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Le charivari — 59.1890

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Janvier
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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

LUNDI 6 JANVIER 1890

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PARIS

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Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRÜN

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Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉ1101\

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, FERMIER DE LA PUBLICITÉ ■

92. Rue Richelieu

LE CHARIVARI

LA SEMAINE DE L\ BOURSE

Paris, le 5 janvier 1890.

Monsieur le Directeur,

Les acheteurs sont tout ce qu’il y a de plus satis-
faits; et franchement, on le serait à moins. Pendant
18,89, ils ont eu douze grands mois de hausse, et une
contre-série était à redouter. Les plus raisonnables
avaient fait leurs ca'culs et comptaient sur douze
jours de baisse. Ce n'était pas trop; c’est environ un
jour pour trente. Et on a pu croire un moment, que
l’heure était venue où il faudrait laisser prendre aux
baissiers quelques-unes des miettes tombées de la
table du somptueux festin servi l’an dernier aux
acheteurs. -Au moment même où 1889 allait céder la
place à son successeur, la Banque d’Angleterre a
jugé bon d’élever le taux de son escompte; et tout
le monde croyait que la Banque de France allait im-
médiatement en faire autant.

Plus d’un de mes confrères a judicieusement re-
marqué qu’une hausse de l’escompte est un incident
extrêmement désobligeant, surtout quand cela arrive
au moment de la liquidation. Cette observation est
tellement juste que, dans l’occurrence, elle en est
naïve. Si nos voisins n’avaient pas été en pleine li-
quidation, il est évident qu’ils n’auraient pas été
embarrassés pour leurs reports. S’ils n’avaient pas
été embarrassés pour leurs reports, ils n’auraient
point demandé des sommes énormes à la Banque
d’Angleterre; et s’ils n’avaient pas demandé de l’ar-
gent à cet établissement, il est clair qu’il ne se serait
pas vu dans la triste nécessité d’augmenter le loyer
de ses services.

Mais le fâcheux exemple qu’il donnait à la Banque
de France n’a pas du tout été suivi. La maison de la
rue de la Vrillière a, en caisse,

De l’or à n’en savoir que faire.

Cela étant, elle n’a pas augmenté le taux de son
escompte pour deux excellentes raisons : la pre-
mière, c’est qu’elle est assez nantie pour supporter
pendant quelque temps des demandes, fussent-elles
importantes; et la seconde, c'est que si on lui
demande de l’or, elle en refusera avec énergie. L’or,
ça se vend. Les bons étrangers qui profiteraient de
la différence des escomptes anglais et français pour
venir essayer de nous chiper notre métal jaune, se
verraient obligés de payer une forte prime; en sorte
qu’ils en seraient pour leurs frais de voyage.

Je vous demande bien pardon de m’étendre ainsi
sur ces questions d’escompte; miis c’est que, celte
semaine, elles ont accaparé l’attention de tout le
monde. C’est à cause de l’augmentation de Londres
que nos rentes ont baissé en fin d’année; c’est parce

qu’il n’y a pas eu d’élévation ici que nos fonds, dès
le commencement dn mois, ont repris leur mouve-
ment ascensionnel. On comptait accorder douze
jours de baisse aux vendeurs ; mais, avec la meil-
leure volonté du monde, il a été impossible de leur
accorder plus de vingt-quatre heures. C'est partie
remise,messieurs. Puisque ces questions d’escomple
vous sont si favorables et puisque la Banque de
France a refusé de vous donner satisfaction, tâchez
devons rattraper en suppliant les banques étrangè-
res de tenir la dragée haute à tous ceux qui ont be-
soin d’argent. Seulement, ne vous adressez pas à la
Banque Nation île du Brésil, ni aux Banques Provin-
ciales de la République Argentine ; car il est infini-
ment probable que la hausse de l’escompte de ces
établissements

Ne produirait aucun effet.

Aucun. Pas le moindre. Pas le plus petit. Il fut
un temps où la spéculation s’occupait de toutes ces
valeurs-là. Elle désirait entraîner le public, et, en
conséquence, se livrait à toutes sortes de fumiste-
ries. Mais le public n’a pas voulu se laisser faire. Il
a un énorme défaut, le public. Il lit le Charivari de
préférence aux prospectus des rastaquouères; et il
paraît que la lecture du vieux journal parisien est
très malsaine, en ce sens qu’elle détourne le public
de prendre un tas de titres qu’un tas de gens ont
envie de lui repasser. Ayant lu le Charivari, le pu-
blic a fait la sourde oreille; et la spéculation a fini
par se lasser de se battre contre des moulins à venL
C’est pourquoi il n’est plus du tout question des ban-
ques provinciales de la République Argentine : il n'y
a que la Banque Parisienne qui s’en occupe enco"e,
ce qui explique que ses actions ne puissent plus dé-
passer le cours de 380 à 383. C’est pourquoi personne
ne parle plus des emprunts Argentins, à l’exception
de quelques gambistes trouvant on ne peut pins
drôle un pays qui cote son change aux environs de
230, ce qui veut dire qu’il faut donner 230 francs de
billets de banque pour obtenir cent francs d’or.

Si on s’occupe encore de la Banque Brésilienne,
c’est uniquement parce que la Banque de Paris le
veut bien. Elle a tort. Elle a d’autant plus tort qu’elle
est à peu près la seule. Enfin, ça,

C’est son affaire,

et celle de ses actionnaires. Et comme il n’en est pas
parmi nos lecteurs, si vous le voulez bien, nous
passerons à un autre ordre d’exercices.

En cela, du reste, nous ne ferons qu’imiter le pu-
blic, qui, subitement, a changé complètement sa
manière de procéder. Les bons titres, voilà ce qu’il
lui faut, et pas autre chose. Nous sommes en janvier.
Dans nos portefeuilles, dans nos goussets, dans nos
chapeaux, dans nos bottes, — partout, en nu mot,
frissonnent des petits morceaux de papier, en forme
de carrés longs, et qu’on appelle des coupons. Armés
de ces petits morceaux de papier, nous allons nous
présenter à des caisses sérieuses. Nous ferons un si-
gne, et immédiatement des messieurs obligeants
nous couvriront d’or. Que faire de cet or? Le porter
à la Banque de France? A quoi bon ‘? Il y a déjà pour
près d’un milliard et demi à l’encaisse ; et nos rou-

leaux de louis, pour nombreux qu’on les suppose,
n’ajouteraient pas grand’ebose à l’aisance dont jouit
notre premier établissement de crédit. Alors, quoi?
Manger toutes ces sommes en noces et en festins?
Rien de plus dangereux, par ce temps d’influenza.
Il ne reste plus qu'une chose à faire : employer son
argent en placements. Et c’est justement ce que fait
le bon, l’excellent public.

On ne s’en aperçoit pas encore ; mais laissez passer
les premiers jours de l’année, et vous verrez ! C’est
quand le public sera tout à fait en possession du
montant complet de tous ses coupons qu’il effectuera
ses placements.

Et la hausse sera.

Elle sera partout, à moins d’un gros accident, que
rien ne fait prévoir. Les rentes inscriront des centi-
mes additionnels ; les chemins de fer rouleront, à
grande vitesse sur la voie montante. Le Crédit Lyon-
nais, qui prend actuellement son élan, s’inscrira à
des cours beaucoup plus élevés que ceux qui figu-
rent actuellement sur la cote. L’action du Crédit
Foncier cessera de rapporter, comme à présent, près
de 4.73 0/0, car des plus-values aussi régulières que
logiques modifieront le taux de la capitalisation.

Quant aux obligations de ce Crédit Foncier, elles
ont déjà commencé leur mouvement ascensionnel.
Il y a même longtemps. Elles ont affaire à une clien-
tèle nombreuse, et qui opère toute l’année. Nous
autres millionnaires, c’est quand nous touchons nos
revenus que nous nous disons :

— Tiens ! j’ai quelques centaines de mille francs
qui me gênent... Si j’achetais ceci ou cela ?...

Mais le petit public n’est pas comme nous. Il ne
chiffre pas ses ressources par centaines de mille
francs, mais par simples centaines. Quand il en pos-
sède quelques paires, il s’occupe de les placer; et il
tient à ce que ses placements soient solides, car ce
n’est pas en enfilant des perles qu’il gagne les petites
pincées de louis qu’il met de côté chaque année.
C’est en bûchant, et dur. Quand on a bûché comme
cela, on est fatigué, et on tient à pouvoir

Dormir sur ses deux oreilles.

De là, la faveur légitime dont jouissent les obliga-
tions du Crédit Foncier. On sait qu’on n’a rien à
risquer avec elles, et qu’elles sont aussi hypothé-
caires que si le notaire y avait passé, et même plus.
Elles donnent tous les ans une rémunération très
suffisante. Gomme elles ont des tirages, comme elles
sont, la plupart, remboursables avec des lots, il
arrive qu’un pauvre brave homme se réveille un
beau malin avec six mille livres de rentes ; ce qui
n’est pas à dédaigner, au prix où est le bois de chauf-
fage. En un mot, on risque de s’enrichir; mais c’est
le seul risque qu’on puisse courir.

On comprend dès lors que les épargnes du public
aillent volontiers vers les titres du Crédit Foncier.
Quant aux valeurs des rastaquouères, elles repasse-
ront l’an prochain, — ou quand nous n’aurons plus
d’argent.

Castorine.
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