Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 59.1890

DOI Heft:
Mars
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.23884#0233
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Prix du Numéro s 25 centimes

SAMEDI 1« MARS 1890

CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

abonnements

PARIS

Trois mois.
Six mois ...
Un an.

18 fl’.

36 —

Les abonnements partent des /“ et 10 de chaque mois

DIRECTION

Politique,..LUléraU'û et Artistique

l'IUlUili VIS li ON
Hédactoiir en Chef

■S'*.

liUKEAUX " **

DK LA RÉDACTION Kl' Dli I.’ADMINISI'RAITON

Rue de la Victoire, 20

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

L'abonnement d’un an donne droit à la prime gratuite

DIRECTION

Politique. Littéraire et Artistique

PI U Hl! U Y i! Il 0i\

U. c «5 a c fi c BB s* <; n 13 Su e If

ANNONCES

ADOLPHE EW1G, fermier du la publicité
92, Rue Richelieu



Diantre! Mais c’est le quartier Latin tout entier
que nos législateurs veulent rneltre en émoi !

J’ai dit quel contre-coup devait avoir, à l’Ecole de
droit, la loi nouvellement déposée pour la suppression
des avocats.

A l’Ecole de médecine, retentissement égal du pro-
jet qui abolirait les officiers de santé.

Et d’abord, en passant, signalons une baroque
coïncidence.

C’est au moment où l’on veut détruire d’un côté
toutes les garanties, qu’on veut les augmenter de
l’autre.

Ou trouve, d’une part, qu’il n’y a plus besoin d’un
diplômé pour soigner nos procès. D’autre part, on
estime que, pour soigner nos santés, il faut des di-
plômes encore plus sérieux.

C’est cocasse comme antithèse.

Ajoutons tout de suite que cela nous paraît ab-
surde comme raisonnement.

L’officier de santé, dont on semble faire fi, n’est
pas du tout à dédaigner.

Il y a deux choses en médecine : la théorie et la
pratique.

Vous avez de célèbres professeurs qui sont des
théoriciens flamboyants et des praticiens d’une âne-
rie incontestable.

Il y amême actuellement, dans la haute médecine,
Une tendance à se lancer dans les études que j’ap-
pellerai platoniques.

On se livre à des travaux gigantesques pour cher-
cher la prétendue origine de nos maux.

Mais on ne prend nul souci du moyen de les

guérir.

On est ravi quand on nous a dit solennellement :

— Voilà de quoi vous allez mourir!

Mais on ne fait rien d’efficace pour nous sauver la

vie.

Eh bien, le pauvre diable d’officier de santé,
contre qui on mène une croisade furibonde, procé-
dait tout à fait au rebours.

Ce dont je le congratule.

Ce n’était pas un homme à systèmes ingénieux et
impliqués.

Il n’avait pas le temps d’arrondir les périodes d’un
hiémoire pompeusement creux, lui qui courait du
rhatin au soir, pour le plus maigre des salaires, secoué
Par le trot d’un bidet comme un Sancho, ou par les
Secousses d’une carriole non suspendue.

Et le soir, — si par chance on ne venait pas le ré-
silier soudain, — il tombait de fatigue, avec la sa-
tisfaction d’avoir fait de son mieinx pour sauvegarder

peau tannée du paysan.

Croyez-vous que ce métier-là ne vaille pas celui
'les faiseurs d’hypothèses en chambre ?

f Moi, j’estime qu’on y devait, qu’on y doit — car ce
11 est pas fini encore — acquérir une expérience qui
Vaut mieux que les études des chiméristes.

Je prétends qu’il y a, parmi les officiers de santé,
Cluquante ou cent soigneurs d’hommes qui sont des

guérisseurs plus sûrs que bien des prétendus prin-
ces de la science.

Vous commettrez à la fois une sottise et une ac-
tion mauvaise en leur interdisant l’exercice de la
médecine.

Eux, du moins, l’exercent vraiment. Les autres
la rêvent.

C’est une vieille querelle déjà.

Il y a longtemps que les dogmatisants de la Faculté
inventèrent la flétrissante épithète d'empiriques, pour
désigner ceux qui marchent en tâtonnant à travers
les essais.

Mais mieux vaut marcher comme cela que de ne
pas marcher du tout, ce qui est le cas des bonzes de
l’ordonnance.

L’officier de santé, en général, est un brave
homme sans prétentions, qui pense :

—• Fais ce que peux ; advienne que pourra.

Il ne palpe pas de gros honoraires j il mène une
vie cruelle ; c’est un humble.

Quand les humbles sont en hutte aux persécu-
tions des puissants, d’instinct je me sens porté tou-
jours à prendre leur défense.

Et ici, j’ai en outre pour moi la logique.

Vous ne pourrez donner, quoi que vous en disiez,
des médecins à tous les villages. Et quand même
vous leur en donneriez, je crois que, neuf fois sur
dix, les villages ne gagneraient pas air change.

Elle a raison toujours, l’antique devise :

— C’est en forgeant qu’on devient forgeron.

Et il n’est pas d’ouvriers qui forgent plus ferme et
travaillent plus dur que l’infortuné et indispensable
officier de santé.

Pierre Véron.

RIMES BRUTALES

LA BALLADE DES PIGEONS

I

C’étaient deux très vieilles gardes, —
Avec des nez trognonnants,

Œil éteint, têtes hagardes,

Des postiches étonnants, —

Qui, repassant leur histoire,

Causaient, débris abîmés,

Sur cet air expiatoire :

« Nous n’irons plus au Bois,les pigeons sont plumés !

II

Ces dames, buvant la goutte
Dans le logis triste à voir,
(La misère qui dégoûte
Au lieu de vous émouvoir)

Arrosaient leurs tristes proses
D’un tas de poisons humés,

En se répétant, moroses :

- Nous n'irons plus au Bois, les pigeons sont plumés!

III

— Ça doit paraître agréable,

Tout de même, qu’en dis-tu?...

Avoir un nom respectable
Et cultiver la vertu !

Vivre en bonne ménagère
Au milieu d’êtres aimés!

Trop tard, le sirop, m’a chère !

Nous n'irons plus au Bois, les pigeons sont plumés 1

IV

— Des bêtises !... A la tienne !

Pas mon goût, le paradis.

Le dur, c’est que l'âge vienne
Et qu’on n’ait plus un radis.

Le jour lugubre où la glace
Dit aux attraits dégommés,

A la perruque filasse :

«Vous n’irez plus au Bois, les pigeons sont plumés! »

V

— Le fait est que c’est sinistre !

Avoir eu pour protecteurs
Huit députés, un ministre,

Plus cinq ou six sénateurs!...

On devrait être à son aise
Après tant de jours trirnés;

Et gémir, faute de braise :

—Nous n’irons plus au Bois,les pigeons sontplmnésl

VI

Oh ! leur Paris en ripaille !

Oh! cette Exposition !...

Quand on croupit sur la paille,

C’était une obsession!...

A l’autre, on fit sa poussière
Dans des huit-ressorts primés.

Cette fois, la tapissière...

Nous n’allons plus au Bois, les pigeons sont plumés !

VII

Trop bête aussi, la famille!

Une mère, ça devrait
Vous dire : « Ecoute, ma fille,

Plus tard, on a du regret.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen