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Le charivari — 59.1890

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Janvier
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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centime»

MERCREDI H JANVIER 1890

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. T2 —

Les abonnements partent des i°r et 16 de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur eu Chef

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20



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ABONNEMENTS

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Trois mois. 20 ir.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

L’abonnement d’un an donne droit à la prime gratuits

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier db la publicité
92. Rue Richelieu

LE CHARIVARI

bulletin politique

La Chambre n’a pas encore repris la suite de ses
séances, interrompues par la trêve des confiseurs,
qu’elle compte déjà — sur le papier — un nouveau
groupe.

Ce groupe encore à l’état de projet, cette ombre
dégroupé, si vous voulez, représentant « la polili-
que des bonapartistes ralliés à l’idée de la république
ouverte du général Boulanger, » s’appellerait la
Droite républicaine plébiscitaire.

Un journal a trouvé que ce litre, ainsi que la po-
litique qu’il paraît résumer, avait besoin d’être
expliqué. Il a donc dépêché vers les initiateurs de
l’association nouvelle ses interviewer les plus
subtils.

C’est M. Cunéo d’Ornano, l’homme à la pâtée, qui
s’est chargé de commenter les termes de l’étiquetle
« Droite républicaine plébiscitaire, » ou, en d’autres
termes, de soulever le couvercle de celte marmite
où l’on sent tout de suite l’arlequin.

D'après le chef de cuisine susdit, elle s’appellerait :

« Droite, parce que par ce mot nous affirmons
nos principes conservateurs,

» Républicaine, parce que nous acceplons tous
la république à la conditiion qu’elle soit autre que la
république actuelle.

» Plébiscitaire, parce que nous estimons qu’aucun
gouvernement i e peut légalement se fonder sans
l’approbatioi du souverain. »

Vous voyi z ça d ici, n’est-ce pas?

Un de nos confrères, qui n’a point le cœur à gau-
che, y voit encore autre chose. A ses yeux, ce projet
d’un nouveau groupe venant après la constitution
du groupe royaliste, du groupe indépendant et la
préparation du groupe constitutionnel (que de grou-
pes!), est la preuve manifeste que la droite est en
pleine dislocation.

C’était notre avis déjà, et la société en herbe Cu-
néo et Cic n’est pas pour nous en faire changer.

Mais le plus curieux, c’est qu’avant même d’être
constituée, cette société elle-même branle déjà dans
le manche. La plupart des adhérents qu’on lui attri-
buait s’empressent de protester. Encore un peu et
M. Cunéo restera... sans compagnie.

Si c’est ainsi que les bonapartistes et autres
« constitutionnels » entendent l’union, nous pouvons
les regarder en nous frottant les mains, avec l’assu-
rance que longtemps encore il y aura de beaux
jours pour la République.

A une condition pourtant.

C’est que la gauche, soucieuse de conserver l’unité
conquise, ne s’avise pas, entraînée par le mauvais
exemple, de pratiquer l’entente .cordiale à la façon
de ses adversaires.

Pierre Véron.

ÉTRENNES UNIVERSITAIRES

L'Université de France, aima parens, fait, cette
année, un joli cadeau à ses enfants, les élèves des
lycées et collèges.

Dans le petit soulier placé sous la cheminée, à
l’occasion du petit Noël et du bonhomme Janvier,
savez-vous, en effet, ce que nos bambins et adoles-
cents en uniforme ont trouvé?

Tout simplement une décision du conseil supérieur
de l'instruction publique, permettant désormais aux
«jeunes élèves» de causer au réfectoire et suppri-
mant radicalement de la liste des punitions le pi-
quet, les pensums, les privations de récréations et
de promenades.

On en arrivera même peut-être bien à remplacer
le « piquet », que l’élève puni faisait tout seul dans
un lieu « écarté», par un petit « bac » auquel les
cancres, les paresseux et les dissipés pourront se li-
vrer tranquillement ensemble, en cercle, au beau
milieu de la cour.

11 faut d’ailleurs, d’ores et déjà, renoncer à la ren-
gaine sentimentale du surmenage intellectuel.

M. Momo, qui est « intei. é » dans un lycée de
province depuis trois mois, écrivait récemment à
son papa la lettre suivan’~ • W

« J’ai dit à M. X*** (le correspondant de M.Momo,
celui qui va le chercher les jours de sortie) de me
donner vingt-cinq sous pour aller au théâtre avec
les autres élèves. Le théâtre durera III heures (sic). »

(J’aime à croire que ce III, en chiffres romains,
doit se traduire par trois heures. Une représentation
enfantine se prolongeant pendant cent onze heures,
ce serait un peu trop. Fermons la parenthèse, et
rouvrons la lettre de M. Momo.)

«.Je joue tout le temps avec de nombreux ca-

marades. Je vois avec plaisir tomber de la neige sur
les montagnes, je pense que bientôt il en tombera
par terre. Je cause avec Jacquot. (Jacquot est un
perroquet appartenant au correspondant sus dési-
gné.) Pauvre Jacquot, il m’amuse bien et il s’amuse
de même. Jusqu’à Tayaut, le petit chien de Diane et
de Poulot, qui me court après. Je vais aussi à la
chasse avec M. X***. (Toujours le correspondant.)
Mon cher papa, je l’embrasse de tout mon cœur. »

Un point, c’est fini.

Il est question de tout, dans cette lettre : de théâ-
tre, de jeux, de promenades, de chiens, de perroquet,
de la pluie, du beau temps et de la chasse.

De tout, sauf d’études et de travaux.

A ce nouveau régime-là, m’est avis que nos ly-
céens se fatigueront plutôt les jambes que la tête.

Ail right !

André Laroche.

PARAPHRASE

SILHOUETTES

I

A Sarah Bernhardt.

Dans la chaumine, Jeanne est assise, filant son
rouet.

Avec sa jupe grise au rustique chapelet de bois,
son corsage bleu sur lequel pendent les nattes courtes
des cheveux blonds, ses souliers plats à poulaine,
elle est la paysanne simplette, naïve, croyante, —
illuminée.

Elle est, dans la chaumine, l’idéale vierge de Dom-
rémy.

Douce à ses parents, déjà courageuse à l’ennemi,
victorieuse de l’épée la faucille à la main, — sacri-
fiant son amour à ses Voix, elle sent déjà sous son
vêtement de bure battre son cœur de guerrière, et
rêve de son Roi.

Disant adieu à tout ce qui l’entoure, elle implore
le pardon de ses pauvres parents, et quitte la chau-
mine où, tout à l’heure, assise, elle filait son rouet.

II

Dans la nef emplie de chants, d’orgue, de lu-
mières, où Charles VII, vêtu du manteau royal bleu
flmirdelysé d’or, s’avance, étonné et ravi, elle se
tient debout, timide des appréhensions de la tin ; elle
se tient debout, appuyée à son étendard.

Frissonnante du Destin qu’elle sait, apeurée —
avec résignation — aux affres de la mort, elle re-
songe à la chaumine où assise elle filait son rouet ;
elle évoque ses pauvres parents, elle invoque ses
eiorieuses Saintes, et de mélancolie son triomphe
est douloureusement teinté, lorsque, courbant les
genoux devant son Roi bien-aimé, elle est, par lui,
armée chevalier.

Et, le corps gracile moulé en son costume
d'homme, les jambes frêles gracieusement dessinées
sous la tunique blanche brodée d’or, la main gantée
de neige posée au pommeau de la longue rapière,
elle est, la Pucelle, exquisement gracieuse quand
elle s’agenouille, courbant son front nimbé de l’or
de ses cheveux.

III

Le martyre commence.

Sur le grabat, en la prison que bestialisent les sou-
dards ivres, Jeanne est couchée dans de la paille,
les lourdes chaînes de fer meurtrissant sa chair
douce; elle dort, la pauvre, en rêvant de ses glo-
rieuses Saintes.

Elle a encore son vêtement masculin, son vête-
ment des batailles, les bottes noires, la jupe courte,
le mantelet dentelé ; et, quand on l’éveille pour en-
tendre la sentence, pour ouïr les offres malsaines de
Warwick, elle paraît, la prisonnière, plus jeune en-
core, plus séductrice qu’au début.

Sa fragilité mignarde fait tout à coup place à la
prophétesse patriote, et sa voix qui clame la perle
prochaine des Anglais, le triomphe définitif de la
France, exalte en tous les cœurs la joie des revan-
ches futures, des victoires de demain.

On est surpris et enthousiasmé à la fois de l’éner-
gie ainsi manifestée par cette statuette délicate et
charmeuse qui est Jeanne, Jeanne incarnée par
Sarah.

IV

La fin, le bûcher, le feu, la mort!

Echevelée, pâlissante, blanche autant que sa robe,
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