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Le charivari — 58.1889

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LE CHARIVARI

Quand je vous disais que cela tourne à la mono-
manie !

Heureusement, je nous connais, cela passera aussi
vite que c’est venu.

L’Exposition de 1889 a été un glorieux succès.
C’est pourquoi j’aurais tout rasé.

A en revoir les restes après coup, on éprouvera
une sensation analogue à celle que donne la rencon-
tre d’une femme qu’on aima jadis.

Stupéfaction douloureuse qui se traduit par cette
intime réflexion :

•— Comment! c’est pour ça que je me suis toqué
jadis !

Mais si l'on tient absolument à garder un petit
souvenir du Centenaire, qu’on le réduise à sa plus
simple expression.

Moins il tiendra de p’ace et mieux cela vaudra,
croyez-en ma parole.

Les enthousiasmes ne se bissent pas.

QUIVALA.

Est-ce que, décidément, on va, tous les jours,
nous rebaltre les oreilles do riens. — nous entre-
tenir, par exemple, soir et malin, des faits, gestes
et intentions de M. Febvre, de la Comédie-Fran-
çaise?

Ma parole! on occupe le public de cette person-
nalité prétentieuse avec autant de persistance rasante
que s’il s’agissait d’un poten'at en tournée, d’un
prétendant en rupture de ban, des incartades de M.
Crispi ou d’une véritable affaire d’Etat.

Chaque semaine, quelque reporter de derrière les
coulisses, embusqué au coin d'une quatrième page,
vous arrête au passage, — comme cela m’est arrivé
pas plus tard qu’hier, — et, vous mettant sa feuille
sous la gorge :

— Vous savez, dit-il, monsieur Febvre... (il enfle
ce monsieur comme si ce devait être l’équivalent de
« Sa Majesté »), vous savez, mossieu Febvre...

— De la Comédie-Française, oui.

— Eh bien, il va faire paraître un volume.

— On l’a déjà annoncé plusieurs fois.

— Mais on n’a pas tout dit. J’ai là dessus "des
détails particuliers, absolument inédits, dont je tiens
à vous donner la primeur.

Et le reporter, qui est payé pour cela ne vous
lâche pas avant de vous avoir fait avaler le calice
jusqu’à la lie.

— Le volume sera intitulé : Au bord de la scène.

— Le roman d’un noyé, sans doute?

— Mais non, pas la Seine fleuve; la scène théâ-
trale. Ce sont les souvenirs et les impressions de
l’artiste pendant trente années de théâtre. Vous
voyez tout de suite l’intérêt....

— Je le vois, vous murmurez-vous, quand l’au-
teur des Mémoires est un diplomate mêlé à tous les
événements de son temps, un personnage hors ligne,
un grand écrivain, ou une femme quia vu passer
dans ses salons toules les célébrités contemporaines.
Mais qu’est-ce que vous voulez que me fassent, que
fassent au public qui a bien d’autres chiens à fouet-
ter, les petits souvenirs et les impressions intimes
d’un comédien ordinaire de la rue Richelieu?

— Permettez... Tout le monde n’est pas du même
avis, et le livre fera son chemin d'une façon ou d’une
autre. D’abord, sachez que l’auteur — détc.il absolu-
ment neuf — enverra un exemplaire imprimé sur
papier du Japon et relié en maroquin à S. A. R. le
prince de Galles, qui a toujours été d’une bienveil-
lance toute particulière à son égard.

— Voilà, songez-vous, qui permettra d’annoncer,
quelques jours plus tard, que l’Altesse a expédié au
comédien, à titre de remerciement, une canne ou
une tabatière de prix. Les princes savent à quoi
les obligent certains hommages. M, Febvre pourrait
ajouter cette scène à son volume, si, ce qui est bien
improbable, celui-ci avait jamais une seconde édi-
tion.

— En tout cas, continue le reporter, je peux vous
annoncer qu’après la publication d'Au bord de la
scène, M. Febvre se mettra à l’œuvre pour écrire les
Souvenirs des autres.

— Heureux Autres'.... Et de ce livre, sans doute,
il enverra un exemplaire imprimé sur papier de riz

et relié en peau de requin à l’empereur de la Chine
ou au Shah de Perse, de qui il recevra en retour
l’ordre du Nénuphar bleu ou bien la Grande-Ourse
d’Iran.

Si cela continue, et s’il prend fantaisie à M. Febvre
d’accoucher d’un troisième produit, il n’y a nulle
raison pour qu’un reporter zélé ne nous donne pas
d’avance, avec le titre du livre, les indications les
plus minutieuses sur le format, le nombre de pages,
les errata, la couleur de la couverture, le coût de
l’impression, le chiffre des droits d'auteur consentis
par le libraire, — ou le prix payé par l’auteur pour se
faire éditer, — le nom des personnes auxquelles le
livre sera envoyé gratuitement, en attendant qu’il
se vende, e'c., etc.

Et dire qu’en un moment où tant de problèmes
importants, de questions sérieuses, de sujets inté
ressants sollicitent l’attention, on est forcé de s’oc-
cuper, entre autres inutilités, des élucubrations d'un
comédien dont la turbulence n’a pour excuse ni le
génie d’un Frédérick-Lemaître, ni le grand talent
d’un Bouffé, ni l’autorité d’un Samson, ni l’allure
d’un Bocage ou d’un Mélingue (je ne parle que des
morts), ni..., ni..., ni..., et qui, par contre, a le tort
de nous faire souvenir que tous ceux-là ne sont
plus!...

— Mais puisqu’on vous dit que le prince de Galles...

Eh! bon Dieu, encore une fois, qu’est-ce que ça
peut nous faire?

Robert Ilyenne.

H Tl Tl TUTTI n A Cl Cl TCI Décoration dn Nlcktm po«r mi Produit*.

CREME CASSIS FQNTBONNE.k DUO*

Moutarde GREY-POUPOY. Ml. tl’Or, PaRIS 1889

3S.OK.A40

O A. IVC F» R EDO NT Amer Incomparable
MARSKiLL.aGr&nd Importataur 4«Vina «t tou« Rhum»

CHRONIQUE DU JOUR

Et l’on dit que la guerre se fait de plus en plus sau-
vage et féroce !

Pour montrer que c’est là une pure calomnie, en ce
qui concerne la France du noins, voici ce que publie
un journal spécial, à propos de la réintroduction de la
lance dans certains régiments de cavalerie :

« La lance qu’ont aujourd'hui nos dragons est celle
qu’avaient autrefois nos lanciers et dont ie modèle date
de 1832. Elle a été allégée et raccourcie. Son fer est plus
petit, et il C;t muni à la bise d’une sorte de talon for-
mant arrêt et qui empêche la lance de pénétrer trop avant
dans le corps de t'adversaire, ce qui parfois empêchait
le.lancier de retirer son arme ou le désarçonnait. »

Eb bien, que vous disais-je?

Sans doute, ce n’est pas précisément au point de vue
de l’intérêt do nos futurs ennemis que cette heureuse
modification a été apportée à la la lance do cavalerie;
mais ils n’en seraient pas moins bien ingrats s'ils n’ap-
préciaient à sa juste valeur une mesure grâce à la-
quelle ils recevront dans leurs chairs vives quelques
centimètres do moins d’un corps étranger et pointu.

Même guitare.

Savez-vous rien de plus lugubre que la vue des nom
breux magasins de couronnes funéraires et d’objets d
deuil, qui ont aujourd’hui envahi les quartiers les nln
élégants et les plus fréquentés de Paris? lls

Auparavant, ce commerce funèbre était relégué dan
les environs immédiats dos cimetières, à sa vrai»
place. e j

Certes, nous savons tous que nous devons mourir un
jour, mais n’est-il pas cruel de se le voir rappeler bru
lalement à chaque instant? Au moment d’entrer au ^
restaurant ou au théâtre surtout , ce que cela vo'u»
jette un froid!

Les nombreux voyageurs que nous ont amenés les -
derniers trains de plaisir pour l’Exposition, à des prix {
invraisemblablement réduits, sont loin d’être million- ;
naircs, et visent à l’économie.

Une famille espagnole était descendue,il y a quelques
jours, dans un hôtel du quartier La Fayette : elle était
munie de recommandations les plus pressantes adres- <
sées par d’anciens clients au maître de l’établissement.

Celui-ci s’est empiessc de faire honneur à la traite
tirée sur sa complaisance. Chaque malin, au coup de
dix heures, il ne manqu il pas, les premiers jourq de
monter en personne chez ses hôtes, afin do demander
comment ils avaient passé la nuit et pren ire leurs or-
dres pour la journée. Ceux ci paraissaient enchantés de
tant de sollicitude.

— Comment reconnaîtrons-nous jamais vos bontés i
pour nous? lui disaient-ils souvent.

— Oh! fit un jour en manière de ptaisan erielem.i-
tre d’hôtel, un vrai Parisien, ma politesse est toute pro-
fessionnelle .. Vous la trouverez marquée sur la note.

Le lendemain, comme il venait de sonner chez ses '
hôtes à l’heure habituelle, il vit la poite s’entrebâiller à f
peine, et par l’étroite ouvciture une foule de mains qui
le repoussaient en s'agitant convulsivement, tandis
qu’une voix d’homuic lui criait avec énergie, eu mau-
vais français :

— Nous n’avons besoin de rien! Nous n’avons besoin
de rien !

L..., un Gascon des bord t de la Seine, est notoirement
d’un courage au dessous de la moyenne. lin paroles, t.
par exemple, c’est un héros : tous ses discours sentent
la poudre.

Il pérorait, l’autre jour, sur la guerre, son sujet favori.

— Ah! s’écriait-il, l’ennemi n’aurait pas beau jeu avec
moi. Tenez, une supposition : je serais marin et je com-
manderais un navire; eh bien, plutôt que de me rendre,
je me ferais saulei ! Pour un fort, ce serait la même
chose, je me défendrais jusqu’à la dernière extrémité ;
et quand je ne pourrais plus tenir, je me ferais sauler,
oui, sauter...

— Eli) grand Dieu! a répliqué l'un des assistants
agacé, nous vous cr.iyons sans tant d’histoires. Le liè-
vre aussi se fait sauterl

Devant le théâtre des Variétés, un cricur de jouin.
débité sa marchandise. , ,

— Demandez! La Bataille, soixante-cinq centimes

— Comment! lui dit un passant, étonne. 8o>xa' ..

cinq centimes, un journal qui, hier encore, ne cou
qu’un sou? ,

— Ah! pardon, monsieur, c’est l’habitude. Repu
mois, je vendais des tickets aux entrées de 1 Expo

P ul Çourty. f

Passant devant une boutique, Calino lit sur un grand
écriteau :

BRAISE DE BOULANGER

— Enfin ! s’écrie-t-il en s’éloignant tout joyeux, je
sais donc d’où vient l’argent !

Décidément, on ne peut plus parcourir la quatrième
page d’un journal sans frémir. Prenons-cn un au hasard
et lisons :

« Qui de nous n’est atteint d’une maladie de cœur? »

Et, immédiatemenl, il vous semble qu’en effet vous
éprouvez de ce côté-là du malaise, des palpitations...

Puis, au-dessous :

« Les décès causés par l’asthme sont terrifiants... »

Et encore :

« On a bien tort de considérer la hernie comine une
infirmité négligeable. Une mort épouvantable menace
constamment les malheureux qui en sont atteints... »

Inutile de dire le mal que ces affirmations tran-
chantes, présentées avec celte exagération, peuvent
faire à des natures faibles et impressionnables... Et ne
vous semble-t-il pas qu’il y a dans les prisons des gens
moins coupables que les charlatans, qui, pour vendre
un mauvais médicament ou quelque bandage, la font
ainsi à la terreur à leurs contemporains?

BOURSE-EXPRESS

rentrée J* I

Décidément, bien décidément, c’e-l la ‘ financlot5
harnbros que l’on attend pour opcicr. uc= ‘ lJtd
es bien informés me l’ont affirmé, et pa= i
ue tout à l’heure. . „rét #

De vous à moi, ça m’a lout l’air d etic 1 mut-
uand les députés sont réunis, tous les pou,-
lurent en chœur : — Ils ne vont donc pas’if]0nticlle'
-Et les lanceurs d’affaires vous disent - |UC lors-
îent qu’ils n’émettront leurs petites liisto - u rhcre8
ue les parlementaires seront icndus a

Ludes. . -i «nriîl. H fa5"

Maintenant, c’est tout le contraire, J fl 'm0insl,é'
rait voir, pourtant, à prendre une amtu lonnpr.une
itante; car ce qui se passe est de nature . unAD'
îauvaiso idée de nous à l’étranger. Je c l'OP9'

lais qui, à Paris depuis le commencera pours,

Jion, a inscrit surson carnet cette s : qu*n,t

do Paris n’est inactive que dans de ‘ ellt nes
le Parlement est réuni, et quand te
pas réuni.

Î

Paria

-=7 1717 rue CW“ch‘

•is. - Alcan-Lévy, Imprimeur breveta .
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