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Le charivari — 59.1890

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Octobre
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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : S 5 centimes

MERCREDI 1°" OCTOBRE 1890

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PARIS

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Politique- Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

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DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EW1G, FERMIER DE I.A PUBLICITÉ

92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

Deux courants contii uent à se produire en sens
contraire : un courant aboutissant à une amnistie
partielle, un autre à une reprise de poursuites.

Nous avons déjà dit ce que nous pensions de ce
dernier.

Les partisans de la rigueur outrancière s’appuient
sur la lettre de M. le comte de Paris pour tempêler
avec un redoublement d’ardeur.

— Comment ! clament-ils, la conspiration est
avouée, elle est patente. Non seulement il y a eu
complot dans le passé, mais le prétendant déclare
pour l’avenir la guerre à la République, ne se gê-
nant nullement pour inviter les siens à la combattre
par tous les moyens. Et la République resterait
inerte, passive! Et elle ne fondrait pas sur ses ad-
versaires qui la provoquent!...

Tout cela est vrai, parbleu ! Mais tout cela n’est
pas neuf.

Il y a vingt ans que ces mêmes adversaires exci-
tent, menacent et manigancent. Il y a vingt ans
qu’ils s’évertuent, déclarant sans cesse que le gou-
vernement républicain n’eu a plus pour long-
temps.

A quoi ont-ils abouti? A démontrer leur impuis-
sance tout simplement.

Pourquoi les empêcherait-on de la démontrer en-
core pendant vingt autres années ? Pourquoi leur
épargnerait-on le ridicule de tant d’avortements
successifs ?

Un procès leur mettrait sur le front l’auréole du
martyre. À quoi bon?

Cette auréole, direz-vous, n’est pas visible sur le
front de M. le général Boulanger, quoiqu’il ait été
jugé.

C’est bien différent. M. le général Boulanger a pris
la fuite, et l’on n’est pas martyr par contumace.

Mais si vous aviez affaire à des prévenus qui se
laisseraient incarcérer, très certainement vous leur
feriez une réclame bien inutile.

Puis ce serait du rabâchage. On en a par-dessus la
tête des Boulangiana. Ce recommencement agace-
rait l’opinion, au lieu de l’iutéresser, et l'on rirait
au nez de votre justice rengainière.

De plus, une nouvelle instruction mettrait encore
mieux en lumière l'incapacité d’uue police qui n’a
rien su, rien prévu, rien empêché.

Occupez-vous donc plutôt d’organiser cette police
de telle façon qu’elle soit mieux renseignée pour
l’avenir. Mettez-vous sur vos gardes, ouvrez les yeux
et les oreilles.

Et si des faits vraiment délictueux se produisent
derechef, si les champions de M. le comte de Paris
ourdissent des trames nouvelles, alors vous aurez
cent fois le droit de sévir; alors vous pourrez,
ayant le pays avec vous, coffrer les récidivistes de
l’intrigue.

J’arrive au second courant.

On est allé interviewer un certain nombre de jour-
nalistes pour leur demander s’ils ne seraient pas

d’avis, après les divulgations récentes, d’amnistier
Rochefort.

Ici le doute ne nous paraît pas permis.

Si j’avais l'honneur d’être Président d’une Répu-
blique que je voudrais honnête et loy île, je ne m’in-
quiéterais pas de savoir si Rochefort accepterait ou
n’accepferait pas.

J’estimerais qu’il est de mon devoir de réparer ce
que je crois être une iniquité.

Il est évident — les plus prévenus ne sauraient le
nier — que la loi n’a pas été égale pour tous dans
cette affaire bizarre.

Les révélations qui ont montré-M. Dillon en train
de cuisiner la boulangeade n’ont rien pu établir
contre Rochefort, sinon, qn’il avait écrit des articles
en faveur du général.

Depuis quand le fait cl'é dire ouvertement son opi-
nion par la voie de la presse a-t-il constitué un com-
plot? C'est tout juste le'cb'ntraire.

Vous pouviez intenter à Rochefvrt. des poursuites
pour délit de journalisme, quand ces articles ont
paru. Vous ne l’avez pas fait. Tant pis pour vous.
Vous avez prescrit votre droit.

Le plus simple bon sens, la plus vulgaire bonne
foi amènent à reconnaître que Rochefort est con-
damné à la déportation pour affaire de presse, et pas
pour autre chose. C’est monstrueux.

Hier encore, M. Ranc protestait parce qu’on vou-
lait détenir dans une prison de droit commun un
boulangiste pour une lettre écrite à M. de Beaure-
paire. M. Ranc soutenait avec raison, bien qu’il
s’agît d’un adversaire, que les délits de plume ne
peuvent pas être traités de la même façon que le vol
ou l’assassinat.

Ils ne peuvent pas non plus être mis sur le même
pied que le crime de conspiration. La conspiration
opère dans les ténèbres, le délit de plume opère à
ciel ouvert. Ce sont les deux extrêmes.

J ajouterai que bien d’autres journalistes tout ce
qu'il y a de plus activement mêlés à l’action boulan-
giste se promènent librement sur l’asphalte.

Pourquoi Rocbefoit n’y pourrait-il circuler, lui
aussi, sans être appréhendé et réexpédié en Calé-
donie?

Donc, je le répète, si j’étais M. Carnot, je signerais
dès demain le décret d’amnistie en ce qui concerne
le directeur de l'Intransigeant.

Et je le signerais non pas pour réhabiliter le
condamné, mais pour réhabiliter les juges.

Pierre Véron.

LE CARNET DU! ACTIIALISTE

LE MENDIANT PSYCHOLOGUE

Etonnant, le bonhomme que la correctionnelle ju-
geait l’autre jour.

Il exerçait la profession de mendiant à domicile.
Jusque là, rien qui surprenne. Mais il avait, ce
Prevet (c’est son nom), imaginé de tenir ce que j’ap-
pellerai une comptabilité sentimentale.

Il avait des registres sur lesquels il notait les
meilleurs moyens de faire accueillir ses sollicita-
tions.

On y lisait, entre autres indications :

« Mme de Talhouet, faubourg Saint-Honoré.
Lui écrire, mais surtout ne pas aller chez elle. »

Ce qui signifiait que la marquise n’aimait pas à
être dérangée.

Ailleurs :

« Le prince d’IIénin, rue Washington. Joindre à
sa demande des certificats. »

Et plus bas :

« La baronne Ilottinger, boulevard Malesberbes.
Dire qu’on a beaucoup d’enfants. »

Prevet avait ouï dire, sans doute, que la baronne
prenait à cœur la question de la dépopulation. Et il
se prémunissait.

Brave Prevet, on a méconnu la psychologie en
ne la récompensant que d’un mois de prison!

c/Rj

Le mendiant psychologue n’a, d’ailleurs, pas in-
venté complètement sa méthode.

Il y a longtemps déjà que certains de ses confrères
avaient tâté du procédé.

Pendant longtemps, par exemple, les gens de let-
tres reçurent la visite d’un farceur qui avait imaginé
un mode de procéder fort curieux.

Il la faisait à l’auteur incompris, pensant que ce
genre de souffrance toucherait le cœur de la litté-
rature.

Il vous racontait qu'il était auteur d’un livre ap-
pelé à faire fureur.

Il s’était saigné aux quatre membres pour publier
sou œuvre. Mais les ressources lui avaient manqué
aux trois quarts de l’impression.

Que lui fallait-il? Une malheureuse somme de
deux cenis francs. Une misère!

Peu lui importait,à lui, les privations. II était capa-
ble de vivre avec deux sous de pain.

Mais mourir sans avoir fait paraître son volume
génial I

Là-dessus, il se répandait en larmoiements qui
aboutissaient à une demande de dix francs.

— Les écrivains ont du cœur, ajoutait-il. Vous
êtes le premier à qui je m’adresse. Vous me com-
prendrez. Et, à leur tour, les autres se décideront à
parfaire la petite somme qui me sauvera.

ALO

Quand je vous dis que c’était un psychologue
aussi I

On était doucement flatté dans sa fierté, à l'idée
de cette initiative féconde.

Et l’on y allait de ses dix francs.

Le gaillard avait une comptabilité remarquable.
Aussi fonctionna-t-il longtemps.

Un jour, cependant, il advint qu’un homme de
lettres déjà tapé déménagea et alla occuper l’appar-
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