en erreur. Donc
il a cru signer avec vous un contrat à durée fixe et
à obligation réciproque. Il a cru qu’il comblait vos
vœux en vous honorant de sa confiance.

Le moins que vous auriez dû faire, c’eût été de le
prévenir.

Encore je vais plus loin. Je soutiens qu’on doit
refuser au député le droit de se réserver, même par
un aveu préalable, une échappatoire.

Reserve toujours faite, bien entendu, de la re-
traite complète pour raisons de santé ou autres.

Mais la démission donnée pour accepter une fonc-
tion lucrative, je ne l’admets pas plus que la démis-
sion donnée pour devenir transfuge.

Il est monstrueux qu’on permette de se faire d’un
premier mandat un marchepied pour arriver à un
second.

Le suffrage universel est votre maître à tous. Li-
bre à chacun de ne pas se placer sous sa domina-
tion, eu ne venant pas lui faire la cour.

Mais du moment où i’on a roucoulé à la France .

« Accepte-moi pour te représenter pendant une lé-
gislature à la Chambre », la loi devrait dire : « Tu y
es, tu y resteras. »

Le contraire aboutit tout simplement a la bigamie
parlementaire.

Je n’exige pas que le cas soit déclaré pendable ;
je désire, ce qui est plus simple, qu’il soit rendu
désormais impossible par une clause d'incompatibi-
lité.

Pierre Véron.

FICHUE RÉCLAME!

Vous vous rappelez la fameuse tirade de Petit-
Jean :

Lorsque je vois parmi tant d’iiommes différents
Pas une étoile fixe et tant d’astres errants ;

Quand je vois les Césars, quand je vois lenr fortune.
Quand je vois le soleil et quand je vois la lune...

L’Univers a entrepris de donner un pendant à
cette énumération.

Il y a réussi dans un article déclamatoire qu’il
consacre à l’église du Sacré-Cœur.

Cela débute ainsi :

« Hélas ! quand la licence s’étale sous toutes les
formes et sans la moindre pudeur ; quand les cri-
mes se multiplient avec de nouveaux et épouvanta-
bles raffinements de cynisme et d’impiété ; quand
les écoles sans Dieu, patronnées par un gouverne-
ment à morale indépendante, promettent une géné-
ration sans foi et sans frein, qui pourra impuné-
ment se faire un jeu de se livrer aux excès les plus
dégradants, les plus coupables et les plus propres à
jeter partout l’alarme ; quand on s’évertue à inven-
ter des prétextes et même des lois pour persécuter
les honnêtes gens, tandis que l’on abroge la sanc-
tion de3 lois justement édictées contre les plus dan-
gereux malfaiteurs, en vertu de verdicts de jurys
incapables ou par des grâces étrangement inoppor-
tunes ; quand les colonnes essentielles qui soutien-
nent les éléments civilisateurs sont minées à leurs
bases... »

J’abrège, car ça n’en finit pas.

Il y a cent lignes de sanglots pareils.

Et l'Univers croit avoir poussé à la consommation
des oremus et aux souscriptions en faveur du Sacré-
Cœur de Montmartre.

C’est tout le contraire, mon pauvre vieux !

Comment ! tu t'éreintes à prouver que depuis dix
ans, c’est-a-dire depuis que l’Assemblée de Versail-
les nous a voués à ce cœur-là, les progrès de la dé-
moralisation ont été grandissants, que la décom-
position de l’abomiuation a sans cesse gagné du
terrain !

Mais alors le culte que tu préconises est donc
absolument impuissant, le3 prières que tu recom-
mandes font donc juste autant d’effet qu’un cautère
sur uue jambe de bois ?

Encore même le cautère u’a-t-il jamais gangrené
la jambe, tandis que...

Eh bien ! non, vraiment, si c’est ainsi que tu en-
tends le boniment, tu n’attireras jamais la clientèle.

Paul Girard.
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