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Le charivari — 59.1890

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https://doi.org/10.11588/diglit.23884#0099
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BOULEVARDTANA

18


— Je connais les hommes, mon cher ; aussi, le jour où on me verra prêter une pièce
de cent sous, on pourra dire : 11 l’a volée.

LA. FOIRE AUX ABUS

SAUVONS LES !

Je viens de passer aux Champs-Elysées.

Savez-vous ce que j’y ai constaté ? Qu’on en a encore
enclos et supprimé une partie pour une Exposition.

Oui, au lendemain de l'Universelle qui nous a com-
blés et saturés !

On va nous reexhiber des veaux et des bœufs qu’on
nous montrait il y a trois mois au même endroit.

Et c’est ainsi toujours à recommencer.

Pendant longtemps, la devise fut : L'Italie aux Ita-
liens. Faudra-t-il donc que nous exercions des reven-
dications insurrectionnelles, au nom de ce principe :
Paris aux Parisiens ?

Nous avions une promenade appelée les Champs-Ely-
sées. Je dis : « Nous avions, » vu que bientôt il n’en
restera plus rien, du train dont vont les choses. C’est un
travail lent, mais sur, d'invasion et d’expropriation.

On commença, il y a bien longtemps de cela, par bâ-
tir quelques cafés, un cirque et un panorama. A la ri-
gueur, c’était admissible.

Second empiètement : on se mit à édifier cette igno-
ble baraque qu’on appelle le Palais de l’Induslric.

Du coup, un bon quai t des Champs-Elysées se trou-
vait encombré par ces plâtras et ces vitrages.

Si, du moins, on s’en était tenu là !

Mais, depuis lors, sous n’importe quel prétexte, tous
les ans on signale une nouvelle usurpation dans le do-
maine du public.

Les cafés-concerts se sont démesurément agrandis et
embastionnés de verdure. Les restaurants étendent cha-
que jour plus loin leurs gueuletonnages, qui barrent le
chemin aux promeneurs.

Le Jardin de Paris prend un coin. Un second pano-
rama 'pourquoi faire, ô mon Dieu?) en a pris un autre.

Les chalets de nécessité sont venus à la rescousse.
Puis les bureaux d’omnibus, les buvettes, les baraques
Est-ce que je sais !

L’aulorilc incohérente estima que ce n’était pas en-
core assez. Elle apporta des détritus malpropres d’un
vieux pavillon en ferraille.

Ges détritus prirent la place d’un charmant jardinet,
solitaire et pittoresque, qui se trouvait là près du ([liai,
ayant échappé comme par miracle.

Et depuis lors, ce pavillon sinistre est devenu le
centre d’un tas de petites expositions spécialistes qui
se succèdent avec une désolante régularité.

Le Cours-la-Reine est aboli.

Vous n’imaginez pas quelles drôles d’exhibitions s’ins-
tallent là-bas, avec la permission de la Préfecture.

Est-ce que cela ne finira pas, ces mystifications? Un
de ces jours, il no restera plus, des Champs-Elysées,
qu’une sorte de corridor dans lequel on ne pourra pas
marcher deux de front.

Protestons, vociférons, faisons des pieds et des mains.
Il s'agit de sauver les restes de notre promenade popu-
laire.

v- a

Quant à ce qui se passe à l’intérieur du Palais de l’In-
dustrie déjà nommé, c’est encore un sujet d’ébahisse-
ment.

Chaque année, l'exposilionomanie trouve moyen d’y
faire reparaître, sous des noms divers, les mêmes vitri-
nes, les mêmes vendeuses, les mêmes produits.

Nous sommes si gogos qu’on gagne, paiaît-ii, des
centaines de mille francs à ces rabâchages.

Une année, c’est VExposition des Travailleurs. L’an-
née suivante, l'Exposition des Laborieux. Ensuite, l'Ex-
position des Arts industriels, des Arts pratiques, des Arts
modernistes, des Arts universels.

On trouve toujours de nouvelles épithètes. Malheu-
reusement il n’y a jamais que cela de nouveau.

Et personne ne s’étonne de ces récidivismes mystifi-
cateurs. Et l’on apporte ses pièces de vingt sous avec
une sérénité que rien ne décourage.

Paris est décidément la terre bénie de la rengaine.

GRTNCHINET.
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