LE CHARIVARI
Il s’agissait d’un héritage laissé par l’évêque de
Neutro : Ladislas Demendy, mort en... 1419.
Gomme vous vous eu doutez bien, il était consi-
dérable, cet héritage ; les millions dansaient la sara-
bande ; mais, à force de plaider, et malgré des inté-
rêts extrêmement composés, on n’a eu finalement
que 22,000 florins à partager entre 2,000 héritiers !
Dame ! ces derniers n'avaient fait que croître, si-
non embellir.Et ils ont touché chacun onze florins !!
Pas bien loin de 23 francs !
Après cela, plaidez, messieurs les héritiers !
# *•
Dans un ordre d’idées à peu près semblable, celui
de la multiplication et de l’accumulation des an-
nées, un de ces bipèdes que l’on appelle savants vient
de me faire passer quelques minutes agréables.
Cet homme stupéfiant vient de calculer qu’il ne
faudrait pas plus de quaire-vingts personnes pour se
raconter de père en fils l’histoire depuis Abraham,
Et encore, il s’explique, cet audacieux !
—J’estime, dit-il en substance, à cinquante ans en
moyenne la différence d'àge entre un père et ses fils
en état d’entendre le récit des temps passés et de le
retenir. Par conséquent, 80 multipliés par 50 donnent
bien 4,000 ans, soit 40 siècles.
C’est excessivement simple, comme vous voyez.
Seulement, cesavanlasse a oublié qu’il aurait pu se
trouver quelques Gascons et quelques Marseillais
parmi ces 80 historiens...
Oh! la vérité, et surtout la vérité dans l’histoire^
qui nous la dira ?
Achille Brissac.
THÉÂTRES'
GYMNASE : Les Danicheff.
Les Danicheff remontent tout à fait au début de
la lune de miel politique et littéraire qui dure encore
entre la France et la Russie.
Lors de leur première apparition, on pressentait
plutôt qu’on ne savait le rôle d’efficace protection
joué par le czar à notre profit, et le succès de l’œu-
vre, d'ailleurs fort intéressante par elle-même, en fut
doublé.
Depuis lors, des sympathies plus étroites encore
se sont nouées entre les deux peuples ; et en même
temps notre curiosité artistique a pris un plaisir
toujours croissant à pénétrer dans cette littérature
russe, d’une étrangeté si personnelle, d’une naïveté
si audacieuse.
A ce point de vue, les Danicheff ont perdu une de
leurs attractions originelles. On y sent plus de con-
venu que dans les œuvres fortes et même violentes
auxquelles nous a accoutumés une initiation pro-
gressive .
Cependant, la pièce a gardé une incontestable ac-
tion sur le public, et il y a eu au Gymnase presque
autant d’acclamations et de bravos qu’à l’Odéon
de jadis.
De ce résultat il convient de féliciter en première
ligne les interprètes.
Ün heureux hasard avait permis de grouper les
Créateurs des principaux rôles : MM. Marais et Mas-
set.
Je me rappelle encore ce jeune inconnu qui fai-
sait ses premiers pas sur les planches. A la seconde
scène, l’attention s’était éveillée : on sentait que c’é-
tait quelqu’un ; on devinait un tempérament d’art chez
ce nouveau venu dont l’ardeur était rendue comme
plus savoureuse par une vague gaucherie d’inexpé-
rimenté.
A la fin de la soirée, M. Marais était un grand
triomphateur devant l’éternel... féminin, et aussi de-
vant les vrais appréciateurs.
Eh bien, la même fougue, M. Marais l’a conser-
vée, avec la même jeunesse, avec les mêmes élans
irrésistibles, dans cette reprise qui lui a valu une
superbe ovation.
M. Masset est resté aussi très pénétrant, en son
personnage un peu surhumain d’ange de l’esclavage.
Mme Pasca a fière et grande allure dans cette fa-
rouche douairière dont les auteurs ont tout de même
fait un peu trop l’ogresse d’un conte pour les petits
enfants.
C’est Mlle Darlaud qui succède à Mlle Hélène P tit
sous les traits de la sentimentale Anna, esclave ten-
dre et persécutée. Elle est fort touchante et d’un
charme très personnel.
M. Yalbel a de l’élégance et de la distinction. C’est
à lui que revient la bonne fortune de débiter le fa-
meux couplet sur la chasse à l’ours.
La soirée a donc été excellente pour le Gymnase.
Quant à la pièce, si elle a perdu quelques-uns de
ses attraits primitifs, la fraîcheur de son imprévu,
elle a gardé la forte empreinte d’une collaboration
habile à la mise en œuvre des idées d’autrui.
Il y a là de quoi défendre victorieusement l’affiche
pendant une cinquantaine de soirées contre l’in-
fluenza elle-même.
Cette influenza maudite,qui a fondé si inopinément
l’Internationale de la souffrance, m’a empêché d’as-
sister à la première de la Grande vie aux Nouveau-
tés, d'Armida à l’Eden-Théâtre.
Ce n’est pas une raison pour ne pas constater —
mieux vaut tard que jamais — que la pièce, mieux
condensée qu’au premier soir, amuse beaucoup main-
tenant les habitués du boulevard des Italiens ; que
Brasseur fils continue à être un de nos premiers gri-
mes ; que Mlle Darcourt est très applaudie et que
Mlle Bonnaire a mieux pris pied devant cette rampe
qui l’avait un peu déconcertée d’abord ; qu’enfin
l'ingéniosité de la mise en scène et la variété des
costumes ajoutent à l’agrément du spectacle.
Pour ce qui est d'Armida, il ne me paraît pas que
ce ballet fasse grand effort d’originalité. Le marc de
café d’Excelsior.
Pierre Yéron.
Cordial au rhum, 3 fr.[le 1. Pesqui Bouscat (Giroude) Agents demandés
PLUME HÜMBOLDT ;;.:.11™?
ABSINTHE BAILLY S52A1ÜÏÏ!
PT A lvnur A îur* SPECIALITE pour bals et soiiiëes
i J-lFfLlYllYl/VlN tjr GLACIER, 10, Hue Thorel (Gymnase).
TRIPLE-SEC COINTREAD-msew
CHRONIQUE DU JOUR
Le Jour de l’An a été lugubre partout, dans les villes
comme dans les Cours. Il n’y a guère que la reine de
Madagascar qui ait joyeusement pris les choses parle
bon côté.
Sa Majesté a consommé son bain annuel et aspergé ses
grands dignitaires sans aucun souci des grippes pré-
sentes ou futures. Son premier ministre, la croix de
commandeur de la Légion d’honneur au cou, a fait les
honneurs avec une grâce infinie, et, disent les dépêches,
a allumé lui-même le feu d’artifice.
A la bonne heure ! Voilà au moins des têtes couron-
nées qui font de l’hydrothérapie gaie... La vraie Cour
où l’on rigole!
L’administration des télégraphes va faire prochaine-
ment une expérience intéressante. Il s’agit de trans-
former les appareils Morse, de façon à ce que les aveu-
gles puissent entendre les sons et recueillir la dépêche
envoyée.
On sait combien les aveugles ont les sens de l’ouïe et
du toucher développés. Ils apportent à leur travail une
attention toute particulière, et leur concours serait
évidemment précieux.
Il serait môme question do les employer pour porter
en ville les petites dépêches bleues. Avec un bon chien,
ils iraient souvent plus vite que les adolescents char-
gés de cette mission aujourd’hui.
Le service des phares va, de son côté, chercher des
améliorations. C’est ainsi que l’arLillerie des côtes va
être employée à transmettre les signaux en temps de
brume.
C’est un système de correspondance sonore, très utile
pour les bâtiments en pleine mer. Mais malheur aux
oreilles des voisins! Les causeries des vieilles portières
paraîtraient bien douces à côté de ces correspondances
à coup de canon.
Un des plus grands démolisseurs de Paris a disparu
cette semaine. M. A. Picart fut, en effet, chargé de dé-
truire une^ bonne partie de la capitale : les Tuileries,
l’ancien Hôlel de Ville, le quartier de la caserne Henri TV,
u ne partie de ce qui est aujourd’hui l’avenue de l’Opéra
Il n’avait oublié que la Cour des Comptes, et ne pou-
vait passer devant les ruines légendaires du quai d’Or-
say sans jeter un œil d’envie sur les murs délabrés.
Mais on sait que le gouvernement conserve ces augustes
débris avec respect, tout comme les vestales qui gar-
daient les restes du feu sacré.
Les médaillés do Sainte-Hélène se font rares. Une sta-
tistique de la Légion d’honneur n’en compte plus que
cent douze. Ils étaient près de quinze cents en 1833,
mais les années ont été rudes.
A ce propos, nous ne raconterons pas l’incendie de
Smolensk, et nous ne pleurerons pas, comme un con-
frère, sur la destinée de ces braves a décorés par Napo-
léon Ier ».
D’autant plus que la médaille de Sainte-Hélène a été
créée en 1857 par un décret de Napoléon Iir, en faveur
des militaires qui avaient combattu de 1792 à 1815. Et
en 1857, comme dit M. Floquet, Napoléon était mort !
Au café du Grand-Balcon.
Fadinard reçoit une maîtresse gifle. Quelques amis
l’entourent aussitôt.
— He'.ni... eu voilà une affaire... et qui aura des sui-
tes, lui dit-on de tous côtés.
— Rassurez-vous, messieurs, fait Fadiuard... Je n’ai
aucun mal !
Bibi est un enfant terrible.
Hier, il voit arriver Georges Dandin.
— Tiens! lui dit-il, maman dit toujours que tu es
aveugle... Pourquoi que tu n’as pas de clarinette ?
M. et Mme B... ont un salon très étroit. Néanmoins,
ils ont un nombre de connaissances illimité et hier ils
ont invité trois cents personnes à un bal, dans’leur ap-
pariement, qui, à la rigueur, pourrait contenir vingt
danseurs.
— Comment faire? demande madame.
— J’ai une idée, déclare monsieur. Baptiste, vous
crierez de temps en temps : « Au feu I » Cela fera partir
du monde.
Une dame à une maman très orgueilleuse:
— Quel joli bébé vous avez!
— Oh! fl est mignon... et intelligent !
— Est-ce qu’il dit papa?
— Non; mais il imite déjà le bruit de la pompe à va-
peur !
Une vieille fille passe devant le juge d’instruction
pour avoir assommé un tout jeune homme.
— Monsieur le juge, déclare-t-elle, il voulait...
— Pas d’invraisemblances!
— Mais si, mais si; je n’ai frappé quarrivée au pa-
roxysme de la pudeur !
H. Henriot.
BOURSE-EXPRESS
Une envolée de canards funèbres a assombri l’aspect
de la Bourse ces temps derniers. Mais comme, en
somme, toutes ces choses dont on parle ne nous regar-
dent mie, les diminutions dont les rentes sont l’objet
sont insignifiantes, surtout si on en compare les propor-
tions à celles des augmentations antérieures.
Quand la spéculation sera débarrassée des préoccupa-
tions relatives aux liquidations berlinoise et london-
nienne, les choses pourraient bien reprendre l’allure de
jadis. Encore une septentaine d’heures, et nous serons
fixés.
En attendant, le comptant commence à opérer. Il
achète des chemins de fer et des titres du Crédit Fon-
cier. Ça n’est déjà pas si mal opéré. Jusqu’à la fin de
l’année, les recettes des grandes Compagnies auront été
en augmentation constante ; et quant au Crédit Fon-
cier, il a prêté plus de 7 millions depuis le 1er janvier.
C’est ce que nous appellerons un bon début.
CàSTORINE.
Il s’agissait d’un héritage laissé par l’évêque de
Neutro : Ladislas Demendy, mort en... 1419.
Gomme vous vous eu doutez bien, il était consi-
dérable, cet héritage ; les millions dansaient la sara-
bande ; mais, à force de plaider, et malgré des inté-
rêts extrêmement composés, on n’a eu finalement
que 22,000 florins à partager entre 2,000 héritiers !
Dame ! ces derniers n'avaient fait que croître, si-
non embellir.Et ils ont touché chacun onze florins !!
Pas bien loin de 23 francs !
Après cela, plaidez, messieurs les héritiers !
# *•
Dans un ordre d’idées à peu près semblable, celui
de la multiplication et de l’accumulation des an-
nées, un de ces bipèdes que l’on appelle savants vient
de me faire passer quelques minutes agréables.
Cet homme stupéfiant vient de calculer qu’il ne
faudrait pas plus de quaire-vingts personnes pour se
raconter de père en fils l’histoire depuis Abraham,
Et encore, il s’explique, cet audacieux !
—J’estime, dit-il en substance, à cinquante ans en
moyenne la différence d'àge entre un père et ses fils
en état d’entendre le récit des temps passés et de le
retenir. Par conséquent, 80 multipliés par 50 donnent
bien 4,000 ans, soit 40 siècles.
C’est excessivement simple, comme vous voyez.
Seulement, cesavanlasse a oublié qu’il aurait pu se
trouver quelques Gascons et quelques Marseillais
parmi ces 80 historiens...
Oh! la vérité, et surtout la vérité dans l’histoire^
qui nous la dira ?
Achille Brissac.
THÉÂTRES'
GYMNASE : Les Danicheff.
Les Danicheff remontent tout à fait au début de
la lune de miel politique et littéraire qui dure encore
entre la France et la Russie.
Lors de leur première apparition, on pressentait
plutôt qu’on ne savait le rôle d’efficace protection
joué par le czar à notre profit, et le succès de l’œu-
vre, d'ailleurs fort intéressante par elle-même, en fut
doublé.
Depuis lors, des sympathies plus étroites encore
se sont nouées entre les deux peuples ; et en même
temps notre curiosité artistique a pris un plaisir
toujours croissant à pénétrer dans cette littérature
russe, d’une étrangeté si personnelle, d’une naïveté
si audacieuse.
A ce point de vue, les Danicheff ont perdu une de
leurs attractions originelles. On y sent plus de con-
venu que dans les œuvres fortes et même violentes
auxquelles nous a accoutumés une initiation pro-
gressive .
Cependant, la pièce a gardé une incontestable ac-
tion sur le public, et il y a eu au Gymnase presque
autant d’acclamations et de bravos qu’à l’Odéon
de jadis.
De ce résultat il convient de féliciter en première
ligne les interprètes.
Ün heureux hasard avait permis de grouper les
Créateurs des principaux rôles : MM. Marais et Mas-
set.
Je me rappelle encore ce jeune inconnu qui fai-
sait ses premiers pas sur les planches. A la seconde
scène, l’attention s’était éveillée : on sentait que c’é-
tait quelqu’un ; on devinait un tempérament d’art chez
ce nouveau venu dont l’ardeur était rendue comme
plus savoureuse par une vague gaucherie d’inexpé-
rimenté.
A la fin de la soirée, M. Marais était un grand
triomphateur devant l’éternel... féminin, et aussi de-
vant les vrais appréciateurs.
Eh bien, la même fougue, M. Marais l’a conser-
vée, avec la même jeunesse, avec les mêmes élans
irrésistibles, dans cette reprise qui lui a valu une
superbe ovation.
M. Masset est resté aussi très pénétrant, en son
personnage un peu surhumain d’ange de l’esclavage.
Mme Pasca a fière et grande allure dans cette fa-
rouche douairière dont les auteurs ont tout de même
fait un peu trop l’ogresse d’un conte pour les petits
enfants.
C’est Mlle Darlaud qui succède à Mlle Hélène P tit
sous les traits de la sentimentale Anna, esclave ten-
dre et persécutée. Elle est fort touchante et d’un
charme très personnel.
M. Yalbel a de l’élégance et de la distinction. C’est
à lui que revient la bonne fortune de débiter le fa-
meux couplet sur la chasse à l’ours.
La soirée a donc été excellente pour le Gymnase.
Quant à la pièce, si elle a perdu quelques-uns de
ses attraits primitifs, la fraîcheur de son imprévu,
elle a gardé la forte empreinte d’une collaboration
habile à la mise en œuvre des idées d’autrui.
Il y a là de quoi défendre victorieusement l’affiche
pendant une cinquantaine de soirées contre l’in-
fluenza elle-même.
Cette influenza maudite,qui a fondé si inopinément
l’Internationale de la souffrance, m’a empêché d’as-
sister à la première de la Grande vie aux Nouveau-
tés, d'Armida à l’Eden-Théâtre.
Ce n’est pas une raison pour ne pas constater —
mieux vaut tard que jamais — que la pièce, mieux
condensée qu’au premier soir, amuse beaucoup main-
tenant les habitués du boulevard des Italiens ; que
Brasseur fils continue à être un de nos premiers gri-
mes ; que Mlle Darcourt est très applaudie et que
Mlle Bonnaire a mieux pris pied devant cette rampe
qui l’avait un peu déconcertée d’abord ; qu’enfin
l'ingéniosité de la mise en scène et la variété des
costumes ajoutent à l’agrément du spectacle.
Pour ce qui est d'Armida, il ne me paraît pas que
ce ballet fasse grand effort d’originalité. Le marc de
café d’Excelsior.
Pierre Yéron.
Cordial au rhum, 3 fr.[le 1. Pesqui Bouscat (Giroude) Agents demandés
PLUME HÜMBOLDT ;;.:.11™?
ABSINTHE BAILLY S52A1ÜÏÏ!
PT A lvnur A îur* SPECIALITE pour bals et soiiiëes
i J-lFfLlYllYl/VlN tjr GLACIER, 10, Hue Thorel (Gymnase).
TRIPLE-SEC COINTREAD-msew
CHRONIQUE DU JOUR
Le Jour de l’An a été lugubre partout, dans les villes
comme dans les Cours. Il n’y a guère que la reine de
Madagascar qui ait joyeusement pris les choses parle
bon côté.
Sa Majesté a consommé son bain annuel et aspergé ses
grands dignitaires sans aucun souci des grippes pré-
sentes ou futures. Son premier ministre, la croix de
commandeur de la Légion d’honneur au cou, a fait les
honneurs avec une grâce infinie, et, disent les dépêches,
a allumé lui-même le feu d’artifice.
A la bonne heure ! Voilà au moins des têtes couron-
nées qui font de l’hydrothérapie gaie... La vraie Cour
où l’on rigole!
L’administration des télégraphes va faire prochaine-
ment une expérience intéressante. Il s’agit de trans-
former les appareils Morse, de façon à ce que les aveu-
gles puissent entendre les sons et recueillir la dépêche
envoyée.
On sait combien les aveugles ont les sens de l’ouïe et
du toucher développés. Ils apportent à leur travail une
attention toute particulière, et leur concours serait
évidemment précieux.
Il serait môme question do les employer pour porter
en ville les petites dépêches bleues. Avec un bon chien,
ils iraient souvent plus vite que les adolescents char-
gés de cette mission aujourd’hui.
Le service des phares va, de son côté, chercher des
améliorations. C’est ainsi que l’arLillerie des côtes va
être employée à transmettre les signaux en temps de
brume.
C’est un système de correspondance sonore, très utile
pour les bâtiments en pleine mer. Mais malheur aux
oreilles des voisins! Les causeries des vieilles portières
paraîtraient bien douces à côté de ces correspondances
à coup de canon.
Un des plus grands démolisseurs de Paris a disparu
cette semaine. M. A. Picart fut, en effet, chargé de dé-
truire une^ bonne partie de la capitale : les Tuileries,
l’ancien Hôlel de Ville, le quartier de la caserne Henri TV,
u ne partie de ce qui est aujourd’hui l’avenue de l’Opéra
Il n’avait oublié que la Cour des Comptes, et ne pou-
vait passer devant les ruines légendaires du quai d’Or-
say sans jeter un œil d’envie sur les murs délabrés.
Mais on sait que le gouvernement conserve ces augustes
débris avec respect, tout comme les vestales qui gar-
daient les restes du feu sacré.
Les médaillés do Sainte-Hélène se font rares. Une sta-
tistique de la Légion d’honneur n’en compte plus que
cent douze. Ils étaient près de quinze cents en 1833,
mais les années ont été rudes.
A ce propos, nous ne raconterons pas l’incendie de
Smolensk, et nous ne pleurerons pas, comme un con-
frère, sur la destinée de ces braves a décorés par Napo-
léon Ier ».
D’autant plus que la médaille de Sainte-Hélène a été
créée en 1857 par un décret de Napoléon Iir, en faveur
des militaires qui avaient combattu de 1792 à 1815. Et
en 1857, comme dit M. Floquet, Napoléon était mort !
Au café du Grand-Balcon.
Fadinard reçoit une maîtresse gifle. Quelques amis
l’entourent aussitôt.
— He'.ni... eu voilà une affaire... et qui aura des sui-
tes, lui dit-on de tous côtés.
— Rassurez-vous, messieurs, fait Fadiuard... Je n’ai
aucun mal !
Bibi est un enfant terrible.
Hier, il voit arriver Georges Dandin.
— Tiens! lui dit-il, maman dit toujours que tu es
aveugle... Pourquoi que tu n’as pas de clarinette ?
M. et Mme B... ont un salon très étroit. Néanmoins,
ils ont un nombre de connaissances illimité et hier ils
ont invité trois cents personnes à un bal, dans’leur ap-
pariement, qui, à la rigueur, pourrait contenir vingt
danseurs.
— Comment faire? demande madame.
— J’ai une idée, déclare monsieur. Baptiste, vous
crierez de temps en temps : « Au feu I » Cela fera partir
du monde.
Une dame à une maman très orgueilleuse:
— Quel joli bébé vous avez!
— Oh! fl est mignon... et intelligent !
— Est-ce qu’il dit papa?
— Non; mais il imite déjà le bruit de la pompe à va-
peur !
Une vieille fille passe devant le juge d’instruction
pour avoir assommé un tout jeune homme.
— Monsieur le juge, déclare-t-elle, il voulait...
— Pas d’invraisemblances!
— Mais si, mais si; je n’ai frappé quarrivée au pa-
roxysme de la pudeur !
H. Henriot.
BOURSE-EXPRESS
Une envolée de canards funèbres a assombri l’aspect
de la Bourse ces temps derniers. Mais comme, en
somme, toutes ces choses dont on parle ne nous regar-
dent mie, les diminutions dont les rentes sont l’objet
sont insignifiantes, surtout si on en compare les propor-
tions à celles des augmentations antérieures.
Quand la spéculation sera débarrassée des préoccupa-
tions relatives aux liquidations berlinoise et london-
nienne, les choses pourraient bien reprendre l’allure de
jadis. Encore une septentaine d’heures, et nous serons
fixés.
En attendant, le comptant commence à opérer. Il
achète des chemins de fer et des titres du Crédit Fon-
cier. Ça n’est déjà pas si mal opéré. Jusqu’à la fin de
l’année, les recettes des grandes Compagnies auront été
en augmentation constante ; et quant au Crédit Fon-
cier, il a prêté plus de 7 millions depuis le 1er janvier.
C’est ce que nous appellerons un bon début.
CàSTORINE.