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Le charivari — 59.1890

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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

VENDREDI 1er AOUT 1890

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PARIS

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Politique, Littéraire et Artistique

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Rédacteur eu Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de i.a publicité

92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

bulletin politique

Jj Univers est mécontent.

On peut dire que le mécontentement c’est sa car-
rière, car il n'a pas décoléré depuis qu’il existe.
Mais, pour le moment, sa fureur est triple. C’est, un
supplément d’épilepsie.

Premier accès :

On s’est permis d’inaugurer à Ferney une statue
de Voltaire. D’où des grincements qui, hélasI n’ont
rien de bien neuf.

L'Univers s’est éreiDtésur Voltaire trois ou quatre
cents fois. La victime ne s’en porte pas plus mal,
comme vous le voyez.

La dernière hottée d’injures est d’ailleurs fort ba-
nale, quoique le journal essaie de se montrer facé-
tieux à propos du nom de l’honorable M. Goujon,
sénateur, qui participa à l’inauguration.

Vous voyez d’ici les jolies calembredaines que cela
peut suggérer à l’auteur des folâtreries. Dame ! tout
le monde ne peut pas s’appeler Roussel comme lui
et comme le Cadet de la chanson.

Cadet-Roussel — je me trompe, Auguste ter-
mine ses clowneries par cette ruade :

« Que Voltaire ait été le précurseur de la Révolu-
tion, c’est incontestable; il est certain, du moins,
qu’il en èst un des plus néfastes ouvriers ; mais qu’on
ose lui imputer d’avoir fait « reculer le fanatisme
avec l’ignorance », c’est ce qui paraîtra le fait d’une
rare impudence, la révolution déchaînée partout
ayant eu pour résultat de faire régner partout la
plus odieuse tyrannie et le plus cruel fanatisme, à
l’encontre des droits les plus sacrés de la conscience
individuelle, de la famille et d’une société vraiment
digne de ce nom. »

Non, c’est tordant ! L'Univers s’indignant à propos
de fanatisme!

Nous avions ouï dire qu’on ne devait jamais par-
ler de corde dans la maison d'un pendu.

Le second accès d’indignation du même journal
vient de ce que la librairie Galmann Lévy publie un
choix des pensées de M. Renan à l’usage des lycées
et des écoles.

Dziniboum boum... En avant la musique! C’est de
la rage à grand orchestre.

« Les catholiques, s’écrie l'Univers, apprendront
ainsi que si l’on a chassé le catéchisme des écoles,
c’est pour y introduire, ainsi que dans les lycées,
l’enseignement religieux à la façon de M. Renan qui,
non content d’avoir blasphémé la divinité de Notre-
Seigneur, nie même l’existence d’un Dieu personnel
et ne prêche en toutes choses qu’un doute moqueur
et désolant. Voilà pourtant à quelles expériences
monstrueuses sont livrés les jeunes élèves des
écoles municipales et universitaires ! »

Ils l’ont encore sur le cœur, la Vie de Jésus,
comme vous voyez. Un ressentiment aussi persévé-
rant donne à supposer que le livre avait frappé juste.

L'Univers, à ce propos, parle d’« un doute déso-

lant ». Il y a quelque chose de plus désolant que le
doute, c’est la crédulité des gogos qui se laissent ex-
ploiter par les marchands de miracles et les fabri-
cants d'amulettes.:

C'est là vraiment l’humiliation de l’esprit humain.
C’est là vraiment le spectacle navrant.

La colère numéro 3 du journal exaspéré est moti-
vée par la réforme du baccalauréat.

Et savez-vous ce qui le courrouce particulière-
ment?... Non, vous ne devineriez jamais.

C’est que l’astronomie ne figure pas, à ce qu’il pa-
raît, dans les programmes futurs.

Toute la Veuillotière est en énioi. Elle proteste en
ces termes :

« On ne comprendrait pas celle exclusion de la
plus haute des sciences, l’astronomie, qui ne peut
avoir, aux yeux des partisans de l’enseignement
laïque et utilitaire, que le tort de faire lire en plus
gros caractères dans le firmament le nom de Dieu. »

Imprudente revendication !

L’astronomie est, de tontes les sciences, celle à
laquelle le cléricalisme devrait le moins faire son-
ger. Il a tant d’intérêt à ce qu’on l’oublie I

Autrement le premier souvenir qui se présente,
c’est celui de Galilée, de Galilée mis en prison pour
avoir révélé la véritable marche du monde qu’avait
ignorée la Bible, œuvre d’inspiraLon soi-disant di-
vine.

Un Dieu ignorant la marche des astres qu'il avait
fabriqués 1 C’est raide, comme bourde.

Pourquoi diable P Univers réveille-t il ce fâcheux
passé? C’est encore une fois parler de corde dans la
maison d’un pendu.

Ce pauvre Univers ! Quel gaffeur !

Pierre Véron.

SAINT HENRY... STANLEY

Quels dentistes que ces Anglais 1 II n’y a qu’eux, il
n’y a qu’eux... pour avoir des idées dont.la bouffon-
nerie soit capable de rendre des points au répertoire
le plus échevelé du Palais-Royal.

En voilà un, — c’est un révérend père, dénommé
S. K. Hocking... coquin de nom! — en voilà un,
dis-je, qui avait à faire un sermon au Cambridge
Hall, de Londres. Il n’en a pas fallu davantage pour
qu’il se révélât génie.

Certes, les sujets de sermon ne sont pas ce qui
manque sur les bords de la Tamise. Le révérend
pouvait faire son choix parmi les scandales du jour
et parler à bouche que veux-tu. Rien que sur le
procès en divorce intenté par le jeune lord Dunlo à
sa moitié, sur le rôle « paternel » joué par lord Clan-
carty dans l’affaire, il avait de quoi tenir les ouailles
suspendues à ses lèvres (les prédicateurs font de ces
tours de force plus aisément que nos saltimbanques
les leurs) pendant des journées entières.

Il a résisté à ce thème facile. Le génie le pous-

sait! L’exemple aussi de S. M. Victoria. Emporté
par le désir de s’élever au-dessus du commun, il a
choisi... Quoi? Le cas de l’héroïque personnage dont
le nom est sur le bout de toutes les langues britan-
niques : l’ineffable Stanley.

Oui, ineffable... Divin même! Le révérend Ta bien
fait voir à ses auditeurs.

Si, d’aventure, vous aviez rencontré un bipède
assez folâtre pour vous poser tout à coup cette ques-
tion facétieuse : « Dieu a-t-il parléà Stanley? » vous
auriez très certainement laissé échapper un de ces
éclats de rire formidables qui n’ont d’autre équiva-
lent en français que le Zut classique des moinsnobles
faubourgs.

Ce cocasse point d’interrogation, le révérend se
l’est posé à lui-même, sous le nez. Et, avec l’aplomb
qui caractérise ses flegmatiques compatriotes, il s’est
répondu : « Aoh! yes. Dieu a parlé à Stanley. »

Le dada enfourché, S. K. Hocking s’est mis à ga-
loper, à galoper... Et Cambridge Hall a eu son ser-
mon, duquel il ressort que Dieu a parlé à l’explora-
teur pour lui confier une mission providentielle en
Afrique.

Voilà donc pourquoi la politique que pratique là-
bas dame Albion a eu des soubresauts voisins de
l’incohérence : la Providence s’en mêlait!

11 fallait secouer lord Salisbury. Le Père étemel a
dit à Stanley quelques mots dans le tuyau de l’oreille.
Et... Et tout s’explique, parbleu!

A moins d'être aveugle, on peut voir cela d’ici,
encore que la scène soit naturellement un peu nua-
geuse, puisqu’elle se passe dans le boudoir paradi-
siaque du Très-Haut.

Eulevé de terre pendant son sommeil sur les ailes
d’une demi-douzaine de séraphins, Stanley est déli-
catement déposé au pied du trône de Dieu, qui lui
dit, probablement en anglais :

— My dear son Stanley, 1 love you...

Pardon ! J’oubliais que vous n’avez pas, comme
le Seigneur, l’avantage d’être polyglotte de nais-
sance. Je traduis donc en français :

— Stanley, mon cher fils, je t’aime, et voulant te
le montrer, je t’ai choisi entre tous pour accomplir
une mission de confiance. Le pays où j’entends que
tu te rendes n’est pas au coin du quai, mais peu im-
porte : l’essen iel est que tu en reviennes. Afin de te
rendre le voyage plus facile, j’attacherai à ta per-
sonne un de mes anges, qui sera toujours présent,
quoique invisible. Guidé par lui, tu viendras à bout
de tout.

— Que le Seigneur, murmura Stanley, daigne me
dire où je dois aller... Je suis prêt

— Bien, mon fils. Tu iras au fin fond de l’Afrique,
par delà le désert,à travers les Nvanzas, jusque chez
les Wa-nyoro, les Wa-songora, les M’buté, les Bedi-
riki. Chemin faisant, tu reconnaîtras l’Ituri, la forêt
de Mtamba, le Wenzori haut de 17,000 pieds dont
2,000 couverts de neige. Je t’avertis que c’est du
Wenzori, un des plus hauts sommets des Monts de
la Lune, que sortent les affluents du Similiki par
lequel s’écoule le Monta Nzigé et qui devient le
Nil...

— Et à quelles opérations devrai-je me livrer, Sei-
gneur? demanda le pratique Stanley.

— Je te le ferai savoir, au cours du voyage. Tu
n’auras qu’à écouter l’auge.
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