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Le charivari — 59.1890

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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

SAMEDI 18 JANVIER 1890

ABONNEMENTS

PARIS

‘Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

XJn an. 12 —

Les abonnements parlent des 1" et 1G de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur eu Chef

BUREAUX

un la rédaction et de l’administration

Rue de la Victoire, 20

ABONNEMENTS

" •*

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Trois mois..... 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an... 80 —

L’abonnement d’un an donne droit à la prime grat uite

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur eu Chef

*

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la'publicité

92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

bulletin politique

Si fêtais chargé de reviser le dictionnaire de
l’Académie, je crois bien qu’arrivé à la lettre D.jc
ne résisterais pas au plaisir de m’offrir cette petite
définition :

DÉPUTÉ. — Citoyen français qui, le plus sou-
vent, n’étant bon à rien, se croit ap'e à tout.

Je mettrais le plus souvent parce que toute règle a
des exceptions, n’est-ce pas?

Et encore, ma restriction ne s’appliquerait-elle
qu’à la première partie du paragraphe. Quant à la
seconde, elle est, je pense, d’application générale,
et se croire apte à tout est bien la caractéristique de
la diathèse parlementaire.

Il faut, du reste, convenir que l’on fait tout ce
qu’il faut pour perpétuer cette crédule infatuation.

A chaque instant, on s’en va — pour les emplois les
plus spéciaux — chercher, parmi les élus du suffrage
universel, des titulaires dont l’incompétence ne laisse
rien à désirer.

C’est ce qui, sans nul doute, va se produire encore
pour la direction des postes et télégraphes. Pardon,
pour la sous-secrétairerie d’Etat!...

Car vous savez qu’on a l’intention de décerner le
titre pompeux de sous-secrétaire au remplaçant de
M. Coulon.

Lorsque ce dernier, qui appartenait au conseil
d’Etat, fut soudain p’acé à la tête d’un service dont
il ignorait absolument le premier rouage, nous ne
piîmes pas la peine de dissimuler notre étonnement..

Nous ne le dissimulerons pas davantage, en pré-
sence de l’éventualité qu’on nous fait entrevoir.

Et d’abord nous avons, à ce sujet, des idées tout à
fait arrêtées.

Notre humble avis est qu’un monsieur, que le suf-
frage universel a désigné pour siéger à la Chambre,
ne devrait pas pouvoir quitter son banc sous quelque
prétexte que ce fût.

Pas même pour être ministre.

En effet, c’est la convoitise qui provoque toutes
les crises par lesquelles nous passons à intervalles,
hélas ! trop réguliers.

Si — conformément au vers connu — MM. les dé-
putés savaient qu’on n’hérite pas des gens qu’on as-
sassine, ils ne seraient pas si prompts à égorger les
cabinets.

Cette réforme-là — n’en doutez pas — finira par
s’imposer, ou le régime parlementaire trépassera.

En attendant, on devrait au moins s’efforcer d’ob-
tenir que les fonctions où des notions spéciales sont
indispensables ne fussent pas attribuées au caprice
du favoritisme politique.

Voilà la direction des postes et télégraphes .. Re-
pardon. . La sous-secrétairerie !

Quel rapport peut-il y avoir entre cet emploi ad-
ministratif qui exigerait une longue pratique du mé-
tier, une connaissance approfondie des questions
qu’il soulève, et le désir de protéger, de caser un
député qu’on protège ?

N’est-il pas insensé de faire de ce titre un petit ca-
deau destiné à entretenir l’amitié d’un député minis-
tériel et du groupe auquel il appartient?
Qu’arrive-t-il ?

Qu’on a toujours à la tête de ce service, d’une im-
portance capitale, des inexpérimentés qui pataugent
lamentablement.

Il arrive, en outre, que l’on renvoie ces inexpéri-
mentés à l’heure où ils commencent à savoir leur
A B C, pour les remplacer par un nouvel ignorant
qui se remettra à barboter folle.lient.

Et ainsi de suite, jusqu’à...

Voyons 1 Ne devrait-il pas y; avoir, au-dessus de
certaines portes, cette inscription protectrice : !,a
politique n’entre pas ici ?

Sur la porte du ministère de la marine et du mi-
nistère de la guerre, par exemple.

Aussi sur la porle de la direction générale des pos-
tes et télégraphes.

Vous savez d’avance à quoi Vous vous exposez
en allant prendre un député pour le colloquer ici.

Vous vous exposez, primo, à ce que nous payions
les frais de toutes les bévues qui signaleront son
lent apprentissage, et ensuite à ce qu’une crise mi-
nistérielle le flanque dehors au moment psycholo-
gique où il serait sur le point de savoir le premier
mot de l’organisation postale.

Sont-ce des mœurs tolérables ?

Si l’ambition personnelle n’aveuglait pas la Cham-
bre, elle se révolterait contre de telles nomina-
tions.

Surtout au beau milieu du patatras actuel, quand
le rachat des téléphones par l’Etat a produit un re-
mue-ménage qui fait ressembler cette administra-
tion à une succursale de Bicêtre.

Ce sont là des vérités qui crèvent les yeux ; mais
ces messieurs du Parlement feignent de ne les pas
voir, parce que chacun d’eux pense tout bas :

— Hé! hé!... Mon tour viendra peut-être de ga-
gner vingt-cinq mille francs d’appointements à faire
de la bouillie pour les chats !

Pierre Véron.

UNE FABLE TROP VRAIE

Décidément notre bon La Fontaine avait prévu les
agissements dont, par le temps de civilisation qui
court, le gouvernement de Sa Majesté britannique
croit devoir donner au monde l’édifiant spectacle.

Albion la perfide semble prendre à tâche, en effet,
de justifier tous les apologues où, pour la honte de
l’humanité, la raison du pins fort fait abusivement
litière des droits du plus faible.

On sait comment, — à l’heure même où le diffé-
rend qui avait mis aux prises Londres et Lisbonne
semblait entrer dans la voie de l’accommodement, —
sentant le couteau de son adversaire prêt à lui tran-
cher la gorge, l’agneau portugais a dû céder à celte
ultima ratio de la brutalité qui ne veut rien en-
tendre.

Et c’est ainsi qu’après avoir commencé par rééditer
pour son usage Le loup et l’Agneau, dame Albion
s’est offert l’adaptation non moins réussie d’une autre
fable : Le Milan et le Piossignol.

Nos lecteurs comprendront l’empressement avec
lequel, sans compter le moins du monde sur la gra-
titude de lord Salisbury, nous leur servons chaud ce
plat de haut goût, sous son titre de circonstance :

L’Anglais et le Portugais

Après que le vieux Bull, manifeste voleur,

Eut lancé ses vaisseaux en tout le voisinage
Et jeté le grappin au loin sur maint village,

I n petit peuple ès-maius lui tomba par malheur.

(.ors le pauvret recourt à la diplomatie.

— Vous me voulez, seigneur, dévorer sans façon ?

Ecoutez plutôt la Raison.

Je dirai quel motif doit calmer votre envie.

— Un motif? Est-ce un mets propre pour Old England ?
•— Non pas, pour chaque cas c’est ce qui va réglant
Des humains la conduite honnête ou criminelle.

Je vais vous faire ici ma logique si belle
Qu’elle vous convaincra : l’esprit plaît à chacun.

Old England alors lui réplique :

— Vraiment nous voici bien; lorsque je suis A jeun,

Tu me viens parler de logique!

— Puisqu’on en parle bien aux juges! — Quand voudra
Juge ouïr, tu pourras conter choses pareilles;

Pour Old England, toujours il s’en rira :

Ventre affamé n’a point d’oreilles.

Nous n’en faisons pas nos compliments à ton ven-
tre, ô ogre I

Robert Ifyenne.

PARLEMENTERIES

Il faut bien croire que les Chambres vont recom-
mencer à fonctionner. L’almanach l’affirme, quoique
jusqu’à présent nos honorables aient montré bien
peu d’empressement.

Retaillons donc notre plume et prêtons l’oreille
aux potins d’alentour.

On continue à parler du four Gerville-Réache et de
1 interpellation au piteux avortement.

Ce qui étonne, c’est que M. Tirard n’ait pas, au
premier coup d’œil, vu le daDger.

Dans La Fontaine, ce n’est pas le dormeur qui dit
à l’ours :

— Cher ami, envoyez-moi donc ce pavé sur le
nez.

«AIT»

c/Dj

On s'apprête pour la queue desinvalidatiôns.

L’opinion est que, par lassitude, on donnera Je
dignus intrare un peu à tort et à travers.

Ce!a ne changera pas grand’chose à ce qui s’est
passé déjà.

DfC

Malgré les assurances contraires, on refait des
groupes dans tous les coins.

Eu voici encore un nouveau, qui s’appelle le
Groupe réformiste.
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