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Le charivari — 54.1885

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LE CHARIVARI

LA SUITE DE «DENISE»

Drame en 3 actes et en 3 minutes

PREMIER ACTE

ANDRÉ DE BARDANNES

Cette jeune tille est moins agréable que je n’au-
rais cru. Quel caractère !... (Il sort.)

denise (entrant après lui)

Ce viveur me semble bien usé. J’espérais mieux.
(Elle sort.)

brissot (entrant après elle et s’asseyant dans un
fauteuil)

Enfin, me voilà chez moi ! Je suis le beau-père
de ce château !

[Rideau)

2° ACTE

G est la nuit. Denise est seule dans sa chambre.

DENISE

Il va venir ! Mon cœur bat! Le mariage m’a fait
voir en rose moa premier amour ! Je reviens au
passé ! Le passé, c’est l’idéal !

fernand (entrant par la fenêtre)

André est en voyage ?

DENISE

Oui.

FERNAND

Tu m’aimes !

DENISE

Comme autrefois ! Tu as été le prélude de mon
rêve, la préface de ma vie !

FERNAND

Toi, tu en es le livre !... Chère àme !

{Ils s'embrassent).

andré (entrant sans être vu)

Misérables !

FERNAND

Lui !

andré (avec son revolver)

Vous allez mourir tous les deux I

FERNAND

Pourquoi mourir? (Avec éclat.) Et le divorce !

ANDRÉ

Le divorce !... C’est vrai : je n’y pensais plus !
denise (avec résignation et perfidie, à André)

Et puis... Ce divorce nous laissera à nos remords !

andré (solennellement)

Je vous y laisse ! Sortez !

brissot (entrant)

Ah ! tout est perdu!.... Plus de château ! Plus de
gérance !

{Il s'en va en pleurant.)

andré (seul)

Bon voyage !... Enfin, me voici presque veuf!

{Rideau)

ACTE III

andré (seul avec Thouvenin)

Comme ce cnâteau me semble vide !

THOUVENIN

Tout est vide ! La terre, le ciel, les cœurs, la vie !
La virginité ? Chimère. Le capital des femmes ? Un
mythe. Le devoir, tout est là ! Et où est le devoir ?
Dans la fantaisie du cœur. Les cœurs, comme les
vibrions, vont, viennent, se rapprochent, se quit-
tent, s’enlacent, se désenlacent, se blasphèment
mutuellement : grouillement éternel commandé par
Dieu !...

ANDRÉ

Tu m’embêtes ! Va-t'en !

THOUVENIN

Bonsoir! (.Exit.)

m'“° de thauzette (entrant à la dérobée)

André, c’est moi qui reviens, moi que tu as chas-
sée, délaissée, méprisée! Moi qui fus ta première
flamme, ton premier épanouissement, ton premier
amour !

andré (l’embrassant)

Oui, mon premier et cietera... Je suis à toi !

Mmo DE THAUZETTE

Tu m’épouses !

ANDRÉ

Demain !

M'“" DE THAUZETTE

Demain ! Tu es grand, tu es noble !

andré (avec terreur)

Ciel ! j'oubliais ! Tou fils Fernand a épousé De-
nise depuis notre divorce ! Ma première femme serait
presque ma bru !

M“’° DE THAUZETTE

Pourquoi pas? Cela te gêne?

andré (après une minute de méditation)

Moi ! Pas le moins du monde ! Nous pourrons
même vivre tous ensemble.

(Un orgue de Barbarie qui passe exécute l’air Où
peut-on être mieux qu’au sein de sa famille.)

[Rideau)

\

Charles Grandmougin.

Md”PONT-NEUFpARDESSDsFourrare49‘

CHRONIQUE DU JOUR

Il existe, invisible, mais très actif, une sorte de génie
qui préside au « temps qu’il fait ».

De sa nature, il est fort taquin et met son plaisir à
contredire les pauvres chroniqueurs dans leurs prévi-
sions météorologiques.

D’ailleurs, vous avez pu le remarquer, si l’un de
nous, dans une forme quelconque, s’avise de constater
qu'il fait froid, que, par exemple, le thermomètre du
Club des patineurs est descendu au zéro désiré, aussi-
tôt le vent tourne et le dégel commence !

L'effet est immanquablement le même quand la si-
tuation est inverse.

Eh bien ! il y a la une force perdue sur laquelle j’é-
veille l’attention du Congrès de l'agriculture, qui doit
s’ouvrir ces jours-ci à Paris.

Que l’été qui vient soit chaud, et que les campagnes
périssent de sécheresse... Prévenus du danger, nous
nous dévouons et alignons nos plus belles phrases sur
le soleil, en le félicitant de sa constance. Dès le lende-
main la pluie tombe.

Le cas atmosphérique contraire n’est pas plus diffi-
cile à résoudre. Qu’on se le dise 1

Gomme chaque année, le Congrès d’agriculture, qui
va se réunir, coïncidera avec une exposition spéciale
dans le Palais de l’industrie.

On parle déjà d’une merveilleuse exhibition de ma-
chines.

Fort bien. Mais n’y a-t-il pas là de quoi attirer ces
enragés Américains laDoureurs qui, depuis quelques
années, nous inondent de leurs produits en jetant la
consternation dans nos fermes?

Eux seuls profitent des progrès accomplis par le génie
des mécaniciens français. Et nos paysans s’endormiront
doucement sur l’oreiller de la routine, en attendant que
leur esprit s’eveille par l’effet de la nouvelle loi d’ins-
truction primaire.

Du reste, ces expositions agricoles ne peuvent qu’en-
foncer plus avau t les Parisiens dans l’erreur où ils sont
sur les choses de la campagne, erreur qui, dès loi g-
temps, leur a été soufflée par les pastorales de l’Opéra
et les paysanneries de l'Opéra-Comique.

Tout est Dropre et luisant dans les exhibitions de ce
genre; et c’est à jurer que jamais, en France, il n’y a
eu ni boue, ni fumier.

Les charrues sont vernies comme des meubles de
bois piécietix.

Les bœufs et les vaches, sous leur pelage immaculé,
on t l'air de bêtes d’appartement.

Et les moutons... Pardon! les brebis semblent at-
tendre que Mme Deshouüères, armée de sa boulet te en-
rubannée, les mène paître sur quelques bords fleuris.

Commeut ne craiat-on pas d’exciter la colère de l’ecole
réalisto, ou naturaliste, quand elle est déjà si mal
montée contre le hameau de.Trianon?

L’affaire du tunnel de la Manche revient sur l’eau, ou
plutôt sous l’eau, pour mieux dire.

Des propositions favorables a l’achèvement de ce
grand travail ont même été faites au Parlement... an-
glais.

(<>ui, anglais I...)

Elles sont d’uue date antérieure à l’explosion qui a
pulvérisé une partie du palais de Westminster ; sans
quoi ou pourrait croire que nos voisins doivent a un
tel événement d’avoir compris l’avantage d’une porte
de sortie, d’un couloir dérobé, d’un trou à rat par où
fuir, si la dynamite rendait leur pays inhabitable.

C’est égal, ces alternatives de résistance et de bonne
volonté sont peut-être un trait de caractère ; et Scribe
les avait prévues, il y a plus de cinquante ans, lors-
qu’il faisait chanter à lord Kokbourg, dansFraDiavolo:

Je vo’lais bien 1
Je volais pasl
Goddem! je volais bien 1
(joddem! je volais pasl

C’est décidé 1... (Ah! tant mieuxI)

A l’avenir, le cours de persan, qui se fait au Collège
de France, s’appellera : « Cours de langue et de littéra-
ture persanes. »

Entre ces deux manières de s’exprimer il y a bien

PARIS-TABLETTES

NOTES D’UN BOIMVAKDIKR

Nous sommes voués aux sujets foliekons, pour le
quart d'heure.

Je me demande comment les dames s’y prennent
pour lire les journaux sans devenir rouges comme des
tomates. Ou n’y parle absolument que de... que des...
Gomment vous dirai-je bien? Enfin, on y traite sous
toutes ses faces l’étiologie des organes qu'on a l’habi-
tude de mettre sous une feuille de vigne.

Dernièrement ce n’était partout que dissertations sur
le... capital des jeunes filles et sur la manière de s’en
servir. Il y eut même des journaux audacieux qui s’in-
dignèrent des procédés pour reconstituer, même sans
amour, les virginités compromises.

Première série.

Il y avait déjà là de quoi mettre en déroute toutes les
pudeurs contemporaines. Mais les pudeurs contempo-
raines ne sont pas farouches, à ce qu’il faut croire.

On leur sert des romans dans lesquels, comme dans
la dernière élucubration de M. Zola, les femmes ne sont
occupées qu’à prendre la posture expansive dans la-
quelle M. Thiers se montra, dit-on, une fois en sa jeu-
nesse.

Pour un oui, pour un non, le beau sexe de Germinal
exhibe ses bases charnues en retroussant ses jupes.

Ce qui a fait dire à un appréciateur :

— Germinal, c'est un drame où tout le temps la toile
se lève.

On a môme vu, par-dessus le marché, cette semaine,
un tableau où ces aimables personnes, de plus en plus
poétiques, faisaient subir à un de leurs ennemis l’opé-
ration qui donnait, dit-on, des voix spéciales aux chan-
teurs de la chapelle Sixtine.

Après quoi, triomphalement, elles promènent au bout
d’une perche ces débris opimes, — pardon ! ces docu-
ments humains.

# #

Il était permis de croire que ces régals exquis suffi-
raient à l’appétit des consommateurs et des consomma-
trices.

Mais non. Yoilà que l’Académie de médecine s’est
avisée de venir à la rescousse, à seule fin de corser en-
core les lecture- des demoiselles.

Elle a donc abordé, cotte bonne Académie, avec des
indignations vertueuses, un sujet tout ce qu’il y a de
plus cascadeur. Elle s'est occupée des causes qui amè-
nent la dépopulation de la France.

On en ferait un vers taillé sur un patron célèbre :

Dépopulation, dépopulation.

C’est M. Rochard (rien du directeur de l’Ambigu] qui
s'est chargé de l’anathème compliqué d’explications
théoriques et pratiques.

M. Rochard, si nous avons bonne mémoire, fut un
des médecins qu’on envoya à Toulon pour étudier le

choiéra. Il ne m’a pas semblé qu’il ait beaucoup élucidé
alors le problème. C’est peut être pour se rattraper de
n’avoir pas pu nous dire pourquoi on mourait trop, quil
essaie de nous expliquer pourquoi on ne naît pas assez.

Bien entendu, il n’a été question tout le temps que de
Maltbus là-dedans. Ce pauvre Malthus, c’est une tète
de turc; toutes les fois qu’on n’a rien à faire, on tape
dessus. Et vlan 1

Donc M. Rochard, assisté d’autres collègues acadé-
miques, déclare que lo malthusianisme est cause qu’on
ne fait plus assez d’enfants. (Je ne suis pas curieux,
mais je voudrais bien savoir s’il en a, et combien, M.
Rochard.)

Suivait la tirade obiigatoire et connue: Les enfants
sont la richesse des nations... Et patati et patata. En
avant le trémolo patriotique 1

# #

M. Rochard, faisant succéder l’ironie à la statistique,
a déclaré avec une amertume contenue que chez noua
la grossesse est mal portée. Attrapez, mesdames 1

Après quoi, il est passé aux remèdes, parmi lesquels
le rétablissement du droit d’aînesse (???), une primo
aux papas féconds, un impôt sur les célibataires.

Je demande à mettre un peu d’ordre dans tout ce
fatras.

Et d'abord, toutos les fois qu il est question de repo-
pulation, je trouve que les hommes en prennent bien
à leur aise. M. Rochard s’indigne contre les femmes qUI
ne trouvent pas à la grossesse des charmes illimités.
Je voudrais bien le voir à leur place.
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