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Le charivari — 58.1889

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https://doi.org/10.11588/diglit.23883#0714
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LE CHARIVARI

— Diable! voilà un gaillard qui doit vendre des
saucissons bien extraordinaires.

Et le public achetait les saucissons palmés.

Au lieu de charcuterie, mettez des meubles, des vê-
tements, des pianos. Le raisonnement était le même.

En ce temps-là, je le reconnais, la chasse aux
médailles avait sa raison d'être.

«MT*

t/ÎV»

Mais à présent 1...

A présent, il me paraît inexplicable qu’il y ait en-
core des médaillomanes poussant le délire de l’am-
bition jusqu’à l’attentat sur les consciences,

Ils ne connaissent donc pas, ceux-là, le vers de La
Fontaine :

L’accoutumance ainsi nous rend tout familier.

Ils ne connaissent donc pas la sentence de saint
Augustin :

« Onmia assiduitate vilescunt. »

Ce qui veut dire que nous en sommes las, des bo-
niments médaillistes, vu que personne n’y prête plus
ni l’oreille ni le regard.

Ce qui veut dire, par conséquent, que, sans parler
de la mauvaise action, c’est bien mal employer son
argent que de le dépenser pour acheter une denrée
pareille.

01G

Regardez à la vitrine de celui-ci ou de celui-là, de
ce marchand de vernis ou de ce marchand de cham-
pignons conservés.

Dans un cadre, autour de son nom, dix, vingt,
trente médailles se livrent à une sarabande bur-
lesque.

Il n’y a plus de place pour en met're.

Le dernier négociant en poil à gratter a trouvé
moyen de se faire médailler à Anvers, à Barcelone,
à Amsterdam, à Melbourne, à Quimper-Corentin ou
au Grand-Montrouge.

Sans parler des expositionnettes qui s’organisent
annuellement dans le Palais de l’Industrie et qui dé-
livrent, elles aussi, des brevets avec une prodigalité
navrante.

Il faut pourtant bien vous imaginer, ô exploiteurs
de ces honorifiques distinctions, que le public n’est
pas complètement crétinisé encore, qu’il lui arrive
de raisonner quelquefois.

Dans ces moments de lucidité-là, il s’adresse cette
exhortation courte mais bonne :

— Mon ami, défie-toi des médailles. Qui veut trop
prouver ne prouve rien. On en a tellement abusé,
que tu feras bien de leur dire ; Allez vous promener !

SIC

Donc, — et ce sera ma conclusion, — il faut vrai-
ment avoir envie de se compromettre pour essayer
de pratiquer ces détournements de vote sur la per-
sonne des jurés d’Exposition.

C’est de la malhonnêteté perdue. Il faudrait trou-
ver un autre lapin à nous poser.

QUI VAL A.

Bordeaux, 12S ir. la barrique. Agents demandés. Pesqui Bousccit{V\mit)

SITUAIT D’AJBSirrTHX 8UPXRIXTJHX

0EMPP PERNOD 4*œ1'

TRIPLE-SEC COINTREAU * angers

CHRONIQUE DU JOUR

Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qu’ont bien
pu devenir les noms dé femmes, si charmants, si frais,
si coquets, qui remplissent les versiculets des poéte-
reaux du xvme siècle?

Où sont les Philis, les Amaryllis, lesChloris et autres
bergères pompadours, plus ou moins renouvelées des
bucoliques virgiliennes?

Mais où est la poudre à la maréchale d’antan, hélas !

Adieu, paniers, vendanges sont faites... chez nous, du
moins.

Il faut aller jusqu’en Afrique, maintenant, pour trou-
ver des Philis.

A preuve, cette jeune reine du Sénégal qui est ac-
tuellement dans nos murs, avec son auguste époux, le-
quel, entre parenthèses, répond à l’étiquette euphonique
de Dinah-Salifou.

Qu’on ne blague plus la police anglaise.

Après bien des tâtonnements, elle a enfin réussi à
établir l’identité de la femme mutilée repêchée dans la
Tamise, à Albert Bridge...

Ça, c’est déjà quelque chose, bien qu’on y ait mis le
temps...

Mais le nom de l’assassin serait au moins aussi indis-
pensable que celui de la victime, penserez-vous sans
doute.

Ah! vous eu demandez trop.

L’assassin, l’assassin... Ayant mûrement réfléchi, la
police anglaise paraît toute disposée à mettre ce nou-
veau forfait sur le compte de Jack l’Eventreur.

Quant à ce mystérieux Jack l’Eventreur lui-même,
on'le trouve de moins en moins, bien entendu.

L’Armée du Salut,, organisant son petit Congrès (celui-
là aurait manqué à notre collection), a fait publier la
note suivante :

« Nous sommes à court de lits pour loger nos officiers
qui viendront au Congrès ; nous prions nos amis de
Paris, qui désireraient en prendre chez eux pendant ces
trois jours, d’indiquer lesquels ils préfèrent, officiers ou
officières. »

Il me semble, Parisiens mes frères, que les officières
seraient tout indiquées...

Mais elles sont bien laides, en général, les officières
de l’Armée du Salut !

Nous avons failli voir une baleine au Champ de Mars.
Pas seulement un squelette, comme au Muséum,
mais une vraie baleine, avec de la chair su*1 les os.

Quasi vivante, car enfin elle avait été embaumée avec
le plus grand soin par le même savant (disait textuelle-

ment'le prospectus) qui a embaumé les corps de LL.
MM. Guillaume Ier et Frédéric III.

Malheureusement, si bien embaumée qu’elle fût, cette
baleine-momie s’est mise tranquillement à pourrir, à la
barbe et surtout au nez des curieux.

Si bien que, par crainte de la peste, il a fallu l’enterrer
tout de suite, eu Autriche, où elle était, et d’où elle se
disposait à nous rendre visite.

Son enfouissement a même coûté une bonne douzaine
de mille francs.

Des obsèques de première classe, quoi !

Un ami du Charivari nous communique une adorable
réclame de « chimiste industriel ».

Dans ce document extra-humain, ledit chimiste qui
s’intitule « spécialiste en œnologie », se fait fort de
« guérir radicalement les vins aigres, acides, amers,
âpres, gros, tournés, bleus, etc... »

Guérir radicalement les vins aigres est dans le texte,
nous n'iuventons rien.

Est-ce que ce remède merveilleux pourrait aussi ser-
vir pour les caractères aigres?

Quant à la guérison des vins « bleus », nous protes-
tons, n’est-ce pas, mon vieux Coupeau?...

Ne fût-ce qu’en souvenir du fameux refrain :

I.ep'tit bleu, p’tit bleu, p’tit bleu,

Ça vous ra-a-a-vigote...

Pendant que nous en sommes au chapitre des récla-
mes industrielles et commerciales, mentionnons, en
bonne place, le produit suivant, annoncé au public sur
un petit carton vert qu’on remet chaque jour, à plu-
sieurs milliers d’exemplaires, ès-mains des visiteurs
de l’Exposition universelle :

LE

NOUVEAU PANTALON

dit

PANTALON PUDIQUE

Inventé par X... Z...

Est la plus grande nouveauté
Concernant l’habillement.

Voilà qui enfonce, assurément, la chemise de chasteté
jadis mise eu lumière par M. Francisque Sarcey, sur la
foi d’un correspondant malicieux.

Et la chemise de chasteté n’a jamais existé que dans
l’imagination d’un fumiste, tandis que tout le monde
peut voir et admirer, Galerie des Machines, 1 a pantalon
'pudique.

Oùs qu’est la feuille de vigne du père Adam ?

Annonce de derrière les fagots :

« Jeune homme, 27 ans, très fort véloceman... excel-
lentes références, demande emploi de garçon de bu-
reau... »

Non, mais voyez-vous un garçon de bureau en bi-
cycle?

Où diantre le vélocipède va-t-il se nicher?

Une définition pour le Dictionnaire de Charenton :
ATAXIE LOCOMOTRICE. — Marche funèbre.

Henri Second.

Le cercle des Cantaloups était en émoi. On ignorait
ce qu’était devenu Félicien Lestrac, un des piliers de
l’endroit, toujours prêt à rendre desx points au boute-
en-train des autres cercles.

Aussi les mains se tendirent-elles vivement vers lui,
quand, après celle éclipse totale, il fit son entrée à la
Melonnière.

— Ah ! parbleu, mon cher, dit un des membres pré-
sents, voilà plus d’une semaine que nous vous récla-
mons à tous les échos, et il était grandement temps que
vous vinssiez faire en personne la preuve de votre
existence.

— Croyez bien que s’il n’avait tenu qu’à moi...

— Mais, interrogea le baron de Glaux, comment êtes-
vous ici, ce soir, sans votre inséparable, André Veu-
lette? Oreste sans Pylade, ça ne s’est jamais vu.

— J’en conviens. Mais si vous saviez...

— Nous ne demandons qu’à savoir.

Eh bien, figurez-vous qu’il est arrivé à ce pauvre
André l’aventure la plus singulière, — je dirais la plus
invraisemblable, si je n’y avais été mêlé, — qu’on
puisse attendre du hasard.

— Gageons, interrompit M. de Glaux, qu’il y a là-
dedans un mari... refait ou à refaire.

— Si vous cultivez déjà les « mots de la fiu », baron,
je ne sortirai jamais de mon commencement.

— Continuez, Lestrac, dirent en chœur une demi-
douzaine de voix.

— Vous savez que, pendant la belle saison, mon ami
André Veulette habite Versailles.

Chaque matin, par le train de 9 h. 35, il vient à Paris
où l’appellent les fonctions qu’il remplit dans la maison
de banque E. Veulette et Gie. Chaque soir, les affaires
terminées, et le plus souvent après avoir dîné avec moi,
il reprend le train à la gare Montparnasse et rentre en
Seine-et-Oise.

Ainsi fit-il le jour du Grand-Prix.

Nous avions passé l’après-midi ensemble au Bois de
Boulogne, assisté sur le turf au triomphe inattendu de
Vasistas et gaîmert célébré chez Ledoyen celte victoire
française. A la fin de la journée, j’accompagnai mon
ami jusqu’au chemin de fer, où je le laissai en lui di-
sant : A demain.

Vu l’affiuonce du public, le dimanche, on n’ouvre
parfois les portes des salles d’attente aux voyageurs
que lorsque le train de banlieue, qui doit les emmener,
est entré en gare et a débarqué les promeneurs, bruyants
autant que nombreux, qui sont allés s’offrir quelques
heures de villégiature aux dépens de la tranquillité des
indigènes.

Inutile, n’est-ce pas, de vous faire le tableau de ce
retour des champs, de cette cohue grouillante, exténuée,
impatiente de regagner la maison, se bousculant pour
passer en remettant ses billets à l’employé galonné, le

tout avec accompagnement de cris, d’appels, de rires,
de réclamations, etc.

Quand, les portes ouvertes, André, l’un des premiers,
se dirigea vers le train, le flot des arrivants n’était pas
complètement écoulé. Quelques personnes mémo sor-
taient encore des wagons.

C’élait le cas d’une des voitures de première classe,
arrêtée juste au-dessus de la plaque tournante qui sert
à manœuvrer ces lourds véhicules. A la portière d’un
des compartiments, une dame s’apprêtait à descendre,
que la distance du marchepied au sol rendait visible-
ment hésitante.

André s’élança vers elle, lui offrit galamment la main
et l’aida à prendre pied sur le quai.

— Je vous remercie bien, monsieur, dit alors la dame,
de sa plus douce voix et avec un sourire de reconnais-
sance qui alla au cœur d’André.

Mais le pauvre garçon eut tout juste le temps de re-
marquer que la voyageuse était adorablement jolie,
élégante, distinguée, bien Parisienne enfin d’allure et
do manières. Il la suivit des yeux, jusqu’à ce qu’elle se
fût perdue au milieu de la foule, et, montant dans le
compartiment d’où lui était venue cette trop fugitive
apparition, s’enferma pour tâcher de demeurer seul avec
sa pensée.

Déjà le train roulait quand, à l’extrémité du wagon,
un objet attira son regard. Il se leva et le prit. C’était
un mouchoir, un fin mouchoir de batiste encadré d’une
jolie dentelle de Bruges, avec initiales artistement bro-
dées à la main. Un bijou... marqué L. D.
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