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Le charivari — 59.1890

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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéro { 25 centimes DIMANCHE 2 FÉVRIER 189o

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PA1US

Trois mois. 18 If.

Six mois. 30 —

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Politique, Littéraire et Artistique

PI li 11 UH VÉltON

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PHilUtK VlîllON

Rédacteur eu Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

CHARIVARI

bulletin politique

Ce n’est pas sans tristesse que nous voyons le
guet-apens et la lutte à mains ploies pénétrer dans
nos mœurs électorales.

Jusqu’ici, la France avait -- on peut le dire —
donné l’exemple d’une modération et d’une courtoi-
sie relatives qui lui étaient fortement enviées par une
foule d'autres pays.

L’Angleterre notamment, où les poings jouent un
rôle politique si actif, était jalouse de notre calme.
La République américaine, qui recourt volontiers
aux arguments contondants durant les élections,
s'étonnait aussi de notre tenue et retenue.

Devons-nous perdre ce prestige — un des derniers
qui nous restent?

Devons-nous voir chaque assemblée dans la-
quell; un candidat prendra la parole, chaque réu-
nion dans laquelle un élp rendra compte de son
mandat, se terminer par des mêlées générales, dans
lesquelles, de ce train-là, le revolver ne tarderait
pas à prendre la parole ?

Si ces mœurs menacent de s’introduire chez nous,
la faute n’en est-elle pas à une législation qui pro-
tège insuffisamment l’ordre et la sécurité des délibé-
rations électorales ?

Auquel cas il n’y aurait pas à hésiter. Le gouver-
nement devrait, sans nul retard, proposer une loi
qui nous empêchât de tomber à bref délai dans la
sauvagerie politique.

Feu Scarron, dans son Enéide travestie, a parlé
de l'ombre d’un valet

Proliant l’ombre d’un carrosse
Avec l’ombre d’une brosse.

Impossible de ne pas se remémorer ces vers du
burlesque prédécesseur de Louis XIV, en lisant les
commentaires explicatifs qui Iraîoent encore à la
suite du conflit Plonplon Totor.

Vous vous rappelez l’histoire.

Le père et le fils — même devant un cercueil —
refusant de sc donner le plus léger témoignage d’es-
time.

Ombres de prétendants se disputant l’ombre du
pouvoir! N’est-ce pas cela tout à fait?

A noter, en passant, un dernier détail, qui jette
une double lueur sur le caractère du jeune morfondu
de Bruxelles.

Il paraît que le roi d’Italie lui adressa de pres-
santes instances pour qu'il renonçât à son altitude
et se déclarât décidé à attendre la mort de son père
pour sauter sur son héritage.

Cette proposition, qui n’avait, vous 1 avouerez,
rien d’excessif, puisqu’elle consacrait uniquement
la loi de nature, a été repoussée avec colère par
celui dont le respect filial a pour devise : « Ote-toi
de là que je m’y mette ! »

Ne pas oublier, pour don ær tout son charme à ce

renseignement, que lai monarchie^apoléonienne,
que désirerait fortement restaurer înq^iïrie Victor,
aurait, entre autres, la prétention de relever le culte
de la famille, compromis par cette affreuse Républi-
que !

Pierre Yéron.

A M. Larroumet,

Sauveteur.

Monsieur,

Je me figure qu’après avoir contresigné votre der-
nier document officiel, en ce moment controversé,
vous vous écriâtes :

J’ai sauvé...

Non pas. le Capitole. Mon hypothèse deviendrait
irrévérencieuse par réminiscence.

Mais :

— J’ai sauvé le Conservatoire et le grand art.

Eh bien, permettez-moi de ne pas être de votre
avis et de vous le dire.

Il nie semble qu’au contraire l’art théâtral est,
pour le quart d heure, menacé très sérieusement de
succomber aux suites d’une Normalité aiguë.

Maladie terrible et essentiellement contagieuse.

Contrairement, en effet, aux salutaires recom-
mandations du proverbe qui décrète : « A chacun
son métier »,ce sont actuellement des Universitaires,
destinés à bourrer de latin les jeunes potaches, qui
régentent le théâtre en France.

Ceux ci ont accaparé le feuilleton et y dogmati-
sent la critique; ceux-là accablent le pauvre public
de conférences pédagogiques.

Vous voici enfin, arrivant à la rescousse avec la
grande férule officielle, et vous écriant eu chœur avec
toute la franc-maçonnerie normalienne :

— Hors le classique, pas de salut I

Eh bien, monsieur, du?sè-je indigner Brunetière
lui-même, l’oracle de la Revue des Deux Mondes> j’es-
time que vous tournez le dos au progrès, que vous
travaillez à ankyloser l’avenir, qu’enfin l’idéal mo-
derne ne saurait être : Pontification et punci/ïcation.

Sous prétexte de tradition, vous voulez que tous
les talents soient coulés dans le même vieux moule;
vous prétendez coucher tout le inonde sur le même
lit de Procuste.

Votre rêve est que le Conservatoire soit une fabri-
que de poupées articulées,qui disent papa et maman
selon les intonations tnoliéresques, qui déclament
avec hoquets conformes les tirades tragiques.

On ne peut pourtant pas, monsieur, enfermer in-
définiment les comédiens et les comédiennes dans
une muraille de la Chine. On ne peut les condamner
à ce perpétuel recommencement qui fut cher aux
routiniers de tous les siècles.

De nouvelles formules s’annoncent, de nouvelles

tendances s’affirment dans tous les arts. Celui-ci seul
ne peut être condamné à un invariable gavage de
banalités.

Votre Conservatoire, c’est précisément de cela
qu'il meurt. C’est parce qu’il tire à je ne sais com-
bien d'exemplaires des élèves qui ânonnent tous de
la même façon les airs connus de Racine, de Cor-
neille et des autres.

En ces derniers temps, il y eu a qui ont senti la
nécessité de secouer le joug. Cela vous a offusqué,
vous et tous les Normalomanes dont vous vous êtes
fait l’exécuteur.

Savez-vous quel beau résultat vous obtiendrez
avec votre ukase ?

Le Conservatoire en mourra un peu plus tôt, et
personne ne le regrettera, puisque vous lui assignez
pour but la suppression de toute originalité, de toute
innovation, la destruction de toute personnalité.

Vous trouvez sans doute qu’une mécanique qui
psalmodie immuablement la prose et les vers est
préférable à une Desclée cherchant et trouvant la
vie vraie, et frayant ainsi une voie inconnue?

Allons, tant mieux. Di(es-le plus haut encore,
monsieur, et plus impérativement.

Au besoin même, afin que le talent fût sûrement
préservé désormais du désir d’entrer dans votre Con-
servatoire Normalisé, vous pourriez faire graver au-
dessus de la porte ces mots : Ici don châtre.

Agréez, monsieur, toutes mes civilités.

JEAN BOURGEOIS.

VOYEZ CASIER!

L’autre jour, à la Chambre, au cours de la discus-
sion d’une élection très contestée, un honorable
demanda — fort à propos — qu’on publiât au
Journal officiel le casier judiciaire de chaque député.

A ce pétard, lancé non sans quelque artifice, la
Chambre, tant de l’oreille droite que de l’oreille
gauche, fit la sourde et passa outre.

Sans être absolument cruel, on pourrait insinuer
qu’elle avait probablement pour cela de très hautes
raisons métaphysico-politiques.

Glissons, mortels, n’appuyons pas!

Mais, comme la métaphysique polilique n’est pas
accessible à tous, je demande la permission de for-
muler ici quelques considérations moins spéculatives
sur le dédain avec lequel la Chambre a fait la sourde
en celte occasion.

Et d’abord, la première supposition qui vienne, à
ce propos, à l’esprit le plus bienveillant, est celle-ci :

— Est-ce que, par hasard, la Chambre aurait peur
que la publication du casier judiciaire de ses mem-
bres ne jette le discrédit sur l’honorabilité de quel-
ques-uns d’entre eux ?

Oh! je me refuse à le croire, de toutes mes forces,
messieurs les honorables, je vous l’assureI

Ces soupçons-là pouvaient planer sur l’ancienne
Chambre, parce que, dans l’ancieDne Chambre, — on
peut le dire aujourd’hui, n’est-ce pas? — siégeaient
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