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Le charivari — 59.1890

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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

LUNDI 20 JANVIER 1890

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PARIS

Trois mois
Six mois ..
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18 l'r.
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Les abonnements ■partent des 1" et <a de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Cliet

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L'ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité

92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

LA SEMAINE DE LA BOURSE

Paris, le 19 janvier 1890.

Monsieur le Directeur,

Cette huitaine a été longue comme un mois sans
pain. D’autant plus longue, qu’elle faisait suite à
une autre.semaine qui, elle non plus, n avait rien eu
de particulièrement agréable. Nous avons eu des
liquidations par dessus la tète, et des liquidations
fertiles en appréhensions de toutes sortes. Fort heu-
reusement, tout est terminé, — ou à peu près : car
il y a toujours les histoires anglo-portugaises que je
me borne à mentionner, — tout est terminé à peu
près depuis deux ou trois jours. Nous avons encore à
savoir comment s’effectueront les règlements; mais je
dois dire que celte question ne préoccupe le marché
que très médiocrement. Depuis le commencement
du mois, en effet, les transactions ont été étroites
au possible. Personne n’a voulu s’engager : les haus-
siers, parce qu'ils voyaient des points noirs à l’ho-
rizon ; et les vendeurs, parce qu’ils n’avaient pas
contianc j dans une issue lamentable de la situation.
Dans ces conditions, c’est tout au plus si ou peut
évaluer les différences à payer ou à recevoir

A la somme de six francs vingt-cinq,

courtages compris. Le resserrement de l’argent, ce
n’est pas ce qui gêne notre marché; mais même au
cas où il serait gêné, je crois que nos agents de
change, banquiers, établissements de crédit et mil-
lionnaires, en se cotisant, se seraient arrangés de
manière à ne pas nous laisser dans l’embarras pour
nne somme aussi médiocre.

Est elle vraiment médiocre? Gela dépend du point
de vue auquel on se place. Pour M. de Rothschild,
et même pour la Banque de France dont l’encaisse
métallique représente-toujours le coquet chiffre de
deux milliards et demi, il est évident que 6 fr. 25
sont la moindre des choses. Mais pour la Banque du
Brésil, par exemple, — vous me rendrez celte justice
que je ne vous en ai pas parlé depuis longtemps, de
la Banque du Brésil, — c’est une somme.

La preuve, c’est qu’elle appelle un second verse-
ment sur ses actions. Or, qu’est-ce que peut bien
Produire un versement sur ces actions-là? Si elles
•Baient placées dans le public, il est incontestable
•lue l’établissement aurait un fort sac à encaisser,
^ais point. Tous les titres sont restés entre les
Biaius du syndicat. Quelques gens très riches ont pu
en prendre un ou deux, pour faire plaisir à leurs
c°miais?ances qui font partie dudit syndicat ; il y a
aes circonstances dans la vie où ces choses-là ne se
tefusent pas, pas plus qu’on ne refuse un billet de
Cohcert ou de tombola. On ne compte pas aller à ce
c°hcert, on ne compte pas gagner à cette tombola :
Ulais on prend tout de même des billets. De même,
^Relques personnes, qui ne regardent pas à une ou

deux pincées de louis, ont pu se laisser placer un...
une action de la Banque du Brésil.

Mais les gens prudents, j'en suis persuadé, les
personnes sérieuses, j’en suis convaincu, se sont
soigneusement abstenus de faire cette bêtise. Celui
qui me montrera une demi-douzaine de personnes
sérieuses possédant chacune une action de la
Banque du Brésil,

Gagnera un lapin.

Cela étant, je re-pose ma question : Qu’est-ce que
peut produire un versement sur les actions de la
Banque du Brésil? Vous l’ignorez? Moi aussi. Mais
nous en savons assez les uns et les autres pour être
certains que 6 fr. 25 sont une somme pour la Société
en question.

On conçoit donc parfaitement que la Banque du
Brésil fasse un appel de fonds. Ce dont on est cer-
tain, c’est que le versement à faire sur ces titres
n’absorbera pas, même en partis, les capitaux que
la riche récolte de janvier vient de mettre à la dis-
position de l’épargne. Elle commence à les utiliser,
ces capitaux ; et c’est même cela qui a fait que l'as-
pect de la Bourse, un tant soit peu troublé au com-
mencement de la semaine, est devenu beaucoup
meilleur pendant les dernières séances. Quand le
comptant, va, tout va, c’est connu; et il faudrait que
nous eussions bien du malheur si, le comptant dai-
gnant se départir de sa longue réserve, des circons-
tances se produisaient, assez embêtantes pour empê-
cher la Haute Banque de donner un libre cours à ses
émissions.

Il y a assez longtemps qu’elle les prépare,

et assez longtemps aussi que nous les attendons.
Cela ne serait rien, s’il n’y en avait que de mau-
vaises dans le tas ; mais c’est qu’il y en a aussi d’ex-
celleutes, et nous languissions ! Nous restions avec
notre argent sur les bras, et, pour des capitalistes,
c’est une position aussi peu agréable que, pour les
décavés, la position du monsieur qui n’a pas le sou.
Et môme je ne suis pas fâché de dire, une bonne
fois pour toutes, à la Haute Banque qu’elle se met le
doigt dans l’œil en attendant toujours, comme elle le
fait, jusqu’au dernier moment. Beaucoup de per-
sonnes de ma connaissance, peu patientes de leur
nature, ne veulent pas garder leur argent inutile
jirsqu’à ce qu’il plaise aux robinets des émissions de
fonctionner.

Ces personnes-là ne sont, du reste, pas embarrassées
pour employer leurs sommes. Autrefois, nous avions
les reports, placements temporaires très convena-
bles, qui vous fournissaient très bien leurs petits 4 à
5 0/0, voire davantage. Mais aujourd’hui, va te pro-
mener 1 Les reports donnent à peine à boire et à
manger ; et cela ne suffit pas aux gens qui ont des
centaines de mille francs, et même moins, à leur dis-
position. Les gens de cette catégorie ont renoncé
définitivement aux reports, à leurs pompes et à leurs
œuvres, et se mettent maintenant à placer leur ar-
gent comme le premier rentier venu. Habitués
qu’ils sont à reporter même des mauvaises valeurs,
ils ne veulent entendre parler, pour leurs place-
ments, que de titres de premier ordre. Tels ces jeu-

nes gens qui ne sont pas difficiles sur le choix de
leurs bonnes amies d’un jour, et qui apportent un
scrupule énorme dans le choix de la personne qu’ils
conduiront devant M. le maire. Cela n’évite pas tou-
jours à ces jeunes gens d’être ce que vous savez ;
mais l’habitude des mauvaises valeurs empêche
très bien les capitalistes reporteurs de faire des bê-
tises.

Nous les avons vus à l’œuvre cette semaine. C’est
évidemment à des placements de gens très avisés
qu’est due la hausse du Crédit Lyonnais, — ou plutôt
la reprise. Car, pour la hausse, nous n’y sommes pas
encore. Mais cela viendra. Pour cette fois, on s’est
borné à-remettre les cours à un niveau un peu plus
confinant à la valeur intrinsèque des titres. A peu
près, vous entendez bien ; car il y a encore une belle
marge à la hausse.

C’est comme pour

Le Crédit Foncier.

Voilà, — tenez, voilà une valeur qui n’est pas à sou
cours. Aux prix actuels, elle se capitalise tout bête-
ment — tout bêtement est le mot — à 4.84 0/0. En
examinant bien les choses de près, on est amené à
faire un rapprochement entre le Crédit Foncier et
les chemins de fer. L’une et les autres de ces va-
leurs sont sous la surveillance, sous le contrôle ou
effectif ou latent de l’Etat. Vous devez comprendre
que lorsqu’un établissement est admis à servir de
banquier aux communes, est admis, de par une loi
spéciale, à jouir d’une hypothèque de tout à fait pre-
mier rang pour les prêts qu’il consent aux indivi-
dus, — vous devez comprendre, dis-je, que le gou-
vernement a l’œil, et le bon, sur cet établissement.
Le Crédit Foncier est administré et gouverné de
telle manière, que, depuis une dizaine d’années, le
revenu et le prix de ses actions ont un peu plus que
doublé. Ce résultat ayant été obtenu régulièrement,
et par la marche naturelle des choses, dénote à la
fois une grande prospérité de l’industrie de l’établis-
sement et une grande sûreté de main chez ceux qui
le dirigent.

Je crois qu’on peut mettre en fait que

La meilleure caution pour l’avenir, c’est le
passé.

Il n’y a aucune espèce de raison pour que le Crédit
Foncier renonce à une méthode qui lui a valu
les succès considérables qu’il a toujours obtenus.
Mais il y a mieux : il y a que, même si le Crédit
Foncier voulait faire des bêtises, il ne le pourrait
pas, eu raison même de la surveillance latente du
gouvernement, dont je parlais plus haut.

Je ne sais pas pourquoi je dis tout cela, puisque
le public, au jour d’aujourd’hui, sait parfaitement à
quoi s’en tenir. Mais, après tout, le mal n'est pas
grand de répéter des choses comme celles-là, puis-
que nous vivons dans un temps où le rastaquoué-
risme, de plus en plus envahissant, ne respecte rien.

11 est vrai que, lorsqu’il s'en prend au Crédit Foncier,
il lui en cuit. Vous n’avez pas perdu la mémoire de
ce qui lui est arrivé il y a un an environ, à la grande
jubilation des gens raisonnables qui ont pu se payer
du litre pas cher 1

Castorink.
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