LE CHARIVARI
du Souverain-Pontife ou du coffre-fort d’un banquier
israélite, c’est un vrai don de millionnaire.
Aussi nous voyez-vous enchanté d’apprendre, par
cette très opportune dépêche arrivée de Fribourg,
que l’état financier du Saint-Père lui permet de se
livrer à de pareilles largesses.
Enchanté, parla même occasion, de pouvoir prier
ces messieurs du clergé et du journalisme dévot de
ne plus nous la faire, comme on dit dans le meilleur
monde, à la panade pontificale.
Espérons enfin —• mais n'est ce pas trop espérer
d’elle? — que la gent dévote comprendra combien il
serait à propos d’appliquer humainement le pro-
verbe : Charité bien ordonnée ..
Au lieu d’envoyer à Rome un argent qui ne profite
qu’aux, étrangers, que nos ultramontains songent un
peu, par hasard, aux pauvres de France, dont ils ne
s’occupent d’ordinaire que sous réserve, — dont ils
semblent, pour le quart d’heure, oublier trop l’exis-
tence.
Allons, bonnes gens, ne restez pas au-dessous
d’Israël !
Robert Hyenne.
US BATTUS PAIENT L’AMENDE
Ça, c’est classique, et il y a plus d’un siècle que
cet axiome, éminemment judiciaire, sinon judicieux,
est passé à l’état de proverbe.
Toutefois, ne nous empressons pas trop de tirer le
cordon. Il y a mieux encore, et, quand il s’agit de
chefs-d’œuvre de ce genre, l’administration (que
l'Europe nous envie, ne l’oublions pas) n’est jamais
à court et n’a jamais dit son dernier mot.
On peut même affirmer qu’en matière de police et
de justice, ça va de plus fort en plus fort.
Si, par hasard, vous en doutiez, je me permettrais
d’appeler votre bienveillante attention sur le petit
lait que voici, qui a passé à peu près inaperçu dans
la plupart des journaux, et qui est bien la chose la
plus cocasse que l’on puisse imaginer.
On sait, on sait beaucoup trop, que la banlieue
immédiate de Paris n’est pas précisément un lieu de
sûreté. Si la forêt de Bondy, qui jouissait d’une assez
mauvaise réputation au temps de Boileau, n’existe
plus, elle a été avantageusement remplacée par les
alentours des fortifications, sur tout le périmètre de
la capitale. Je dis : avantageusement, pour les « es-
carpes», mais fort désavantageusement pour les
honnêtes gens qui, à partir de la tombée de la nuit,
risquent à la fois et leur bourse et leur vie à traver-
ser certains quartiers déserts.
Partout, on ne parle que de pillages de villas,
d’attaques nocturnes, de vols et d'assassinats... Que
c’est comme un bouquet de fleurs ..aux environs de
Paris ! Des bandes sont organisées un peu partout,
et fonctionnent audacieusement, au nez et à la barbe
d’une police insuffisante et impuissante.
Enfin, pour vous donner une idée de l’état où sont
actuellement les choses, l’autre nuit, à la Porte-
Maillot même, entre deux grands restaurants pour
noces encore illuminés, des rôdeurs ont dépouillé et
à peu près assommé un pauvre diable de passant,
puis l’ont laissé sur les rails du tramway, afin de faire
croire à un accident.
Naturellement, les bonnes gens de la banlieue ne
sont pas contents.
On a beau habiter Neuilly, ou Saint-Mandé, ou
Clichy-la-Garenne, ou Levallois-Perret, il n’est pas
agréable de ne pouvoir aller au théâtre, à Paris, sans
s’exposer à recevoir, en revenant, une jolie collec-
tion de coups de couteau ou de casse-tête.
Et comme, après tout, on paie tout autant d’im-
pôts, peut-être même plus, à Neuilly qu’à Paris, on
a bien le droit d’exiger que l’autorité compétente
s’occupe d’assurer la sécurité des contribuables qui,
pour leur malheur, nichent hors barrière.
Naturellement, les habitants de la banlieue de Pa-
ris, à qui il ne plaît pas d’être maltraités comme au
coin d’un bois (qu’il soit de Boulogne ou de Vin-
cennes), ont réclamé comme un seul homme. Or,
savez-vous ce qu’on leur a répondu?
M. le préfet de police a tout bonnement rappelé à
MM. les commissaires une circulaire du 20 décem-
bre 1857, prescrivant à tous les propriétaires et loca-
taires de la banlieue de Paris de fermer les portes de
leurs maisons, cours ou allées, à partir de neuf heu-
res du soir, du 1er novembreau 1er avril, et àpartirde
onze heures, du 1er avril au 1er novembre.
C’est simple comme bonsoir, et le remède me pa-
raît infaillible.
Du moment où vous cadenassez tout chez vous,
les voleurs auront du mal à pénétrer jusqu’à votre
coffre-fort.
Et si, par surcroît de prudence, veus vous cade-
nassez vous-même au fond de votre appartement, il
faudra que vous ayez bien du malheur pour rencon-
trer quelque « rôdeur » cherchant une proie à « su-
riner ».
Une porte doit être ouverte ou fermée, affirme la
Sagesse des nations. La police, plus autoritaire,
exige que la porte soit fermée.
Même, elle n’y va pas par quatre chemins, la po-
lice. Ceux qui laisseront leur huis ouvert seront pas-
sibles d’une contravention.
On les condamnera à l’amende, peut-être meme à
la prison, en cas de récidive. Gomme cela, du moins,
la police et la justice ne chômeront pas. Il faut tou-
jours qu’on arrête et qu’on condamne quelqu’un,
n’esl-ce pas?... Et dame, les honnêtes gens sont plus
faciles à pincer que les coquins...
Voilà pourquoi les volés feront désormais de la
prison, de même que les battus ont toujours payé
l’amende.
— Mais on me pille, mais on m’assassine 1 criez-
vous, en appelant la police au secours.
La police vous répond, maternellement :
— Poussez vos verrous et restez chez vous, ou
bien je vous arrête, tas de braillards!
C’est on ne peut plus logique.
Un de ces jours, ou une de ces nuits, vous verrez
qu’on rétablira le couvre-feu.
Et cependant, hélas ! nous éclairerons plus que ja-
mais !
Henri Second.
fi4* VINS B°tDMAcoîSEE. DUTHU-CERY, Dijon (Æi.)
PLUME HUMBOLDTtJil-
AMERS KOKA «‘VIN KL INA Francais-Ioi dfiaiiti
incomparables, recommandés par tous les Docteurs, à basede la plante divine “ Cooa du
Perdu”fabricant Campredon,Marseille,G^lmportateurde Vins ettoua Rhum»
TRIPLE-SEC COINTKEAUdangers
_—.-♦-
CHRONIQUE DU JOUR
On a souvent répété que Bruxelles était un faubourg
de Paris. Effectivement, l’incendie du château de Lae-
lœn a produit presque autant d’impression chez nous
que s’il s’était agi d'un palais parisien.
La garde qui veille à ses barrières n’a pas défendu
les rois contre le fou. Les journaux catholiques n’ont
pas encore constaté, dans ce désastre, le doigt de la
Providence. Mais aussi, il faut être juste, on ne saurait
le fourrer partout.
Et pourtant, il y a un détail bien particulier : la garde
du château, confiée à un bataillon, était changée tous
les six mois. Pendant cette période de temps, on exer-
çait les hommes au maniement des pompes.
Or, par une véritable fatalité, le détachement a été
renouvelé la veille de l’incendie, ce qui fait que les sol-
dats étaient complètement inexpérimentés.
La chronique du feu est d’ailleurs, cette semaine,
aussi considérable que la chronique funéraire. Ati ! elle
commence bien, l’année 1890 !
Celte semaine encore, trois théâtres en feu. L’incendie
du théâtre de Zurich a été caractérisé par un fait à îe-
tenir.
Dès que le feu eut éclaté, le régisseur s’avança sur la
s cne, salua le public correctement et, sans trouble ap-
parent, déclara que les acteurs étaient tous atteintsd’in-
lluenza, et par conséquent que la représentation ne
pouvait avoir lieu. Le publie de se retirer avec un cahne
parfait; il ne s'aperçut qu’au dehors de l’étendue du
sinistre.
Le monde des théâtres est particulièrement frappé.
On annonce la mort de Justamant, un maître de ballet
qui eut son heure de célébrité,et de Gayarré, un artiste
de cœur et de talent.
Tout comme Gelyotte, roi de l’Opéra, Gayarré était fils
d’un cultivateur basque, et le goût de la musique lui
vint un peu comme au tambourinaire de DaudeÇ la
nuit, en écoutant le rossignol. Ce qui n’empêchait pas
Gayarré de toucher, maintenant, huit et neuf mille
francs par soirée
La dernière fois que nous avons vu Gayarré, c’était
cet été, dans une slation thermale des Pyrénées. Le di-
recteur du théâtre du Casino n’avait pas payé les artis-
tes, ce qui arrive fréquemment à l’ombre des monta-
gnes. Bref, on organisa une soirie au bénéfice de ces
inforlunés, et comme Gayarré arrivait dans la ville, on
lui demanda son concours, immédiatement accordé.
Le soir, le ténor fut pris d’un enrouement subit; il
enveloppa sa carte dans un billet de cinq cents francs,
et écrivit aux artistes :
« Dans l'impossibilité absolue de parler, voulez-vous
inc permettre tout de même de chanter? »
A noter également la mort do M. Eugène Berlin, cais-
sier principal do la Banque de France. Depuis vingt
ans, c’élait lui qui apposait sa signature sur les
billets à l’effigie de l’Etat.
Et Dieu sait si on aimait à lire sa signature au bas
de ces billets doux!
Sayez-vous combien il y a de femmes médecins en
Russie, actuellement?
Six cent quatre-vingt-dix-neuf, et la sept-centième
passe ses examens.
La statistique ne dit pas s’il y a plus de malades, et
s’ils sont plus mal soignés.
Dommage que la rubrique « déplacements et villé-
giatures » soit fermée en hiver. M. Goron la remplirait
à lui seul avec ses tournées.
Le chef do la Sûreté est revenu de Londres avec sa
malle. On ne dit pas quand il se remettra, en roule, tou-
jours avec le fameux colis.
A propos de la malle, uu directeur d’un de nos grands
magasins a demandé Ja permission de la faire copier,
pour mettre en vente « les malles Goufïc ». Il y avait
effectivement là une fortune à faire!
Vu Guibollard, influenzé, gardant la chambre. Une
odeur de musc l’environnait ; de nombreuses petites
boîtes fumaient sur les meubles.
— Qu’est-ce donc que ça, mon cher Guibollard?
— Je n’ai aucune confiance dans les remèdes nou-
veaux... Je me soigne uniquement avec des pastilles du
sérail !
Au restaurant.
Un monsieur, grincheux et éternuant :
— Garçon, une douzaine d’huitres... pas trop froides I
On potine chez la baronne.
— Bobéchard a cela de bon, raconte un a ni, qu’il ne
dit jamais de mal do personne.
-—C’est vrai, ajoute quelqu’un; mais il ni parle ja-
mais que de lui !
La jolie Mme de Saint Potin cause avec un monsieur
fort distrait.'
— C’est triste, dit-elle, d’être seule à mon âge.
— En effet. Mais comment...?
— Vous savez bien que j’ai perdu mon mari.
— Combien de fois ?
H. Ilenriot.
BOURSE-EXPRESS
C’est samedi. On réalise.
Malgré cela, tout est agréable à voir; c’est plaisir,
positivement, d’avoir affaire à un comptant aussi bien
disposé. Il y a des moments où il ne sait que faire de
- son argent; maintenant, il le place, et en lionnes et so-
lides valeurs.
Qa vaut toujours mieux, n’est-ce pas, que de le prê'cr
à certaines Banques.
... En somme, comme au commencemen t du mois
dernier, — et même plus qu’au commen cernent du mois
dernier, — c’est le comptant qui mène ia spéculation.
En sorte que tout irait bien, si on n’avait (je vous le dis
tout bas) quelques petites inquiétudes au sujet de la
façon dont se régleront le s comptes. On prétend qu’il y
a des arbitragistes qui filent un bien mauvais coton.
Bah! espérons que ce coton-là ne nous donnera pas
trop de fil à retordre.
Castorinb.
du Souverain-Pontife ou du coffre-fort d’un banquier
israélite, c’est un vrai don de millionnaire.
Aussi nous voyez-vous enchanté d’apprendre, par
cette très opportune dépêche arrivée de Fribourg,
que l’état financier du Saint-Père lui permet de se
livrer à de pareilles largesses.
Enchanté, parla même occasion, de pouvoir prier
ces messieurs du clergé et du journalisme dévot de
ne plus nous la faire, comme on dit dans le meilleur
monde, à la panade pontificale.
Espérons enfin —• mais n'est ce pas trop espérer
d’elle? — que la gent dévote comprendra combien il
serait à propos d’appliquer humainement le pro-
verbe : Charité bien ordonnée ..
Au lieu d’envoyer à Rome un argent qui ne profite
qu’aux, étrangers, que nos ultramontains songent un
peu, par hasard, aux pauvres de France, dont ils ne
s’occupent d’ordinaire que sous réserve, — dont ils
semblent, pour le quart d’heure, oublier trop l’exis-
tence.
Allons, bonnes gens, ne restez pas au-dessous
d’Israël !
Robert Hyenne.
US BATTUS PAIENT L’AMENDE
Ça, c’est classique, et il y a plus d’un siècle que
cet axiome, éminemment judiciaire, sinon judicieux,
est passé à l’état de proverbe.
Toutefois, ne nous empressons pas trop de tirer le
cordon. Il y a mieux encore, et, quand il s’agit de
chefs-d’œuvre de ce genre, l’administration (que
l'Europe nous envie, ne l’oublions pas) n’est jamais
à court et n’a jamais dit son dernier mot.
On peut même affirmer qu’en matière de police et
de justice, ça va de plus fort en plus fort.
Si, par hasard, vous en doutiez, je me permettrais
d’appeler votre bienveillante attention sur le petit
lait que voici, qui a passé à peu près inaperçu dans
la plupart des journaux, et qui est bien la chose la
plus cocasse que l’on puisse imaginer.
On sait, on sait beaucoup trop, que la banlieue
immédiate de Paris n’est pas précisément un lieu de
sûreté. Si la forêt de Bondy, qui jouissait d’une assez
mauvaise réputation au temps de Boileau, n’existe
plus, elle a été avantageusement remplacée par les
alentours des fortifications, sur tout le périmètre de
la capitale. Je dis : avantageusement, pour les « es-
carpes», mais fort désavantageusement pour les
honnêtes gens qui, à partir de la tombée de la nuit,
risquent à la fois et leur bourse et leur vie à traver-
ser certains quartiers déserts.
Partout, on ne parle que de pillages de villas,
d’attaques nocturnes, de vols et d'assassinats... Que
c’est comme un bouquet de fleurs ..aux environs de
Paris ! Des bandes sont organisées un peu partout,
et fonctionnent audacieusement, au nez et à la barbe
d’une police insuffisante et impuissante.
Enfin, pour vous donner une idée de l’état où sont
actuellement les choses, l’autre nuit, à la Porte-
Maillot même, entre deux grands restaurants pour
noces encore illuminés, des rôdeurs ont dépouillé et
à peu près assommé un pauvre diable de passant,
puis l’ont laissé sur les rails du tramway, afin de faire
croire à un accident.
Naturellement, les bonnes gens de la banlieue ne
sont pas contents.
On a beau habiter Neuilly, ou Saint-Mandé, ou
Clichy-la-Garenne, ou Levallois-Perret, il n’est pas
agréable de ne pouvoir aller au théâtre, à Paris, sans
s’exposer à recevoir, en revenant, une jolie collec-
tion de coups de couteau ou de casse-tête.
Et comme, après tout, on paie tout autant d’im-
pôts, peut-être même plus, à Neuilly qu’à Paris, on
a bien le droit d’exiger que l’autorité compétente
s’occupe d’assurer la sécurité des contribuables qui,
pour leur malheur, nichent hors barrière.
Naturellement, les habitants de la banlieue de Pa-
ris, à qui il ne plaît pas d’être maltraités comme au
coin d’un bois (qu’il soit de Boulogne ou de Vin-
cennes), ont réclamé comme un seul homme. Or,
savez-vous ce qu’on leur a répondu?
M. le préfet de police a tout bonnement rappelé à
MM. les commissaires une circulaire du 20 décem-
bre 1857, prescrivant à tous les propriétaires et loca-
taires de la banlieue de Paris de fermer les portes de
leurs maisons, cours ou allées, à partir de neuf heu-
res du soir, du 1er novembreau 1er avril, et àpartirde
onze heures, du 1er avril au 1er novembre.
C’est simple comme bonsoir, et le remède me pa-
raît infaillible.
Du moment où vous cadenassez tout chez vous,
les voleurs auront du mal à pénétrer jusqu’à votre
coffre-fort.
Et si, par surcroît de prudence, veus vous cade-
nassez vous-même au fond de votre appartement, il
faudra que vous ayez bien du malheur pour rencon-
trer quelque « rôdeur » cherchant une proie à « su-
riner ».
Une porte doit être ouverte ou fermée, affirme la
Sagesse des nations. La police, plus autoritaire,
exige que la porte soit fermée.
Même, elle n’y va pas par quatre chemins, la po-
lice. Ceux qui laisseront leur huis ouvert seront pas-
sibles d’une contravention.
On les condamnera à l’amende, peut-être meme à
la prison, en cas de récidive. Gomme cela, du moins,
la police et la justice ne chômeront pas. Il faut tou-
jours qu’on arrête et qu’on condamne quelqu’un,
n’esl-ce pas?... Et dame, les honnêtes gens sont plus
faciles à pincer que les coquins...
Voilà pourquoi les volés feront désormais de la
prison, de même que les battus ont toujours payé
l’amende.
— Mais on me pille, mais on m’assassine 1 criez-
vous, en appelant la police au secours.
La police vous répond, maternellement :
— Poussez vos verrous et restez chez vous, ou
bien je vous arrête, tas de braillards!
C’est on ne peut plus logique.
Un de ces jours, ou une de ces nuits, vous verrez
qu’on rétablira le couvre-feu.
Et cependant, hélas ! nous éclairerons plus que ja-
mais !
Henri Second.
fi4* VINS B°tDMAcoîSEE. DUTHU-CERY, Dijon (Æi.)
PLUME HUMBOLDTtJil-
AMERS KOKA «‘VIN KL INA Francais-Ioi dfiaiiti
incomparables, recommandés par tous les Docteurs, à basede la plante divine “ Cooa du
Perdu”fabricant Campredon,Marseille,G^lmportateurde Vins ettoua Rhum»
TRIPLE-SEC COINTKEAUdangers
_—.-♦-
CHRONIQUE DU JOUR
On a souvent répété que Bruxelles était un faubourg
de Paris. Effectivement, l’incendie du château de Lae-
lœn a produit presque autant d’impression chez nous
que s’il s’était agi d'un palais parisien.
La garde qui veille à ses barrières n’a pas défendu
les rois contre le fou. Les journaux catholiques n’ont
pas encore constaté, dans ce désastre, le doigt de la
Providence. Mais aussi, il faut être juste, on ne saurait
le fourrer partout.
Et pourtant, il y a un détail bien particulier : la garde
du château, confiée à un bataillon, était changée tous
les six mois. Pendant cette période de temps, on exer-
çait les hommes au maniement des pompes.
Or, par une véritable fatalité, le détachement a été
renouvelé la veille de l’incendie, ce qui fait que les sol-
dats étaient complètement inexpérimentés.
La chronique du feu est d’ailleurs, cette semaine,
aussi considérable que la chronique funéraire. Ati ! elle
commence bien, l’année 1890 !
Celte semaine encore, trois théâtres en feu. L’incendie
du théâtre de Zurich a été caractérisé par un fait à îe-
tenir.
Dès que le feu eut éclaté, le régisseur s’avança sur la
s cne, salua le public correctement et, sans trouble ap-
parent, déclara que les acteurs étaient tous atteintsd’in-
lluenza, et par conséquent que la représentation ne
pouvait avoir lieu. Le publie de se retirer avec un cahne
parfait; il ne s'aperçut qu’au dehors de l’étendue du
sinistre.
Le monde des théâtres est particulièrement frappé.
On annonce la mort de Justamant, un maître de ballet
qui eut son heure de célébrité,et de Gayarré, un artiste
de cœur et de talent.
Tout comme Gelyotte, roi de l’Opéra, Gayarré était fils
d’un cultivateur basque, et le goût de la musique lui
vint un peu comme au tambourinaire de DaudeÇ la
nuit, en écoutant le rossignol. Ce qui n’empêchait pas
Gayarré de toucher, maintenant, huit et neuf mille
francs par soirée
La dernière fois que nous avons vu Gayarré, c’était
cet été, dans une slation thermale des Pyrénées. Le di-
recteur du théâtre du Casino n’avait pas payé les artis-
tes, ce qui arrive fréquemment à l’ombre des monta-
gnes. Bref, on organisa une soirie au bénéfice de ces
inforlunés, et comme Gayarré arrivait dans la ville, on
lui demanda son concours, immédiatement accordé.
Le soir, le ténor fut pris d’un enrouement subit; il
enveloppa sa carte dans un billet de cinq cents francs,
et écrivit aux artistes :
« Dans l'impossibilité absolue de parler, voulez-vous
inc permettre tout de même de chanter? »
A noter également la mort do M. Eugène Berlin, cais-
sier principal do la Banque de France. Depuis vingt
ans, c’élait lui qui apposait sa signature sur les
billets à l’effigie de l’Etat.
Et Dieu sait si on aimait à lire sa signature au bas
de ces billets doux!
Sayez-vous combien il y a de femmes médecins en
Russie, actuellement?
Six cent quatre-vingt-dix-neuf, et la sept-centième
passe ses examens.
La statistique ne dit pas s’il y a plus de malades, et
s’ils sont plus mal soignés.
Dommage que la rubrique « déplacements et villé-
giatures » soit fermée en hiver. M. Goron la remplirait
à lui seul avec ses tournées.
Le chef do la Sûreté est revenu de Londres avec sa
malle. On ne dit pas quand il se remettra, en roule, tou-
jours avec le fameux colis.
A propos de la malle, uu directeur d’un de nos grands
magasins a demandé Ja permission de la faire copier,
pour mettre en vente « les malles Goufïc ». Il y avait
effectivement là une fortune à faire!
Vu Guibollard, influenzé, gardant la chambre. Une
odeur de musc l’environnait ; de nombreuses petites
boîtes fumaient sur les meubles.
— Qu’est-ce donc que ça, mon cher Guibollard?
— Je n’ai aucune confiance dans les remèdes nou-
veaux... Je me soigne uniquement avec des pastilles du
sérail !
Au restaurant.
Un monsieur, grincheux et éternuant :
— Garçon, une douzaine d’huitres... pas trop froides I
On potine chez la baronne.
— Bobéchard a cela de bon, raconte un a ni, qu’il ne
dit jamais de mal do personne.
-—C’est vrai, ajoute quelqu’un; mais il ni parle ja-
mais que de lui !
La jolie Mme de Saint Potin cause avec un monsieur
fort distrait.'
— C’est triste, dit-elle, d’être seule à mon âge.
— En effet. Mais comment...?
— Vous savez bien que j’ai perdu mon mari.
— Combien de fois ?
H. Ilenriot.
BOURSE-EXPRESS
C’est samedi. On réalise.
Malgré cela, tout est agréable à voir; c’est plaisir,
positivement, d’avoir affaire à un comptant aussi bien
disposé. Il y a des moments où il ne sait que faire de
- son argent; maintenant, il le place, et en lionnes et so-
lides valeurs.
Qa vaut toujours mieux, n’est-ce pas, que de le prê'cr
à certaines Banques.
... En somme, comme au commencemen t du mois
dernier, — et même plus qu’au commen cernent du mois
dernier, — c’est le comptant qui mène ia spéculation.
En sorte que tout irait bien, si on n’avait (je vous le dis
tout bas) quelques petites inquiétudes au sujet de la
façon dont se régleront le s comptes. On prétend qu’il y
a des arbitragistes qui filent un bien mauvais coton.
Bah! espérons que ce coton-là ne nous donnera pas
trop de fil à retordre.
Castorinb.