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Le charivari — 59.1890

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Juillet
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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

MARDI l01 JUILLET 1890

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Kédacteur en Chef

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ADOLPHE EWIG , ’ FERMIER DE LA PUBLICITÉ

92, Rue Richelieu

CHARIVARI

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PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

de la RÉDACTION et de l’administration

Rue de la Victoire, 20

LE

BULLETIN POLITIQUE

Vous savez ce qui arrive à cette pauvre Chambre.
Elle ne sait quoi faire.

C’est à la lettre.

Le parlementarisme fonctionne d’une si singulière
façon qu’il n’y a jamais de besogne prête, alors qu’il
existe d’immenses tâches à accomplir.

M. Camille Pelletan, qui voit ces choses de près,
poussait l’autre jour un cri d’alarme, tout en es-
sayant de disculper le Parlement.

Il constatait qu’on trouve néant à l’ordre du joui,
alors que tant de progrès sont à réaliser, alors que
tant de questions capitales attendent vainement
une solution.

Mais, selon lui, ce n’est pas la Chambre qui est
responsable de cette impuissance et de cette impré-
voyance.

Nous n’avons, du reste, pas bien compris son argu-
mentation, qui plaidait ainsi les circonstances atté-
nuantes :

« On dit : « Voyez cette Chambre! Elle ne fait
rien. Elle est déjà jugée. » Car telle est la façon
d’entendre, chez nous, le régime de discussion : le
citoyen de la République française est resté pour
une bonne part, en vertu de l’hérédité, sujet de
Louis XV : son premier instinct est d’accuser ceux
dont l’élection est le premier gage de ses libertés :
c’est la bonne façon d’être mystifié par ceux qu’il
ne nomme pas. Aussi quelque chose marche-t-il de
travers? — C’est la faute de la Chambre. — Si la
Chambre essaye de faire quelque chose, elle heurte
et risque de culbuter le ministère : cela ne va pas au
caractère français.

» S’il n’y a pas de besogne faite, à qui la faute,
s’il vous plaît? Nous pratiquons le régime parlemen-
taire à rebours, et c’est pour cela qu’il est décrié
chez nous. »

Avec ça que la Chambre se gêne chez nous pour
culbuter les ministères ! C’est bien cela qui l’arrête-
rait, si elle avait envie d’agir !

Mais elle est simplement paresseuse et incapable.
Elle ne s’intéresse qu’aux boucans. Pour le reste, va
comme je te pousse!

M. Pelletan voudrait que l’on essayât d’un remède
anglais. Celui-ci :

« De l’autre côté de la Manche, c’est le ministère
qui se charge d’assurer la tâche dn Parlement. C’est
le ministère qui propose les réformes reconnues
mûres. C’est le ministère qui stimule et dirige l’es-
prit de progrès. Les Anglais ont même adopté une
règle curieuse à ce sujet. Sur les six jours de ]a se-
maine parlementaire, cinq sont réservés aux projets
du gouvernement ; un seul appartient aux projets
dus à l’initiative des députés, projets qui, en fait,
ont bien rarement quelque importance (là-bas), le
ministère, même conservateur, se bâtant de s’em-
parer des projets de réformes mûres. »

C’est pour le coup que nous en verrions, des dé-
gringolades ministérielles.

Tout projet qui émane du gouvernement a chez
nous quarante neuf chances sur cinquante pour être
chipoté, dénaturé et finalement blackboulé.

La consigne — M. Pelletan doit le savoir mieux
que personne — est, au Palais-Bourbon : Tout pour
et par l’initiative parlementaire.

Essayez un peu de restreindre cette initiative-là,
et vous verrez quels beaux cris on pousserait. Je ne
suismême pas bien sûr que M. Pelletan ne crierait
pas aussi fort que les autres, quoi qu’il en dise.

Le remède n’est donc pas à chercher de ce côté-là.
Il serait pire que le ruai.

Ce qu’il faudrait, c’est bien simple^ — et en même
temps bien difficile à réaliser.

Ce qu’il faudrait, c’est persuader aux électeurs
d’élire des députés laborieux, instruits, sensés ; des
députés qui étudieraient, au lien de bavarder et de
se quereller.

Nous n’en sommes pas là. C'est l’idéal, c’est la
chimère,

M. Pelletan nous cite l’exemple de l’Angleterre.
Comme si les deux peuples avaient le même tempé-
rament !

Le député anglais ne ressemble en rien au député
français, — en rien !

L’un est calme et l’autre est turbulent. Le pre-
mier pioche, le second se trémousse.

Le Parlement anglais n’est pas composé de gens
qui presque tous rêvent de portefeuille la nuit.

Il ne se produit qu’à de longs intervalles un grand
déplacement de pouvoir substituant un parti à
l’autre.

Chez nous, c’est un émiettement infinitésimal qui
semble avoir pour devise : Chacun pour soi. Les
convoitises privées passent avant l’intérêt public.

Pour changer l’état de choses, il faudrait changer
l’homme, refaire notre tempérament national.

Voilà pourquoi tant de gens se demandent, de très
bonne foi et avec inquiétude, si le parlementarisme,
fécond par delà la Manche, n’est pas, de ce côté, voué
à une incurable stérilité.

Voilà pourquoi nous continuerons encore, hélas !
à voir des ordres du jour vides à côté d’abus sans
nombre.

Pierre Véron.

ITALIA LA BELLA!

Veder Napoli e poi morire\...

Vous la connaissez, cette rengaine?

Eh bien, soit! Aller voir Naples, je veux bien,
d’autant qu’on n’en meurt pas tout de même; admi-
rer Italia la bella, j’y consens encore, mais pas tout
entière, — car, vous savez, ni M. Crispi, ni la triple
alliance ne nous l’ont rendue plus aimable.

Les mauvaises langues assurent même que la
présence du cauteleux Sicilien à la présidence du
conseil des ministres d’Umberto primo a rendu la
confiance aux bandits; mais c’est là pure calomnie,
et je n’aurais pas, pour mon humble part, l’incom-
mensurable audace d’insister davantage, attendu

que, malgré moi, je songe aux « relations amicales
des deux pays », — cliché nJ 2,737,44b ! — si... si je
n’avais de la méfiance !

Dame! M. Crispi lui-même assure que ces rela-
tions-là existent réellement.

***

Quoi qu’il en soit, ce qu’il y a de certain, c’est que
le proverbe connu : « La faim fait sortir le loup du
bois » reçoit, d’une navrante façon, son application
dans la Péninsule.

Le brigandage y prend, affirme un journal italien,
des proportions que j’oserai qualifier de contagieu-
ses. Chaque jour voit éclore de nouveaux bandits.
Dame I il faut vivre, sinon bien vivre !

De temps à autre, un banquier disparaît de la cir-
culation; un beau matin, ses employés ne le voient
pas arriver à son bureau. Qu’est-il devenu? Ob ! on
ne lui a pas fait de mal ! Jamais de la vie 1 Détériorer
un pareil colis serait d’une imprudence étrange au-
tant qu’extrême. Non, on Ta mis seulement en lieu
sûr, en le priant de payer une petite rançon.

C’est charmant.

Et cela se renouvelle tous les huit jours envi-
ron.

***

Pendant ce temps, il signor Crispi continue à dé-
clarer à tous les diplomates de l’Europe que tout est
pour le mieux dans la plus misérable des nations, et
les diplomates ne s’avouent point... crispés. C’est
qu’ils ont un fier tempérament !

Pendant ce temps également, Humbert Ier envoie
des bijoux fort coûteux aux parents, amis et con-
naissances de son bien-aimé cousin et maître Guil-
laume IL

Que voulez-vous! On est allié, per D«o, ou on ne
l’est pas.

Mais gare à la casse 1

Quand il y aura en Italie dix millions de gueux
ou de bandits, je ne sais pas si c’est la triple alliance
qui empêchera le fils de feu Victor-Emmanuel — il
re galanluomo — de voir sa chère couronne faire
un patatras bien senti.

Achille Brissac.

CHRONIQUE DU JOUR

Le lapin est décidément un animal précieux : on le
met à toutes les sauces, sans parler de la gibelotte.

Au début, on se contentait de l’élever; on a continué
par le poser, puis M. Pasteur et ses élèves l’ont indis-
posé; enfin, dans la banlieue de Paris, une bande de
rôdeurs emploie actuellement ses nuits à ravir des lapi-
nes, ni plus ni moins que s’il s’agissait de simples Sa-
isines.

La police a, tout récemment, appréhendé au collet le
chef de ces Cartouche de basse-cour. Il habitait Glichy,
— Clichy-la-Garenne, naturellement, — dans une jolie
petite villa avec jardin, ainsi qu’un honnête bourgeois
du Marais retiré après fortune.
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