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Le charivari — 59.1890

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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

LUNDI iei DÉCEMBRE .1890

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. 72 —

f.es abonnements partent des /»' et 16 de chaque mon

DIRECTION

Politique- Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

P.ue de la Victoire, 20

ABONNEMENTS

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Six mois. 40 —

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L’abonnement d’un an donne droit à la prime gratuit

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité

92, Rue Richelieu

CHARIVARI

LA SEMAINE DE LA BOURSE

Paris, le 30 novembre 1890.

Monsieur le Directeur,

Nous avons tant et si souvent parlé de Londres,
depuis quelque temps, que le thermomètre a cru
que c’était arrivé. Et il a poussé l’anglomanie jus-
qu’à nous envoyer une série de frimas dont nous
nous serions d’aulant mieux passés que nous n’a-
vions vraiment pas besoin de la neige pour nous jeter
un froid. La catastrophe de la Banque d’Etat suffi-
sait largement.

Je dis catastrophe, bien que je ne sache pas à com-
bien se monte au juste le déficit, M. Mary Raynaud
n’ayant pas jugé à propos de me faire des confiden-
ces. Mais, quel que soit le chiffre du passif, il est
certain que bien des petites gens ont perdu leur
pauvre argent dans cette histoire. On parle aussi
de grosses pertes subies par des capitalistes, des
400,000 francs, des 130,000 francs, et ainsi de suite.

Entre nous, je ne me sens nul désir de m’arracher
les cheveux à la pensée de l’accident qui atteint les
perdants de cette dimension; l’importance même
des sommes qu’ils versaient entre les mains du fan-
taisiste de la place de ta Bourse permet de supposer
que nous avons affaire à des personnages qui avaient
assez de loisirs pour prendre des renseignements; et
il aurait dû leur paraître évident qu’on ne peut pas
donner 30 0/0 d’intérêt par an à des déposants sans
avoir recours à des moyens exempts de régularité ..

Je ne suppose pas, fût-ce un instant, que cette mé-
saventure servira de leçon au public. A Paris, on
oublie vite; et, dans cinq ou six mois d’ici, peut-
être moins, un autre flibustier viendra qui trouvera
d’autres combinaisons à l’usage d’autres gogos.

Si je parle longuement de ce personnage, c’est
que, au commencement de l’année, il a joué un rôle
assez important dans la campagne menée contre le

Crédit Foncier

qui, d’ailleurs, ne s’en porte pas plus mal à l’heure
qu’il est. Et c’est justement au moyen de la combi-
naison de titres dont je parlais plus haut que ce rôle
a pu êlrejoué. Au beau milieu de la bataille, on s’a-
perçut tout à coup qu’un certain nombre d’obliga-
tions étaient vendues chaque jour. C’était adroite-
ment combiné. La baisse des actions était surtout
une affaire de spéculation ; mais il fallait atteindre
la petite épargne et tâcher de créer de cette manière
un courant de panique.

Les obligations ainsi offertes provenaient, vous
l’avez deviné, d’officines semblables à la Banque
d’État, où elles avaient été déposées par lafoule bê-
lante de petits capitalistes avides dont il a été question
ci-dessus. Ces petits capitalistes ignoraient nécessai-
rement l’usage que l’on faisait de leur propriété, qui
eût été singulièrement compromise, dès celte épo-
que, si le coup avait réussi. Ab I on n’aurait pas eu

de peine à servir 30 0/0 aux déposants; mais c’eût
été au prix d’une perte énorme sur le capital.

Heureusement, le coup n’a pas réussivet nejpou-
vait pas réussir. Le public en général est sTluen au
courant de toul ce qui se passe au Crédit Foncier, il
est si bien pénétré de la régularité des opérations de
cet établissement et de son incomparable solidité,
que, lorsqu’on lui offrit des obligations à des cours en
baisse, il se produisit un phénomène sur lequel les
tripoteurs n’avaient pas compté. Loin de se laisser
aller à un sentiment de panique, le public profita de
l’occasion et se jeta sur les obligations comme sur
du pain !

Mais supposez un moment qu’il se fût agi d’un
établissement moins en possession que le Crédit
Foncier de la légitime confiance du public, et ima-
ginez la catastrophe!

Par bonheur,

Les tripoteurs de cette taille sont rares,

Habituellement, ils se contentent d’encaisser les
fonds du public sans se mettre en peine de chercher
des combinaisons aussi compliquées. Mais ils n’en
sont pas moins dangereux, puisque l’épargne, sans
cesse visée par eux, n’a pas assez de bon sens pour
se défendre contre des séductions aussi cousues de
fil blanc. Je voudrais que le petit public se mît bien
dans la tête que l’argent ne peut pas, ne peut abso-
lument pas produire d’une manière régulière plus
de o 0/0 au grand maximum. Et c’est déjà bien joli,
par le temps d’abaissemeut de taux de capitalisation
qui court. Certes, il y a des exceptions. Mais tabler
sur ces exceplions-là, c’est absolument comme si on
passait sa vie à prendre des billets à toutes les lote-
ries, sous prétexte qu’à chacune de ces loteries il y
a un ou plusieurs numéros gagnants. Au bout de
dix, douze, vingt ans, on a la chance extraordinaire
— et cela, pas toujours ! — de mettre la main sur un
de ces numéros gagnants. On s’aperçoit alors qu’on
a encaissé un petit lot de rien du tout.

Cela fait une moyenne de combien ? De 3 1/2 à
4 0/0 tout au plus. La cinquième année, bonsoir,
plus personne, va te faire fiche, adieu mon argent!
Cris, pleurs, grincements de dents, et copiera.
Remarquez que ceux qui ont touché de 3 1/2 à 4 0/0
de revenu sont encore les plus exceptionnellement
heureux. Or, ils ont été payés sur le fonds commun,
sur l’argent déposé par d’autres naïfs. En tout cas,
le résultat qu’ils ont obtenu n’est pas comparable
une minute à celui qu’ils eussent atteint en plaçant
tranquillement leur argent en actions du Crédit
Foncier, par exemple, ou du Crédit Lyonnais, pour
parler des établissements de crédit ; ou en actions
des grandes Compagnies des chemins de fer français.

Mais

En voilà assez sur ce sujet.

Malgré tout, je ne m’y serais pas étendu si longue-
ment, s’il y avait eu quelque chose de bien intéres-
sant à dire sur la Bourse de cette semaine. Mais
point. Gomme d’habitude, — une habitude qui re-
monte au milieu d’octobre — nous n’avons eu que

des hésitations, des tergiversations, et aussi peu
d’affaires que possible. C’est toujours d’Angleterre
que nous vient la lumière, — ou plutôt que nous
vient le brouillard dans lequel nous pataugeons à
l’aveuglette. Mais il est permis de croire, à divers in-
dices, que nos embêtements tirent à leur fin. Il faut
rendre cette justice aux Anglais : ce sont des gens
pratiques, et qui ne perdent pas leur temps à pleu-
rer sur une situation. Ils ont, en un tour de main,
constitué un syndicat de garantie en faveur de la
maison Baring, et maintenant on n’a plus guère de
préoccupations à avoir.

On sait cela ici. Néanmoins, les cours ont été fai-
blots; et cela, je dois le dire, fait le plus graul hon-
neur à la prudence de la spéculation parisienne.
Comme le Charivari l’a annoncé il y a plus de quinze
jours, il y a eu des livraisons de litres en liquidation
de Londres. Dès qu’on a vu que messieurs nos voi-
sins essayaient de se faire de l’argent sur notre dos,
on a interrompu, net comme torchette, le mouve-
ment de hausse qui commençait déjà à se dessiner.
J’espère qu’on va continuer à opérer avec la même
circonspection. Nos voisins sont très gentils, bien
sûr; mais ils ont en portefeuille bien de3 valeurs
douteuses, bien des papiers Argentins et autres. Nous
n’avons aucun renseignement sur les quantités dont
ils disposent; et il est clair qu'en montant trop vite,
nous nous exposons à ce qu’ils profitent de notre
imprudence pour nous repasser tout leur petit pa-
quet. C’est un jeu qui nous a coûté trop cher pour
que nous ayons envie d’en tâter de nouveau.

Donc, ne bougeons plus jusqu’à nouvel ordre ! Si
nous tenons absolument à avoir delà hausse, arran-
geons-nous de manière que nos rentes et valeurs fran-
çaises en profitent seules. Tant que nous placerons
notre argent dans ces titres-là, nous ne risquons rien.
C’est à peine si le Crédit Foncier est à 1,300. Le
Crédit Lyonnais, les Chemins de fer à voie étroite
(par parenthèse, ce sont à peu près les seules va-
leurs dont, cette semaine, le marché ait été doué de
quelque activité), tout cela est à des prix très abor-
dables, tout cela fournit des revenus très rénuméra-
teurs.

Je vous conseillerais bien de procéder à des achats
de rentes, mais je n’ose guère. Attendons, pour cela,
la fin de la liquidation de fin du mois. Et surtout,
attendons de voir quelle impression produira sur le
marché du comptant les discussions parlementaires
actuelles. Cette remise à plus tard de l’Emprunt...

Enfin, j’aurai à vous reparler de cela dans mes
Bourse-Express quotidiennes.

Castorinb.

LE PONT AUX ANES

Vous savez que, sous le règne de ce bon Louis-Phi-
lippe, les pieds-droits du pont de la Concorde — style
architectonique, s'il vous plaît ! — étaient surchar-
gés de statues de pierre.

Une interview de M. Viguier, président du conseil
général, constate même quelles étaient aussi laides
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