Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 59.1890

DOI Heft:
Septembre
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.23884#0957
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois.... 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. 72 —

Ces abonnements parlent des et is de chaque mois

DIRECTION

Politique. Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Bue de la Victoire, 20

Prix do Ehunéro : 98 centime#

LUNDI 1er SEPTEMBRE 1890

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

L’abonnement d’un an donne droit à la prime gratuit

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, FERMIER DE LA PUBLICITÉ

92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

LA SEMAINE DE LA BOURSE

Paris, le 31 août 1800.

Monsieur le Directeur,

G’est avec un soupir de véritable soulagement que
j’inscris en tête de cette lettre la date que vous ve-
nez de lire. Je ne sais pas ce que sera septembre ;
mais ce dont je suis certain, c est que le mois d août
est terminé, à la plus grande joie de tous ceux qui,
de près ou de loin, s’occupent de la Bourse et de ce
qui s’y passe. En voilà un moisi Pas d’affaires, pas
d’incidents ; le calme le plus plat, le marasme le plus
absolu 1 Jamais, au grand jamais, le marché de Paris
n’avait été aussi désert. Il passe pour donner le ton
aux autres marchés. Eh bien, ils ont dû être pro-
pres, les autres marchés, s’ils ont ressemblé au nôtre!
Tout le monde parti, pas un chat sous les colonnes,
quatre pelés dans la corbeille, et un tondu sous le
péristyle, — voilà le tableau ! Si nous avions eu un
temps exceptionnellement beau, on aurait pu, à
l’extrême rigueur, s’expliquer la disparition com-
plète de tout le personnel financier; mais pas du
tout. Il a fait frais comme en avril, il a plu comme
en mars, il a venté comme en novembre, c’est tout
au plus s’il n’a pas gelé comme en février. En un
mot, nous avions tout ce qu’il fallait pour faire des
atfaires, excepté les affaires elles-mêmes.

Enfin, c’est fini maintenant, et septembre nous
tend ses bras. Les théâtres annoncent leur réouver-
ture, et il paraît que nous allons assister à la reprise
de la comédie financière.

Il était temps!

Les remisiers commençaient à serrer les boucles
de leurs ceintures, et les infortunés coulissiers sen-
taient le besoin de se refaire un peu. Evohé! Les
clients sont prêts à revenir, et on se prépare à leur
faire uu accueil qui n’est pas dans un sac. A l’heure
où je vous écris, les intermédiaires ont engagé tout
ce qu’il y a de disponible en fait d’orphéons. Ceux-
ci, munis de leurs drapeaux ornés de ferblanteries
diverses, se rendent aux différentes gares, où ils ac-
cueilleront, avec des chants de joie et des transports
d’allégresse, le retour de ces enfants prodigues dont
les achats fermes ou à primes font mûrir les plan-
tureux courtages.

Les acheteurs reviennent avec l’intention bien ar-
rêtée de gagner énormément d’argent, ni plus ni
moins qu’avant les vacances; les vendeurs sont
pleins d’intentions de revanches, intentions qui, es-
pérons-le, seront déçues non moins que par le
passé. La bataille va recommencer 1 L’animation va
renaître, et la Bourse ne passera plus, dans l’imagi-
nation des provinciaux attardés, pour l’endroit où
doit fonctionner ce chemin de fer transsaharien
dont il est si fortement question depuis quelque
temps.

Lajoie des boursiers n’a d’égale que la placidité
des rentiers. Ces derniers ne sont pas à plaindre.
Cependant que les intermédiaires se sont brossé
le ventre, le comptant, tout le mois d'août durant, a
gagné de l’argent gros comme lui. Je contemple la
cote avec stupéfaction, et je constate que toutes les
valeurs un peu propres ont progressé considérable-
ment. Cette fois encore, les braves gens qui achè-
tent 3 francs de rente et qui mettent le titre en por-
tefeuille ont fait besogne plus utile que les milliar-
daires qui procèdent à coups de crayon et qui dis-
tribuent des ordres de trente mille comme s’il en
pleuvait. G’est l’éternelle histoire du

Lièvre et de la tortue.

Le petit rentier a battu à plate couture la grosse
spéculation, et a suffi à tenir en respect tout le ban
et l’arrière-ban des spéculateurs à la baisse. Ils sont
tout de même bien étonnés, les spéculateurs à la
baisse, en voyant que les cours de la rente ont ga-
gné à peu près 3 francs, en un mois où les acheteurs
ont fait presque complètement défaut. Moi, ce qui
m’étonne, c’est leur étonnement. Depuis le temps
qu’ils viennent à la Bourse, ils devraient pourtant
savoir qu’il y a acheteur et acheteur, et que, s’il est
possible et même facile de ruiner le monsieur qui
achète par grandes quantités, avec l’intention d'en-
caisser une différence plus ou moins forte en liqui-
dation, il est horriblement difficile de s’opposer au
triomphe des petites gens qui arrivent chez leur
agent avec un ordre dans une main et un sac d’ar-
gent dans l’autre. Ils devraient savoir, en outre, que
la race de ces petites gens-là n’est pas près de s’é-
teindre ; si le rentier proprement dit se désintéresse
un peu des rentes parce qu'elles sont très chères, et
parce qu’il y a un emprunt de sept cents millions à
l’ordre du jour, les rentes n’en ont pas moins une
clientèle très active. II ne faut pas oublier qu’il
existe.de par le monde, une institution qui s’appelle
la Caisse d’épargne, et dans les coffres de qui on
verse incessamment de l’or par pelletées. Il ne faut
pas oublier que, conformément aux déclarations du
gouvernement, tout cet or des Caisses d’épargne est
converti eu rentes. Il serait donc bien difficile à ces
dernières de ne monter point, en dépit de l’absten-
tion du petit rentier de qui il vient d’être parlé.

Ne pas croire que le petit rentier s’est croisé les
bras. Ça l’ennuie un peu, de ne toucher que trois
mille deux cents francs de rente pour un capital de
cent mille francs. C’est beaucoup moins qu’il ne re-
cevait jadis, et d’un autre côté le prix de toutes
choses n’a fait que croître et embellir. Les romans
de Paul de Kock sont pleins d’histoires de messieurs
qui, avec un revenu de huit mille francs, entrete-
naient tout le corps de ballet, jouaient gros jeu et
se promenaient dans les rues les plus copurchic du
Marais sur des chevaux fringants. Cet âge d’or n’est
plus. Il est très rare qu’une dégrafée se contente de
cent vingt francs par mois, et s’extasie sur la géné-
rosité du protecteur qui, deux fois pas semaine, lui
offre une bouteille de bière et des échaudés. Le
moindre entre-sol, fût-ce dans la rue Meslay, coûte
plus de cinq cents francs par an.

Tous nos voisins s’accordent à dire que nous som-
mes un peuple de fèteurs ; et cela doit être vrai, puis-

que tous nos voisins le disent. II nous faut donc
concilier les exigences de la vie avec l’abaissement
du taux de capitalisation, et la diminution du loyer
de l’argent avec le renchérissement du loyer des
entresols de la rue Meslay. Dans ces conditions, la
possession de rentes françaises est un luxe que
nous ne pouvons plus nous permettre. Les cerveaux
brûlés ont cherché de gros revenus ailleurs; c’est
peut-être pour cela que nous avons envoyé plus
d’un milliard à la République Argentine.

Les gens raisonnables se sont bien gardés d’ex-
pédier leur argent si loin; ils se sont contentés de
chercher s’il n’y avait pas moyen de trouver des
placements plus avantageux que les rentes. Ils en
ont trouvé, et ils en trouvent encore ; ils ont puisé
en partie leurs indications dans le Charivari, et j’ai
la satisfaction de croire

Qu’ils n’ont pas eu à s’en plaindre.

Depuis plusieurs années, en effet, nous avons pu
leur donner quelques bons petits conseils. Avec des
valeurs comme le Crédit Foncier, nous avons trouvé
moyen de leur faire gagner, en dehors de toute es-
pèce de dividende, des cent et cent cinquante francs
par an. Des titres comme l’action du Crédit Lyon-
nais sont à 20 et 25 0/0 au-dessus des cours aux-
quels ils se trouvaient alors que nous commencions
à les recommander. Les actions de chemins de fer
ont de même progressé; et d’autres titres encore,
dont l’énumération serait moult fastidieuse, ont
également procuré des avantages sérieux à ceux
qui les ont achetés. A dire le vrai, les vendeurs
avec leurs fantaisies abracadabrantes ont singulière-
ment facilité la besogne; mais qu’importe la cause,
pourvu qu’on ait l'effet, — qu’importe le flacon,
pourvu qu’on ait l’ivresse?

Nous ne savons pas s’il nous sera toujours donné
de travailler en collaboration avec messieurs les
baissiers, mais nous l’espérons. Au reste, nous ne
tarderons pas à savoir à quoi nous eu tenir à cet
égard, puisque la saison d’affaires est à la veille de
recommencer. S’il y a encore des casseurs de cours
dans le monde, tout ira des mieux; et c’est la grâce
que je nous souhaite.

Castorine.

BOYCOTTAGE RI ES

Ce bon PadJy vient encore de faire parler de lui*
Un député du parti national irlandais, M. Dillon
(ce nom est décidément prédestiné à l’agitation, en
France comme dans la Grande-Bretagne), a pro-
noncé dernièrement un grand discours à Limerick,
pour justifier le boycoltage. — Qu’on n’imprime pas
1 ebécottage, hein?

On sait que dans la lutte de la verte Erin contre
la vieille Angleterre, de Paddy contre John Bull, on
désigne sous ce nom de « boycottage » l'interdit
dans lequel sont mis par leurs compatriotes les 1er-
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen