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Le charivari — 58.1889

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Juillet
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CINQUANTE-HUITIEME ANNÉE

Prix du Numéro : ü centimes

MARDI 2 JUILLET 1889

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PARIS

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Un an. "2 —

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Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chaf

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publiut»

92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

BULLETIN POLITSÇuE

Eh bien, non, il ne nous est pas possible de nous
/ réjouir, pas même de nous amuser, lorsque nous
voyons la politique de notre pays tomber dans les
machinations navrantes, dans les violences récipro-
ques comme tout ce dont nous sommes témoins.

X Des séances semblables à celle qui a clôturé la
semaine dernière et dans lesquelles, au lieu de faire
les affaires publiques, on manie à pleines mains la
boue pour se la jeter à la figure, ne nous semblent
pas de nature à relever le prestige français aux yeux
de l’Europe.

Et l’on annonce, hélas! qu’il y aura des suites au
prochain numéro. Triste présage.

Veut-on faire croire aux étrangers que de tels
scandales font partie de l’Exposition à titre de pro-
duit national?

11 nous paraît plus gai de parler d'autre chose. Par
exemple, du phénomène qu’on pourrait appeler le
prétendant à deux têtes.

— A cheval, messieurs, à cheval!

Tel était le cri que poussait jadis l’illustre don
Carlos, pour entraîner ses féaux à l’attaque des di-
ligences.

Tel est le cri qu’il pousse encore aujourd’hui,
mais avec une variante, car il a perdu ses antiques
ardeurs et paraît se contenter du rôle de prétendant
platonique.

Son « A cheval, messieurs, à cheval I » a donc une
autre signification.

Tous ceux qui connaissent la roulette savent que
ces mots sont employés par les joueurs qui placent
une pièce de cent sous sur deux numéros, afin de
participer par moitié à deux chances différentes.

C’est précisément là, en ce moment, le jeu de don
Carlos, ponte en partie double.

Ce fantaisiste cumulard fait à la fois de l’œil à la
France et à l’Espagne, espérant qu’il lui sortira un
numéro gagnant d’un côté ou de l’autre.

Mais comme ça ne sort pas vite, il a imaginé un
truc nouveau, le chef des blancs d’Espagne. Sans
que nous nous en doutassions, il nous a tous consa-
crés au Sacré-Cœur.

Sa petite opération a été contée par lui dans une
lettre adressée à un féal. Document de haute drôlerie.

La machinette débute ainsi :

« Vous gardez, avec moi et comme moi, le culte
de la mémoire de mon oncle, le comte de Chambord,
qui pendant de longues années vous avait appelé
près de lui à une mission de confiance. Après sa
mort, vous êtes resté fidèle à son drapeau, aux
grands enseignements politiques que du fond de son
exil il avait su mettre en si vive lumière, et au prin-
cipe de la légitimité dont il a été en France le gardien
et le représentant comme étant l’aîné des Bourbons.

» J’aime à évoquer le souvenir de cette grande
figure, qui restera toujours chère à mon cœur de
neveu, et qui est pour moi uu guide aimé dans
l’accomplissement de mes graves devoirs vis-à-vis
de l’Espagne comme vis-à-vis de la France. Devenu
chef de la famille de Bourbon, j’ai affirmé et main-

fenu tous ses droits. En présence de la désorganisa-
tion sociale toujours grandissante, je veux les affir-
mer de nouveau en m’unissant à la partie saine de
ces deux nations pour appeler l’aide de Dieu et im-
plorer sa miséricorde. »

Nous aimons à apprendre que ce cœur de neveu se
plaît dans la société de feu son oncle. Cette fréquen-
tation le prédisposera aux longues patiences qui lui
sont nécessaires et le prépareront à mourir bredouille
en exil, selon la méthode avunculaire.

Le même don Carlos, qui veut faire à la fois le
bonheur de la France et de l’Espagne, oubliant que
la bigamie est un cas pendable, annonce dans son
aimable épître le truc de consécra’ion dont je parlais
tout à l’heure,

« Je désire, dit-il, participer aux hommages publics
rendus au Sacré-Cœur par les catholiques de France,
de la même manière que je l’ai fait en Espagne pour
la commémoration du treizièmi centenaire de la
conversion du roi Récarède. L’incontestable protec-
tion de Dieu se montre à tous les instants de l’exis-
tence de ces deux grandes et glorieuses nations.
C’est aussi eu revenant à lui que nous retrouverons
la base indispensable à la reconstitution de leur état
social désorganisé et démoralisé. La religion de nos
pères nous rendra ce qu’elle leur avait donné : l’es-
prit de devoir, le désintéressement, l’honnêteté et le
dévouement patriotique. »

Quoique le prétendant à cheval fasse intervenir
l’ombre de Récarède dans l’affaire, — elle ne devait
guère s’y attendre, la pauvre ombre ! — nous ne
voyons pas très bien, si, comme il le dit, l’incontes-
table protection de Dieu se montre à tous les instants
de notre histoire, pourquoi don Carlos ne se tient
pas pour satisfait.

A ce compte, tout ce qui arrive est bien, et c’est
Dieu qui a voulu que le comte de Chambord trépas-
sât loin du trône, comme le prétendant à cheval tré-
passera lui-même.

Il ne nous déplaît pas, cependant, qu’une nouvelle
petite expérience vienne démontrer que le Père
éternel se fiche absolument des sollicitations de cet
ambitieux.

La petite expérience est en train de se faire.
L’épître déjà citée explique comment don Carlos a
voulu qu’on y procédât :

« Dans le temps, vous aviez reçu de mon oncle, le
comte de Chambord, la mission de porter à Paray-le-
Monial l’expression de sa piété et de sa foi. Héritier
de ses droits comme de ses sentiments, je désire
aujourd’hui que vous soyez mon mandataire au lieu
même où Notie-Seigneur a fait entendre son appel
au roi de France et à tous les fidèles catholiques. Je
vous envoie le document ci-iuclus, que vous dépo-
serez au sanctuaire comme témoignage des hom-
mages, des prières et de la confiance des petits-fils
de Louis XIV dans la protection et la miséricorde du
Dieu de Clovis et de Récarède, de Pelage et de Char-
lemagne, de Jeanne d’Arc et d’Isabelle la Catholique,
de Saint Ferdinand et de Saint Louis, pour remplir
leur mission dans ce monde. »

Eh bien, c’est entendu.

Qui veut parier que, malgré Clovis, Récarède,
Pélage, Charlemagne, Jeanne d’Arc, Isabelle, Saint
Ferdinand et Saint Louis, malgré la dédicace au
Sacré-Cœur, malgré tout le bataclan, le délaissé et

impuissant don Carlos continuera à aspirer aux joies
d’une liste civile qu’il ne palpera jamais, jusqu’à ce
que la mort vienne lui crier :

Descends donc de ton cheval, eh ! feignant...

Pierre Véron.

LE «ARÜT DU U.lIAi iSIt

LA CHASSE AUX MÉDAILLES

Vous connaissez l’histoire Defresne, le scandale
de l’Exposition.

M. Defresne est pharmacien ou chimiste, ou quel-
que chose d’approchant.

Toujours est-il qu’il s’est voué au culte des spécia-
lités. II fabrique et débite des poudres stoma-
chiques.

C’est son droit, comme c’est le droit des consom-
mateurs de îaire la nique à ses drogues.

Jusque-là tout est dans l’ordre.

M. Defresne est, en outre, libre de s’offrir des ré-
clames dithyrambiques à prix fixe dans les quatriè-
mes pages.

Mais M. Defresne a voulu aller trop loin.

Il avait envoyé à l’Exposition ses petits produits.
Pour attirer sur eux l’attention du jury, il a imaginé
un moyen qui a mal tourné.

Ce moyen consistait à écrire des lettres dans les-
quelles il offrait mille francs à ceux des jurés qui lui
feraient obtenir une médaille d’or.

La correspondance fut pincée. On afficha à la vi-
trine de M. Defresne un procès-verbal constatant sa
tentative de corruption.

Ressaya de riposter par une protestation. On a
fini par l’expulser et il va être traduit eu police cor-
rectionnelle.

Fin du prologue.

cri/-»

c/l\»

Ce n’est pas sur la moralité du fait que je désire,
vous le pensez bien, faire mes réflexions.

Ace point vue, toule controverse est inutile. L’acte
est absolument délictueux.

Mais j’ajoute qu’il me paraît ridicule, et j’arrive
ainsi à mon but.

Ce que je ne comprends pas, — j’éprouve le be-
soin de le dire, — c’est qu il y ait encore des gens
assez candidement pervertis pour pratiquer la cor-
ruption à propos des ronds de métal qui se distri-
buent à la suite des petites fêtes industrielles.

Ah! je m’explique parfaitement qu’à l’origine des
Expositions ces ronds de métal aient eu un prestige
tout particulier.

C’était la nouveauté de la chose.

Les médaillés, très peu nombreux, tiraient l’œil,
parce que dans leurs prospectus ils faisaient figurer
le fac-similé de la récompense par eux obtenue.

Le public, qu’on n’avait pas blasé encore, se di-
sait, en voyant les palmes encadrant le nom du ré-
compensé :
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